Marc Ravalomanana, dans l'avion d'Air Link SA, le samedi 21 janvier 2012, attend des nouvelles
(photo : Jérôme Delay)
"Voilà Madagascar !", s’exclama Marc Ravalomanana, pointant de son hublot les côtes de la Grande île où il n’a pas mis les pieds depuis ses trois ans d'exil en Afrique du Sud.
Sous l’avion, le sable fin ocré et le littoral verdoyant de la Grande ’île de l'océan Indien. Ou bien était-ce le Mozambique ? Rien n’était plus certain sur ce vol 8252 d’Air Link SA, en ce matin du samedi 21 janvier 2012, en route pour l’aéroport d’Ivato Antananarivo.
Aux alentours de midi, Ravalomanana est informé par le dénommé Heinrich, chef de la sécurité de la compagnie aérienne, qui était à bord, que l'avion avait fait un demi-cercle pour retourner vers Johannesburg. L’information n’était pas claire et le dépit se lisait sur le visage de Ravalomanana et ceux de son entourage, dans cet avion en plein vol.
La tentative de Ravalomanana de fouler le sol malgache avait été contrariée une heure avant même l’atterrissage à Madagascar. Selon le chef de sécurité, le pilote avait été informé par la tour de contrôle de l’aéroport international d’Ivato que celui-ci avait été fermé pour des raisons de « mesures de sécurité ».
Les nouvelles parvenues dans l’avion parlaient d’une foule -estimée entre 20.000 et 30.000 personnes- qui était venue pour accueillir l’ancien président à Ivato. Personne ne savait encore qui avait donné l'ordre de fermer l'aéroport. Mais dans l’entourage de Ravalomanana, on pensait que cela devait être venu de quelqu’un de la présidence de la transition d’Andry Rajoelina.
La fermeture d’Ivato durerait « entre cinq à six heures », selon les dernières informations recueillies. A la suggestion formulée au pilote d’aller atterrir sur un autre aéroport du pays, celui-ci affirma que tous les principaux aéroports de Madagascar étaient fermés à la circulation aérienne.
Interrogé par Ravalomanana et son entourage sur la possibilité d’aller atterrir à l’île Maurice ou au Mozambique, le pilote ne donna aucune réponse satisfaisante. Et Ravalomanana soupçonna une collusion entre la compagnie aérienne sud-africaine et le pouvoir de transition malgache.
Un proche de Ravalomanana a même confié qu’ils avaient été approchés par la compagnie Air Link SA, tard dans la soirée du vendredi, pour tenter de convaincre Ravalomanana de ne pas prendre ce vol. Ainsi quand Ravalomanana et son entourage ont embarqués, le pilote savait qu'il allait devoir rebrousser chemin.
Visiblement déçu, Ravalomanana a refusé de quitter l’avion, après son atterrissage à Johannesburg. Dans l’espoir d’un nouvel envol vers Madagascar. Mais il n’eut pas lieu. L’ancien président est bien resté près de deux heures dans l’avion, avant de le quitter à regret. Il a alors déclaré à la presse qui l’attendait dans l’aéroport Oliver Tambo, avant de passer la soirée à Pretoria : "Voilà la preuve que le gouvernement Rajoelina ne respecte pas la feuille de route. Il est temps maintenant pour l'Union africaine et la Troïka de la SADC prennent des mesures… ».
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Recueillis par Jeannot RAMAMBAZAFY
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Voici les explications officielles, émanant du pouvoir de la Transition
N°019-P.T/SGP/COM - COMMUNIQUE DE PRESSE
Cas de Monsieur Marc RAVALOMANANA
Face aux risques de troubles certains, générés par les partisans de Monsieur Marc RAVALOMANANA face à des éléments des Forces de l’ordre déterminés à maintenir l’ordre public dans les environs de l’aéroport international d’Ivato et consécutivement à la nécessité impérieuse d’exécuter un mandat de Justice ayant force exécutoire, il a été décidé de provisoirement fermer l’aéroport international d’Ivato et il a été indiqué à la Compagnie aérienne Air Link de, dans un premier temps, atterrir à l’aéroport international de Morondava pour non seulement permettre aux autorités de police judiciaire d’exécuter le mandat d’arrêt décerné contre Monsieur Marc RAVALOMANANA mais encore, et surtout, pour attendre à ce que la situation revienne à la normale aux environs de l’aéroport international d’Ivato, avant que l’aéronef et les passagers restants de Air Link puissent y atterrir en toute sécurité.
En tout cas, les hauts responsables de Air Link ont été préalablement informés, par lettres officielles et à deux reprises, par les autorités malgaches que ces dernières sont déterminées à exécuter le mandat d’arrêt décerné à l’encontre de l’un des passagers, en l’occurrence Monsieur Marc RAVALOMANANA, et que cette opération pourrait ainsi mettre en danger tant leur aéronef que les passagers.
De son propre chef, le Commandant de bord du vol Air Link SA 8252 de ce Samedi 21 Janvier 2012 a ainsi décidé de reprendre le cap sur Johannesburg.
Arrivés à l’aéroport international de Johannesburg, tous les passagers ont débarqué sauf Monsieur Marc RAVALOMANANA qui a déclaré vouloir joindre, coûte que coûte, Madagascar.
Comme les autorités malgaches ont déjà manifesté leur ferme volonté de laisser Monsieur Marc RAVALOMANANA rentrer sans conditions à Madagascar, selon les dispositions du Paragraphe 20 de la Feuille de route, tout comme elles restent également catégoriques quant à leur détermination d’exécuter le mandat d’arrêt décerné contre celui-ci, en application des termes du Paragraphe 45 de la même Feuille de route, les mêmes autorités malgaches souhaitent envoyer un avion spécial à Johannesburg pour ramener Monsieur Marc RAVALOMANANA à Madagascar afin qu’il soit présenté devant la Justice malgache.
Les démarches afférentes vont ainsi immédiatement être entamées auprès du Gouvernement sud-africain.
Antananarivo, le 21 Janvier 2012
Le Chargé de la Communication
à la Présidence de la Transition