Allocution de Monsieur Christian Ntsay,
Représentant de l’Organisation internationale du Travail,
Directeur du Bureau de Pays de l’OIT
pour Comores, Djibouti, Madagascar, Maurice et Seychelles
à l’ouverture du Salon Régional de l’Emploi et de la Jeunesse
29 et 30 avril 2014, Esplanade de l’Hôtel de Ville - Toamasina
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Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais avant toute chose saluer le dynamisme et la vitalité de la jeunesse de Tamatave et le leadership exemplaire de la Région ainsi que de la Commune urbaine pour cette belle initiative d’aujourd’hui visant à stimuler le marché du travail par le biais de ce Salon de l’Emploi et de la Jeunesse.
Je voudrais affirmer que le BIT est fier d’être partenaire de cet évènement aux côtés des directions et services régionaux de l’Etat, des entreprises publiques, des entreprises privées, des projets et programmes de développement, des universités, instituts et centres de formation, des ONGs et autres acteurs de l’économie sociale, des agences des Nations Unies, des associations des jeunes et différents autres partenaires de ce Salon pour leur présence, pour leur engagement et pour leur action en faveur de la jeunesse, en faveur des jeunes et en faveur de l’emploi des jeunes.
Je salue particulièrement la présence parmi nous ce matin de M. le Ministre de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, mon ami Horace Gatien, pour sa volonté de marquer sa prise de fonction :
 en s’imprégnant personnellement des réalités difficiles auxquelles les jeunes font face
 en s’imprégnant sur le terrain des préoccupations quotidiennes des jeunes face à la dureté du chômage et du sous-emploi
 en s’imprégnant avec écoute du désarroi indescriptible des familles et des communautés devant le désespoir généralisé de voir leurs enfants grandir avec peu de chance de réussir leur vie.
Pour moi et certainement pour d’autres, la mise en place d’un Ministère de l’Emploi permettra sans nul doute de déclencher une nouvelle dynamique pour un nouvel élan de réduction de la pauvreté par le biais de la promotion de l’emploi décent.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Faudrait-il encore rappeler que la crise politique malgache depuis 5 ans associée à la crise économique dans le monde a fait détruire près de 400.000 emplois à Madagascar ?
Faudrait-il rappeler que le problème de l’emploi à Madagascar pourrait se résumer en quelques chiffres comme suit : (i) le sous-emploi, qui est en fait un chômage déguisé, touche 8 travailleurs sur 10, (ii) 1 jeune sur 2 est en chômage dans le pays, (iii) 9 emplois sur 10 se trouvent dans l’économie informelle en raison de la faiblesse du marché du travail.
Faudrait-il rappeler que la double crise a impacté défavorablement sur la productivité et la rentabilité des entreprises, sur le niveau en baisse des investissements étrangers et nationaux, donc, sur les opportunités et possibilités d’emplois provenant du secteur privé et de l’économie sociale.
En définitive, comme nombre de pays en développement, Madagascar fait face à une crise de l’emploi, et surtout à une crise sans précédent de l’emploi des jeunes. Et c’est pourquoi nous sommes tous réunis ici aujourd’hui non seulement pour apporter un brin de solution à cette problématique de l’emploi des jeunes mais surtout pour déclencher un processus de stimulation du marché du travail après la longue crise en faisant rencontrer l’offre et la demande d’emploi.
Ce Salon est une initiative louable qui prouve la détermination, l’innovation et la créativité du monde du travail de la Région Atsinanana pour susciter des dynamiques de reprise économique et de création d’emplois. Ce Salon témoigne également de la prise de conscience, du sens de leadership, de citoyenneté, d’acteurs de la paix et d’agents de développement des jeunes de Tamatave. Ce Salon constitue un modèle réel en miniature de promotion de l’emploi en faveur des jeunes pour le pays.
Je salue particulièrement le volontarisme des acteurs de développement de cette Région en ne baissant pas les bras face à la recrudescence de la précarité et de l’insécurité et en accompagnant des destins vers l’emploi pour des centaines de jeunes de Tamatave. Le BIT considère ce salon comme un signal et une mise en mouvement de la dynamique de reprise avec l’avènement du nouveau régime en mettant l’accent sur la centralité de l’emploi dans les perspectives de relance économique et de réduction de la pauvreté.
Encore une fois, le Bureau international du Travail est particulièrement heureux et fier de pouvoir appuyer la Région Atsinanana et la Commune urbaine de Toamasina pour l’organisation et la tenue de ce Salon de l’Emploi et de la Jeunesse.
Comme vous pourriez vous en douter, le Système des Nations Unies dans son ensemble adhère et se mobilise pour être partenaire et participant de ce Salon de l’Emploi dédié particulièrement aux jeunes. C’est la raison pour laquelle mon collègue Jonas Mfouatie, Représentant Résident Adjoint du PNUD, est là et vous transmet à vous tous les compliments de Mme Fatma Samoura, Représentante Résidente du PNUD et Coordonnatrice Résidente des Nations Unies à Madagascar pour vos initiatives et vos efforts en faveur des jeunes.
Le Système des Nations Unies dans son ensemble soutient également l’organisation prochaine du Symposium de la Jeunesse dont le leadership est assuré par UNFPA pour réfléchir sur le développement des jeunes en vue d’actualiser la politique nationale de la jeunesse. J’évoquerais aussi la présence et la participation à ce Salon du PNUD, de l’UNESCO, de UNCDF et de UNFPA. Tout cela montre à quel point le Système des Nations Unies à Madagascar place la jeunesse et l’emploi des jeunes au centre de ses actions en appui aux besoins et aux priorités nationales et régionales.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Madagascar s’est doté d’une Politique Nationale de l’Emploi en 2005 et le BIT estime qu’il est fondamental aujourd’hui de la mettre à jour avec les besoins actuels de l’économie et les priorités du gouvernement. Nous sommes disposés à accompagner le Gouvernement malgache dans ce processus si cela s’avère utile.
Par ailleurs, nous estimons qu’il est également important d’effectuer les Etats généraux de l’enseignement technique et de la formation professionnelle à Madagascar pour pouvoir repenser ce secteur pour mieux l’adapter aux contextes actuels des enjeux économiques et des défis de l’emploi. Encore une fois, le Système des Nations Unies serait disposé à appuyer le Gouvernement malgache pour l’organisation de ces Etats généraux si cela parait répondre à son programme.
De manière plus globale, pour le BIT, Madagascar aurait certainement besoin d’une politique de réforme mettant l’emploi au centre des priorités nationales afin de garantir une croissance forte, équilibrée et inclusive. Dans ce cadre, il faudrait, à notre sens, placer réellement l’emploi des jeunes au cœur de la stratégie de l’après-crise en s’engageant à mettre en oeuvre un plan de relance qui contribue à préserver les emplois existants et qui donne la priorité à la croissance de l’emploi.
Dans ce cadre, le BIT estime fondamentale la valorisation des capacités et compétences des jeunes malgaches sur le marché du travail.
L’OIT estime que les jeunes malgaches aussi bien urbains que ruraux ont le sens de créativité, de l’invention et de l’ingéniosité et c’est la raison pour laquelle nombre d’entre eux sont très performants comme employés et cadres dans les entreprises privées et l’administration publique, nombre d’entre eux arrivent à « se débrouiller » dans l’économie informelle et l’économie rurale, ainsi qu’à se démarquer brillamment dans la création et le développement des micro et petites entreprises, malgré un marché de travail largement défavorable en leur endroit, vu l’imposition des barrières insurmontables à leur recrutement, notamment l’exigence des années d’expérience pour les emplois salariés, d’une part, et des conditions dissuasives au financement de leur projet de création d’entreprise par l’importance des apports personnels et garanties réclamés.
La politique tendant à la formalisation progressive de l’économie malgache passera inéluctablement par la prise en compte de l’importance et des besoins des principaux acteurs intervenant dans ce domaine, notamment les jeunes qui constituent aujourd’hui le réservoir le plus important en matière de capital humain et le potentiel immense en terme de compétence par rapport aux besoins de l’économie et aux défis sociaux et environnementaux.
Mais vous les jeunes, vous devez être conscients que vous avez le premier rôle à jouer pour bâtir le socle de votre propre avenir. Soyez fiers de vous mais soyez dignes des efforts déployés en votre faveur. Soyez des ambassadeurs des valeurs de l’effort, du respect et de la paix auprès des autres jeunes de vos entourages, de vos quartiers, de vos communautés et de votre région.
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Avant de terminer, je voudrais adresser encore une fois mes vifs remerciements à toutes les entreprises, aux centres de formation, aux projets et programmes de développement, aux associations des jeunes, aux partenaires techniques et financiers et aux autres entités participantes qui ont bien voulu accepter d’apporter leur contribution respective dans l’atténuation des effets de la crise de l’emploi à Madagascar à travers leur participation à cet événement en faveur des jeunes et auquel nous tous accordons une très grande importance.
Enfin, je ne saurais omettre d’exprimer ma gratitude au Comité d’organisation de ce Salon pour son professionnalisme, sa conviction et son sens de service pour rendre ce Salon effectif et réussi.
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre attention.