En haut, de g. à dr.: Jaobarison Randrianarivony, Conseiller spécial du Président Hery Rajaonarimampianina, et Sam Pa. En bas, le président malgache entouré des membres du CNO (Conseil national d'orientation) du XVIème Sommet de la Francophonie
Le nerf de la guerre est l’assurance de parvenir à réaliser ses ambitions. Au niveau de la gestion d’une nation, sans moyens financiers, tout projet tombe à l’eau et en parler émane du masochisme intellectuel et du sadisme envers son peuple. Et il semble que le président Hery Rajaonarimampianina parle un peu toujours trop vite. Un exemple : affirmer que la stabilité politique est la condition sine qua non de l’octroi de financements de la part des bailleurs de fonds, est une fausse vérité. Et pour tenter de trouver cette stabilité-là , le régime Hvm n’hésite pas à violer les lois, à corrompre des tas de gens (merci mallettes et tablettes magiques chinoises, on finira par savoir d'où vous sortez); à politiser l’administration publique. C’est l’Etat de droit, qui est le respect stricto sensu des lois, qui constitue le socle (il aime bien ce mot-là ) de toute stabilité politique.
Hery Rajaonarimampianina, le 6 novembre 2015, face à la presse au palais d'Etat à Iavoloha. Gonflé à bloc dans tous les sens du terme
Côté financement, pourtant et justement, ce régime ne fait pas de chichis pour cacher au peuple malgache, et au monde entier, qu’il fréquente des milieux peu recommandables. Or, en ce temps des NTIC, son manque de transparence totale est aussi ridicule qu’inadmissible. Comme cadeau d’anniversaire de ses 57 ans, Hery Rajaonarimampianina a voulu s’offrir une séance de questions-réponses tous azimuts avec les journalistes d’ici et d’ailleurs. Mais ses réponses ont, au contraire, jeté la confusion dans les esprits. Et il a encore promis des projets grandioses... Encore du théâtre à la Molière, à l’approche du XVIème Sommet de la Francophonie et en ce temps de dures revendications des îles malgaches… Juste pour démontrer, le temps d’un anniversaire, qu’il était « cool ». Puis boum! Ce qu’il savait déjà dans les coulisses (il a du avaler sa salive inconsciemment) est parvenu jusque dans les médias malgaches. Du coup, il est indéniable que le gros des fameux projets présidentiels, auxquels tout un ministère a été consacré, va subir une révision des prévisions financières que ce régime croyait « sans limite » et « indécouvrable ».
Ci-dessus, en mai 2014, Rfi ne nommait pas explicitement Sam Pa
A l'instar d'autres médias, en mai 2014, j’avais déjà rédigé un article dans lequel le nom de Sam Pa est cité (ICI). C’était dans le cadre de cette affaire douteuse de 4X4 offertes par un conglomérat économique « d’origine asiatique », dont China-Sonangol (Sociedade Nacional de Pétróleos) n’est qu’une branche. A l’époque, déjà , la transparence n’était pas le point fort de ce régime en perdition.
Interrogé par Radio France internationale, le 15 mars 2014, Jaobarison Randrianarivony, a brillé par des réponses qui ne répondent pas aux questions, du genre : Question de Marie Audran : Mais est-ce qu’il n’est pas dangereux pour l’état malgache d’accepter un si grand cadeau sans avoir défini les conditions du contrat ? Réponse du conseiller Jaobarison: « Mais vous ne pouvez pas empêcher les gens d’offrir des cadeaux, hein »… Passons et disons qu’il ignorait qui était Sam Pa. N’empêche, ce genre de réponse attise au contraire la curiosité du journaliste professionnel.
En avril 2014, à l’ONU de New York, pressé par la presse internationale, le président Rajaonarimampianina n’a pas fait mieux quant au pourquoi du comment de ces 4X4. Mais la question primordiale, quelle est la contrepartie, a toujours été évitée comme la peste. Un cadeau n'a pas de contrepartie. Ah bon? Au niveau où ils sont, c'est miraculeux alors! Mais avec l’arrestation de Sam Pa par les autorités chinoises, au Sofitel de Beijing, le 8 octobre 2015, tout remonte brusquement à la surface, d’où l’importance des archives écrites.
Aussi, qu’il le nie jusqu’à la fin de sa vie, Hery Rajaonarimampianina connaissait ce chinois depuis 2011, via des Guinéens, du temps où il était ministre des Finances et du Budget. En matière de véhicules et d’argent « donnés », ci-après un genre de contrepartie de la part de Sam Pa.
En juin 2012, La Central Intelligence Organisation (CIO) avait finalement déclaré avoir reçu 100 millions de dollars de Sam Pa, à travers une opération répondant au nom de code de Spiderweb, comme dans un épisode de « Mission impossible »... Il s’agissait de discréditer les opposants du président Robert Mugabe, y compris le Premier ministre Morgan Tsvangirai. Mais aussi, ce pactole a servi à financer les élections présidentielles de 2013 d'où Mugabe (91 ans maintenant dont bientôt 38 au pouvoir) est sorti vainqueur, grâce à ce nerf de la guerre incomparable.
Sam Pa, l'homme aux 7 noms différents
Sam Pa a également offert 200 4X4 Nissan à la CIO. La contrepartie de toutes ces générosités au sommet de l’état zimbabwéen? Des diamants, des opportunités privilégiées d’affaires dans le coton et des biens meubles (terrains). Source : nehandaradio.com
Cela n’empêchera pas Robert Mugabe de dire à qui veut l’entendre qu’il lutte contre la corruption dans son pays…
A gauche Sam Pa, Ã droite J.R. Mailey
Je ne vais pas m’étaler sur cette arrestation « impossible » du 8 octobre 2015 de Sam Pa. J.R. Mailey, l’a suivi de ses débuts à sa chute. lisez « Fin de partie en Afrique pour le boucanier chinois Sam Pa » ICI. J.R. Mailey, qui écrit, entre autres, pour le Financial Times Investigation est chercheur au Centre africain d’études stratégiques. Il est spécialiste des questions de corruption et de sécurité en Afrique. Je rappelle seulement, ici, que, selon J.R Mailey, Sam Pa est l’un des fondateurs d’un groupe très puissant basé à Hong Kong et officieusement connu sous le nom de 88 Queensway Group. Il utilise au moins sept identités différentes!
Pour en revenir à Madagascar, en dehors les impacts de l'arrestation de Sam Pa, concernant la contrepartie des 4X4 « données », il y a également un autre fait des plus troublants. Le cas de la China Road and Bridge Company (CRBC) au Kenya. Voici le résumé traduit en français d'un article paru dans "Citizen Digital": Des détectives de l’EACC (Ethics and Anti-Corruption Commission, le Bianco du Kenya), ont arrêté deux cadres supérieurs de la China Road and Brigde Corporation (CRBC) pour tentative de corruption envers de hauts fonctionnaires de l’Autorité des Routes. Ces deux ressortissants chinois ont été traduits en justice.
Il faut savoir que la CRBC, qui, au Kenya, agit donc comme l'empire de Sam Pa, a signé un contrat avec l'Etat malgache pour la construction d'infrastructures, certaines entrant dans le cadre de l'accueil du Sommet de la Francophonie en 2016. Y-a-il un lien entre eux? Sait-on jamais, Sam Pa étant champion des sociétés écrans et il a pu soudoyer qui il veut... En tout cas, les mauvaises habitudes s'imitent facilement et le Bianco (Bureau indépendant anti-corruption)malgache n'est pas l'EACC du Kenya. Ici, la contrepartie serait le bois de rose qui fuit et s'enfuit et dont le pouvoir s'acharne à ne pas arrêter les vrais commanditaires
Le régime Rajaonarimampianina, comme à son habitude, va encore faire comme si de rien n’était et va même tenter de faire croire au peuple malgache qu’il s’agit-là de divagations de journalistes en mal de scoop. Qu’il cesse d’insulter le travail sérieux de professionnels de l’information exacte.
Le 18 juillet 2014, le journaliste Tom Burgis avait reçu une lettre de China Sonangol qui l'accusait de mensonges et de diffusion de fausses informations. 15 mois plus tard, le Big Boss de cette société est arrêté par le pouvoir chinois
Jusqu’ici, le régime Hvm/Rajaonarimampianina a toujours éludé la question de la provenance de ses ressources financières en annonçant des projets grandioses. Pour lui, il suffit au peuple malgache de d'être devant des faits accomplis et tout passera toujours, sans entacher ni révéler des relations plus que douteuses mais qui finiront par devenir une « démadagascarisation » (terme que je viens d’inventer pour définir la mutation de la Grande île en un territoire dominé par des étrangers) totale du pays.. Toujours ?
Cet avion appartient bien à la flotte aérienne de Sam Pa
Au début du mois de juillet 2015, un avion a atterri à Morondava. Aucune fouille, rien. Plutôt que de faire leur métier, les forces de l’ordre, à ce moment, ont, au contraire, empêché quiconque de s’approcher de l’appareil. Et c’est à bord de celui-ci que le président Rajaonarimampianina s’était envolé pour se rendre au Zimbabwe, dans le cadre d’une réunion de l’Union africaine dont M. Mugabe est président de la Conférence depuis janvier 2015. C’était après avoir inauguré une infrastructure à Ankilizato. Le président malgache était alors accompagné de… JaobaÂrison Randrianarivony dont j’ai parlé en début de cet article. Quelle « coïncidence », hein ? Cet appareil volant appartient bien à la flotte de Sam Pa qui possède 7 jets privés correspondant à ses 7 noms.
Les présidents Hery Rajaonarimampianina et Robert Mugabe qui lui a, peut-être, donné des leçons d'enrichissement rapide (mais pas sûr et durable). Qui sait? Tout est possible ici-bas, non?
Là -haut, au sommet de l’Etat malgache, certainement qu’ils se disent -pour se rassurer selon le bon docteur Couet- que cette arrestation n’aura pas d’impacts sur les financements prévus ni sur eux. Ne vendez pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué les gars. Selon le magazine Caixin : « L’arrestation à Pékin, le 8 octobre de Sam Pa, alias Xu Jinghua, dans sa suite du Sofitel, est le fruit d’une longue enquête sur les contrats passés par Sinopec en Angola. Les pétroliers chinois englués dans des affaires de corruption en Afrique sont dans la ligne de mire depuis plusieurs mois maintenant des autorités chinoises. L’arrestation début octobre du gouverneur de la province du Fujian, Su Shulin, serait en effet liée à ses activités alors qu’il dirigeait le groupe pétrolier en affaire avec Sam Pa pour l’exploitation de gisements en Angola ».
Même en étant leader du communisme mondial, la lutte contre la corruption de haut vol est vraiment la tasse de thé du Président Xi Jinping
Sam Pa a donc été arrêté par les autorités chinoises, sous l’ordre du président Xi Jinping. Il est soupçonné de :
- Participation à des opérations frauduleuses avec Su Shulin, gouverneur de la province de Fujian, dans le but de s’assurer des approvisionnements en pétrole africain ;
- Recours à des paradis fiscaux pour couvrir ses opérations (Singapour, Hongkong, îles Bermudes, îles Vierges, îles Caïmans) ;
- Versement de pots-de-vin et de commissions occultes au plus haut niveau d’états africains.
Le président chinois avait décidé, depuis son accession au pouvoir de lancer une campagne anti-corruption de grande envergure et l’arrestation de Sam Pa n’en est qu’une étape qui sera suivie d’autres jusqu’en dehors de la Chine… Une énorme différence chez les dirigeants malgaches actuels qui parlent plus qu'ils n'agissent et n'attrapent que du menu fretin. Parfois... Prenez exemple sur M. Jinping: "STOP TALKING! START ACTING"
Comment fonctionne cet « empire de la corruption »? Exemple de l’Angola (d’où China Sonangol). Dans le courant de l’année 2005, il a accordé une ligne de crédit de 2,9 milliards de dollars (aucune faute de frappe) à ce pays pour qu’il reconstruise ses infrastructures. Mais, parallèlement, une plateforme financière était créée à Hong Kong pour commercialiser le pétrole angolais, avec de grosses commissions à la clé. Enfin, il faut savoir que, depuis avril 2014, Sam Pa est dans le collimateur du Département du Trésor américain (« US Department of Treasury ») pour avoir financé le CIO du Zimbabwe…
En droit pénal, et pour simplifier, est complice de vol celui qui use du produit de ce vol ou en est le receleur. Que le régime malgache actuel ne croit pas une seconde qu’il sortira indemne de l’arrestation de Sam Pa. Me Henry Rabary-Njaka, lui, est « sauvé » pour le moment. Mais les autres? Car, selon encore le magazine Caixin: L’arrestation du sulfureux patron de Queensway, Sam Pa, apparemment victime collatérale d’une vaste guerre contre la corruption menée par les autorités chinoises, aura des ricochets en Afrique (y Madagascar donc).
Moralité: que cela aide un peu le président Hery Rajaonarimampianina a comprendre une bonne fois pour toutes que nul n’est au-dessus des lois. Si Madagascar est devenu un royaume (« Fanjakana »), cela ne veut pas dire que, tôt ou tard, il n'aura pas de comptes à rendre à d’autres, s’il refuse toute redevabilité saine à son peuple.
Et au train où vont les choses, ce n’est même pas la peine de perpétré un « coup d’état » contre lui. Il tombera par ses propres… bêtises, par sa fausse naïveté qui cache une avidité sans bornes pour le pouvoir et l’argent (trop) facile qui va avec. Oui, le pouvoir corrompt, mais le pouvoir absolu corrompt absolument.
Le 22 juillet 2015, les membres du Conseil national d'orientation (CNO) pour le XVIème Sommet de la Francophonie sont connus du public. Entre autres: Hugues Ratsiferana, Cécile Manorohanta Dominique, Mamy Rajaobelina. Sur la photo ci-dessus, ils sont entourés du Président qui applaudit.
Circulation – Antananarivo : Les projets Présidentiels
Il est indéniable que les travaux suivants entrent dans le cadre de l'accueil du XVIème sommet de la Francophonie, en novembre 2016. Exim Bank est de la partie pour les financements mais suffira-t-elle pour tout terminer dans les stricts délais impartis? Il y aura certains "sacrifices"...
ROUTES
- Aménagement des carrefours et extension des chaussées à 2 x 2 voies :
- Soarano – Behoririka
- Ankorondrano – Besarety (La Rotonde)
- Construction de nouveaux carrefours :
- Analamahitsy
- Mahazo
- Réhabilitation du Rond point, extension des chaussées à 2 x 2 voies et bétonnage des chaussées au droit des passages à niveau d’Ankadimbahoaka
- Projet de construction de route Ankabimbahoaka – Anosibe le long du canal Andriantany rive gauche.
- Construction d’un Flyover et extension des chaussées 2 x 2 voies Ambohibao – Talatamaty
- Construction d’un Fly-over 67Ha
- Bitumage voie d’Accès à l’Hôpital d’Anosiala
CONSTRUCTION GARES ROUTIERES
- Zone nord : Gare routière Andohatapenaka près Stade Makis
- Zone Sud : Gare Ambohijanaka inclus dans la plateforme multimodale
- Zone Est : Gare routière Ambohimangakely près rond-point By Pass
- Zone moyen ouest : Gare routière Anosizato près de SICAM
- Stationnement taxi-be et taxi-brousses suburbaines Mahazo
- Gare routière Ampasampito : réhabilitation
RENOVATION URBAINE
Projet de rénovation urbaine des quartiers le long rive gauche du canal Andriantany entre Ankadimbahoaka et Ankorondrano : 8,750 km y compris construction de route bitumée entre pont Anosibe et station Galana Ankadimbahoaka.
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 8 novembre 2015