Judge Sang-Hyun SONG, President of the International Criminal Court
THE HAGUE, Netherland, July 16, 2013.
Fifteen years ago, on 17 July 1998, history was made. Gathered in Rome, Italy, the international community agreed on the creation of a permanent international court with a mandate to punish the perpetrators of the most inhumane crimes imaginable and to provide reparations to the victims of such acts.
By adopting the Rome Statute of the International Criminal Court, the world embarked upon an audacious plan to create a global justice system based on international cooperation aimed at holding accountable those responsible for genocide, war crimes and crimes against humanity.
Many said that this was an impossible task, that the adversity could not be overcome. But the global justice project proved strong. The International Criminal Court (ICC) today is a vibrant, independent international organizationwith122 member states – and many more have expressed their intention to join.
With eight on-going investigations, eight preliminary examinations, and the issuance of 23 arrest warrants and nine summonses to appear, the ICC is undertaking more investigations and conducting more proceedings involving more suspects than ever before.
More than 12,000 applications for participation in proceedings as a victim and more than 9,000 applications for reparations were received. More than 5,000 victims are participating in ICC proceedings, giving them a voice in the courtroom. The Trust Fund for Victims is providing support to an estimated 80,000 victims of crimes under the ICC's jurisdiction.
The story of the International Criminal Court gives us hope; it is proof that audacious goals can be achieved.
While we have come a long way, we cannot afford complacency. Make no mistake – the ICC faces threats today as real as ever before. There are those who seek to undermine the international justice movement, who politicise its action, who question its value, and who purport to speak for the victims it serves. There are those who refuse to cooperate, leaving more than ten ICC suspects still at large.
That is why on this day – 17 July – it is worth pausing to gather our resolve and to affirm why we must not waiver in pursuit of justice.
We do this because we recognise the power of justice to bring a measure of peace to the thousands of children, women and men who have been made victims by crimes we do not dare to imagine, who have borne suffering we cannot bear to comprehend.
We do this because we know that accountability deters crime, and that we have a duty to the future generations who deserve to live their lives free from fear.
We do this because we know that assertions of power through violence and brutality can be no way to a negotiating table, or a seat in the international community.
As expressed by many international personalities, the ICC’s presence is felt around the globe, encouraging domestic authorities to pursue accountability, pushing groups to renounce violence and embrace political solutions, and deterring leaders from the commission of grave atrocities.
Ensuring accountability is a process which we must pursue ceaselessly, and on this day, I am thankful to the people without whom justice would never persevere.
I am thankful to the victims for their endurance, support and participation. I am thankful to the witnesses who make tremendous sacrifices so that the truth can be revealed, and accountability brought to bear. I am thankful to civil society for their tireless efforts to build support and move us forward, and I am thankful to the leaders and diplomats who hear their voices, and translate their words into action.
International criminal justice is not owned by any one culture, nor driven by any one people. It is an ideal which is intensely human; it is why the International Criminal Court has been embraced across all the world’s continents.
We have travelled a long way down the path of accountability, but it is a journey which will never be complete. We see obstacles on our way, but know they will be overcome. We have always moved forward, and we take no backward steps, because our eyes are fixed on the cause, because we travel this path together, and because we do so with conviction.
I am honoured to have your company on the road.
TRADUCTION EN FRANCAIS
Â
Il y a quinze années de cela, le 17 juillet 1998, une page d’histoire était écrite. La communauté internationale, réunie à Rome, en Italie, décidait de la création d’une cour internationale permanente, qui serait chargée de punir les auteurs des crimes les plus inhumains que l’on puisse imaginer et d’accorder réparation aux victimes de tels actes.
En adoptant le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, la communauté internationale s’est engagée dans un projet audacieux de créer un système de justice à l’échelon mondial, reposant sur la coopération internationale pour que les responsables de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité répondent enfin de leurs actes.
Pour beaucoup de commentateurs, la tâche était impossible, et l’adversité ne pouvait être surmontée. Mais le projet de justice mondiale s’est révélé solide. Aujourd’hui, la Cour pénale internationale (CPI) est une organisation internationale indépendante, dynamique, forte de 122 États parties, et à laquelle de nombreux autres États ont manifesté l’intention de se joindre.
Avec huit enquêtes et huit examens préliminaires en cours, et la délivrance de 23 mandats d’arrêt et 9 citations à comparaître, la CPI est plus que jamais engagée dans ses enquêtes et procédures, qui concernent un nombre de suspects qui n’a jamais été aussi élevé.
La CPI a reçu plus de 12 000 demandes de personnes souhaitant participer, en tant que victimes, aux procédures portées devant elle, ainsi que plus de 9 000 demandes en réparation. Plus de 5 000 victimes participent effectivement aux procédures devant la Cour, qui leur donnent la possibilité de se faire entendre à l’audience. Le Fonds au profit des victimes vient en aide à près de 80 000 victimes de crimes relevant de la compétence de la CPI.
L’histoire de la Cour pénale internationale est source d’un grand espoir ; elle prouve que des objectifs audacieux peuvent être atteints.
Même si nous avons fait beaucoup de chemin, nous ne pouvons nous permettre de relâcher nos efforts. Il ne faut pas se leurrer : les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la CPI sont tout aussi réelles que par le passé. Il y a ceux qui tentent de saboter le mouvement de promotion de la justice internationale, ceux qui politisent son action, ceux qui doutent de son utilité et ceux qui prétendent parler au nom des victimes que le mouvement défend. Il y a ceux qui refusent de coopérer, permettant ainsi à une dizaine de personnes suspectées par la CPI de continuer à se soustraire à la justice.
C’est pourquoi, en ce 17 juillet, il convient de prendre le temps de raffermir notre détermination et de rappeler pourquoi nous ne devons pas renoncer à notre quête de justice.
Nous devons persévérer parce que nous reconnaissons que la justice a le pouvoir d’apporter une paix relative à des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes victimes de crimes que nous n’osons imaginer et de souffrances qui dépassent l’entendement.
Nous le faisons parce que nous connaissons l’effet dissuasif de la responsabilité pénale, et parce que c’est notre devoir envers les générations futures, lesquelles méritent de vivre sans craintes.
Nous le faisons parce que nous savons qu’asseoir sa puissance par la violence et la brutalité ne saurait être un moyen de gagner sa place à la table des négociations ou au sein de la communauté internationale.
De nombreuses personnalités internationales l’ont déclaré, la présence de la CPI est ressentie dans le monde entier, même si elle peut sembler invisible ou discrète. Cette présence encourage les autorités nationales à poursuivre les auteurs de crimes, pousse les différents groupes à renoncer à la violence pour embrasser des solutions politiques et dissuade certains dirigeants de commettre des atrocités.
Nous devons sans relâche œuvrer à faire en sorte que les criminels répondent de leurs actes ; et en cette journée particulière, j’exprime ma reconnaissance à tous ceux sans qui la justice ne pourrait persévérer.
Je remercie les victimes, pour leur patience, leur soutien et leur participation. Je remercie les témoins, qui consentent d’énormes sacrifices pour que la vérité soit faite et que les responsables répondent de leurs actes. Je remercie la société civile, qui ne ménage pas ses efforts pour nous soutenir et nous faire avancer ; enfin, je remercie les dirigeants et diplomates qui les entendent et traduisent leurs mots en actions.
La justice pénale internationale n’est l’apanage d’aucune culture ni d’aucun peuple. C’est un idéal profondément humain ; c’est pourquoi tous les continents se sont ralliés à la Cour pénale internationale.
Nous avons beaucoup progressé sur la voie de l’imputabilité des crimes internationaux, mais c’est un voyage qui ne prendra jamais fin. Nous rencontrons des obstacles, mais nous savons qu’ils seront surmontés. Nous sommes toujours allés de l’avant, sans jamais reculer, parce que nos yeux sont fixés sur la cause, parce que nous cheminons ensemble et parce que nous sommes animés par la force de nos convictions.
C’est un honneur pour moi que de faire ce chemin avec vous.