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Madagascar Réconciliation: Pr Adrien M. Ratsimbaharison par Nary Ravonjy

Le Professeur Adrien Michel Ratsimbaharison

La “politique politicienne” de la réconciliation nationale à Madagascar: Une interview avec le Professeur Adrien Michel Ratsimbaharison (*)


Par Nary Ravonjy

Professeur Adrien Michel Ratsimbaharison est un Professeur titulaire de Science Politique à Benedict College, Columbia, Caroline du Sud (Etats-Unis), et un ancien journaliste à Midi-Madagasikara dans les années 1980, sous le nom de plume AMR. Il est actuellement en visite à Madagascar avec sa famille, et accepte de répondre aux questions posées par son ancien collègue et membre de la “Plateforme du Grand Pardon”, Nary Ravonjy, concernant la réconciliation nationale.

Nary Ravonjy: En tant que politologue, que pensez-vous de la réconciliation nationale à Madagascar?

Pr Ratsimbaharison: Je suis un politologue, et j'ai aussi suivi des formations dans l'analyse des conflits et dans la résolution des conflits. Ainsi, j'ai écrit des articles sur les causes, les conséquences et les résolutions des conflits en Afrique. En ce qui concerne la réconciliation nationale à Madagascar, je pense que le domaine est surpeuplé. Il y a trop de gens, trop d’ organisations impliquées dans ce domaine. En plus de cette surpopulation, la question de la réconciliation nationale elle-même est fortement politisé, ce qui signifie que certaines personnes et organisations qui sont impliqués dans ce domaine utilisent la réconciliation nationale comme un outil politique, ou veulent tout simplement récolter des avantages personnels.

Nary Ravonjy: Alors, quelles sont les conséquences de la “surpopulation” de ce domaine?

Pr Ratsimbaharison: La surpopulation du domaine de la réconciliation nationale n’est pas unique à Madagascar. Il arrive aussi dans de nombreux pays africains, à chaque fois qu'il est un conflit, et une réconciliation nationale à faire. De ce fait, il existe de nombreuses études sur ce phénomène et ses conséquences. Selon la plupart de ces études, la principale conséquence de la surpopulation du domaine de la réconciliation nationale est l'inefficacité. On ne peut s’attendre à aucun résultat positif quand trop de gens et d'organisations essaient de faire la même chose en même temps. Dans le cas de Madagascar, en plus de la FFKM, qui est traditionnellement le principal agent de la réconciliation nationale, nous avons la FFM, qui a été imposé par la communauté internationale. De plus, il existe de nombreuses autres personnes et organisations qui sont actuellement en concurrence avec ces deux entités, y compris le président Hery Rajaonarimampianina lui-même, qui a déclaré qu'il allait faire de la réconciliation nationale l'un de ses principaux programmes politiques.

Nary Ravonjy: Et quelles sont les conséquences de la “politisation” de la réconciliation nationale?

Pr Ratsimbaharison: Lorsque la réconciliation nationale est politisée, elle devient un outil politique pour les personnes et organisations qui sont impliquées dans le processus. Par conséquent, les objectifs de la réconciliation nationale sont en train de changer. Ainsi, au lieu de véritablement réconcilier ceux qui ont besoin d'être réconciliés, certaines personnes et organisations qui sont impliquées dans la réconciliation nationale veulent tout simplement marquer des points politiques, ou raffermir leur pouvoir politique. Certaines d'entre eux veulent juste profiter de l’argent et du prestige d'être nommés ou auto-proclamés “réconciliateurs nationaux,” sans faire quelque chose qui pourrait conduire à une véritable réconciliation nationale. On peut se référer ici au cas du Pr Albert Zafy qui était peut-être le premier à politiser la question de la réconciliation nationale, en faisant de la réconciliation nationale son cheval de bataille politique après la crise de 2001 et 2002. Je pense qu'il a juste utilisé la réconciliation nationale comme un outil politique contre le régime de Marc Ravalomanana.

Nary Ravonjy: Quelles solutions proposez-vous pour résoudre ces problèmes?

Pr Ratsimbaharison: Comme dans le cas de nombreux pays africains, il est nécessaire de coordonner les efforts de la réconciliation nationale ici à Madagascar. Nous ne pouvons pas tout simplement continuer à faire la même chose (c'est-à-dire, avoir de nombreuses personnes et organisations faire la même chose en même temps), et s'attendre à un résultat positif. Vous pouvez appeler cette coordination une “réconciliation de tous les réconciliateurs (ou médiateurs),” parce que la plupart d'entre eux ont aussi besoin de se réconcilier avec d’autres entités. Une fois cette coordination est achevée, nous pouvons espérer que les personnes ou organisations les plus qualifiées auront finalement la tâche de conduire la vraie réconciliation nationale. S'il arrive qu'il n'y a aucune personne ou organisation qualifiée ici à Madagascar, nous ne devons pas avoir honte de chercher l'aide de personnes ou organisations à l'extérieur du pays qui peuvent vraiment faire le travail de réconciliation nationale. Et je tiens à souligner ici le fait que l'un des préalables au succès d’une médiation et d’une réconciliation nationale (qui en est une extension) est que le médiateur (ou réconciliateur) soit accepté et respecté par les parties à se réconcilier. Il ne sert à rien d’avoir un médiateur (ou soit-disant “réconciliateur”) qui n’est pas accepté et respecté par les parties en conflit.

Nary Ravonjy: Avez-vous une autre suggestion?

Pr Ratsimbaharison: Le travail de médiation et de réconciliation est une tâche très difficile. Il nécessite une formation spéciale et beaucoup d’expériences en la matière. Ce n’est pas n’importe quel individu qui veut faire de la médiation ou de la réconciliation qui peut faire ce travail avec succès. Ce que je vois jusqu'à présent à Madagascar c’est trop d’amateurisme, et trop de jeu politique politicienne d’une soit-disante “réconciliation nationale.” Alors ma dernière suggestion serait d'obtenir de vrais professionnels de la médiation ou de réconciliation pour faire ce travail efficacement. Et arrêter la politisation et l’implication des soit-disants “réconcilateurs” qui ne peuvent même pas identifier et parler avec les parties à réconcilier! Il est ainsi stupéfiant de voir ces soi-disants “réconciliateurs nationaux” qui n’ont jamais parlé avec Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, les deux principaux protagonistes de la dernière crise politique, et qui ont besoin d’être réconciliés avant tout le monde !

(*) Cette interview a été publiée pour la première fois en anglais dans Midi-Madagasikara, No. 9394, du Jeudi 17 Juillet 2014, p. 10, sous le titre de: “The politics of national reconciliation: An interview with Professor Adrien Michel Ratsimbaharison.” (Traduction: Adrien Michel Ratsimbaharison)

Mis à jour ( Lundi, 11 Août 2014 08:38 )  
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