Suite à la visioconférence, entre Antananarivo et Johannesburg, qui s'est déroulée ce 4 décembre 2008, dans les locaux de la Banque mondiale à Anosy, sur le lancement du rapport de la Banque mondiale « Indicateurs de développement en Afrique », Madagate.com est en mesure de vous en dévoiler les grandes lignes.
Johannesburg, le 4 décembre 2008
La Banque mondiale appelle les pays d’Afrique à s’attaquer au problème de l’emploi des jeunes en prenant un ensemble coordonné de mesures. D’après les Indicateurs du développement en Afrique (ADI) 2008/09 publiés ce jour, un jeune Africain qui arrive sur le marché du travail - et dont la figure-type est une jeune femme pauvre vivant en milieu rural et ayant arrêté les études - risque d’avoir de plus en plus de mal à trouver un emploi sur le continent. La catégorie des jeunes correspond, ici, à la tranche d’âge des 15-24 ans.
Ce rapport, intitulé « Les jeunes et l’emploi en Afrique : le potentiel, le problème, la promesse », recommande d’adopter une approche plurisectorielle en abordant le problème sous différents angles clés, à savoir développer l’offre d’emploi et d’éducation dans les régions rurales, encourager et appuyer l’esprit d’entreprise, améliorer l’accès et la qualité des formations, et se préoccuper des problèmes démographiques.
L’augmentation du nombre de jeunes et le taux de fertilité encore très élevé, qui caractérise la région, vont très probablement accroître la pression qui s’exerce sur les pays d’Afrique en termes de création d’emplois pour les jeunes dans les décennies à venir.
La population mondiale compte, aujourd’hui, 18 % de jeunes, soit 1,2 milliard d’individus. Sur ce nombre, 87 % vivent dans les pays en développement. En Afrique, environ 200 millions de personnes font partie de la tranche d’âge des 15-24 ans, qui représente plus de 20 % de la population - une part appelée à grossir rapidement, puisque 42 % de la population actuelle est âgée de moins de 15 ans-. Bien que la jeunesse africaine ne forme pas un groupe homogène, le jeune Africain type -tel qu’il ressort des chiffres médians-, est une jeune femme de 18 ans vivant en milieu rural, sachant lire et écrire mais ayant arrêté les études, et souvent mariée et mère de famille.
« Trouver des emplois productifs pour les 200 millions d’Africains âgés de 15 à 24 ans est sans aucun doute l’un des enjeux majeurs auquel le continent est confronté », a affirmé Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Afrique. « Les conclusions de cette étude, en particulier le portrait médian du jeune Africain qui est une jeune femme pauvre vivant en milieu rural, ayant fait peu d’études et dont les possibilités d’emploi sont encore plus réduites, sont d’une très grande portée pour les choix de politique publique à faire », a-t-elle souligné.
En Afrique, trois chômeurs sur cinq sont des jeunes (OIT 2006), et 72 % des jeunes en moyenne ont moins de 2 dollars par jour pour vivre. En outre, environ 70 % de ces jeunes sont concentrés dans les zones rurales. D’après ce rapport ADI, certains faits stylisés semblent montrer que :
Les jeunes représentent 37 % de la population en âge de travailler, mais 60 % du total des chômeurs;
Les jeunes commencent à travailler tôt (1/4 des enfants de 5 à 14 ans travaillent), en particulier en milieu rural ;
Les jeunes sont employés principalement dans l’agriculture, où ils représentent 65 % de l’emploi total.
Le chômage des jeunes est beaucoup plus répandu dans les zones urbaines, tandis que le sous-emploi domine beaucoup plus dans les régions rurales.
Dans la tranche d’âge des jeunes, les femmes ont des journées de travail plus longues, et ont plus de probabilités de se trouver en sous-emploi ou de ne pas faire partie de la population active. Elles rencontrent aussi, tout comme les jeunes ruraux, des difficultés plus importantes du fait des maternités précoces, et du manque d’opportunités d’éducation et d’emploi.
Les jeunes des régions sortant d’un conflit sont confrontés à des problèmes particuliers car beaucoup d’entre eux n’ont pas pu faire d’études, ont grandi dans des sociétés violentes et ont souvent été impliqués eux-mêmes en tant que combattants.
Tous les pays d’Afrique, quel que soit leur stade de développement socioéconomique, sont confrontés au défi de l’emploi des jeunes, même si la nature et l’ampleur du problème varie d’un contexte à l’autre. En dehors de la situation démographique et des taux de reproduction élevés, les jeunes qui arrivent sur le marché du travail sont handicapés par d’autres facteurs tels que le manque d’expérience professionnelle, le manque d’accès aux études et à des formations, et le manque d’organisation et de représentation qui empêche que leurs besoins soient pris en compte dans les programmes d’action et les politiques publiques.
Le rapport met aussi en relief la richesse que représentent les jeunes pour leurs pays, et insiste sur le fait qu’il est essentiel de leur procurer des emplois si l’on veut lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement durable. « L’un des problèmes qu’ont eu les gouvernants jusqu’ici a été de devoir prendre des mesures sans connaître les options disponibles, sans savoir ce qui fonctionne dans différentes situations, ce qui a déjà été expérimenté et ce qui n’a pas marché. Ces informations leur sont apportées dans le rapport, qui dresse aussi un inventaire des interventions tentées pour remédier au problème de l’emploi des jeunes dans la région, et qui examine les résultats obtenus », explique Shantayanan Devarajan, Économiste en chef pour la Région Afrique de la Banque.
Enfin, en complément de l'étude principale, les « Indicateurs du développement en Afrique » présentent un ensemble de chiffres permettant de suivre les réalisations des programmes de développement et les apports d'aide dans la région. La publication comprend une édition de poche (« Little Data Book on Africa »), le CD-ROM « Africa Development Indicators 2008/09 », et la base de données accessible uniquement en ligne, « Africa Development Indicators Online ».
Recueillis par Jeannot Ramambazafy - Journaliste