Il était venu deux fois à Madagascar dans les années 1970 et a chanté au CCESCA d’Antanimena. Il vient de décéder le 22 mai 2013 à Nice, des suites d’une maladie des bronches et il ne pouvait plus chanter depuis 2011. Ce « facteur » avait 79 ans et « il n’ira plus sur les chemins cueillir les roses et le jasmin qui mènent jusqu’à ta maison »…. Il s’agit de Georges Moustaki, de son vrai nom Giuseppe Mustacchi, né le 3 mai 1934 à Alexandrie, de parents juifs grecs immigrés en Egypte.
Il s'est installé à Paris en 1951 et y a fait une rencontre déterminante, celle de Georges Brassens qui l'a intronisé dans les nuits de Saint-Germain-des-Prés. C'est en son hommage qu'il a adopté le prénom Georges.
Son premier disque 45 tours que j'avais acheté illico presto à Tananarive
Moustaki est le compositeur de quelque 300 chansons pour les plus grands interprètes -Edith Piaf, Yves Montand, Barbara, Juliette Gréco, Serge Reggiani-, avant de les chanter lui-même avec succès et une voix unique. Ses chansons les plus célèbres demeurent "Milord" (1958), écrite pour Édith Piaf et traduite dans le monde entier, "Le métèque" (1969) -celle que j’ai chanté, un jour de fête, lorsque j’étais pensionnaire au CEG d’Antsirabe, où le trac ma paralysé- d'abord chantée par Pia Colombo et dont le refrain a fait le tour du monde. Plusieurs autres sont devenues des classiques, comme celles interprétées en 1966 par Reggiani, "Ma liberté", "Ma solitude", "Joseph", "Sarah", "Votre fille a vingt ans", mais aussi "La dame brune" (Barbara, 1968) et "La marche de Sacco et Vanzetti".
Polyglotte, artiste peintre, Georges vivait depuis plus de quarante ans sur l'île Saint-Louis où est dressée Notre-Dame-de-Paris, sur la rive gauche de la Seine. J’avais une photo prise avec lui, en 1972 à Antananarivo, mais je ne l’ai plus retrouvée. Je suis profondément attristé car Georges Moustaki était mon idole. D’ailleurs, je chante avec sa même tonalité de voix. Il a tiré sa révérence.
Mais les voix du Seigneur sont impénétrables. En effet, c’est de son vivant qu’a été créé le Prix Georges Moustaki. La première cérémonie a eu lieu le 3 février 2011, à Paris. Pour la première fois, les albums indépendants et/ou autoproduits ont été récompensés devant un jury de professionnels, présidé par Georges Moustaki lui-même, Arnold Turboust et parrainé par Benoît Dorémus. Deux prix ont été décernés : celui du jury et celui du public.
Comme il l’a chanté lui-même : « Dire qu’il faudra mourir un jour, c’est dur à penser, il faut bien le dire »… A la revoyure Georges ! Dans cet au-delà d’où l’on ne revient pas. Mais tes chansons seront immortelles jusqu’à la fin des temps.
Jeannot Ramambazafy – 23 mai 2013