Le Président de la Transition, Andry Rajoelina, a donné une conférence de presse, l’après-midi du 30 novembre 2009, en son bureau du Palais d’Ambohitsorohitra. Ce fut pour lui l’occasion de préciser sa position quant à l’état d’avancement de la mise en place des institutions de la Transition, aux blocages de la formation du gouvernement d’union nationale ainsi qu’aux raisons de son refus de se réunir de nouveau hors de la Grande île.
En ce qui concerne l’état d’avancement de la mise en place des institutions de la Transition, le Président de la Transition, également chef de file de la mouvance Rajoelina, a réitéré sa position à propos de la mise en place des institutions de la Transition : « La mouvance Andry Rajoelina a déjà fait beaucoup de concessions pour l’intérêt supérieur de la nation notamment sur le fait d’avoir choisi un Premier Ministre de consensus issu de la mouvance Ratsiraka, sur la répartition des ministères, sur la Présidence du Congrès qui revient à la mouvance Ravalomanana et du Comité National de Réconciliation à celle de Zafy Albert. Actuellement, la situation politique à Madagascar n’en est plus à la phase de négociations mais se situe plutôt à sa phase de mise en œuvre ».
A propos du blocage sur la mise en place du gouvernement d’union nationale, la répartition des portefeuilles ministériels a déjà été établie mais certaines mouvances ne sont pas en mesure de tenir sa position. « Outre les ministères de souveraineté, la mouvance Rajoelina a demandé les ministères plutôt proches de la population et ne se précipite pas à avoir les ministères faisant objet de marchandages comme le ministère de l’environnement, avec les affaires de bois de rose comme corollaires ».
Pour ce qui est des sanctions qui pourraient s’abattre sur le pays, en cas de non formation du gouvernement d’union nationale dans un délai bref, le président de la transition a souligné que la faute n’en incombera pas uniquement à mouvance Rajoelina comme le prétendent certains esprits bornés : « Andry Rajoelina est le Président de la Transition, mais il existe également deux co-présidents du Conseil présidentiel issus des mouvances Ravalomanana et Zafy Albert ainsi qu’un Premier Ministre émanant de la mouvance Ratsiraka. Cela signifie que les quatre mouvances auront chacune une part de responsabilité au cas d’échec ».
Pour ce qui est d’un éventuel déplacement à l’extérieur pour résoudre ce problème de nomination des membres du gouvernement Mangalaza, Andry Rajoelina a été très clair et catégorique : « Le Président de la Transition est le symbole de l’indépendance nationale et de la souveraineté de l’Etat. Dès lors, il est de son devoir de protéger l’image de son pays. La formation du gouvernement est une affaire purement interne des Malagasy. Ainsi, la formation du gouvernement d’union nationale ne se fera pas en dehors de Madagascar ni à Maputo ni ailleurs. Le gouvernement de Madagascar doit être mis en place, ici, au pays. Il ne reste plus que trois ministères en litige actuellement et il serait honteux pour la nation malgache de résoudre un tel problème dans un autre pays ».
Ainsi, au lieu de rencontres physiques, le Président de la Transition a proposé une visio conférence techniquement réalisables. « Ces déplacements extérieurs coûtent extrêmement chers. Avec la visio conférence, nous pourrons prendre tout notre temps pour discuter », a expliqué Andry Rajoelina. Il a même avancé une date et un horaire précis : mercredi 3 décembre 2009, de 10 h à 19 h. « Si cela ne suffit pas, nous pourrons poursuivre les négociations le lendemain. Et je propose même que ces négociations se fassent en direct à la télévision et à la radio nationales ainsi que sur toutes les autres chaînes audiovisuelles privées. La transparence doit être de mise pour que le peuple puisse voir, entendre et mieux comprendre ».
Et c’est pour ces raisons que le Président Andry Rajoelina a décidé de ne pas accepter l’invitation de l’ancien président mozambicain Joachim Chissano, de se rendre une fois de plus -une fois de trop- à Maputo pour tenter d’y dénouer les facteurs de blocages concernant la formation du gouvernement d’union nationale. Enfin, le Président de la Transition a lancé un appel aux chefs de file qu’il a qualifiés de « zoky raiamandreny » (aînés et parents) de se comporter comme tels et de trouver ensemble des solutions pour le redressement de la patrie commune.
Jeannot RAMAMBAZAFY