Dès que l’on prononce Hanitra Rasoanaivo (et non Ranaivo), l’on pense au groupe Tarika devenu Tarika Bé. C’est-à -dire musique mondialement connue qui figure dans le dictionnaire de la « World Music ». S’il existe une ambassadrice culturelle de Madagascar à l’extérieur (qui fait connaître la Grande Île dans des régions dont on parle peu), c’est bien Hanitrarivo. Mais ce qu’on oublie ou même qu’on ignore c’est que cette artiste ne fait pas que chanter. Elle compose et crée pour des pièces… théâtrales. Comme quoi la Culture ce n’est pas que la musique.
Masinandraina, l’œil du Soleil
Hanitra jouant dans "Msinandraina, l'oeil du Soleil" en Norvège
En novembre 2003, des responsables du théâtre de Haugesund (Norvège) étaient à Antananarivo. Il s’agissait du metteur en scène/directeur de théâtre Sverre Waage, du compositeur Nils Henrik Ashiem, de la chorégraphe Mia Haugland Habib, du scénographe Olav Myrtvedt et de la productrice de création Siri Aavitsland. Ils venaient étudier de plus près la possibilité de collaboration avec les artistes malgaches et les institutions de Madagascar. Finalement, c’est avec Hanitrarivo Rasoanaivo, représentant Antshow Madagascar, qu’un contrat a été signé pour faire revivre sur scène par la vie et la musique de Fartein Valen (1887-1952). Il s’agit d’un compositeur norvégien qui, entre l’âge de 2 à 7 ans (de 1890 à 1895), a vécu à Madagascar où ses parents furent missionnaires. M. Valen soulignait que "son temps à Madagascar avait eu une grande influence sur son orientation internationale de la musique". Il fut fortement marqué par la nature, le milieu, le chant, la légende et le conte. Pendant ces années, il vécut à Masinandriana (près d’Antsirabe) et à Fianarantsoa. Fartein Valein avait une tendance cosmopolite avec un intérêt profond pour les formes d’expressions culturelles, et sur les relations entre humains. Il était religieux et avait de solides connaissances en philosophie, mystères de la nature, astronomie, peinture, architecture et littérature. Fartein Valen maîtrisait plusieurs langues. Il parlait le Malgache depuis l’enfance. Pour ce projet inédit, Hanitrarivo, pour la partie déclamation de l’histoire en anglais, fit appel à Annick Gabriella "Gaby" Saranouffi pour la danse et Germain Randrianarisoa alias Rajery pour la valiha, instrument emblématique de la Grande île. Après trois mois de dur labeur (d’août à octobre 2004) en Norvège même, la pièce « Masinandraina, l’œil du Soleil » est née. Il s’agit d’une représentation où la musique, la danse et le conte sont des éléments essentiels. L’avant-première de la représentation a eu lieu au Haugesund Theater le 6 octobre 2004. Ce fut un succès 6 octobre si l’on se réfère à ce qui suit : 12-16 octobre, festival ULTIMA/ Det Norske Teatret (Oslo) ; 19-23 octobre, Rogaland Teater (Stavanger). Pour l’année 2005 : Festspillene i Bergen et tournées à Madagascar et en Europe.
Epilogue d'une Trottoire
Alain Kamal Martial
C’est indéniablement cette performance d’Hanitrarivo qui amena Alain Kamal Martial à faire appel à lui pour une pièce de théâtre intitulée « Epilogue d’une trottoire ». Il n’y a pas de faute d’ortographe et l’auteur, M. Martial, nous explique déjà pourquoi : «Epilogue d’une trottoire, c’est la parole de la prostituée, parole criée pour dire la soif de vie de son corps, sa révolte contre les agressions multiples qui lui sont faites dans les ombres de ses trottoirs… ». Alain Kamal Martial est un auteur dramaturge de l’île de Mayotte où il a créé, en 2000, sa compagnie de spectacle dénommée «IstaMbul ». En 2001, il emporte le 1er Prix Défi Jeunes avec sa première pièce de théâtre « La rupture de chaire ». En 2002, il gagne le 1er Prix du Grand Concours Littéraire de l’océan Indien et le Prix du Théâtre de l’Océan Indien avec une pièce théâtrale sur fond historique « Zakia Madi ». La voie du dramaturge est ainsi engagée. Puis, d’une collaboration étroite avec le Centre Dramatique de l’océan Indien, naît la pièce de théâtre « L’improbable vérité du monde », un travail de groupe à l’issue d’une rencontre internationale de dramaturges à la Réunion. Mais le vrai professionnel ne dort jamais sur ses lauriers. Avec une bourse du ministère français de la Culture et de la Communication (DAC Mayotte), il part en résidence de compagnies (laboratoire/théâtre et atelier d’écriture sonore) à La Chartreuse Villeneuve Lez Avignon en France. Mais il n’y va pas tout seul. Du 5 au 25 novembre 2007, il a, à ses côtés Hanitrarivo Rasoanaivo (Madagascar), Celso Paco (Suède) et Lucrecia Paco (Mozambique) pour la création musicale. Lui, il est concepteur directeur artistique. La première de la pièce « Epilogue d’une trottoire » aura lieu le vendredi 23 novembre 2007, à 17h, à Avignon. Et le mardi 27 novembre suivant, elle sera jouée à Annecy, sur la scène nationale Bonlieu. Après ce crochet dans le théâtre, Hanitra et son groupe Tarika Bé reviendront au Centre culturel Albert Camus d’Antananarivo pour deux concerts, les 14 et 15 décembre 2007, à partir de 19h.
Jeannot Ramambazafy
Madagate.com Madagascar
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