Décidément ce Gendarme du monde ne cessera pas de nous épater. Mais lorsque c’est dans notre propre pays, c’est le terrorisme à l’envers. Stratégie infailliblepour instaurer un état de psychose permanent. Histoire vraie d’une mésaventure pas extraordinaire du tout. Piteuse même. Comment voulez-vous que les journalistes respectent le droit à l’information des gens et quid de la carte de presse professionnelle malgache ainsi que l’exception à la règle ?s
Le 3 juillet au soir, ma fille qui fait partie de la chorale de la Mission américaine me demande de venir au Hilton le lendemain, fête de l’Indépendance des U.S.A. car elle va entonner l’hymne national malgache. Comme je lui ai dis que je n’avais pas reçu d’invitation, elle me dit de venir quand même car n’ai-je pas une carte de presse ? Elle ne doit pas être trop au courant de la hantise des Américains du terrorisme… Le 4 juillet, à 11H05, j’arrive au Hilton, entre dans le hall et, d’emblée, déclare à la responsable qui me connaît que je n’ai pas d’invitation mais que toute règle a une exception. Elle me dit d’attendre car elle va appeler le responsable de la sécurité, qui me connaît aussi. Rien n’y fait « pour des raisons de sécurité ». Ma fille descend. Entre-temps j’ai le temps d’interviewer le directeur de la Tvm et Hanitra Rasoanaivo qui part ce jour en Asie. Impossible d’aller couvrir cette fête d’un pays dit le plus démocratique du monde, le pays roi de la liberté de presse. Hier donc, l’exception confirmant la règle n’est pas connue des pratiques anglo-saxonnes.
Sandy Ramambazafy épouse Solofonirina, en bas avec Hanitra Rasoanaivo
A 11h30, après avoir salué le ministre des Finances qui ne s’est plus souvenu de moi, alors que l’on s’est connu à Diego qu’il était stagiaire maigrichon de l’Inscae à Mamicom et à la Secren. L’amnésie est gravissime pour un responsable qui tient les cordons de la bourse de la Grande île. Enfin… Je sors sur le perron de l’hôtel et me mets à prendre des photos sans qu’aucun agent de la sécurité ne trouve à redire. Vous aurez les preuves plus bas. Puis je m’approche d’un américain barbu et lui demande s’il « speak french ». « Yes, Eny », car il est au pays depuis assez longtemps. Il baragouine même des mots en malgache. Dernière tentative de ma part. Il me demande alors de lui montrer ma carte de presse (n° 349). A sa vue, il demande que le responsable de la sécurité descende pour résoudre mon problème. Hélas : L’hôtel Hilton de Madagascar est devenu le 53ème Etat des U.S.A. ! Impossible est bel et bien américain. Mais je reste sur le perron, le temps d’immortaliser des arrivées. Après avoir salué le Secrétaire général des Affaires étrangères et un journaliste de Mbs, soudain, à midi, un cortège imposant s’amène. Ma mésaventure va tourner en inquisition.
Et les méfaits sur la liberté (de presse) ?
Tout de suite, un « body guard » de type européen me demande de m’écarter le plus loin possible, avec l’injonction « Pas de photos ! ». Qui vient d’arriver ? Le Président ? Le Pape ? Non, le ministre des Affaires étrangères. Je me retire lentement pour aller m’arrêter devant l’arrêt des bus, assez loin de cet hôtel nationalisé yankee (au fait, les chaînes Hilton, c’est américain, que je suis bête !). Donc, sur la voie publique. S’amènent alors des gars comme on en voit dans les films d’action. Deux en tenue de commandos et deux en civils. Et c’est l’enquête en règle devant tous les passants. Je leur explique le problème que j’ai rencontré et leur dis que je suis journaliste. Mais cela devient comme dans un « thriller » où je suis le « bad guy » : Qu’est-ce que vous êtes venu faire au Hilton, nom, prénom, adresse, numéro de téléphone. Quand j’épelle mon journal sur Internet, un qui se croit malin me dit que c’est une adresse mail. Manque de culture Ntic, sans nul doute… Tout y passe. La cerise sur le gâteau c’est une cinquième armoire à glace qui me prend en photo ! A l’heure actuelle, je suis peut-être sur table d’écoute. Sans carte de presse, j’aurai fini comme le pauvre homme accusé de vouloir attenter à la vie du Président Ravalomanana. Il a été relaxé après un an de taule !
Certes, il faut être vigilant et s’attendre à tout car le terrorisme est réel. Mais le plus désolant c’est que, dans son propre pays, ce sont ces Américains eux-mêmes qui entretiennent la psychose. En fait, c’est leur présence qui dérange, pas celle d’un journaliste professionnelle qui entendait faire son travail de vous informer, vous qui me lisez ! S’il y a l’afro-pessimisme, il y a, maintenant, l’américano-terrorisme qui leur permet pratiquement de tout faire. Combien de riverains et de travailleurs ne râlent-ils pas du côté d’Antsahavola, en plein centre ville, à propos de ces fouilles qui commencent à envahir leur quotidien déjà pas rigolo ? Pourquoi aucun pouvoir ne peut leur ordonner d’aller transférer leur ambassade ailleurs ? Au cas où, il n’y aurait pas de victimes civils ni de boucliers humains. A propos de ma mésaventure du 4 juillet 2007, il y a des leçons à tirer. A quoi sert donc la carte de journaliste professionnelle où il est inscrit « Laissez-passer » et que les autorités doivent porter assistance à son porteur ? Je ne parle plus de la réception du Hilton : pas dans la liste, même aussi connu que moi, interdiction d’entrée. Exception is not english. Je parle de ce harcèlement sur la voie publique devant des tas de témoins. A la gare du Nord (Paris), en 2003, des Crs m’avaient arrêté. Mais dès qu’ils ont vu mon passeport de service et surtout ma carte de presse professionnelle, ils m’ont laissé passer sans même me fouiller ! Il ne suffit plus de clamer que nul n’est prophète en son pays. L’heure est grave pour notre souveraineté nationale même. En plus, ce n’était ni le cortège du Président de la République ni celui du Premier ministre. Pour vous, quelques photos que j’ai prises sans être inquiété avant d’être pourchassé comme un vulgaire bandit. Ils m’ont même suivi avec des jumelles jusqu’à ce que je vide des lieux déjà publics. Pour en revenir à ces photos, aucun journaliste sur place n’a pu les prendre car les « privilégiés » étaient déjà aux étages, shootant des clichés sempiternellement classiques. « Pas de photos ! ». Ce « body guard » qi m’a alancé çà doit se croire au cinéma et doit sûrement jouer le rôle de Mister Ridiculous ! Monsieur le ministre des Affaires étrangères, est-ce que je vais bientôt être accusé d’être complice des étranges affaires de votre frère à Manakara ? Allons, un peu de discernement que diable ! En plus, il n’y avait même pas d’Ambassadeur américain mais un Chargé d’Affaires (courantes). Heureusement que nous avions un ancien Premier ministre (photo à la page d’accueil et ci-dessous). Enfin, qui blâmer ? Est-ce ma faute si cette Super puissance n’a pas su déjouer les horribles attentats du 11 septembre ? Pour çà , c’est donc aussi les Malgaches qui vont payer les pots cassés ?
Jeannot Ramambazafy et Hanitra Rasoanaivo
Volatahiana Ranaivomanana Directeur de la Televiziona Malagasy ou TVM
Volatahiana Ranaivomanana
Enfin, quelques photos prises lors de cet inoubliable 4 juillet 2007 (mais à effacer de ma mémoire et celle de ma descendance surtout). Mais pas rancunier pour deux sous, madagate.com vous offrira, d’ici peu, la vidéo de cette célébration américaine, avec les chorales citées plus haut. Promis, juré ! Restez connecté(e)s sur notre site, merci.
Jeannot Ramambazafy
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.