Interdit de rigoler: Madagascar n'est pas à l'abri d'un tsunami ni du réveil de ses volcans
Fiction-réalité de cet été 2011, Madagascar 2050 se veut optimiste, quant au devenir de la Nation malgache, face aux bouleversements financiers, politiques et écologiques qui minent les pays du Nord. En fait, la survie de l’espèce humaine dépend, désormais, des richesses des pays du Sud. La réalité émanera-telle vraiment de cette vision dont certains faits sont inéluctables ? Bonne lecture en tout cas.
Didier Ratsiraka, Zafy Albert, Marc Ravalomanana, et tous les autres... En ce Premier janvier 2050, ils sont morts depuis belle lurette. Tout comme leurs fervents supports des années 2010. Mais je ne me rappelle plus qui est parti le premier. Une nouvelle race de politiciens a vu le jour, vers les années 2030, dont le doyen est Andry Rajoelina -76 ans en mai prochain-, qui a montré le chemin du développement dès 2009. Il vit une retraite méritée avec ses arrière-petits-enfants dont l’un est ambassadeur terrien sur la lune… En effet, celle-ci a été viabilisée comme c’est écrit dans un roman à la Jules Verne.
Ces nouveaux politiciens -qui n’ont pas encore vu le jour en 2011- ont enfin compris une chose : les Malgaches ne seront pas maîtres de leur pays et de leur destin, tant qu’ils ne maîtriseront pas les richesses naturelles et minières que Dieu leur a laissées en héritage, mais qui ont été longtemps pillées au profit d’une poignée de rapaces étrangers, avec la complicité de nationaux avides d’argent qui ne leur servira strictement à rien, à terme. Car dilapidé par leurs descendants mal éduqués. En 2040, tous les accords avec les bailleurs de fonds ont été soit révisés, soit stoppés. Car une gigantesque mine de diamants a été découverte dans le Sud-ouest. Au milieu des crises socio-économiques qui minent les anciens pays industrialisés, l’avenir même du monde dépend des pays du Sud, dont Madagascar figure comme le fer de lance du renouveau. Inversement des choses ! La Banque mondiale, en 2049, a demandé un prêt de quatre milliards de dollars à l’Etat malgache ! Il faut se rappeler que nous sommes dans la VIIème république. Une femme a été élue présidente. Mais pour y parvenir, il aura encore fallu vivre des moments très pénibles, avant les grands bouleversements naturels survenus entre 2030 et 2040 (lire plus loin). L’héritage néfaste laissé par les meneurs du Magro a eu la peau dure… Il aura fallu changer encore deux fois de Constitution. En tout cas, la dernière, plébiscitée en 2049, stipule que, désormais, la présidence de la république madécassienne sera tournante, par province, avec un mandat unique de trois ans. Comme en Suisse en 2011. Mais un seule et unique mandat d'une année pour le président de la Confédération helvétique où tous les secrets bancaires n'existent plus, en cette seconde moitié du Troisième millénaire.
Et, enfin, en cette année 2050, l’Etat malgache a réussi à gérer toutes les richesses du pays : pétrole, gaz naturel, pierres précieuses, or, platine… Des usines de transformation des produits locaux ont poussé comme des champignons dans toutes les régions de l’île. Chaque grande ville située en bord de mer, possède son usine de transformation de produits halieutiques. Les sardines à l’huile de Madagascar sont réputées dans le monde entier. Dans toutes les régions agricoles, des usines de transformation de produits (agricoles évidemment) ont aussi été érigées. Les pommes de terre du Vakinankaratra, les oranges d’Ejeda, les tomates du lac Itasy… inondent les pays de la Sadc. Et même ceux de la Cedeao. Le riz du lac Alaotra et de la plaine de Marovoay, a supplanté le riz pakistanais sur le marché international. L’autosuffisance alimentaire a été atteinte en 2032. D’énormes usines solaires, situées sur le plateau de l’Horombe, dans l’Isalo (Sud) et à Joffreville sur la montagne des Français (Nord), alimentent le moindre village. Les fameux délestages ne sont plus que des mauvais souvenirs. Sur les hauts plateaux centraux, des éoliennes fleurissent partout. Car l’énergie nucléaire, après la catastrophe qui a frappé la France, en 2038, a été totalement délaissée sur la planète Terre. Vive les énergies vertes et naturelles ! Les composants électroniques fabriqués sur place sont devenus N°1 mondiaux, détrônant ceux de la Chine en régression pour copies non conformes. Le génie malgache est enfin reconnu… L’eau de l’océan Indien est dessalinisée au niveau de Fénérive Est, après que des ingénieurs malgaches ont été formés en Lybie. Le pétrole des pays arabes est tari. Et ils leur manquent de l’espace pour avoir le même biocarburant tiré de nos champs de jatropha et de canne à sucre qu’ils doivent, désormais, importer de Madagascar.
En 2047, l’armée malgache de développement (AMD), forte de 77.000 hommes a troqué les kalachnikovs par des bêches en acier trempé issu des mines de fer du Nord-Ouest. Tous les militaires cultivent, à présent, la moindre parcelle de terrains. A quelque chose malheur est bon. Le tsunami qui a ravagé la côté Est, de Nosy Varika à Fort-Dauphin, a fait avancer la mer sur plus de dix kilomètres dans la terre. Mais, bizarrement, et malgré la salinité, le fléau a fertilisé les régions atteintes. Hélas, la ville de Morondava, sur le canal de Mozambique, a été rayée de la carte, plus vite que prévu. La fonte des glaces s’est accélérée en une décennie (2030-2040). Un autre fléau a frappé le pays mais qui a permis un changement drastique des mentalités : en 2024, les volcans du Vakinankatra et ceux du lac Itasy se sont réveillés ! Il y a eu d’énormes dégâts matériels mais aussi beaucoup de pertes humaines. Un fléau pareil au bombardement de Londres, durant le second conflit mondial. A la suite de cela, les Malgaches se sont réveillés de leur torpeur et ont enfin compris que les paroles ne servent à rien et que c’est ensemble et ici qu’il faut reconstruire, s’ils ne veulent pas disparaître totalement de la race humaine. Une troisième guerre mondiale a été évitée de justesse, grâce à l’arrière-petit-fils de Jack Bauer. Cela en vingt-quatre heures, chronomètre en main…
Sur le plan politique, seuls deux partis existent depuis 2041 : les traditionnalistes -ANP- et les modernistes –RMH- (« Antokon’ny Nentim-Paharazana » et «Roso Miaraka Hatrany »). Malgré les divergences d’idées, tous roulent pour permettre au pays de faire en sorte que toutes les richesses existantes soient gérées dans le seul et unique but de faciliter la vie des quelque 35 millions d’habitants de l’île (Chiffre de l’Instat de 2036). De nouvelles villes -avec toutes les commodités du Bharein en 2011-, ont été créées et plus personne ne crache dans la rue… Antananarivo est devenue une mégapole de 7 millions d’habitants. Un périphérique routier facilite la circulation urbaine. La banlieue s’étale : au Nord (« Avaradrano »), jusqu’à Mahitsy ; au Sud (« Atsimondrano »), jusqu’à Behenjy. Mais les autres villes ne sont pas en reste. La destination Madagascar est devenue la moins chère et la plus sûre dans le secteur touristique. Les 4X4 écologiques « Dagospeed » (roulant au biocarburant) sont les plus vendues au monde. Comme l’étaient les VW coccinelles en leur temps. Bref, l’île rouge est redevenue l’île verte des débuts du VIIème siècle…
Rêve de fou ? Délire ? Divagations ? En tout cas, tout cela ne sera possible qu’à une seule et unique condition : que les dirigeants malgaches comprennent enfin que l’ennemi commun de 2011 demeure la pauvreté. Enfin, toutes les pauvretés, et en premier la pauvreté d’esprit. Pourquoi attendre une catastrophe naturelle, qui décimera nombre de Malgaches, pour arriver à cela ? Pour l’heure, en cette année 2050, c’est du fond de ma tombe que je vois ce développement. Cela signifie que nous tous, quadragénaires et quinquagénaires vivant en cette année 2011, nous ne serons plus là pour vivre le développement décrit plus haut. Alors ? Sadc, feuille de route, Ravalomanana, Gtt, trois mouvances… Rien que du temps perdu qui ne se rattrapera jamais, par rapport aux autres nations. Maigre consolation : je ne serais pas tout seul dans mon tombeau. Tous les beaux parleurs d’aujourd’hui, tous les spéculateurs, les matérialistes, les judas, les traîtres, les fanatiques qui font parler d’eux, en ce moment, me rejoindront inéluctablement. Sinon, j’aurai 96 ans et la vie très loin derrière moi. A ce moment-là , et si aucun des faits que j’ai décrit n’arrive, l’espoir fera vraiment vivre les imbéciles.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 13 août 2011