Le beau (parleur) Fetison Rakoto Andrianirina
Non une bonne fois pour toutes : Phil de Fer de La Gazette de la Grande île, ce n’est pas moi. Bien que nous ayons le même style d’écriture. Jusqu’à mon dernier souffle de journaliste, je signerai toujours de mon vrai nom. Il importe d’assumer ses responsabilités. N’est-ce pas ô illustres anonymes des blogs qui adorent refaire le monde et s’inventer des histoires d’holocauste, avec des mots dont vous ignorez le sens exact, loin des réalités malgaches ? Une mentalité d’irresponsables que permet, hélas, Internet. Mais voyez déjà les aspects négatifs de facebook qui fait la Une des actualités du moment… Cela dit, j’allais rédiger un article sur ce messire Fetison Rakoto Andrianirina mais Phil de Fer m’a devancé. Tant mieux. Et il ne m’en voudra nullement de reprendre intégralement son article paru dans La Gazette de la Grande île, ce mercredi 20 octobre 2010. Eh oui, les écrits restent. Car, le moment venu, il sera important de savoir ce qui lui est advenu et pourquoi. Les Malgaches d’hier et d'aujourd’hui ayant la mémoire un peu trop courte. Il ne faudrait pas que les Malgaches de demain héritent de cette véritable tare : pardonner oui, oublier non, dixit l’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo qui commence, lui-même, à oublier ses déboires de 2002 dans les rizières et en prison.
Jeannot Ramambazafy
Déclic et des claques: Faux-semblants et faux pardons
Mercredi, 20 Octobre 2010
Dans une chanson célèbre intitulée « Si j’étais Président de la République », Gérard Lenorman nomme Coluche comme Ministre de la Rigolade. Un tel ministère n’existe pas chez nous, du moins pas encore mais si un homme politique mérite ce portefeuille, il s’agit de Fetison Andrianirina. On se souvient qu’après les accords de Maputo et Addis Abeba, il a paradé dans la capitale, fort de son titre de vice-président du conseil présidentiel de la Transition. On a ri comme des bossus car il a occupé sa fonction durant moins d’un mois. Son statut d’ancien pauvre métamorphosé en nouveau riche était amusant. A l’époque, alors qu’il était sous le coup d’un mandat d’arrêt, il revendiquait une prétendue « immunité politique », notion toute aussi hilarante. Comme le ridicule ne tue pas, il vient de remettre le couvert en accueillant Tantely Andrianarivo les bras ouverts avant de lui demander pardon pour les actes commis par Marc Ravalomanana en 2002.
De prime abord, en présentant ses excuses à Tantely Andrianarivo, Fetison Andrianirina s’est comporté en grand seigneur touché par la grâce. Il a fait preuve de courage, d’abnégation et de noblesse de cœur. Son cri du cœur spontané l’honore et sa générosité exemplaire s’inscrit dans l’esprit d’apaisement et de réconciliation nécessaire à la sortie de crise. Il ne se contente pas de clamer le Fihavanana et l’amour (cette combinaison gagnante prévue par la nouvelle Constitution), il les applique. Il nous arracherait presque des larmes avec ses bons sentiments et sa chaleur chrétienne. S’il continue sur sa lancée, ses paroles remplies de sérénité et de sincérité pourraient lui faire obtenir le prochain prix Nobel de la Paix. Pourquoi n’a-t-on pas pensé à le canoniser ?
Pourtant, une analyse plus affinée démontre que l’on assiste à une comédie de boulevard. Fetison Andrianirina a pris habilement les devants. Il s’est confondu en excuses, avant même que Tantely Andrianarivo n’en exige. Il appartenait à Marc Ravalomanana, mais non pas à son valet de service, de présenter des excuses publiques à l’ancien Premier Ministre. Une telle substitution est cocasse. Pourtant, Tantely Andrianarivo, lui, se souvient qu’il n’était pas enclin à rire lorsqu’il a été contraint de fuir dans les rizières, la peur au ventre, au milieu de la nuit en 2002. Et ce ne sont pas des excuses pleines d’hypocrisie et adressées aujourd’hui avec légèreté et par procuration qui vont réparer le préjudice. Un pardon par procuration ne vaut rien ou pas grand-chose, surtout quand il est tardif et intéressé. C’est avant et après sa démission que Marc Ravalomanana aurait dû demander mille fois pardon à son peuple et à Dieu pour ses mille offenses et surtout pour le carnage d’Ambohitsorohitra le 7 février 2009.
Cette politique de la main tendue sonne faux. Ce n’est pas avec une fausse ode à la fraternité que l’on rachète un faux pas. L’aveu de culpabilité de Fetison Andrianirina marque une volonté évidente d’obtenir une amnistie générale, d’opérer une union sacrée entre le TIM et l’AREMA et de s’asseoir à la table des innocents. Nul n’ignore que ce faux pardon relève d’une opération de communication. En jouant sur le registre émotionnel, Fetison Andrianirina confirme ses visées électorales. Il veut paraître bon mais il conserve un fond de démon, comme son grand farceur de patron.
Ceci dit, Tantely Andrianarivo n’est pas dupe. Il l’a joué à la mode malgache, c'est-à -dire en dissimulant sa rancune indélébile derrière une miséricorde de façade. Pour accroître son capital de sympathie auprès de ses futurs électeurs, il a apprivoisé sa colère. Il a fait celui qui a acquis une hauteur de vue et qui n’est animé par aucun esprit de revanchard mais qu’en sera-t-il s’il accède à nouveau au pouvoir? Fetison Andrianirina et Tantely Andrianarivo pourraient alors reprendre à leur manière le combat opposant Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Comme quoi, en politique, rien ne se perd, rien ne se créée, tout continue.
Phil de Fer