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Madagascar : les officiers supérieurs devenus mercenaires d’une cause perdue d’avance

A présent, jeudi 18 novembre 2010, ils ne sont plus que neuf officiers supérieurs, cantonnés dans la base aéro-navale d’Ivato ou Bani. De 20 au départ ces 9 conjurés sont ainsi de plus en plus isolés. Car la majorité des membres des forces armées malgaches ont retiré une leçon sur ce qui s’est passé au camp Fign (Forces d'intervention de la gandarmerie nationale), le 20 mai 2010.

Le 19 mai 2010, le Colonel Raymond Randrianjafy, à travers une vidéo, avait lancé un appel comme quoi il allait prendre le pouvoir, faisant croire que c’était toutes les Fign qui étaient impliquées. Au final, ils n’étaient qu’une dizaine à la solde de Marc Ravalomanana. Mais cette rébellion a fait des morts chez les civils, les gendarmes au sein du Fis. Randrianjafy ayant fui, a été appréhendé et, actuellement, ressasse son acte en prison.

Le 17 novembre 2010, en plein déroulement du référendum, rfi met en ligne une annonce « d’urgence » comme quoi « un général affirme suspendre les institutions ». Même entre guillemets, l’effet frappe les esprits. Entre-temps, c’est via la TvPlus Madagascar que le fameux Charles fait presque la même déclaration que Randrianjafy, en bafouillant et en révélant quelques noms. Une heure après son « scoop », rfi retire l’annonce « d’urgence » (laquelle ? Faire venir les CRS à Madagascar ?).Parmi les noms connus, il y en a trois qui méritent une attention particulière : Coutiti Assolant, Noël Rakotonandrasana, Charles Randrianasoavina. Par quel mystère ces hommes qui déshonorent l’armée malgache -et même toutes les armées du monde- pourront-ils jamais se mettre d’accord ? Rappels historiques véridiques.

Colonel Coutiti Assolant


En 1991, les journaux relayent des actes de tortures et meurtres de merina par un groupe dirigé par le capitaine Coutiti Assolant à Antsiranana. Personnellement, j’ai été pris en otage par ces éléments à l’époque. Arrêté et déchu, il est remis en selle avec le retour aux affaires de l’Amiral Ratsiraka, est promu lieutenant-colonel et devient le chef de la sécurité du gouverneur Fredo Betsimifira. En 2002, après une longue cavale, il est arrêté par les réservistes appelés par Ravalomanana et jeté en prison. Le 29 avril 2008, alors déjà condamné à perpétuité, il écopé d’une autre peine de 10 ans de travaux forcés dans une affaire de détournement d’armes à Antsiranana. Au total, et à cette date, Coutiti comptabilisait trois peines de prison à perpétuité et 57 ans de travaux forcés. Il a été incarcéré à Tsiafahy. Le 21 mars 2009, le Président de la Haute autorité de la transition, Andry Rajoelina octroie une grâce à tous les prisonniers politiques, lors de son discours à l’occasion de la cérémonie officielle de son installation. 37 prisonniers politiques détenus à la maison de force de Tsiafahy et d’Antanimora sont transférés, dès ce samedi à l’hôtel "Restogasy", aux frais de l’Etat. Plus tard, ce sera Andry Rajoelina qui le conduira à Antsiranana où il était censé être en résidence surveillé. Car ses peines demeurent. Seul son lieu d’incarcération avait changé. Comme d’autres officiers. Il est condamné à perpétuité tout de même. Or, ces derniers temps, ce musulman semblait s’être tourné vers une foi inébranlable, avec les actions qui vont avec. Décidément, un éléphant çà trompe énormément. Toutefois, attendons qu’il se manifeste car, pour le moment, seul le fameux ex-commandant Charles, a prononcé son nom.

Général Noël Rakotonandrasana


Au vu des évènements récents, on se demande vraiment quel rôle a joué cet officier supérieur en apparence calme ? Néanmoins, il y a eu une époque où il avait proposé le projet CMSE (Conseil supérieur mixte de la médiation et de l’éthique)  jamais concrétisé. A ce moment, il avait déclaré : «Si les forces armées décident de prendre le pouvoir, j’accepterais volontiers de mener la Transition militaire, dans la mesure où cela permettra à Madagascar de sortir de la crise «. Il faut savoir que, malgré sa promotion au grade de général, il est resté frustré d’avoir du quitter son poste de ministre des Forces armées. Il a eu dent contre le pouvoir de transition, c’est sûr et certain et entend accéder à de très hautes responsabilités… Or, Noël Rakotonandrasana, dans Midi Madagasikara, rappelle que: «  Il y a eu des moments où les manifestants pro-Rajoelina n’avaient plus eu accès à la Place du 13 Mai à cause de la forte répression par les forces de l'ordre. Les éléments du Capsat étaient intervenus notamment à partir du moment où nous avions remarqué que Ravalomanana a engagé des civils en tenue militaire et de mercenaires étrangers. C'est pour nous de l'humiliation ». Mais une fois déchu de son poste ministériel, Noël Rakotonandrasana, toujours dans Midi, déclare : « Andry Rajoelina m'a déçu. Il n'y a pas de changement. La situation n'évolue pas. Les gens ne sont pas contents. L'insécurité s'aggrave. Sans parler des promesses qui ne sont pas tenues. On a trompé le peuple. On a promis des hôpitaux et des terrains de sport, mais, finalement, il n'y a rien jusqu'à présent ». Pour cet officier supérieur intelligent donc, il suffit de dire une chose pour qu’immédiatement elle se matérialise ? Enfin, à propos du référendum du 17 novembre, voici son appréciation : « On force les Malagasy à avaler quelque chose qu'ils ne veulent pas ». Attendons les résultats alors.

Lieutenant-Colonel Charles Randrianasoavina


Celui-là, c’est le paradoxe personnifié. Alors commandant, la tête de ce Charles avait mise à prix, en mai 2009,par des éléments pro-Ravalomanana. Ils avaient accordé une prime de 100 millions d’ariary, selon des messages envoyés par Sms, à l’époque, pour la personne qui arrive à capturer ou à tuer cet élément zélé de l’armée malgache. Le commandant Charles faisait partie de la cellule nationale mixte d’enquête chargée d’arrêter Manandafy Rakotonirina, Ihanta Randriamandranto, le journaliste Evariste Andriantsoavina et d’autres personnes proches du mouvement ravalomananiste. Chez le peuple qui avait lutté, Charles était considéré comme un authentique héros. : "Force d’Intervention Spéciale) avec le commandant Lylison, ils sont tous deux promus au grade lieutenant-colonel. En marge de la cérémonie, le frais lieutenant-colonel Charles Randrianasoavina avait révélé :«normalement, je devais obtenir cette promotion l’année dernière tout comme la plupart des membres de ma promotion.C ceux qui étaient proches de l’ancien président Ravalomanana ont obtenu cette promotion en 2007».

Puis, sans crier gare, Charles quitte la FIS. Plus tard, bien qu’à la mort de son épouse, il avait déclaré ne jamais pardonné à Marc Ravalomanana, il devient prolixe. Sa version de ce qui s’est produit à l’épiscopat, le 17 mars 2009 : «  j’ai été amené à faire usage de la force pour convaincre le vice-amiral Hyppolite Ramaroson et consorts de renoncer au pouvoir fraîchement transmis à eux par Marc Ravalomanana »… Il y a beaucoup de menteurs dans ce qui s’est passé réellement à l’épiscopat alors…

A présent, la grande question à la Julien Lepers ? Pour qui roule exactement ces officiers supérieurs devenus rebelles que tout sépare ? C’est clair et limpide : ils sont devenus des mercenaires au sens véridique du terme. C’est-à-dire :

« Un mercenaire est un combattant de métier qui est recruté moyennant finance par un État, une entreprise, un mouvement politique ou toute autre organisation légale ou non, en-dehors du système statutaire de recrutement militaire d'un pays. Les services des mercenaires sont généralement sollicités soit pour une opération militaire identifiée et pour une durée limitée, soit pour un type de service spécialisé ».

L’entreprise de Charles, Coutiti et Noël (en l’occurrence : opération militaire identifiée) était vouée à l’échec dès le début, bien que fomentée depuis des mois. En effet, par quel mystère (encore !) l’Amiral Ratsiraka reprendrait-il les rênes d’un pouvoir par deux fois perdu, avec l’argent de Marc Ravalomanana ? Et Monja Roindefo jouera alors le troisième larron ? Sans compter Zafy Albert, devenu la cinquième roue de ce carrosse des 30 deniers de Judas ? Aucun changement, constitutionnel ou pas, ne pourra jamais se faire dans un pays sans l’adhésion populaire. A moins de semer le chaos et la dictature à 100%. Tournez-vous vers la Corée du Nord. Mais l’Histoire retiendra le nom de ces officiers supérieurs devenus mercenaires d’une cause perdue d’avance.

Voilà la stricte vérité sur les débuts et la fin d’une tentative de putsch pourtant relayé à outrance par les médias dits « internationaux ». Comme dit le proverbe : « A beau mentir qui vient de loin ». Je suis sûr que, déjà, certains journalistes touristiques étaient ou sont prêts à l’embarquement pour couvrir cette « urgence ». Manque de pot les gars : Madagascar n’a jamais été aussi calme et le décomptage du résultat du référendum du 17 novembre 2010 se déroule inexorablement sans aucune perturbation. C’est cela qu’il faut venir couvrir et non votre soif de notre sang versé qui fait vendre. Doute façon, les observateurs étrangers, qui viennent de quitter le pays, ne vont pas tarder à faire leur rapport. Déjà, à l'aéroport, ils ont condamnés unanimement la désinformation diffusée par quelques journalistes en mal de scoop.

Qu’ils se rendent ou qu’ils opposent une résistance, ces officiers supérieurs devenus mercenaires sortiront toujours grands perdants d’une cause basée sur les deniers de Judas. Tout le reste n’est que pure imagination sortie de l’esprit des nostalgiques de l’impunité et de l’abus de pouvoir, à 10.000 km. Il faut bien justifier ses diplômes et les dépenses des sous de Ravalomanana, n’est-ce pas ?

Jeannot RAMAMBAZAFY – 18 novembre 2010

Mis à jour ( Jeudi, 18 Novembre 2010 15:22 )  
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