Le 18 novembre 2015, le PrĂ©sident Hery Rajaonarimampianina a Ă©tĂ© lâinvitĂ© de la Chatham House de Londres. Mais bien avant lui, le ministre de lâEnvironnement, Beboarimisa Ralava, a fait lâobjet dâune table ronde autour du trafic de bois de rose Ă Madagascar en ce mĂȘme lieu. Il est navrant que les mĂ©dias et le peuple malgaches ne soient pas au courant de cela. Plus Ă©trange encore le fait que ce ministre nâait pas fait partie de la dĂ©lĂ©gation du Forum UK/Madagascar sur le Commerce et les Investissements, le 19 novembre 2015, organisĂ© par MDA (Management Development Associates) et sponsorisĂ©, entre autres par Rio Tinto et Madagascar OilâŠ
Le Président Hery Rajaonarimampianina, le 18 novembre 2015
Au nom du droit Ă lâinformation qui est complĂštement foulĂ© au pied par le rĂ©gime Hvm/Rajaonarimampianina, ci-aprĂšs la traduction en français des questions-rĂ©ponses du 26 mars 2014. BrĂ»lant dâactualitĂ©. Peut-ĂȘtre que le ministre Beboarimisa Ralava en a-t-il trop dit ou pas assez ? Car oĂč en est-on en ce mois de novembre 2015, Ă propos du bois de rose Ă Madagascar? Archive pour lâHistoire, les intellectuels sĂ©rieux et les journalistes professionnels.
Ralava Beboarimisa
Madagascar est confrontĂ© Ă un certain nombre de questions touchant le bois de rose (Dalbergia) unique sur l'Ăźle, y compris le dĂ©fi de traiter les rĂ©serves illicites et l'application de la loi pour empĂȘcher l'exploitation clandestine et les exportations illĂ©gales de bois de rose de Madagascar.
Depuis 2011, Madagascar a reçu l'assistance de la Banque mondiale pour aider aborder ces défis, y compris l'aide financiÚre, l'assistance technique et un projet de conservation. Le gouvernement cherche maintenant de nouveaux partenariats avec des agences internationales pour améliorer ces activités. Le ministre a récemment tenu une réunion à Madagascar avec INTERPOL, la Convention sur le Commerce International des EspÚces en voie de disparition (CITES) et la Banque mondiale pour discuter des stratégies potentielles.
En 2012 le gouvernement Malgache a mis en place un comitĂ© de pilotage sur le bois de rose, avec l'appui de la sociĂ©tĂ© civile. En aoĂ»t 2014 le gouvernement a instaurĂ© un comitĂ© interministĂ©riel de la protection de l'environnement, qui couvrira le bois de rose. Ses 11 membres incluent le Premier ministre et les ministres de la DĂ©fense, des Affaires Ă©trangĂšres, de la Justice, de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure et de l'environnement, ainsi que la Gendarmerie nationale. Ce comitĂ© aura un secrĂ©taire exĂ©cutif Ă plein temps. En 2015, câest le ministre de l'Environnement qui dirigera ce comitĂ© interministĂ©riel.
Madagascar doit dĂ©cider comment traiter les rĂ©serves illĂ©gales de bois de rose. Le but du gouvernement est de disposer de toutes les rĂ©serves illĂ©gales dâune maniĂšre transparente. La Banque mondiale a fourni une assistance pour une sĂ©rie d'Ă©tudes sur des processus Ă rĂ©aliser, y compris des options de disposition de stockage. Les rĂ©serves illĂ©gales qui ont Ă©tĂ© et seront saisies doivent ĂȘtre transportĂ©es dans un centre de coordination centrale, sous la direction du ministĂšre de l'Environnement. Jusquâici, la valeur du bois de rose saisi est Ă©valuĂ©e 12 millions de dollars. Le dĂ©fi est dâavoir un inventaire physique prĂ©cis de tous les stocks existant dans le pays.
La surveillance spécialisée par satellite, financée par la Banque mondiale, a aidé à localiser des réserves illégales à Madagascar et à l'étranger. Cette année 2014, cela a abouti à la saisie d'environ 12.000 piÚces à Madagascar et de 30.000 à Singapour.
Le gouvernement travaille aussi pour amĂ©liorer l'application de la loi touchant au trafic illĂ©gal de bois de rose. La nouvelle lĂ©gislation est prĂ©parĂ©e et on sâattend Ă ce quâelle soit prĂȘte autour de mai 2015. La crĂ©ation dâun tribunal spĂ©cial pour traiter les affaires de trafic illĂ©gal des ressources naturelles de Madagascar est aussi planifiĂ©e.
L'espĂšce de bois de rose malgache est maintenant inscrite dans lâannexe II, de lâappendice de la CITES et le gouvernement Ă lâobligation de rapporter Ă la CITES tout cas dâembargo sur des exportations lĂ©gales de bois de rose. Ce, jusquâĂ la mise en place par la CITES dâun ComitĂ© permanent chargĂ© de donner son avis sur les stocks clandestins. Le gouvernement prĂ©pare un plan dâaction qui sera soumis Ă la CITES avant janvier 2016.
Question
Est-ce que Madagascar travaillera en partenariat avec lâITTO (International Tropical Timber Organization â Organisation internationale des bois tropicaux), comme avec la CITES, dans lâobjectif dâobtenir un financement pour appuyer l'action du gouvernement dans ce plan de protection du bois de rose?
Ralava Beboarimisa
Madagascar nâest pas encore membre de l'ITTO, mais ceci est quelque chose qui a Ă©tĂ© discutĂ© avec la CITES. Il est important que Madagascar jouisse de l'assistance continue de la CITES pour que ce dernier puisse prĂ©senter le pays Ă lâITTO.
Le fonctionnement et les attributions du tribunal spĂ©cial sur le trafic illĂ©gal ont Ă©tĂ© discutĂ©s, avec un accent sur le besoin de lâamĂ©lioration de la capacitĂ© juridique pour assurer la poursuite des trafiquants.
Il existe un problĂšme de corruption avec de hauts responsables du pouvoir Ă Madagascar. AussitĂŽt que le nouveau gouvernement a Ă©tĂ© Ă©tabli, le Premier ministre a Ă©cartĂ© beaucoup de responsables qui travaillaient dans les zones prĂšs de la cĂŽte nord-est du pays, oĂč des rondins de bois de rose illicitement stockĂ©s ont Ă©tĂ© trouvĂ©s.
La nouvelle administration est également consciente que nombre de personnes proche du gouvernement avaient été impliqués dans le trafic illégal.
L'installation du tribunal spécial fait partie de la lutte contre la corruption. Ce tribunal, situé à Antananarivo, centralise la procédure concernant le trafic et saisit les tribunaux locaux compétant pour régler les litiges liés à ce trafic de bois de rose.
Une commission spĂ©ciale d'investigation sera Ă©tendue Ă travers tout Madagascar, avec un centre dĂ©centralisĂ© dans les zones oĂč le trafic illĂ©gal est endĂ©mique. Des agences anti-blanchiment joueront un rĂŽle dans ce tribunal pour assurer la transparence et l'efficacitĂ©.
Le gouvernement envisage aussi de fonder une prison spĂ©ciale pour les trafiquants dâoĂč ils ne pourront pas sortir en payant des fonctionnaires corrompus. Comme ceci coĂ»tera beaucoup d'argent, le gouvernement envisage des options de partenariat internationales afin de financer ce projet de prison spĂ©ciale.
Question
De quel plan dâaction Madagascar dispose au sujet de lâidentification de rĂ©serves illĂ©gale dont lâĂ©tude a Ă©tĂ© financĂ©e par la Banque mondiale?
Ralava Beboarimisa
Des réserves ont été identifiées, mais l'abattage de bois de rose a toujours lieu. En outre, quand une réserve est identifiée, les trafiquants la remplacent souvent par des stocks de bois de construction ordinaire, peint pour ressembler au bois de rose.
à cause de ces réserves « élastiques », le gouvernement a décidé de reprendre le processus d'identification et l'inscription de réserves avant le déplacement de ceux-ci dans un emplacement central et sûr pour assurer un inventaire précis.
Le gouvernement finalise le budget pour ce processus et demandera aux organisations internationales d'appuyer l'amélioration de la transparence. L'objectif est de commencer ce processus d'ici à la fin de juin 2015, avec un inventaire qui sera totalement achevé dans un et demi mois.
AprÚs l'étude de la Banque mondiale, Madagascar a trois options pour traiter des réserves illégales: destruction de tout bois illégalement abattu; transformation du bois de rose abattu en produits fabriqués à vendre; vente aux enchÚres en qualité de matiÚres premiÚres.
Ainsi, le gouvernement envisage de vendre des produits fabriquĂ©s crĂ©Ă©s Ă partir de rĂ©serves illĂ©gales. Le gouvernement veut attirer des investisseurs et installer une industrie du bois qui crĂ©era des emplois. Quand les stocks) auront Ă©tĂ© transformĂ©s, il y aura une vente aux enchĂšres sous lâĂ©gide de la CITES et d'autres agences internationales.
Questions
Il a Ă©tĂ© notĂ© que la date originelle pour la soumission Ă la CITES du plan d'action Ă©tait le mois dâaoĂ»t 2015, pour correspondre avec la rĂ©union du ComitĂ© permanent de la CITES. Cependant, cette rĂ©union a Ă©tĂ© reportĂ©e Ă janvier 2016. Ătant donnĂ© le dĂ©lai prolongĂ© pour la soumission du plan d'action, l'embargo sur des exportations en bois de rose sera-t-il aussi ĂȘtre prolongĂ©?
Par ailleurs, le produit de la vente de la transformation des rĂ©serves de bois de rose illĂ©galement stockĂ©es, sera-t-il utilisĂ© pour soulager la pauvretĂ© extrĂȘme Ă Madagascar?
Ralava Beboarimisa
Ce serait une bonne idée de reporter la fin de l'embargo jusqu'à ce que le Comité Permanent se réunisse à la fin de janvier 2016. Ceci est discuté avec des agents-clés à Madagascar et avec le Premier ministre.
Le gouvernement Ă©tudie la maniĂšre dâutiliser le revenu gagnĂ© d'une vente aux enchĂšres de produits en bois fabriquĂ©s. Une option est de financer un projet de jeunesse au niveau communautaire dans des zones oĂč le bois de rose est trouvĂ©.
Ayant tenu des consultations avec les gens des rĂ©gions du Nord et orientales oĂč le bois de rose pousse, il est clair que ces gens estiment qu'ils devraient ĂȘtre parties prenantes dans ces revenus gagnĂ©s. Une autre option est de financer les fonctionnaires qui saisissent des rĂ©serves illĂ©gales pour les empĂȘcher dâĂȘtre attirĂ©s par la corruption.
Questions
Des Ă©chantillons de bois de rose peuvent-ils ĂȘtre prĂ©levĂ©s des rĂ©serves pour amĂ©liorer l'identification d'ADN ? Des tests d'ADN peuvent-ils ĂȘtre effectuĂ©s dans des laboratoires mĂ©dico-lĂ©gaux et servir de preuves dans des accusations de trafic?
Il a Ă©tĂ© notĂ© que les centres de recherche trouvent difficile d'obtenir des Ă©chantillons en bois de rose vĂ©ritables, particuliĂšrement dans l'identification entre Dalbergia (bois de rose) et Diospyros (l'Ă©bĂšne). Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© qu'une collecte d'Ă©chantillons de rĂ©fĂ©rence en bois prĂ©cieux pourrait ĂȘtre basĂ©e Ă l'UniversitĂ© d'Antananarivo. Quâen est-il?
Ralava Beboarimisa
Il serait utile d'amĂ©liorer les banques de donnĂ©es ADN - ceci peut ĂȘtre discutĂ© avec la CITES. Des pourparlers sont en cours avec le Silo des Grains des nationaux ForestiĂšres (SNGF), qui est intĂ©ressĂ© par l'obtention d'Ă©chantillons pour avoir des banques d'ADN sur le bois de rose.
Questions
L'exportation légale de produits en bois de rose fabriqués pourra-t-elle endiguer le trafic du bois de rose en tant que matiÚres premiÚres ? Ceci ne pourrait-il pas affecter et mettre en danger d'autre espÚce de bois de construction qui ont aussi un problÚme d'identification?
Y aura-t-il une cessation complĂšte dans le commerce du bois de rose fabriquĂ© aprĂšs la vente des rĂ©serves actuelles, ou bien il existe un plan de mise en Ćuvre dâun commerce rĂ©gulĂ© de certaines espĂšces de bois de rose?
Y-a-t-il une estimation approximative du revenu potentiel qui pourrait ĂȘtre tirĂ© de la vente des produits fabriquĂ©s Ă partir des stocks actuels de bois de rose?
Ralava Beboarimisa
Ce nâest quâune fois le tribunal spĂ©cial mis en place et que la loi sera promulguĂ©e quâil sera possible de mettre en une industrie manufacturiĂšre du le bois de rose Ă Madagascar. Mais il y aura toujours une politique de lutte contre le trafic.
Le tribunal spĂ©cial veut faire donner lâexemple en condamnant les trafiquants notoires Ă des peine dâau moins 10 ans en prison, indĂ©pendamment des amendes et le la saisie de lâargent de ce trafic.Le tribunal pourra aussi mettre en place des pĂ©nalitĂ©s spĂ©cifiques.
LâidĂ©e est de traiter les rĂ©serves et arrĂȘter ensuite le commerce liĂ© au bois de rose de Madagascar. Ă prĂ©sent, la valeur marchande totale est Ă©valuĂ©e autour de 12 millions de dollars, basĂ©e sur la valeur des matiĂšres premiĂšres (rondins). Mais il y a tellement de rĂ©serves encore cachĂ©es, que lâon attend Ă ce que le total rĂ©el soit au moins de 50% en plus de cette Ă©valuation.
Questions
Les rĂ©serves seraient-elles brĂ»lĂ©es en guise dâavertissement de la puissante publique contre tout trafic illĂ©gal, une mĂ©thode semblable Ă celles utilisĂ©s dans des pays africains combattant le commerce illĂ©gal d'ivoire? Le gouvernement connaĂźt-il le nom des trafiquants les prolifiques?
Y a-t-il eu des discussions avec d'autres pays sur la lĂ©gislation anti-blanchiment dĂ©multipliante, dans des pays oĂč l'argent a Ă©tĂ© accumulĂ© grĂące aux trafics illĂ©gaux (paradis fiscaux)?
Ralava Beboarimisa
La destruction par le feu des rĂ©serves de bois prĂ©cieux ne se fera probablement pas, car cette solution nâest pas acceptĂ©e la population en gĂ©nĂ©ral. L'option industrielle est la plus probable au profit du peuple malgache, mais ceci ne peut pas avoir lieu sans des investisseurs intĂ©ressĂ©s par une industrie basĂ©e Ă Madagascar.
Les trafiquants les plus en vue sont trĂšs puissants et opĂšrent dans des rĂ©seaux maffieux et ils savent que le gouvernement va sĂ©vir contre eux. Jâai mĂȘme reçu des menaces.
Madagascar a besoin de l'assistance) de ses partenaires internationaux pour combattre ce trafic. Le gouvernement a discuté avec des agences internationales comme INTERPOL quant au gel des comptes bancaires des trafiquants connus. Ceci est un processus simple, mais INTERPOL a besoin des noms de ces trafiquants et des commanditaires.
Un autre problÚme est de ne pas trop pouvoir mettre en action le protocole international pour récupérer des cargaisons de bois de rose malgache saisis soutiennent à l'étranger. Des cargaisons ont été saisies au Kenya, en Tanzanie, à Singapour et l'Ile Maurice.
Question
Y a-t-il eu des pourparlers avec l'ambassadeur chinois à Madagascar quant à  l'engagement de la Chine dans le commerce illégal de bois de rose?
Ralava Beboarimisa
L'ambassadeur de la Chine a dĂ©clarĂ© qu'il Ă©tait enclin Ă marcher avec Madagascar pour combattre contre le commerce illĂ©gal, mais rien nâa encore Ă©tĂ© fait concrĂštement. Une idĂ©e Ă©tait d'Ă©tablir un accord tripartite entre les EU, la Chine et Madagascar pour arrĂȘter le trafic en bois de rose. Cependant, ceci n'a pas Ă©tĂ© acceptĂ© par l'ambassadeur chinois, qui a prĂ©fĂ©rĂ© un accord bilatĂ©ral entre la Chine et Madagascar.
Le gouvernement Malgache a aussi demandĂ© l'assistance technique et logistique de la Chine pour rendre plus efficace cette lutte contre les trafiquants. Car la Chine a une responsabilitĂ© d'aider Madagascar pour arrĂȘter le commerce illĂ©gal de bois de rose. Le problĂšme est qu'il n'est pas illĂ©gal d'acheter le bois de rose en Chine, Ă l'exception du bois de rose de Madagascar.
Traduit de lâanglais par Jeannot Ramambazafy â 20 novembre 2015