Les évêques de Madagascar lancent un cri d’alarme face aux violences et à la pauvreté qui touchent le pays. Réunis en Assemblée à Antanimena, fin avril 2016, ils dénoncent «les mensonges et les vols» qui touchent «jusqu’au sommet de l’État».
«On a même vendu la souveraineté nationale!». Les évêques de Madagascar, réunis fin avril en Assemblée plénière, s’inquiètent de la situation du pays, frappé par une grande instabilité politique.
«La société sombre dans un climat de violence et de pauvreté. La population se trouve livrée à elle-même. La violence, le vol et l’exécution deviennent le quotidien des Malgaches», martèlent les responsables catholiques de l’île dans un message adressé au gouvernement.
Hery Rajaonarimampianina et toute sa smala au Vatican, le samedi 28 juin 2014
Argent et corruption
Les évêques malgaches abordent aussi la question de la corruption, omniprésente dans la gestion des affaires nationales. «Les richesses naturelles sont galvaudées, en ne parlant que de l’exploitation illicite de bois de rose, de l’or et des pierres précieuses. Aucune loi précise n’a été mise en place jusqu’à maintenant, et la gestion des ressources naturelles reste floue», soulignent encore les évêques. «Ce ne sont pas seulement les ressources naturelles, mais le droit et les valeurs de la société malgache qui se trouvent aussi bafoués et échangés contre de l’argent».
Des mensonges
«En somme, on nourrit la population par des mensonges», a conclu la Conférence des évêques, qui dénonce aussi « les vols » qui touchent «jusqu’au sommet de l’État».
Il y a tout juste un an, la conférence épiscopale malgache avait déjà mis en exergue le fléau de la corruption, parlant «d’une vraie culture de la corruption» et pointant du doigt les fraudes électorales qui permettent, par le mensonge, d’arrêter «ceux qui tentent de résister, fiers de leur liberté», et rendent ainsi «l’autorité de l’État, invisible».
Le 26 mai 2015, les députés ont voté la destitution du président malgache. Mais ce dernier, élu en 2014, a contesté ce vote. Neuf Malgaches sur dix vivent avec moins de deux dollars (1,83 euro) par jour.
Loup Besmond de Senneville (avec Radio Vatican)
06.05.2016