Big Max, au centre, avec lunettes bandeau et chemise rouge
J’ai appris la nouvelle à 13h15, ce vendredi 24 février 2012. Max Ratsimandisa, alias Big Max, est décédé vers 10h ce matin. Il avait 75 ans (« tafondro » ou canon en argot malgache quand on joue aux dominos). Il est né en septembre 1936. Pas besoin de demander de quoi il est mort, à cet âge… canonique. La Tvm vient juste de l’annoncer dans son JT de 13h.
« Merci d’être vivant !». Chaque fois qu’on se rencontrait, c’était notre leitmotiv. Même si, depuis des mois, Max ne pouvait plus traverser la rue tout seul. S’il l’était, il agitait un mouchoir avant de franchir une rue. Max, c’était le rigolo du temps de l’amiral Ratsiraka, à ses retours à Ivato : « Miarahaba anaooo prezida ,manao ahoana aloha e ! Ahoana ity resaka banque mondiale ity... Aiza ny voan-dà lana? » Il posait des questions en apparence innocente, mais qui traduisait une immense culture. Il passait pour être le bouffon du roi alors que c'était tout à fait le contraire. Par ailleurs, Big Max savait très bien manier la langue de Molière. Il a, d’ailleurs, été, professeur de français au lycée Saint Laurent d’Ambohimanoro. Son journal s’appelait "AFAKA", Libéré en français. Eh ben, c’est lui qui est libéré de toutes les contraintes de la vie terrestre maintenant. Mais çà le minait de ne plus pouvoir exercer pleinement ce métier aussi passionnant que dangereux... De loin en loin, il écrivait des billets dans des journaux. A titre gracieux. Une de ses citations préférées: "Rien ne vaut à mes yeux ce qu'un homme seul peut faire" (François Mauriac). Big Max était aussi chroniqueur judiciaire et directeur du collège Saint Exupéry.
CITE Ambatonakanga, 3 mai 2009. De gauche à droite : Gabriel Ramananjato (décédé en 2010), Paul Abraham (le plus âgé des journalistes malgaches à l'heure actuelle), Big Max Ratsimandisa, Georges Rakotondrasoava, Augustin Andriamananoro, Gilbert Raharizatovo (au micro), Rémi Rahajarizafy, Moks Razafindramiandra
La dernière fois que je l’ai vu remonte à l’an dernier. Je ne me rappelle plus, mince. L’Alzheimer me guette sûrement… Il m’a fait lire des documents que j’ai photographié mais c’est bien le diable si je me rappelle où je les ai mis. Ce sera pour un autre hommage si je les retrouve, un jour. Pour le moment, ce n’est que l’annonce du grand départ sans retour d’un frère et confrère qui est allé rejoindre Gabriel Ramananjato et Stéphane Jacob au paradis des journalistes. Qu’est-ce qu’ils ne sont pas en train de rigoler, en ce moment-même, sur la bêtise humaine, des politiciens malgaches en particulier. Vous savez quoi ? Déjà ses nom et prénoms sont tout un programme: Max Emmanuel Célestin Ratsimandisa. Mais où donc certains parents trouvent-ils une telle imagination ? Avant 1972, comme en France, les enfants Malgaches ont hérité de trois prénoms bien français. Cela a changé par la suite. Heureusement pour l'identité culturelle de la Grande île... Pour Big Max, les fléaux qui minent Madagascar sont : la jalousie, le manque d'éducation civique, de morale et l'amnésie en matière d'éthique. Cela demeure jusqu'en ce début du Troisième Millénaire, hélas.
De gauche à droite: Gabriel Ramananjato, Paul Abraham (le plus âgé des journalistes malgaches à l'heure actuelle), Big Max, Georges Rakotondrasoava, Gilbert Raharizatovo, toujours au CITE Ambatonakanga, le 3 mai 2009
Pourquoi ce titre en anglais ? Pour les raisons suivantes :
Max RATSIMANDISA, Oldest journalist in Madagascar
He made a deep impression on the media. He criticized his peers. The man in the street would listen to him. Max Ratsimandisa is the oldest Malagasy journalist. He is 75 years old and his outspokenness has remained intact all the way.
In 1974, he graduated and came out first of the Berlin International Institute of Journalism. In those days, that’s where the future leaders of Third World countries were trained.
Max Ratsimandisa was a victim of his own popularity. He sometimes irked people, but his being spontaneous helped him on some major media coups.
Laughter is the weapon of this outstanding journalist. Press conferences in his presence turned into one man shows. Some presidents demanded his presence, to the great displeasure of his fellows colleagues.
When I was at a press conference, he succeed in bringing joy to all the people in the room.
For the time being, Max Ratsimandisa wants to get into politics. This 75-year-old man retired from the media wants to feels increasingly useful.
Gaëlle Borgia
Journaliste formée à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Good bye, Au revoir Big Max ! Et dis aux autres qu’ici, ce ne sont pas nous, journalistes, les plus fous sur cette terre où tous ne feront jamais qu’une escale… transitoire. Au nom de l’équipe de madagate.com je présente mes plus profondes condoléances à la famille de Max Ratsimandisa.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 24 février 2012
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Dernière nouvelle: Big Max sera enterré ce lundi 27 février 2012. Cela m'a pris de court et, hélas, je ne pourrai pas aller lui rendre les derniers hommages.