Mi-mars 2015. Peu de temps après le limogeage d’Orlando Robimanana, Directeur général du Trésor défendu par l’ambassadeur de France de l’époque, François Goldblatt -qui, lui aussi, a été évincé-, le pouvoir Rajaonarimampianina a commencé à transférer vers les ambassades malgaches à l’extérieur, des sommes astronomiques d’argent. Ainsi, de mars à décembre 2015, il y a eu 24 transferts pour un montant total de 34 milliards ariary (près de 175 milliards d’anciens francs) équivalent à près de 10 millions d’euros. Cette information émane de l’Inspection générale de l’Etat (IGE).
C’est sur instruction du ministre des Finances et du Budget, Gervais Rakotoarimanana -toujours à ce poste dans le gouvernement d’Olivier Mahafaly-, que la Direction de la Programmation et du Cadrage budgétaire (DPCB) a procédé à ces transferts via la Banque centrale de Madagascar (BCM). Motif: « Régularisations et/ou des transferts à destination des ambassades malgaches à l’extérieur ». Ayant toujours été considéré comme le payeur des dépenses occultes des régimes qui se sont succédés à Madagascar, la DPCB possède un compte sur lequel le Trésor public n’a aucun droit de s’immiscer (contrôle, vérification).
«De prime abord, et pour le profane», a indiqué l’IGE, «il n’y a rien à redire sur la forme de ces opérations. Cependant, sur le fond, ce sont des dépenses extra-budgétaires -donc non-règlementaires- effectuées pour le compte de la Présidence, du ministre des Finances et du ministère des Affaires étrangères. Ces dépenses ont essentiellement réalisées au niveau des ambassades». Par ailleurs, l’IGE a indiqué: « il n’y eu aucun contrôle, ni sur les prix, ni sur les services effectués». Ainsi, jusqu’ici, personne ne peut dire à quoi ont été utilisés –et qui a vraiment utilisé- ces 10 millions d’euros.
Cette précision permet de comprendre la première conclusion de l’enquête des inspecteurs qui croient que «les dépenses ont été essentiellement réalisées au niveau des ambassades». Autrement dit, les transferts ont été effectivement effectués auprès des ambassades. Mais leur utilisation reste inconnue car, selon toujours l’IGE, «il n’y eu aucun contrôle, ni sur les prix, ni sur les services accomplis». A quoi ont donc servi ces 10 millions d’euros transférés en une seule année? En effet, les salaires du personnel et des charges de fonctionnement des ambassades et représentations malgaches à l’étranger sont déjà inscrits dans le budget général de l‘Etat. Sur un autre plan, aucun travail de réhabilitation d’une quelconque ambassade malgache n’a été signalé, justifiant des dépenses extra-budgétaires et extra…ordinaires.
Bien au contraire, l’ambassade de Madagascar à Washington a récemment subi une coupure de courant pour non-paiement des factures d’électricité. Alors? Il est vraisemblable que les représentations malgaches à l’extérieur n’ont servi que de boîte aux lettres et que cet argent s’est évaporé en cours de route... Mais vers où? Au bénéfice de qui? Nous le saurons bien assez tôt car le bateau Hvm fait eau de toutes parts et les murs qui ont aussi des oreilles nous révèleront la vérité, ajoutés aux confidences des déchus et déçus de ce régime fossoyeur de la nation malgache.
Jeannot Ramambazafy – 22 avril 2016