Le rideau est tombé sur la Conférence nationale qui a réuni 4.700 participants issus des 119 districts que compte le pays, du 13 au 18 septembre 2010, au Centre de Conférences Internationales d’Ivato. Joaquim Chissano, officiellement médiateur pour la Communauté internationale (laquelle ?) avait déjà jugé cette conférence « insuffisamment impartiale et consensuelle ». Citez-moi un seul pays où, en matière sociale, politique et économique, l’inclusif et le consensuel se chiffrent à 100%. La Corée du Nord, sans doute... Alors, je serais le premier à jeter la première pierre sur cette conférence. Imaginez aussi un stade dans lequel les 100% des spectateurs seraient les fans d’une seule équipe.
Les séances plénières, pour chaque commission, se sont déroulées en plein air
Que les adorateurs du culte de la personnalité, les pratiquants de la culture de l'impunité et les oligarques invertébrés cessent leurs âneries. Surtout les antiques chefs de files des trois « mouvances », irrémédiablement devenues minoritaires. Le rapport de forces ne se mesure pas par des déclarations faites à des kilomètres mais il est palpable dans les régions de Madagascar. Leur absence est plus que suspecte et dictée par l’espoir de l’organisation d’une autre conférence, « souveraine » celle-là , qui n’aura l’adhésion que de ces trois « mouvances », malgré les gros sous dont le tintement résonne comme le glas… Cela dit, voici les principales décisions finales qui ont été arrêtées par la majorité des participants et que le public doit connaître. Ce, sur les 11 thèmes finalement arrêtés sur les 10 initiaux et sans commentaires.
Andry Rajoelina restera le président de la transition et un Premier ministre de consensus, issu des régions côtières (par respect du fameux « équilibre régional »), sera nommé par ses soins, après proposition des partis politiques. Les institutions de la transition seront renforcées par deux sortes de parlements. Mais à l'heure de la mise en ligne, tout n'était pas encore éclairci sur ces deux sujets.
L’âge des candidats autorisés à se présenter aux élections présidentielles est rabaissé à 35 ans.
L’indépendance de la Justice sera renforcée et la Haute Cour de Justice effectivement mise en place. Une Inspection générale de la Justice servira de garde-fou.
Mise en place de la Charte des partis politiques et celle de l'opposition.
Concernant la question de l’amnistie, elle sera sélective pour la période 2002 à 2008. Pour ce qui est de la période 2009-2010, la question n’a pas été approfondie, les morts d’hommes, comme le massacre du 7 février étant encore trop vivaces dans l’esprit et le cœur de la majorité des Malgaches. En tout cas, en matière d’amnistie, sont totalement exclus les crimes de sang et les détournements de deniers publics. Depuis, certains dirigeants ont déjà été jugés pour ces infamies.
Madagascar, dès la IVè république sera un état unitaire décentralisé et laïc. Les structures administratives, pour ce faire, seront : les provinces, les régions et les communes. Le régime sera mixte semi-présidentiel – semi-parlementaire. Le mandat du Président de la République sera de 5 ans, renouvelable une seule fois. Il devra démissionner deux mois avant les élections s’il souhaite se présenter pour un second et dernier mandat. Il n’y aura pas de vice-président de la république.
Le Sénat et l’Assemblée nationale seront maintenus, pour un mandat de 5 ans. Comme le renouvellement de ce mandat, le nombre des députés et des sénateurs n’a pas encore été fixé, mais sur ce dernier point, les votants ont admis le principe de la nomination d’une partie des membres du sénat par le Président de la République.
Durant le temps de transition qui reste, tous les maires et chefs de régions seront remplacés par des présidents de délégation spéciale.
Les dates des élections arrêtées dans l’accord politique du 13 août 2010 seront retenues, même si la question n’a pas explicitement été débattue :
· 17 Novembre 2010 : référendum constitutionnel
· 16 Mars 2011 : élections législatives
· 04 Mai 2011 : élections présidentielles (premier tour)
Pour les structures de l’actuelle transition et du code de la communication, c’est simple : comme on dit, dans le doute il faut s’abstenir. Car il est certain qu’il y aura des changements, en fonction de la suite des revirements toujours possibles dans un pays comme Madagascar où il ne faut jamais être sûr de rien à l’avance.
C'est ici que le pasteur Paul Ramino déclara close cette Conférence nationale
L'image de la solidarité et de l'unité dans l'adversité pour l'intérêt supérieur de la Nation
A présent, c’est la mise en pratique qui relève d’un autre défi. Mais en tout cas, les bases d’un nouveau retour à l’ordre constitutionnel ont été jetées. On verra si c’est la loi qui fait l’homme ou bien l’homme qui fait sa loi.
Oscar Isaac dans le rôle du prince parjure Jean, dans le "Robin des B,ois" de Ridley Scott
Je dis cela parce qu'avant de rédiger cet article, j'ai vu le "Robin des bois" de Ridley Scott. Que demandaient les barons anglais ? Une loi qui n'asservissait pas le peuple au roi et plus de liberté. J'ai aussi retenu cette réplique: on bâtit toujours une église à partir de la base. Qu'a fait le prince Jean ? Il a juré sur la tête de sa mère qu'il publiera un texte pour que le peuple soit plus indépendant. Mais, une fois les Français repoussés, il renia sa parole et décréta que Robin Longsride devenu Robert Loxley sera, dorénavant, un hors-la-loi sur qui tout Anglais pourra tirer à vue (à l'arc évidemment). Et c'est ainsi que la légende de Robin des Bois est née. Comme l'a bien écrit l'Ecclésiaste de la Bible chrétienne : Rien de nouveau sous le soleil. Ainsi, à Madagascar, qui a donc poussé Andry Rajoelina à entrer dans l'arène politique ? Marc Ravalomanana lui-même, avec une année de tracasseries durant le premier mandat du jeune P-dg d'Injet en tant que maire élu (63,27% des voix) de la ville d'Antananarivo. Voilà ce que retiendra l'Histoire. Le reste n'est que lubie et mauvaise foi d'hommes et de femmes intéressés personnellement, qui ne pourront jamais arrêter la marche du temps.
Enfin, que tout le monde -et la Communauté internationale en premier- sache qu'il ne s'agit plus d'un retour à un ordre constitutionnel dictatorial mais de la mise en place d'un nouvel ordre constitutionnel qui mettra tous les citoyens malgaches au-dessous une Constitution qui ne pourra plus être changée comme on change de veston ou de parti politique. Les Malgaches viennent de prendre leur avenir entre leurs mains. La reconnaissance internationale suivra après car c'est à Madagascar que se trouvent toutes les dernières richesses de la planète. Les Blancs, faux blancs, blancs cassés et mal blanchis veulent des dirigeants élus ? Ils les auront bientôt mais attention aux nouveaux termes de prêts et d'investissements. Exemple-type : la société chinoise Wisco a payé 100 millions de dollars avant même la phase d'exploration des mines ferrugineuses de Soalala. Combien ont alors donné Rio Tinto et Sheritt et où est passé l'argent ?
Jeannot RAMAMBAZAFY