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Allocution de M. Christian Ntsay, Directeur du Bureau de Pays de l’OIT pour Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles à l’occasion de la validation du Plan National d’Action de promotion du travail décent dans l’économie rurale
Hôtel Colbert, Antananarivo, le 18 mai 2017
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- Monsieur le Ministre de la Fonction Publique, de la Réforme de l’Administration, du Travail et des Lois Sociales,
- Mesdames et Messieurs les représentants des organisations des employeurs et des travailleurs
- Mesdames et Messieurs les Secrétaires Généraux, Directeurs Généraux,
- Chers collègues du BIT,
- Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Six mois après l’atelier de diagnostic, d'évaluation et de renforcement des capacités où la décision de formulation du Plan National d’Action de promotion du travail décent dans l’économie rurale était prise par les acteurs du monde du travail et du monde rural, après deux mois de consultations et de concertations multiples, nous voici aujourd'hui nous réunissons de nouveau pour procéder à la validation du PNA et j’aimerais vous adresser mes vifs remerciements pour vos contributions actives et pertinentes tout au long du processus et pour votre présence massive aujourd’hui. Le BIT est heureux et fier d’appuyer Madagascar pour la mise en place de ce cadre stratégique important, compte tenu de la nécessité de développer l’économie rurale et de promouvoir davantage le travail décent dans ce pays. En effet, ce plan est fondateur d'une vision capitale pour Madagascar car il permet d’insuffler une nouvelle dynamique de contribution claire et structurée à la stratégie de croissance économique inclusive et souciant du capital humain.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Si en Afrique, l’Agriculture occupe 61% de la population et représente près de 35% du PIB du continent, la situation est pourtant encore moins bonne pour Madagascar puisque les trois quart de la population sont des petits exploitants agricoles dont 90% se trouvent en milieu rural et que la contribution au PIB ne se situe qu'autour de 25%.
Outre la situation de sous-emploi qui touche particulièrement cette frange de la population, la productivité rurale est reconnue comme faible et engendrant ainsi un revenu inférieur au seuil de la pauvreté pour la majorité des ruraux.
Plus de la moitié des travailleurs ruraux sont des aides familiaux travaillant dans des conditions précaires et sans rémunération. Par ailleurs, le poids important des actifs ruraux fragilise le marché du travail dans le pays, du fait des difficultés quasi-chroniques des ruraux à obtenir ou exercer un travail permettant un niveau de bien-être acceptable.
Pourtant, les secteurs de l’économie rurale restent des secteurs-clés de l’économie mais sous-développés et sous-performants, pourtant ils représentent un gisement d’emplois considérable mais qui restent largement à améliorer et à valoriser surtout si on parle de travail décent.
Si le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail et regroupe l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré, avec la prise en compte de la sécurité, de la protection sociale, du développement personnel, de l’insertion sociale, de la liberté d’expression, ainsi que de l’égalité des chances et de traitement, nous admettons tous que les défis sont encore énormes à Madagascar où les emplois informels et de très faible qualité restent malheureusement une réalité.
Cependant, force est de constater que des initiatives louables sont prises pour y faire face, notamment celle que nous sommes en train de développer avec l’élaboration du PNA.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
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Comme nous le savons, la pauvreté est très rurale dans le pays et cette situation suscite de nombreux questionnements, notamment sur les priorités et les manières d'agir en se focalisant davantage et réellement sur un modèle de développement centré de façon systémique sur l'emploi décent conformément à l’ODD 8 et sur la réduction de l’extrême pauvreté selon l’ODD 1.
Ce PNA constitue une des réponses stratégiques à ces interrogations et nous en sommes tous conscients puisque les cinq axes définis donnent des orientations structurantes et claires pour une économie rurale promouvant le travail décent, à savoir : (i) l’employabilité et la formation rurale, (ii) la protection sociale, (iii) les services agricoles et ruraux, (iv) les investissements, l’entrepreneuriat, la promotion de l’approche HIMO, l’économie sociale et solidaire, (v) le dialogue social et les droits du travail.
Les recommandations clarifiant ces 5 axes ont été jugées appropriées et confirmes aux réalités du pays et s’alignent aux différents cadres nationaux et internationaux de développement pour ne citer que le Plan National de Développement 2015-2019, le Programme Pays pour le Travail Décent 2015-2019, l’Agenda 2063 de l'Union Africaine, l’Agenda 2030 des Nations Unies.
Sur cette base, le BIT lance un appel fort à tous acteurs-clés et partenaires de l’économie rurale sans exception pour que ce PNA ne soit pas un document de stratégie et de programmation "de plus" pour le pays, pour que ce PNA fasse l'objet d'une communication verbale au niveau du Conseil des Ministres, pour que ce PNA soit pris en compte dans le CDMT pour son financement et sa mise en œuvre dans les meilleurs délais. Madagascar peut compter sur le BIT pour que ce nouvel agenda du travail décent dans l’économie rurale trouve un écho significatif partout dans le pays tant sur sa visibilité que dans sa mise en œuvre.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
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Pour terminer, je voudrais féliciter particulièrement le Comité de suivi pour la qualité de la gestion du processus de formulation et les résultats obtenus.
Je souhaiterais aussi remercier le Département SECTOR du Siège du BIT pour son appui technique tout au long du processus et pour cela, je tiens à remercier notre collègue Mariangels Fortuny qui vient de Genève pour nous aider à faciliter cet atelier de validation.
Je vous encourage donc vous tous à contribuer activement aux discussions et échanges fructueux pour la validation de ce PNA.
Je vous remercie.​