Et revoilà une énième foire (plus consistant, cependant) pour tenter d’attirer des investisseurs sérieux. Il s’agit de la FIM (Foire Internationale de Madagascar) 2007 qui aura lieu du 10 au 13 mai, au Parc des Expositions « Futura Andranomena », sur la route de l’aéroport international d’Ivato, Antananarivo. Vue d’ensemble de madagate.com
Les grands manitous de cette FIM sont Michel D. Ramiaramanana et Jean-Luc Yviquel. Malgré son nom générique, il n’y a rien à vendre ni à acheter dans cette « foire ». Et puis, les prospecteurs s’en vont, s’en viennent. Si l’an dernier, pour la toute première édition, les pays représentés étaient : la France (16 exposants), Madagascar (27 exposants), La Réunion (15 exposants), la Thaïlande (23 exposants) et la Turquie (13 exposants), cette année il y a : l’Afrique du Sud (Un), l’Allemagne (17), la Chine (6), la France (78), Madagascar (56), l’île Maurice (36). Un pays en plus… En tout cas, il semble qu’il y a une mobilisation palpable des entreprises françaises même avec seulement 78 des quelque 600 entreprises opérant dans la Grande île. L’arrivée de la Chine, de l’île Maurice et de l’Allemagne est, sans nul doute, à mettre sur le compte du Président Marc Ravalomanana. Nul ne sait s’il viendra à l’inauguration. Comme avec lui, il faut toujours s’attendre à le voir là où on l’attend le moins, le haut patronage et le parrainage se font officiellement sous l’égide du Président du Sénat et l’aile bienveillante du ministère de l'Economie, du Plan, du Secteur Privé et du Commerce. Il faut savoir être prudent…
Â
Â
Quels sont les objectifs de cette FIM étalée sur 5.000 m2 et dont les participants seront agencés en pavillons ? Ils tiennent en six points qui, si on réfléchit bien, restent des vœux et des souhaits : Améliorer le niveau d'attractivité économique de Madagascar ; améliorer le climat des investissements ; rendre possible et faciliter les échanges entre opérateurs : favoriser la venue de nouveaux investisseurs ; développer la filière industrielle à Madagascar ; lancer un mouvement positif d'investissement en faveur de la Grande île. Que dire de plus sinon qu’il ne faudra pas crier victoire comme il est devenu une habitude dans nos contrées. Tout cela sera-t-il exaucé ? On veut bien le croire et y croire comme le dit Saint Marc dans la Bible mais le temps que les mentalités changent, le temps que l’environnement des affaires soit aussi claire et transparent que l’eau de roche, le temps que les investissements soient garantie réellement ; le temps que, le temps… Bref, le temps que la COFACE (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) donne un tableau autre de la situation qui prévaut (voir ci-dessous), de l’eau aura coulé sous les ponts de l’Ikopa. Nous ne sommes pas de nature pessimistes et notre intérêt et de bien présenter Madagascar. Mais face à des chiffres qui sont encore aux antipodes des discours, mieux vaut prévenir que guérir.
Â
Â
En tout cas, cette FIM est une excellente initiative s’il en ressort des résolutions qui seront effectivement mises en pratique. Les ressources existent, le potentiel humain est aussi considérable. Mais comment les mobiliser en toute sérénité pour un développement durable ? That is the question ! Avec un programme comme le « Madagascar Action Plan » ou MAP, une Constitution sur mesure pour le réaliser, où se situent les facteurs de blocage, on se le demande. Certes, tous ces participants n’entendent pas faire de la figuration mais, comme tout le monde le sait, en affaires pas de sentiments. Les Allemands ont clairement indiqués qu’ils étaient encore « en prospection ». Si Rio Tinto s’est accroché durant 20 ans et plus pour enfin décrocher le « jackpot » de l’ilménite -car c’en est un pour eux, ne nous leurrons pas-, il y a un os quelque part. Il est dit que 6 conférences par jour seront organisées. Ce qu’il faudrait voir, à notre humble avis, c’est comment installer dans un laps de temps court des usines d’énergie solaire, éolienne, hydraulique, comment monter des unités d’assemblage de composants électroniques et informatiques (puces, souris, cartes graphiques, écrans plats...). Et, parallèlement, former cette population jeune qui n’attend que cela, en fait. Ne riez pas car, dans la moitié des années 1960, on montait bien des R16 chez Renault et des 2CV chez Citröen. Ici, à Madagascar. Et puis, toutes ces recherches faites par nos chercheurs serviraient enfin à quelque chose, surtout à la Nation. En fait, tout est question de volonté (politique surtout) et d’intérêts (quel milliardaire malgache –car çà existe- s’investira et investira dans ce domaine de long terme au lieu de jouer aux Berlusconi des tropiques ou au magnat de la presse, dans un pays où la lecture perd son droit de cité ?). That is the question ! Donnez-nous dix milliards d’Ariary est dans un an vous verrez que l’actuelle société malgache de récupération se transformera en une société de consommation très recherchée. En matière de fréquentation d’avions, nous vous donnons la place d’Air Madagascar au sein du continent africain. A titre d’information pure.
Â
Â
Aussi, ne nous leurrons pas : ce qu’attendent ces prospecteurs, c’est un changement radical de l’environnement global des affaires malgache, balisé par des entités comme la COFACE. Sinon, tout ne sera que de l’aventurisme et l’on sait ce qu’il advient de ceux qui le pratiquent… En tout cas, nous attendons impatiemment l’issue de cette seconde FIM pour vous informer des décisions réelles et des « recommandations » qu’il ne faudra pas placer dans le tiroir de l’amnésie en attendant la FIM 2008. Donc, rien ne sert de faire de la phraséologie nombriliste, nous restons dans l’expectative comme ces hommes d’affaires sont encore et toujours dans la prospection. En tout cas, déjà , à lire les secteurs d’activité présents, le soleil, le vent et l’eau devront encore attendre. Voici ces secteurs, hormis les institutions financières dont les quatre filiales de banques à larges capitaux français : Artisanat d'art, Agriculture et agroalimentaire, Electronique, Energie et Mines Tourisme/ Sports et Loisirs, Equipements industriels, Multimédia, Maison, Bricolage/Equipements ménagers, Mode/Bien Etre, Textile. Ma parole, ce sont des secteurs pour pays déjà bien développés et non pour pays « émergents » ! On se demande si tout ce beau monde ne se ment qu’à lui-même. Enfin qui vivra verra mais à ce rythme, le génie malgache va encore s’assoupir des décennies encore. Bah, comme consolation, rappelons-nous que c’est dans les années 1970 que Dominique Lapierre avait écrit le livre « Quand la Chine s’éveillera »… Quoi qu’il en soit, il faut remercier Messieurs Michel Domenichini Ramiaramanana et Jean-Yves Yviquel car ce n’est pas le fait de rester les bras croisés à marmonner des critiques stériles qui vont faire avancer ce pays. Nous, avec quelques preuves à l’appui, nous nous posons en garde-fous. Un point c’est tout.
Michel Domenichini Ramiaramanana
Â
Â