Hery Rajaonarimampianina. La peur au ventre, il fabrique un prisonnier politique

Samedi, 28 Mars 2015 16:46 Photos
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Certes, l’erreur est humaine mais l’erreur d’appréciation, lorsqu’on prétend diriger une nation -surtout lorsqu’on a été élu-, devient une erreur fatale qui met en danger la stabilité de son propre régime, tout en risquant d’être mis au ban de la Communauté internationale pour entrave à l’application des droits fondamentaux de tout citoyen.


Le plus grave -pour lui, Hery Rajaonarimampianina-, c’est qu’à la veille de la commémoration des mortels évènements du 29 mars 1947, il a fabriqué un prisonnier politique, en arguant une « manifestation non autorisée ». Ce n’était vraiment pas le moment. Et, vraiment, il n’y a que des esprits embrumés qui n’ont pas tenu compte de ce facteur. Le mal est désormais bien consommé. A l’instar de l’emprisonnement des deux journalistes du quotidien « Matin », relâchés par peur de Barack Obama.


Ainsi, malgré tout ce qu’il a débité, depuis qu’il est au pouvoir (Etat de droit, démocratie, bonne gouvernance, etc.), Le président Rajaonarimampianina est tombé dans le piège de la dictature « facile » qui nous démontrera pour une énième fois que les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.


Rien n’a donc changé depuis la première république de Philibert Tsiranana : les forces armées malgaches sont là non pas pour protéger les citoyens et leurs biens mais pour défendre les dirigeants. Etant donné la manière dont tous ses prédécesseurs élus ont quitté le pouvoir, après avoir utilisé ces forces armées pour être leur dernier rempart, il est plus que certain que Hery Rajaonarimampianina va suivre le même chemin.


Mais pourquoi diable ne pas avoir pris des leçons sur le passé ? Pourquoi vouloir toujours se persuader être intouchable, une fois élu ? Le suffrage universel n’a jamais été un permis pour faire tout ce qu’on veut. De nombreux exemples, de par le monde, ont démontré que tous ceux qui ont joué la carte de la dictature, malgré des discours contraires, finissent toujours mal en général. C'est même devenu une règle.


Concernant le régime Rajaonarimampianina, ce sont les gendarmes -appuyé par leur GSIS (groupe d'intervention spécial)- qui font office de robots armés de sa défense. N’est-il pas le Chef suprême des forces armées ? Mais encore et toujours les gendarmes qui, pourtant, ces derniers temps, ont fait la Une des journaux pour vols et attaques à mains armées... En plus, ces gens d'armes ont oublié qu’ils viennent aussi du peuple qu’ils oppriment en refusant de le laisser s’exprimer librement pour démontrer à leur chef suprême combien on ne l’aime pas du tout et que tout vient de lui. Et lui seul. Il ne l’a toujours pas compris, lui…


Excuses primaires et premières de l’arrestation d’Alain Ramaroson ? Demande de carte grise de la voiture qui l’a amené. C’est réellement con mais c’était comme çà. Puis, on l’a fait descendre pour l’entrainer dans un véhicule 4X4 de l’Emmoreg, direction Brigade criminelle de la gendarmerie à Betongolo. Alors que la marche n'avait même pas débuté et qu'il ne s'était pas exprimé en public.

Soava Andriamarotafika mis en joue et acculé au véhicule (Photo : journal "Taratra")


De son côté, le journaliste, Soava Andriamarotafika (à gauche), a été mis en joue par un élément très mal formé et informé. Depuis quand menace-t-on les journalistes malgaches dans l’exercice de leur métier, Môssieur Hery Rajaonarimampianina ? C’est çà le « Hery vaovao » (Force nouvelle) ?


La vidéo à ce sujet est ci-dessus en malgache, vers la fin. En tout cas, il vient de déclencher un mouvement irréversible. A moins d'interdire à la grande majorité des Malgaches de ne plus... respirer.


Quant au Général Florens Rakotomahanina, Big Bos de l’Emmoreg (Etat-major mixte opérationnel de je-ne-sais-plus-quoi), malgré sa maîtrise de soi, il a intérêt à lire ce qui suit car le peuple, bien que versatile, n’a pas la mémoire courte. Et nous sommes en 2015 ! Et puis, pas la peine de prendre en exemple cette Constitution de la IVè république de Madagascar piétinée dès le début, par le candidat par substitution devenu président de la république par défaut.

La Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948


Le 10 décembre 1948, les 58 États Membres qui constituaient alors l’Assemblée générale de l'Organisation des nations unies (ONU) ont adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris, au Palais de Chaillot. Les articles 18 et 19 consacrent eux aussi la liberté d'expression, conjointement à la liberté de conviction et de religion :

Art. 18 : "Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites" ;
Art. 19 : "Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit"

(Version française officielle de l'ONU)

Le Premier amendement de la Constitution américaine


Aux États-Unis, c'est le Premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d'expression : “ Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the Government for a redress of grievances ” (Constitution américaine du 17 septembre 1787 – Premier amendement de 1791)

Version française proposée par la Documentation française : " Le Congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion ou en interdisant le libre exercice, restreignant la liberté d'expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d'adresser à l'État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis ".

C'est au nom de cette liberté constitutionnelle qu'aucune loi ne peut interdire l'expression de quelque opinion que ce soit. Ainsi, aux USA, les propos et les sites d'opinions extrêmes ne peuvent être interdits, mais rien n'empêche que ces propos soient contestés par les mêmes voies et que des contre-sites démontent les arguments d'un site aux opinions douteuses. À chacun ensuite de se faire librement son opinion.

Jeannot Ramambazafy – 28 mars 2015

Mise en scène pour se donner en spectacle (muet), sans doute...

PS: je viens de recevoir un "truc" peu ordinaire -donc extraordinaire et officiel en plus- (ci-dessus) à propos de demain, 29 mars 2015, au Mausolée avaratr'Ambohitsaina, qui justifie amplement mon titre. Le résumé est ceci: interdiction pour les journalistes de s'approcher du président de la république Hery Rajaonarimampianina. Impossibilité donc de lui poser des questions. Décidément, ce régiment n'est vraiment pas Charlie mais... Charlot. C'est simple : madagate.com n'ira pas couvrir cette mascarade, quelque chose de jamais vu dans l'Histoire des 29 mars sur quatre présidents élus. Celui-là, il fait des histoires plus que l'Histoire politique du pays. Mais sait-il ce qui l'attend, de la part des "simples spectateurs" ?... Et passera-t-il lui-même à Ambohijatovo après la traditionnelle messe à la cathédrale Fjkm Analakely ?

Mis à jour ( Mardi, 31 Mars 2015 04:00 )