Lors de sa descente du mardi 19 fĂ©vrier Ă Toamasina, le prĂ©sident Marc Ravalomanana, dĂ©cidĂ© Ă parcourir les sites dĂ©vastĂ©s par le cyclone Ivan, a revĂȘtu une tenue de combat sans doute prĂ©levĂ©e dans les magasins des forces armĂ©es malgaches : veste, pantalon et casquette de camouflage et brodequins de cuir. Lâhomme avait un air particuliĂšrement martial, mais curieusement Ă ses cĂŽtĂ©s, les vrais militaires comme le gĂ©nĂ©ral Charles Rabemananjara, Premier ministre et ministre de lâIntĂ©rieur ; le gĂ©nĂ©ral Marcel Ranjeva, ministre des Affaires Ă©trangĂšres et le colonel Pily Gilbain, ancien chef de la province de Toamasina, Ă©taient en tenue civil. Bref, le monde Ă lâenversâŠ
Comme chez Marc Ravalomanana, le mode de gestion du pays est aux ordres et au commandement , lâhomme pourrait adopter dĂ©finitivement cette mise pour contraindre ses interlocuteurs Ă lâobĂ©issance. AprĂšs tout, il ne serait pas le premier dans ce cas, car le capitaine Thomas Sankara, chef dâEtat assassinĂ© du Burkina Faso, qui avait suivi une formation Ă lâAcadĂ©mie militaire dâAntsirabe, nâavait pas dâautres tenues. Le prĂ©sident nâa pas fixĂ© de galons Ă la sienne, mais sâil sâĂ©tait prĂ©sentĂ© avec le grade le plus Ă©levĂ©, celui de gĂ©nĂ©ral de corps dâarmĂ©e, personne nâaurait trouvĂ© Ă redire. Lâhomme, en effet, est le chef suprĂȘme des forces armĂ©es et est autorisĂ© Ă porter le grade le plus Ă©levĂ©. Signalons, nĂ©anmoins, quâil nâa aucune expĂ©rience militaire et quâil fut dĂ©clarĂ© « sursitaire » en 1969. Câest-Ă -dire quâen raison de ses Ă©tudes, il a Ă©tĂ© exemptĂ© et nâa pas effectuĂ© son service militaire. Citons, en tout cas, un exemple de commandement donnĂ© par Marc Ravalomanana : le 14 dĂ©cembre 2007, soit deux jours aprĂšs le scrutin municipal du 12 dĂ©cembre, il donne lâordre aux tribunaux administratifs de proclamer les rĂ©sultats des Ă©lections le 19 dĂ©cembre. Pour se conformer Ă cette directive de lâexĂ©cutif, les tribunaux -qui sont du domaine judiciaire- ont traitĂ© les dossiers Ă la va-vite. Le rĂ©sultat en est que ce travail bĂąclĂ© Ă provoquĂ© un Ă©norme Ăźlot de rĂ©criminations et des manifestations un peu partout. Les scores, en effet, ont souvent Ă©tĂ© inversĂ©s et ont Ă©tĂ© Ă©lus maires ceux qui nâauraient pas dĂ» lâĂȘtre. Remercions le ciel quâil nây ait pas de guerre, car si câest ce gĂ©nĂ©ral-lĂ qui mĂšne nos troupes au combatâŠ
Source : La Gazette de La Grande Ăle n°01501 du jeudi 21 fĂ©vrier 2008, page 5
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