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Bon anniversaire, Tv Plus Madagascar!
La date du 20 mars 2016, journée de la Francophonie a été une excellente occasion de la part de Tv Plus Madagascar, pour réunir, en soirée, un panel de Malgaches au-dessus de l’ordinaire pour débattre de la Francophonie, plus précisément de l’opportunité ou non de la tenue du XVIème sommet de l’OIF en novembre 2016. Car par la suite, les téléspectateurs de l’émission « Don-dresaka » (confrontation d’idées) -qui a également fêté sa première année d’existence- ont compris énormément de choses sur la mentalité de certaines « élites » de leur nation. Si quelques-uns ont été hors sujet, préférant le culte de la personnalité au vrai débat d’idées, les autres ont été très percutants, de part et d’autre. Car, il y avait les « pour » et les « contre », bien évidemment. Mais pour aller encore plus loin, je dirais qu’il y avait les patriotes et les non-patriotes. Car, dans la conjoncture socio-politico-actuelle, ce n’est pas la Francophonie qui est mise en cause, mais la tenue de son XVIème sommet à Antananarivo.
Voici le fond de ma pensée personnelle qui pourra résumer tout ce qui a été dit, lors de cette émission à marquer d’une pierre blanche.
Origines et raison d’être de la Francophonie
Le mot « francophonie », avec un petit f, a été entendu pour la première fois en 1880 de la bouche d’un certain Onésime Reclus qui avait déclaré : « Nous mettons aussi de côté quatre grand pays, le Sénégal, le Gabon, la Cochinchine, le Cambodge, dont l’avenir au point de vue « francophone » est encore très douteux sauf peut-être pour le Sénégal ». Devenu ensuite « francité », ce mot se rapportait à tout ce qui était reconnu comme français.
Plus d'un siècle et demi plus tard, sans entrer dans les détails, et pour faire un équilibre avec le Commonwealth (ou Anglophonie si vous voulez) sans doute, la Francophonie s’est affublée d’un grand f pour désigner « l'ensemble des gouvernements, des pays ou des instances officielles qui ont en commun l'usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges dans plusieurs domaines ».
Les quatre principaux invités de cette émission-anniversaire axée sur la Francophonie avec un grand f
Colonie française de 1896 à 1958, Madagascar est donc « naturellement » francophone comme plusieurs pays d’Afrique après leur « indépendance » respective. Et dans tous ces pays, à quelques exceptions près, le Français est la langue officielle, au côté des langues locales. Plus encore, beaucoup de documents administratifs y sont toujours entièrement rédigés en français, parfois sans traduction….
Pourquoi 4 photos de ce personnage? Pour que l'Histoire s'en rappelle bien. Non seulement il n'a rien compris mais en plus, il était hors sujet avec une véhémence incroyable. Au final, il est un danger pour lui-même. Heureusement que le pouvoir est passager...
De quoi y perdre son latin car, actuellement à Madagascar, sur 23 millions d’habitants, même pas la moitié maîtrise le français de base et ne peut s’exprimer qu’en petit-nègre. Le déclin de la langue française s’est amorcé après les évènements de 1972, à travers une malgachisation qui n’a rien de mal en elle, mais qui a été mal organisée: du jour au lendemain, on a définitivement enterré «nos ancêtres les Gaulois», sans formation des enseignants, sans manuels d’enseignement, sans structures d’accompagnement. Tout a été «malgachisé» de manière tellement incompréhensible que les écoles «d’expression française» ont poussé comme des champignons, diabolisant du coup la langue malgache elle-même. Car parler français était -est toujours- considéré comme un grand prestige, la preuve d’un grand savoir. Tu parles!
Après la chute du mur de Berlin ayant amené le vent du changement et du libéralisme, brusquement encore, ce fut la réintégration du Français dans les écoles primaires publiques (EPP) malgaches. Mais le mal était déjà fait. On peut le constater chez les jeunes qui utilisent plus du « frangasy » qu’autre chose. Car il y a une différence énorme entre parler français et parler en français… Quant à la lecture, elle est devenue un luxe à Madagascar.
Figurez-vous que l’actuel ministre de l’Education, Paul Rabary, au lieu de réhabiliter les bibliothèques scolaires et, surtout, au lieu les approvisionner, distribue des tablettes numériques sans garantie de connexion à Internet. Le Français va encore mieux péricliter, c’est assuré.
Une méthode Boscher vaut 100 tablettes, mon gars! Même pour les élèves malgaches de 6è. C'est la réalité. Concernant l’orthographe, n’en parlons pas. Ainsi, malgré tous les efforts consentis par les amoureux de la langue de Molière (associations, instituts, institutions, Ong, etc…) celle-ci poursuit inexorablement sa descente aux enfers face à l’Anglais et l’arrivée en force du Chinois mandarin. Surtout dans les échanges commerciaux.
Dans un pays aussi vaste que la France, la Belgique et les Pays-bas réunis, le Français n’est plus pratiqué que dans des cercles privilégiés et pour faire honneur à la présence d’étrangers, même s’ils ne sont pas tous Français. Ce qui est un peu ridicule, n’est-ce pas? Mais je vous garantis que plus de la moitié des députés à l’Assemblée nationale de Tsimbazaza ne savent pas s’exprimer correctement en français. Or, certains maîtrisent l’anglais à merveille… Ce point de situation révélé, revenons à nos moutons.
Ainsi, quoi qu’il en soit et quoi qu’il arrive, ce n’est ni langue française ni Francophonie qui doivent être mises en cause. Bien au contraire, c’est toujours un outil indispensable aux échanges sous toutes leurs formes et à la communication planétaire et cela durera longtemps encore malgré tout. La vraie question est donc: face à la paupérisation en règle perpétrée actuellement par le régime rajaonarimampianina, la tenue de ce sommet est-elle une priorité? NON!
Car ne pas organiser ce sommet à Antananarivo n’aura aucun impact sur les relations franco-malgaches et/ou internationales. Au contraire, cela fera transparaître un patriotisme et une grande attention pour le peuple de la part des dirigeants actuels. En effet, quoi qu’il puisse arriver, avec ou sans ce sommet, la vie continuera. En 1971, le président Tsiranana a déclaré l’ambassadeur américain, David Marshall, persona non grata et l’a expulsé. Est-ce une invasion des « Marines » qui a précipité sa chute? Non.
En 1973, l’armée française a quitté la base aéronavale de Diego-Suarez. Qu’est-ce qui a changé 43 ans après? La population a-t-elle diminué? Non. En 1975, le président Didier Ratsiraka a expulsé les Américains et fait fermer la station de la NASA à Imerintsiatosika. Qu’est-ce qui a changé au niveau des relations malgacho-américaines? Pratiquement rien. Quoi qu’on dise sur lui, Didier Ratsiraka reste un patriote convaincu.
Plus le temps passe, plus un constat s’étale au grand jour. Hery Rajaonarimampianina n’est qu’un démocrate en apparence mais, dans ses faits et ses actions, c’est le pire des dictateurs car il agit sournoisement. Quel est son rêve? Etre sur la photo de groupe avec les chefs d’Etats francophones de ce monde. Et après le sommet, le déluge.
Etrange la distance entre ces trois présidents élus
Il a oublié que son « égal » François Hollande n’a même pas daigné faire une escale à Madagascar en se rendant à Moroni en 2014, pour le IVème sommet de la COI (Commission de l’océan Indien).
Par ailleurs, c’est l’opacité complète en ce qui concerne le volet financement de la partie malgache pour ce sommet. On parle de chiffres faramineux (20 milliards ariary) mais personne n’en connaît la provenance, ni les conditions d’octroi (emprunt plutôt). Actuellement, le peuple malgache paie encore les intérêts de l’argent emprunté pour un sommet qui n’a jamais eu lieu en 2010.
Le SeFaFi (Observatoire de la vie publique) a révélé les vrais bénéficiaires de ce sommet d’Antananarivo (ICI). Une histoire de copains et de coquins au pouvoir… Mais le plus sidérant est qu’à quelques mois à peine de l’évènement, les infrastructures en sont toujours au stade des gros travaux, si certains établissements hôteliers ont été construits à la va-vite par des proches du régime qui n’ont pas hésité à expulser, sans remords, des riverains.
Idem pour la construction d’artères reliant l’aéroport d’Ivato -dont l’extension a été suspendue- au centre de la Capitale: plusieurs hectares de rizières disparaitront à jamais et le président malgache à oser parler de « grenier à riz de l’océan Indien ». N’est-ce pas un peu trop cher payé pour une photo de groupe?
En ce qui concerne les retombées réelles, en tout cas, il y aura plus d’intentions que d’actions réelles pour l’intérêt du peuple malgache. Le thème de ce sommet est: «Croissance partagée et développement responsable: les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone». C’est vraiment loin de la recherche de solutions au Kere; aux inondations; à l’insécurité; à la malnutrition; à l’augmentation du coût de la vie; à la politisation systématique de l’administration; à «l'amiralisation» de la corruption (plus forte que la généralisation, les p'tits gars) etc.
Des problèmes actuels bien accentués et bien malgaches. Qui perdurent depuis deux ans, malgré le fameux « retour à l’ordre constitutionnel »… Qu’est-ce qu’un pays toujours colonisé mentalement et financièrement peut-il bien partager avec des pays qui ne pensent qu’à le dépouiller encore plus? Et de manière tout à fait légale!
Enfin, il paraît que Madagascar sera le « Centre du monde ». Pour qui? Sachant que la planète Francophonie compte 80 pays alors que la planète Terre, elle, compte 324 pays dont 197 reconnus par l’ONU et 88 pays anglophones.
Eh oui. Par ailleurs, je rappelle qu’au Brésil, à Macao, au Mozambique et en Angola, on parle le Portugais. Moralité? Oui à la Francophonie, non à la tenue de ce XVIème sommet dans de telles conditions. Ce n’est pas une priorité pour Madagascar, pays censé être souverain.
Un mot en passant. Selon notre collègue Abraham Razafy, animateur de l’émission avec la belle Madame Sybella, le taux d’écoute de l'émission «Don-dresaka» sur Tv Plus est de 59%. Du temps où Onitiana Realy -actuellement ministre de la Population qui a perdu à jamais toutes ses convictions- était encore l'incisive journaliste dans cette station, elle adorait les sondages. Pourquoi ne pas en faire un avec la question: pour ou contre la tenue du sommet de la Francophonie à Antananarivo? Dans les pays réellement démocratique, on aurait organisé un referendum sur la question.
Hélas, on est à Madagascar, le pays de la non-transparence, la république des cachotiers et de la confiscation du pouvoir populaire. Ici, les gars, le peuple n’est pas souverain. Il est traité comme un enfant incapable de raisonner et de décider de son propre chef et de son propre destin. Et hop! Retour à la case paternaliste du président Philibert Tsiranana. Mais encore plus père fouettard, lâche et veule.
Jeannot Ramambazafy – 22 mars 2016