Madagascar. Jean Ravelonarivo violente aussi la constitution

Mardi, 24 Février 2015 19:29 Dossier
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Sous sa présidence, au Club Rotary Antananarivo Ainga (2008-2009), le thème était vraiment : « nourrir leurs rêves ». Ce n’est pas de l’ironie çà ?

C’est devenu une maladie très contagieuse que la violation de la constitution de Madagascar, ma parole ! Le comble c’est que toutes celles et tous ceux censés élever la voix se taisent comme des tombes, laissant faire comme si c’était tout à fait normal. Cette distribution a eu lieu le 24 janvier 2014 mais je rédige cet article aujourd’hui car l’action est soudainement passée en boucle à la TVM (télévision nationale) aujourd’hui. Soit un mois après, jour pour jour. Comme une propagande électorale avant l’heure et gratuite. Et çà fait tiquer. Non ?

D’où sort cette fondation Ravelonarivo « créée en 2014 » (entendu sur MaTv), et dont le président n’est autre que le Premier ministre Jean Ravelonarivo ? Pourquoi lui, absolument ? Pourquoi pas Madame ? Soit il manque d’intelligence, soit il prend les indigents pour des triples imbéciles. Que dit l’article 64 de la loi fondamentale de la IVème république de Madagascar ?

Article 64. Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout mandat public électif, de toute fonction de représentation professionnelle, de l'exercice de toute fonction au sein d'institutions religieuses, de tout emploi public ou de toute autre activité professionnelle rémunérée.

C’est vague, certes, aussi vague que les activités de cette fondation sortie comme par enchantement, par la grâce de Chedza. « La fondation Ravelonarivo est une association à vocation sociale et humanitaire (santé, environnement, sport, culture, développement économique)». C’est donc une vocation professionnelle, quoi qu’on dise, et qui ratisse large. Du coup, la ministre de la Population, Onitiana Realy, a été littéralement effacée, malgré sa volonté de fer... C’est tout ce que cet officier pilote à trouver comme plan de viol ? Heureusement que Jean Eric Rakotoarisoa, président de la HCC, celui qui « joue de la politique » (il a bien déclaré en privé : « politika no lalaovina ») trouvera toujours une parade pour les empêcheurs de « fondater » en rond. Mais l’impact sur les populations « pauvres » sera trompeur. En effet, les gens mal éduqués -et ils sont nombreux dans nos contrées- n’entendront que le nom du Premier ministre de Hery Rajaonarimampianina, fondateur du parti HVM. Un amalgame assez puissant afin que les électeurs votent pour les candidats du pouvoir (« kandida-mpanjakana ») lors des prochaines communales.


C’est cela qui est gravissime à Madagascar. Comment un homme, past president dans le prestigieux Rotary Club International District 9220, Général de brigade aérienne de surcroit, ose-t-il tromper ainsi ses compatriotes en jouant sur leur malheur ? Aller distribuer à 1.180 familles sinistrées des dons (118 sacs de riz, 47 sacs de sucre, 135 cartons de savon et 1.200 bouteilles d'huile) dans des quartiers du sixième arrondissement d’Antananarivo, au nom d’une fondation portant son nom et, bientôt, en sa présence physique, cela s’appelle quoi ? Une grossière approche après l’échec du morcellement de la ville d’Antananarivo. N’était-ce pas ce même Premier ministre qui avait décrété, en conseil des ministres, la mise en place d’une " Commission Spéciale chargée de la répartition du personnel et de la dévolution du patrimoine de l’ancienne Commune Urbaine d’Antananarivo " ? Trois jours avant la décision finale de la HCC annonçant la non-conformité de ce projet machiavélique ? A présent, le parti HVM tente de se rattraper en faisant passer en boucle l’action de la fondation du Premier ministre, pas encore officiellement membre de ce parti. Mais ça ne va pas tarder, l’ami (rotarien).

Comment voulez-vous que le pays avance avec de telles pratiques ? D’où sortent ces dons ? Du BNGRC ? Il y a urgence, diront les béni-oui-oui. Personne n’en disconvient mais c’est l’approche qui est exécrable. Un abus de pouvoir à 100% en profitant du malheur des autres. Une vraie lutte contre les pauvres en cherchant toujours à s’accaparer le beau rôle. Aucune modestie, aucune humilité propre au Rotary pourtant. Mais de l’humiliation, il doit en avoir à revendre par conséquent.


Et pendant ce temps, à Vavatenina, région Analanjirofo, loin de ces nouveaux dirigeants égoentriques, les écoliers ("hanangana ny ho avy" - piliers de l'avenir) et les sportifs défilent dans la rue principale parce qu'"on" a vendu à un particulier leur terrain de football. Cela aussi c'est "normal" à Madagascar. Et les béni-oui-oui vont encore dire qu'il y a des dessous politiques derrière cette revendication

Alors si personne ne dit rien, c’est que moi-même je suis devenu fou. Ben tant pis pour ce pays alors, les regrets ne viendront jamais qu’après. Après quoi ? Seul exemple à méditer : grenier rizicole de l’océan Indien avant 1960, Madagascar, depuis belle lurette, n’arrive même pas à subvenir à ses propres besoins et l’importation de riz est devenue une obligation. La fondation Ravelonarivo adopte donc la politique de donner du poisson plutôt qu’une canne à pèche, amenant lentement mais inexorablement à une sahélisation de la Grande île de l’océan Indien. Aussi : laissons faire, laissons faire, il en restera toujours quelque chose.

Jeannot Ramambazafy – 24 février 2015

Mis à jour ( Mercredi, 25 Février 2015 17:13 )