Serait-ce aujourd'hui, samedi 8 août 2009, qu’un document marquant le début de la fin de la crise malgache sera enfin montré à l’opinion via la presse ?
En tablant sur le facteur temps, la réponse est affirmative. Car rien ne sert de trainer plus longtemps dans la capitale mozambicaine, les affaires de la Nation ne pouvant être indéfiniment suspendu aux desiderata d’un marin, d’un chirurgien, d’un affairiste et d’un ancien maire. Mais comme partout ailleurs, les moquettes, aussi épaisses soient-elles, ont des écoutilles.
Ainsi, les deux principaux points qui bloquent émanent des anciens présidents Ratsiraka et Ravalomanana. Ils concernent d’abord l’amnistie. Chose plus curieuse que logique, ces deux là ont été condamnés pour leurs méfaits. En 2003, Didier Ratsiraka a été condamné par le régime Ravalomanana, à 10 ans de travaux forcés pour détournement des sous publics et à 5 ans d’emprisonnement ferme pour atteinte à la sûreté de l’Etat. C’est vrai. Ensuite, Marc Ravalomanana, en juin 2009, a été condamné à 4 ans d’emprisonnement pour avoir semé la zizanie et confondu ses sous et ceux de l’administration en achetant un avion à 60 millions de dollars unilatéralement. Ce qui a amené le Fmi a lui demandé des comptes. Questionnement auquel Ravalomanana n’a jamais répondu explicitement. D’où gel de l’aide financière des institutions de Bretton Woods. Gel qui n’a rien à voir avec la révolution populaire orange menée par Andry Rajoelina. Enfin, à propos de ce dernier. En quoi est-il condamné sinon à revenir avec sa signature apposée sur une « charte » allant dans les vrais intérêts de la population qui demeure encore dans la tribune des spectateurs.
Second point de discorde : le retour de Marc Ravalomanana. Il lui importe d’être réaliste et de se prononcer pour les réels intérêts du futur immédiat. De Diego à Nosy Be, en passant à Ambanja et Ambilobe, j’ai recueilli les commentaires suivants : « Marc Ravalomanana, en insistant pour revenir au pays se comporte comme un joueur qui, ayant écopé d’un carton rouge, défie l’arbitre et le public en s’entêtant à revenir sur le terrain ». C’est vrai. D’ailleurs, les forces armées, à travers un communiqué refusent ce retour. Menace à peine voilée : « Nous l’attendons de pied ferme ! ». Qu’il se le tienne donc pour dit : son « intégrité physique n’est pas asssurée. HAT pas HAT, Ravalomanana a apporté trop de rancœur et de rancune à tous les niveaux de la société malgache.
A l'extrême gauche : Didier Ratsiraka; troisième à partir de la gauche : Marc Ravalomanana; second à partir de la droite : Andry Rajoelina. N'est pas sur la photo, Zafy Albert
Du côté du Professeur Zafy Albert, qui s’est condamné lui-même en 1996, en se faisant empêché par l’Assemblée nationale, c’est le jeu du « kofehy manara-panjaiktra ». C’est –à -dire suivre le courant des évènements et attendre le moment propice pour abattre des cartes à son avantage. Après avoir lutté contre toute velléité de fédéralisme, actuellement Zafy Albert en fait son cheval de bataille. Natif de Betsiaka, près d’Ambilobe, les gens du coin que j’ai interviewé sont unanimes : « Olo be kara iny? Very jery e ! ». Traduction : un aîné qui raisonne comme çà , c’est qelqu’un qui a perdu la raison. C’est vrai. Et puis, les gens d’Ambanja ne veulent plus entendre parler delui. Ambanja où il avait une cllinique qu’il a délaissé pour jouer les fous à 72 ans. Quel avenir.
Voilà donc le point de la situation, en ce matin du samedi 8 août 2009. Mais, de toutes  les manières, il faut qu’un document officiel soit montré à l’opinion au plus tard demain dimanche 9 août. Sinon ? On va avancer dans le temps sans bouger d’un pouce et le peuple casquera encore une fois. Qui a intérêt à prendre la population en otage ? Les rois soleil qui n’entendent pas tout perdre tout seul. Comme dirait l’’autre : on est mal barrés ! (terme de marin concernant la manière de tenir une barre).
Jeannot RAMAMBAZAFY - Journaliste