Antananarivo communales 2015. Alec jacta est avec un lot d’inconvénients

Jeudi, 30 Juillet 2015 08:40 Dossier
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Jour J-1 pour les habitants d’Antananarivo qui iront aux urnes, le 31 juillet 2015 -déclaré jour férié mais payé-, afin d’élire le nouveau Maire de cette Capitale de Madagascar. La propagande s’est achevée ce matin à 6h.

La CUA (Commune urbaine d'Antananarivo) est divisée en six arrondissements comprenant 192 «Fokontany» (quartiers) dans lesquels seront répartis 612 bureaux de vote pour un total de 631.319 électeurs inscrits. Mais avec les manigances du régime actuel, tous ces chiffres risquent d'être "élastiques"...

Ils sont neuf candidats en lice : deux politiciens, deux femmes d’affaires, un pasteur, deux présidents d’association culturelle, une ancienne Première dame et une journaliste. Durant les 15 jours de propagande, les électeurs ont un peu appris à les connaître. Fait nouveau à noter ici, trois débats d’idées ont été organisés. Le premier avec deux candidats ; le second avec sept et le troisième avec huit. A chaque fois, pourtant, c’est la même ancienne Première dame qui s’est défilé.


Qui sera élu et sur quels critères dans l'esprit des électeurs ? Seront-ils vraiment libre de leur choix? Que de questions encore et toujours. Depuis un certain temps, à Madagascar les gens déposent plus un bulletin qu’ils ne votent effectivement. Cela est du à une pauvreté monétaire découlant d'une pauvreté spirituelle bien entretenue par les tenants du pouvoir (reportage en malgache édifiant ici). Pourtant, il y a une lueur d’espoir grâce aux nouvelles technologies de l’information. Plus que jadis, les électeurs malgaches sont plus au courant des enjeux. Cependant, sous ce régime Rajaonarimampianina, l’obscurantisme plane toujours, surtout dans les régions isolées où le pouvoir du moment impose sa vision comme du temps de la première république. Or, "la pensée unique s'oppose à la démocratie", dixit Marcus Schneider de la Fondation Friedrich Ebert.


Ndriana Mamy Ralaihariliva (alter ego de Jean Eric Rakotoarisoa, président de la Hcc) président par interim de la CENI-T (Commission électoral nationale indépendante POUR LA TRANSITION), pantin pitoyable et irresponsable d’un régime qui fait partie de ceux que Barack Obama a dénoncé à la tribune de l’Union africaine, le 21 juillet 2015 : «La loi est la loi, et personne n'est au-dessus, pas même les présidents». Malheureusement, à Madagascar, la loi c’est le président Hery Rajaonarimampianina lui-même…

Ainsi, en matière de démocratie, plutôt que d’avancer, Madagascar a reculé de deux bonnes décennies. Il n’aura servi à rien d’avoir mis en place une Commission électorale indépendante si elle est aux ordres du ministère de l’Intérieur. Il n’aura servi à rien si, en quinze jours, le code électoral a été bafoué pour avantager on sait trop qui. Et des fraudes (exemple ici), il y aura, entrainant une frustration populaire qui sera difficilement maîtrisée et maîtrisable par un pouvoir qui, en moins de deux ans, a démontré son incapacité totale à veiller sur les vrais intérêts du peuple malgache.


1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 ou 9 ? Alea jacta est (le sort en est jeté) ! Dans deux jours, nous saurons si Antananarivo prendra un nouveau départ ou si la ville plongera de nouveau dans une situation… aléatoire.


Pour l’heure, j’invite tous les électeurs à venir accomplir leur devoir de citoyen malgache car aller aux urnes massivement, même dans des élections très mal organisées, constitue l’unique moyen de d’atténuer les effets pervers des éternelles fraudes émanant, toujours, du régime en place, hélas.

Jeannot Ramambazafy – 30 juillet 2015

Mis à jour ( Jeudi, 30 Juillet 2015 09:48 )