Le Pape Jean-Paul II dans le Papamobile Karenjy lors de sa visite, en 1989, Ă Madagascar
J’avais rédigé ce dossier le 15 août 2013. Mais comme il me manquait encore des informations, ce n’est que ce 25 août 2013 que je peux le publier. Il est intéressant pour ceux qui entendent vraiment avancer pour développer Madagascar par eux-mêmes. Pour les autres, plutôt très occupés à user d’une liberté d’expression totalement débridée, ils seront à la traine jusqu’à leur fin du monde. Allons-y, en se disant que tout est possible. Si…
En ce jour de l’Assomption (montée aux cieux de Marie, mère de Jésus, dans la religion catholique), je m’en vais vous parler d’une autre « montée » qui mérite d’être connue. Ce, dans le domaine automobile. Il s’agit de la marque Karenjy (Vadrouille) et de son modèle Mazana (Fort, robuste). Rappel.
En passant, un hommage Ă feu mon ami Willy Rapiera, ancien du FUM de Cachan...
Sous le régime socialiste, le Président Didier Ratsiraka, qui allait entamer sa période d’investissements à outrance, durant son second mandat (1982-1991), eut la lumineuse idée de créer l’IMI (Institut Malgache de l’Innovation). Rabearivelo Andriamalagasy -ingénieur polytechnicien- était le Directeur général à l’époque et le siège social se situait avenue de l’Indépendance, côté Air Madagascar ; j’avais un copain informaticien, Willy Rapiera (déjà décédé) qui y travaillait. Et mon autre copain, Bera (décédé aussi), toujours de l’IMI, possédait un Karenjy dans son garage du côté de Nanisana… L’idée de l’Amiral était de mettre en place des usines capables de concevoir des produits dans diverses régions de l’île.
L’IMI sous Didier Ratsiraka
* Cadre juridique :
- Ordonnance n°79-014 du 13 août 1979 portant création de l’IMI.
- Forme juridique : statut EPA, doté de la personnalité morale jouissant de l’autonomie administrative et financière, placé sous tutelle du ministère en charge de l’Industrie depuis l’année 2000.
* Missions :
- Création de modèles de technologies de développement ;
- Contrôle systématique de l’application et du développement du procédé mis en œuvre ;
- Mise en place d’un système d’informations (domaine de l'informatique);
- L’IMI, toutefois, n’a pas de vocation d’entreprise de production.
Ainsi, l’IMI, œuvrant essentiellement dans le domaine des recherches et de l’innovation, couvrait plusieurs domaines : aviation avec le prototype « Hitsikitsika » (Epervier) qui survola le stade de Mahamasina lors d’un 26 juin, fête nationale Malagasy ; navigation avec un chantier naval à Mananjary et la gestion du fameux canal de Pangalanes ; automobile avec la création de l’usine Fiarafy (Véhicule de choix) à Fianarantsoa. C’est celle-ci qui produisit les premières automobiles Karenjy avec un moteur de Renault R18.
Karenjy en version utilitaire
Entre 1985 et 1990, Fiarafy a produit près d’une centaine de Karenjy. Puis vint la révolution des Forces Vives qui entraina le premier exil de Didier Ratsiraka en France.
Une fois Zafy Albert élu Président de la république, Fiarafy cessa toute production. Pourquoi ne pas avoir continué et effectué ses madaraids en Karenjy ? Mystère et boule de gomme… En tout cas, c’en était fini de l’IMI, considéré comme un produit socialiste marxiste à éradiquer. Erreur due à la politique de la main tendue vers les bailleurs de fonds qui ont endetté le pays à outrance…
Karenjy Tuning...
Après une période de léthargie pleine de poussière et de rouille, l’usine de Fianarantsoa est reprise en main par « Le Relais », un réseau d’entreprises qui œuvre « pour l’insertion de personnes en situation d’exclusion, par la création d’emplois durables. Membre d’Emmaüs France et de l’Inter Réseaux de la Fibre Solidaire (IRFS), il base son action sur la conviction que le retour à l’emploi des personnes en difficulté est un moyen de les aider à préserver leur dignité et à retrouver une place dans la société ».
Je reviendrai plus loin sur « Le Relais » mais focalisons-nous d’abord sur la renaissance des Karenjy. Il faut noter qu’en 1989, avec la venue du Pape Jean-Paul II, l’usine Fiarafy avait conçu un Papamobile qui existe encore à Fianarantsoa (voir et lire ci-dessus).
De nos jours, Karenjy a trois modèles de véhicules : Mazana et Faoka qui sont produits sur commande :
Récemment, Le Relais a annoncé que d’ici à fin 2013, le modèle Mazana II sortira. Il sera propulsé par un moteur de Peugeot 407. Il s’agit d’un bon début pour faire connaître le made in Madagascar, même s’il s’agit encore d’un travail d’assemblage.
Si je dis bravo, certains forumistes, imbéciles jusqu’au bout de leur clavier, commencent à s’éparpiller dans des commentaires qui font comprendre pourquoi un pays comme Madagascar ne pourra avancer qu’à pas de tortue. Mais laissons ces morts-vivants à leurs élucubrations sous-développantes et projetons-nous vers un avenir positif.
Un Karenjy récemment vu devant le stade municipal de Mahamasina Antananarivo
Cette « montée » de Karenjy mériterait d’avoir un appui de la part des futurs dirigeants de la IVè république. En effet, à l’heure où l’on parle de patriotisme et de fierté nationale, une loi devrait être établie comme quoi, ils (ministres, directeurs généraux…) doivent avoir l’obligation de rouler made in Madagascar, en l’occurrence en véhicule Karenjy. Voilà une vision pas utopique du tout si la volonté politique pèse de tout son poids. Car jusqu’ici, le moindre dirigeant nommé ou élu, réclame avec force conviction « au nom du peuple » de rouler en 4X4 dernier cri. Or, le coût de ces derniers (Tiguan et compagnie), permettrait la construction de plusieurs Mazana et entraînerait une résorption du chômage.
Une loi, dis-je, car au train où vont les choses, mon idée va entrainer, déjà , une levée de bouclier des concessionnaires de la place. Mais il faut choisir : avancer par ses propres moyens ou toujours être à la merci des grandes puissances économiques ? That is the first big question.
Pour en revenir à « Le Relais », il faut savoir qu’il existe en Afrique depuis le début des années 2000. Les activités de « Le Relais Madagascar » sont aussi diverses que diversifiées :
* Centre de tri de friperie Taratra
* Atelier de construction automobile Soatao
* Atelier de confection textile Gash’Mlay
* Projet d'appui agricole et rizicole Aingavao
* Complexe hĂ´telier Ă©co-touristique Zomatel
* Gestion des déchets de la commune urbaine de Fianarantoa (Fakofia), en partenariat avec ISF Belgique.
Arirang, premier smartphone made in North Korea
Ainsi, the second big question est : qui ne veut pas que le pays se développe vraiment ? Vous ne le saviez peut-être pas mais même la Corée du Nord a compris. Ce pays -que la Communauté des intérêts internationaux a mis au ban sous prétexte qu’elle a la bombe atomique (et alors ? Les Américains oublient Hiroshima et Nagasaki ?)- vient de produire son premier smartphone dénommé Arirang. Aussi au lieu de critiquer pour le plaisir de critiquer bêtement, tapis lâchement derrière leur clavier, que ces beaux parleurs -anonymes qui ne feront jamais que des choses anonymes, inconnues de l'Histoire- prennent l’habitude de proposer des innovations.
A moins que leur esprit soit définitivement en voie de sous-développement hyper avancé. Auquel cas, en ce jour de l’Assomption 2013, prions pour ces anonymes qui ne laisseront rien de bien positif de leur passage terrestre. Et pour eux et pour leur descendance.
Un dossier de Jeannot Ramambazafy – 15 août 2013