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Madagascar : Mamy Rakotoarivelo, chantre de l’impunité zéro

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A quoi joue Mamy Rakotoarivelo, ancien député Tim, actionnaire à 25% de Tiko, nommé par la mouvance Ravalomanana, président du Congrès de la transition (CT) ? Dès son retour d’Addis-Abeba, il a complètement oublié la mission de la transition et parle de retour du président Ravalomanana et d’amnistie. C’est vraiment prendre les Malgaches pour des idiots car il y a amnistie et amnistie. Il est temps de lui rafraîchir un peu la mémoire car on ne peut pas le laisser débiter des sottises impunément, tout président du Congrès de la transition qu’il est.

Visage de poupon mais esprit ravalomananien. C'est-à-dire très trompeur

Entendu en malgache, au Centre de conférences internationales à Ivato, et traduit ici en bon français : « Ma première et principale mission sera de faire adopter une loi d’amnistie à laquelle Marc Ravalomanana sera le premier bénéficiaire ». La transition nécessite des mots d’apaisement et non des déclarations alimentaires pour démontrer au maître qu’on a la situation en main. Ce n’est pas la mission de la transition. En plus, il élude l’épée de Damoclès suspendue sur la tête de son idole.

C’est la Gazette de la Grande île qui a révélé « l’affaire ». Je reproduis, ici texto, l’article de Roc, paru le samedi 7 novembre 2009.

 
Marc Ravalomanana : réclusion criminelle à perpétuité

« En se référant au chef d’inculpation retenu contre lui, Marc Ravalomanana risque de rester à jamais en Afrique du Sud. Effectivement, un mandat d’arrêt pour complicité d’assassinat contre l’ancien président a été lancé  par le juge d’instruction du troisième cabinet  du tribunal Anosy, le 21 août (sous référence n°11/33 du 21 août 2009), dans le meurtre de plusieurs dizaine de manifestants du 7 février 2009 à Ambohitsorohitra. Il aura fallu six mois de délibération aux magistrats pour accuser cet ancien chef d’Etat en exil, depuis sa démission le mois de mars dernier (Ndlr : le 17 mars 2009 pour être plus précis). Un « soit transmis »  du parquet général faisant état dudit mandat a été communiqué à tous les postes de forces de l’ordre et, selon le code pénal malgache, Marc Ravalomanana sera puni de réclusion criminelle à perpétuité. Ce samedi 7 février 2009, vers 8 heures du matin, le général Raoelina (Ndrl : chef de la garde présidentielle, ancien légionnaire), vêtu de tenue de combat, a mis en place des tireurs professionnels sur les toits du bâtiment annexe du palais d’Ambohitsorohitra. Les autres gardes présidentiels se cachaient derrière les murs avec leurs fusils d’assaut de fabrication sud-africaine. . Les riverains du quartier d’Antaninarenina, témoins de la scène, savaient déjà avant l’arrivée des manifestants que Marc Ravalomanana avait donné l’ordre de tirer. Un [membre du] personnel  d’une ambassade étrangère  était même venu sur les lieux alerter le personnel d’un grand hôtel (Ndlr : Hôtel du Louvre) sis à Antaninarenina. « Le gris-gris de Ravalomanana a besoin de sang. Sauvez-vous. Il va faire tirer ! ». Cela explique qu’il y a eu préméditation sur le meurtre des manifestants. La partie touchée par des balles sur les victimes en est aussi la preuve. C’est pourquoi le juge d’instruction l’a inculpé pour complicité d’assassinat ».  

Rappelons que cette tuerie, sinon boucherie (j’y étais) a fait près d’une centaine de morts et portés disparus, sans compter la centaine de blessés. La décence, à la mémoire de ces victimes (ils n’étaient peut-être pas de votre famille, pensez-vous, mais ils étaient Malgaches) -dont un jeune confrère reporter photographe- serait, désormais, d’éviter de parler de Ravalomanana comme un dieu vivant. Par ailleurs, que les fanatiques qui n’ont jamais lutté que contre eux-mêmes évitent aussi de parler de chair à canon. Les milliers de combattants partant de la place du 13-mai n’avaient rien de moutons de Panurge. Tous étaient volontaires et désarmés, sans réaliser que le Marc Ravalomanana et son « Fahamarinana sy Fahamasinana » n’était qu’un triste menteur et que, de laitier, il allait devenir un boucher. Sept ans de pouvoir absolu çà vous change absolument. Le reste n’est que du verbiage pour des individus qui croient toujours que « çà » n’arrive qu’aux voisins.

Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka. Deux présidents malgaches qui ont fait tirer sur la foule, sur leur ordre personnel, à 18 ans d'intervalle. Chose extraordinaire, le premier a fait fuir le second. Et, ici, ils papotent comme si de rien n'était. Mais personne ne pourra jamais effacer les vérités historiques qui ne s'inventent pas. Tant pis pour les désinformateurs patentés qui pullulent sur l'Internet et qui ne connaissent rien à rien de l'Histoire de Madagascar

Le temps n’effacera jamais les crimes commis. Et ce n’est pas parce qu’un accord additionnel a été signé à Addis-Abeba que Ravalomanana se retrouve brusquement blanc comme neige et qu’il aura le droit de se présenter aux présidentielles de 2010. Il devra d’abord répondre à ces accusations qui ne sont pas des paroles en l’air, comme son argent qu’il jette par la fenêtre. Les Malgaches commencent à en avoir plus que marre de ces crimes impunis depuis 1972. Le président Tsiranana, qui a donné l’ordre de tirer aux FRS (Forces républicains de sécurité, pâles copies des CRS français), le 13 mai 1972, avenue de l'Indépendance (j'avais 18 ans à l"époque et j'étais parmi les étudiants ciblés et visés) est décédé en 1978. Paix à son âme, il a été absout. D’ailleurs on va fêter le centenaire de sa naissance du côté de Mahajanga.

Mais « Soleil » (« Masoandro » dans la vidéo  du carnage d’Iavoloha, le 10 août 1991) est encore en vie. Il s’agit de Didier Ratsiraka qui souffre indéniablement d’amnésie. Le dossier de ce carnage, transmis par Mathilde Rabary à l’Onu, « aurait disparu »… Comme celui de 2002, d'ailleurs. Pour une fois qu’on en a un de solide, il ne faut pas le perdre... de vue. D’où l’âpre lutte pour avoir ce ministère de la Justice. Ainsi donc, si la mouvance Ravalomanana en hérite, ce dossier sera aussi « effacé » ? Que le Président Andry Rajoelina, encore euphorique par « sa » victoire qui est surtout celle du peuple, garde la tête froide… Le propre des politocards malgaches sera-t-il toujours d’avoir un double langage ? Un pour les « vazaha » et un autre pour les « pauvres » Malgaches ? En tout cas, l’article 7 de l’accord politique signé à Maputo, le 9 août 2009 est limpide : « la loi d’amnistie (…) n’annule pas les crimes et délits constitutifs d’atteintes à la vie, à l’intégralité physique des personnes ». Enfin, que Mamy Rakotoarivelo qui donc est censé rédiger des lois, se penche attentivement sur l’article 302 du code pénal qui n’est pas fait pour les chiens.

Retour de saint Marc menaçant ? 

Après le 7 novembre 2009, Marc Ravalomanana est devenu un simple citoyen, justiciable comme un autre devant un tribunal. Si Mamy Rakotoarivelo veut jouer à ce jeu-là, ce n’est pas son rôle mais celui de la Haute cour de la transition (HCT). Il ne s’agit pas de jeter de l’huile sur le feu mais que Mamy Rakotoarivelo pèse un peu ses paroles qui divisent plus que ne réconcilient. Son vrai rôle, en tant que président du Congrès, un ersatz très temporaire de l’Assemblée nationale, est de faire comprendre au peuple qu’il est censé représenter, tout ce qui concerne le bulletin unique et la nécessité de rédiger une nouvelle constitution. S’il persiste, dès son retour à l’hémicycle (il était vice-président de l’assemblée avant la révolution orange), à se poser en chantre de l’impunité zéro et à faire de la propagande avant l’heure, c’est qu’il n’a toujours pas compris que les mentalités ont évoluées et qu’il risque de retarder encore plus la mission de la transition qui est de douze mois.

Mamy Rakotoarivelo avec un air qui ne dit rien qui vaille

Et attention, Ramtane Lamamra, président du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), a averti : "La sanction contre Madagascar n'est pas levée. Il faut d'abord que les institutions de la transition soient mises en place, fonctionnent et qu'il y ait une feuille de route claire vers les élections".

Ultime question : Mamy Rakotoarivelo se croit-il vraiment intouchable ? Et jusqu’à quel point ? Enfin, concernant le débat ridicule à propos de co-présidents, une solution qui satisfera tout le monde : mettez donc aussi un « co-président » de la transition pour les 6 anciennes provinces et basta ! C’est fou comme les arrivistes et les zombies politiques malgaches aiment à être appelés « Ra-Prezy » (Monsieur le président). Ils sont tous là pour organiser des élections libres, justes et transparentes et rien d’autre. Alors vraiment : attention danger réel de retour de celui qui s’est pris pour saint Marc.

Jeannot RAMAMBAZAFY

12 novembre 2009

Mis à jour ( Mercredi, 18 Novembre 2009 09:50 )  
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