Aïe, aïe, aïe, c'est le moins que l'on puisse dire. C'est de bonne foi que, déjà à Antsiranana, le Président Andry Rajoelina avait déclaré n'être au courant d'aucune invitation émanant de la Troïka de la Sadc. Il l'a réitéré le 5 décembre dernier, lors de la célébration des 40 ans du Fivmpama à Antananarivo. Mais voilà que le bureau de liaison de la Sadc à Antananarivo réagit en publiant un communiqué officiel, le 7 décembre 2012, dont voici un résumé de la teneur :
" Le bureau de liaison de la SADC à Antananarivo souhaite confirmer que l’information relative au Sommet de la Troïka du 7 au 8 décembre 2012 a bien été transmise à temps à tous les chefs d’État et de gouvernement de la SADC en même temps qu’au Président de la Transition malgache Andry Rajoelina. A cet égard, le Secrétariat de la SADC a utilisé le même modus operandi que lors des événements précédents, comme dans le cas des deux réunions aux Seychelles, pour informer et inviter le Président de la Transition à ce sommet de Dar-es-Salaam, Tanzanie ".
Autres déclarations de M. Schalke, devant des membres de la presse: " Nous avons envoyé une invitation au bureau de M. Rajoelina à temps, dimanche (Ndlr: 2 décembre 2012). C'est une procédure standard, nous avons toujours envoyé des invitations à temps ".
Si cette invitation est arrivée à temps, bien avant donc que la note verbale du 5 décembre 2012 (ci-dessus) : QUI l'a reçue et QUI ne l'a pas transmise au Président Rajoelina ? Là est la grande question. En tout cas, le bureau de liaison de la Sadc précise « qu’aucun organe de presse n’a été utilisé pour transmettre une telle invitation à Antananarivo, Madagascar, ni dans d’autres capitales des pays de la SADC ». Mais pourquoi, au fait, garder un secret de Polichinelle ?
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Comme dans ce genre de correspondance, on n'utilise jamais le service des Postes et Télécommunications, où est passée cette fameuse invitation ? QUI EST LE RESPONSABLE DIRECT ? Sera-t-il découvert et sanctionné ? Car cela peut entraîner ce qu'on appelle un incident diplomatique. Surtout que c'est de l'avenir immédiat du pays dont il s'agit. En tout cas, il ne s'agit pas seulement d'avoir induit le chef de l'Etat en erreur, mais il s'agit bel et bien d'un escamotage d'une correspondance vitale. C'est un acte impardonnable car la bonne foi d'Andry Rajoelina ne saurait, en aucun, dans ce cas de figure, être mise en doute. Il a annoncé sa non participation en Tanzanie urbi et orbi. C'est porter atteinte à sa crédibilité même, en regard de l'opinion publique. Une cause indéfendable. A mon sens -celui du journaliste depuis 1985-, il s'agissait alors d'empêcher une éventuelle rencontre avec l'ancien président. Mais cette rencontre n'a jamais été évoquée nulle part officiellement. Qui a peur de quoi, dès lors ?
Pour la majorité des Malgaches, le refus d'Andry Rajoelina a bien été accueilli. Car après avoir quasiment fait le tour de l'Afrique australe (de Maputo à Addis-Abeba, en passant à Gaborone et même Luand et les Seychelles), rien n'est sorti pour accélérer le processus de sortie de crise. Cependant, avant sa déclaration, le Président Rajoelina aurait du être en pleine connaissance de cause, concernant cette invitation « manara-penitra » (dans les normes, en procédure standard et au préalable) émanant de la Sadc.
Par ailleurs, le chef du bureau de liaison de la Sadc, Sandile Schalke, n'a pas raté l'occasion de sortir une critique assez acerbe sur des précédentes déclaration du Président de la Transition : « M. Rajoelina avait déclaré qu'il était prêt à aller n'importe où pour trouver une solution à la crise. Tous les chefs d'Etat de la SADC ont reçu l'invitation au même moment que lui, et ils sont tous présents à la réunion. Sa décision de ne pas aller à Dar-es-Salaam est malheureuse car il s'agit d'une rencontre très importante ».
Attendre et voir. Comme d'habitude.
Jeannot Ramambazafy – 7 décembre 2012