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Avoko Rakotoarijaona souille la mémoire de son père et avilit l’essence du Kung-Fu

67ha, 15 avril 2016. Avoko Rakotoarijaona (cravate à pois) qui s'infiltre carrément entre les gardes du corps du président Hery Rajaonarimampianina

L’autre semaine, un personnage assez connu à Madagascar a surgi dans les médias audiovisuels pour mettre en garde contre toute tentative de coup d’état à l’encontre du président Hery Rajaonarimampianina. C’est toujours comme cela à Madagascar, depuis Philibert Tsiranana, lorsqu’un régime se sent menacé: on paie des gens pour glorifier des dirigeants qui finissent toujours par être jetés hors du pouvoir, peu de temps après.

Avoko, à quelques jours de l'assassinat de son père, à droite

Mais lorsque cette mise en garde vient du fils de Pierre Mizael Rakotoarijaona, alias Pierre Be ou Maître Pierre, cela dépasse l’entendement et je me demande si cet homme de 44 ans a bien la tête sur les épaules. Avoko Rakotoarijaona pratique le Kung-Fu depuis l’âge de 7 ans mais 37 ans plus tard, il a oublié la philosophie même de cet art martial, qui est: discipline, vertu, justice, (ajouté à force, cœur et amour ("Hery, fo sy fitiavana") ainsi que les raisons de l’assassinat de son père. En passant, Hery ne signifiant aucunement Hery Rajaonarimampianina. A l’époque, Avoko avait 13 ans et avait aussi été emprisonné.

Décembre 1984. Dernière photo de famille avec Pierre Be. Avoko vêtu de noir

Lors des évènements de 2002, il a apporté son appui à Marc Ravalomanana qui, plus tard, l’a traité comme un gamin attardé. Dix ans plus tard, on le voit au côté de l’amiral Didier Ratsiraka qui a commandité la mise à mort de son père qu’il persiste à croire être vivant « quelque part » et qui va revenir… C’est peut-être cela qui a perturbé son esprit puisque, avec le passeport Kung-Fu, il est monté sur le ring de la politique mais il n’a pas participé à la révolution orange de 2009.

Aéroport d'Ivato, le 24 novembre 2011. Avoko (lunettes noires) est derrière l'Amiral Didier Ratsiraka, de retour après un second exil en France. Pardonner ne signifie pas s'afficher avec l'assassin de son père

En 2012, il fonde le parti « Madagasikara afaka » (MAF –Madagascar libéré). Madagascar qui sera libéré en… 2017 (ICI). Un peu comme le pasteur Mailhol d’Apokalipsy et son histoire d’être président en 2013 (ICI).

A gauche, Avoko au temple de Saholin-si. A y voir de plus près, pourtant, il s'agit de la grande muraille de Chine. Car il y a des étapes strictes à suivre pour pouvoir pénétrer dans le temple du Kung-Fu Wu SU

Auparavant, il s’essaie à la prédication avec, comme pierre angulaire, le slogan « Mifohaza ry Gasy » (Malgaches, réveillez-vous). Entre-temps, il est un des rares Malgaches ayant prétendu séjourner au temple de Shaolin-si dans le Henan, sur le mont Songshan. Il s’essaie aussi à la réalisation de films -Ny Avoko Productions- dont un sur son père.

Annonce de sa candidature, le 08 février 2013, pour l'élection présidentielle. Il avait déclaré avoir préparé cela depuis 30 ans (" Efa 30 taona no nanomanako ny firotsahako...". Peu après,  il retire sa candidature en ayant déclaré: " Il y a trop de candidats; je préfère me retirer et apporter ma contribution autrement pour le pays "

Garde rapproché de Sylvain Rabetsarohana (au centre), candidat milliardaire à la présidentielle de 2013 et président d'Honneur du Kung-Fu Wisa de Madagascar

Mais le virus de la politique (et l’argent qui va avec) semble l’avoir profondément atteint. En 2013, il se porte candidat à l’élection présidentielle avant de se retirer pour être le garde rapproché du milliardaire, Sylvain Rabetsaroahana, président d’honneur du Kung-Fu Wisa qu’il dirige.


Puis, soudainement, en 2015, le 27 mai pour être précis il réapparaît sur Tv Plus Madagascar (ICI) en télévangéliste convaincu mais peu convainquant. Argument: « Fahalalàna fara-tampony » ou connaissance suprême. « Il n’y a pas de destin mais tout repose sur la réincarnation. Ny ataonao ihany no mivaly aminao (tu seras puni là où tu as pêché, qui sème le vent récolte la tempête). La loi de Dieu est la loi des sans loi… Ay isika zarazarain’ny politika, ay isika zarazanain’ny fiangonana, ay isika zarazarain’ny vola sy ny sosialy fa kay isika iray ihany »… Bref ce genre de trucs pour mous du bulbe.

Jusqu'ici, aucun feed back de ses tournées à l'extérieur

Mais il peut recevoir en "privé"

En fait, il s’agissait de faire de la publicité pour un show payant organisé le dimanche 07 juin 2015 à Antsahamanitra, « réalisé par un producteur puissant qui finance mes tournées à Madagascar et dans le monde entier ». Et Avoko d’annoncer qu’il sera à Paris les 14 et 21 juin 2015… A partir de là, plus personne n’a entendu parler de lui ni de ses tournées « mondiales ». Mais ce qui n’est un secret pour personne c’est qu’il doit beaucoup d’argent à beaucoup de monde.

A l'extrême-gauche, à la tribune officielle, le 15 avril 2016 aux 67ha Antananarivo

Avoko côtoie les supers privilégiés de ce régime Hvm. A gauche, Andry Raobelina -ancien chef du protocole de la présidence de la transition dirigée par Andry Rajoelina-, le manager des médiaboliques privés (IB-C, Dream'in Tv...) qui considère Hery sy Voahangy Mivady comme des dieux, des idoles à vénérer à tout prix; au centre, Jaobarison Randrianarivony un peu plus discret mais omniprésent

De retour sans fanfare au pays, le voilà donc au côté du président Hery Rajaonarimampianina, après s’être affiché au côté de celui qui l’a rendu orphelin. Celui qui n’a pas permis aux quatre enfants d’Avoko de voir et connaître leur grand-père. Certes, c’est très honorable et digne de savoir pardonner, mais d’oublier, non, jamais. Depuis ces dix dernières années, il y a beaucoup d'incohérences dans les propos, faits et gestes d'Avoko Rakotoarijaona qui, dès lors,  souille la mémoire de son père et avilit l’essence du Kung-Fu. Tout porte à croire qu'il est extrêmement pressé par une urgence d'avoir de l'argent très vite. Reste à savoir s'il s'entendra avec Voahangy X... Une autre histoire.

Cela va le mener où que de faire des adeptes du Kung-Fu Malagasy des gros bras du régime Hvm/Rajaonarimampianina? Sûr qu'Avoko a besoin d'argent, ce régime est en train de diviser les Malgaches pour régner. Rien de nouveau sous le soleil de l'anti-patriotisme

De là a renier ses propres convictions. On peut lui pardonner ses dernières malheureuses paroles ("mampitandrina aho") pour défendre un régime qui paupérise et vend la nation malgache, simplement parce qu'il pratique le Kung-Fu. Mais personne n'oubliera.

Voici donc l’histoire du Grand Maître Pierre Mizael Rakotoarijaona, son père:

L'inoubliable Grand Maître Pierre Be. Selon Avoko lui-même, son père aimait aider son prochain,les indigents, et était désolé pour les malheurs survenant au pays -déjà dans les années 1980 ( "Tia manampy ny sahirana ary malahelo mafy ny manjo ny firenena")

 

En 1980, une première école de kung-fu wisa a été ouverte par Pierre Mizael Rakotoarijaona, dit Pierre Be ou maître Pierre. Grand, dégageant calme et autorité, cet ancien instituteur s’est formé dans un monastère au Japon pendant presque vingt ans.

Il rentre avec une technique sportive, mais aussi une philosophie de la maîtrise de soi, et fonde un club dans un hangar de Behoririka.

À la faveur de la crise, son public s’étend aux scolaires, étudiants, petits fonctionnaires venus apprendre à se défendre contre les multiples exactions subies au quotidien.

Il essaie d’adapter la philosophie du kung-fu à l’héritage culturel malgache, encourage le recours aux plantes médicinales et les visites des sites anciens de la plaine de Tananarive, où l’on vient prier les ancêtres royaux. Ses disciples vont puiser au pied d’Ambohimanga et dans plusieurs autres sites, l’eau (le « rano mahery » utilisée dans la cérémonie de circoncision) qui rend invincible. Ses mots d’ordre sont : discipline, vertu, justice.

En 1982, il se voit offrir par le président de former sa garde prétorienne dans un contexte d’amitié officielle avec les Nord-Coréens, qui l’entraînent sur le plan militaire.

Il refuse, insistant sur les aspects « spirituels » de sa discipline, dit son intention de substituer les principes du kung-fu à ceux du Petit Livre rouge et se brouille avec le ministre de l’Intérieur. La garde présidentielle sera par la suite formée à l’école du kung-sul coréen. Il fonde des clubs dans son milieu d’origine, à 200 kilomètres au sud-ouest de Tananarive, où les paysans sont isolés face aux voleurs de bœufs. Il en fonde aussi dans les métropoles côtières.

Des recours à la place des forces de l’ordre contre les TTS

Les Kung-Fu sont appelés à l’aide par les commerçants des grands marchés pour lutter contre le racket et les prélèvements en nature opérés par les TTS (« Jeunes conscientisés »). Ceux-ci sont un avatar lointain des ZWAM de 1972. Une partie de ce groupe, installée derrière la gare, au camp Pochard, devait recevoir un enseignement technique. En fait, il est utilisé en sous-main par le ministre sakalava de la Jeunesse et des Sports, Tiandraza. Le camp Pochard, caverne d’Ali Baba du groupe, est interdit à la police et à la gendarmerie. Enlèvements avec rançon, meurtres sèment la terreur.

En juin 1984, les Kung-Fu manifestent devant le commissariat central pour dénoncer l’in- curie de la police, dont les jeeps sont « empruntées » par les TTS. Les autorités interdisent alors la pratique du kung-fu.

Les deux groupes se toisent dans un face-à-face ponctué d’incidents graves. Le 4 décembre 1984, les Kung-Fu prennent d’assaut le camp avec le soutien d’une foule énorme (80.000 personnes?). On libère des otages féminins. Les TTS sont déshabillés et tués en public (une cinquantaine de morts). Un trésor de guerre ahurissant est exhibé, mais aussi des ossements humains. Les forces de l’ordre se sont éclipsées ou ont laissé faire. Pourquoi? Peut-être le président a-t-il laissé tuer des éléments devenus incontrôlables pour pouvoir ensuite incriminer les Kung-Fu, justiciers improvisés.

Le maître et ses disciples. La plupart ont péri lors des attaques de 1985

La réplique du pouvoir

Les Kung-Fu triomphent. Leur maître entre dans la légende. Le feu qui a détruit le camp serait sorti du maître; il laisse entendre qu’il serait aussi apte que le président à gouverner le pays. La télévision, organe de totale désinformation, accuse les Kung-Fu de terroriser la ville. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1985, des para-commandos venus de Diego et des blindés d’Arivonimamo investissent plusieurs quartiers du centre. Des civils sont brûlés vifs par des lance-flammes amenés en hélicoptère, ou écrasés dans leur maison. Le maître est tué dans sa demeure avec une vingtaine de disciples. Le nombre total des morts est d’environ 70. On les enterre très vite dans des fosses communes, crime majeur dans un pays où les corps sont l’objet de rites d’ancestralisation et, une fois placés dans la tombe familiale collective, sont essentiels à la bénédiction des vivants. Puis on se ravise, on déterre les corps, qui sont mis, sans vérification d’identité, dans des cercueils. On procède à 208 arrestations. Partout, les jeunes se cachent. Il est interdit d’évoquer les événements.

Un procès est intenté à 286 jeunes, dont une quarantaine de mineurs, accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Il se déroule à 70 kilomètres de la capitale, en 1988, avec des avocats commis d’office. Les peines de prison seront assez légères. Plusieurs dojo clandestins subsistent. Les anciens Kung-Fu, longtemps tenus en lisière, seront ensuite récupérés comme gardiens chez des particuliers, dans l’organisation de cérémonies (célébration de l’Alahamadibe en 1994), dans les services d’ordre des manifestations (1991 et 2002), et enfin comme gardes du corps d’hommes politiques, en particulier de Marc Ravalomanana, à qui l’on a retiré ses gardes du corps officiels à la suite de l’investiture du 20 février. Ils ont en 2002 des instructeurs d’Afrique du Sud.

Dans les jours les plus tendus d’avril, certains n’ont pas échappé à la tentation de la violence. Le 9 avril, la garde rapprochée de Ravalomanana, composée de quelques dizaines de Kung-Fu, dont Avoko Rakotoarijaona (le fils du maître Pierre), fait une descente à l’hôtel Colbert. Elle a été avisée de la présence de trois hommes recherchés, dont Ravolomaso, rugbyman célèbre. On craint qu’il ne vienne enlever Jacques Sylla, « Premier ministre bis », attendu à l’hôtel. Confiés à la police, les trois hommes sont passés à tabac dans les locaux de la mairie; l’un meurt sur le champ. L’affaire est semble-t-il étouffée; elle nuit à l’aura du groupe, idéalisé dans les mémoires comme le montrent les nombreuses banderoles dans les défilés rappelant le 1er août 1985.

In « Politique africaine » n°86, juin 2002

Un dossier de Jeannot Ramambazafy – 17 avril 2016

Mis à jour ( Mercredi, 20 Avril 2016 13:39 )  
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