DISCOURS D’OUVERTURE DU PRÉSIDENT DE LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES, HONORABLE JUGE SYLVAIN ORÉ, A L’OCCASION DU SÉMINAIRE DE FORMATION DES ORGANES DE PRESSE À L’INTENTION DES RÉDACTEURS EN CHEF ET DES JOURNALISTES PRINCIPAUX DE L’AFRIQUE AUSTRALE, OCCIDENTALE, CENTRALE ET DU NORD
Mount Meru Hotel, Arusha Tanzanie
08 Septembre 2016
Mesdames et messieurs les rédacteurs en chef et journalistes principaux,
Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir honoré notre invitation à ce séminaire de formation des médias.
Votre seule présence à ce séminaire organisé à Arusha témoigne de votre engagement à promouvoir les droits de l’homme en Afrique et surtout le travail abattu par la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui, dans une très grande mesure, est peu connu sur notre continent et par nos populations.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Si j’ai décidé vous réserver ce premier discours après mon élection en tant que Président de la Cour parce que je suis convaincu du rôle important que les journalistes et les organes de presse jouent en matière de protection des droits de l’homme.
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Nous avons des souvenirs très forts de la façon dont la presse a dénoncé les violations des droits de l'homme et a permis à plusieurs voix de se faire entendre dans le débat public. C’est donc à juste titre que les organes de presse sont considérés comme le quatrième pouvoir.
Toutefois, le pouvoir de la presse peut également être utilisé à mauvais escient au point de saper ou de compromettre le fonctionnement même de la démocratie.
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Il arrive aussi que les organes de presse portent inutilement et injustement atteinte à la vie privée et à l'intégrité de personnes ordinaires par pure négligence et sensationnalisme et causent ainsi des dommages considérables à des individus – sans raison valable.
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Il est évident que la liberté d'expression – bien qu’étant un droit fondamental de l’homme à part entière – n’est pas sans limites. Je suis convaincu que, grâce au respect de la déontologie et au professionnalisme dans l’exercice de votre métier de journaliste, vous pouvez contribuer à l’édification d’une meilleure société.
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L’article 9 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples dispose clairement que toute personne a le droit à l’information.
En effet, les populations africaines ont besoin d’être informés des droits inscrits dans la constitution de leurs pays respectifs et de la manière d’en jouir. La réclamation de ces droits ne devrait être considérée à tort comme subversive ou contre-productive. Bien au contraire, la jouissance de ces droits doit nous permettre d’assurer un avenir meilleur pour nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants.
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Je tiens donc à exhorter les journalistes et les organes de presses de créer un environnement propice pour l’installation d’une confiance mutuelle entre eux et le grand public ainsi que pour la promotion dans une large mesure des organes de presse indépendants respectueux de la déontologie dans l’exercice de la profession de journaliste.
Chers amis journalistes et collègues,
Je ne saurais conclure mon propos sans remercier les organisateurs de ce très important séminaire de formation, ainsi que les facilitateurs et l’Agence allemande de coopération (GIZ).
Je souhaite que vos travaux seront très fructueux et qu’à l’issue de la formation vous adopter un plan d’action pour que la Cour africaine soit plus visible et mieux connue.
Je vous remercie une fois encore d’avoir honoré notre invitation.
Le Juge Sylvain Oré est originaire de Côte d’Ivoire. Il a été élu Juge à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples en 2010. Il a été réélu à l’unanimité, le 07 septembre 2016 pour un mandat de deux ans, renouvelable une fois.
Il est Avocat au Barreau de Côte d’Ivoire depuis 1998.
Il est titulaire d’une Maîtrise en droit et d’un Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA) de l’Université d’Abidjan–Cocody. Il détient également un Diplôme d’Études supérieures spécialisées (DESS) en droits de l’homme délivré par l’Institut de la dignité et des droits humains du Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (Abidjan, Côte d’Ivoire).
Il a reçu une formation de haut niveau dans le domaine du contentieux des droits de l’homme à la Cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Abuja, Nigeria). Il a également suivi des études approfondies en droit international et droit comparé des droits de l’homme à l’Institut international des droits de l’homme (Strasbourg, France).
Il a été lauréat du concours d’éloquence des Avocats, organisé par le Barreau de Côte d’Ivoire en 2001 et s’est vu décerner le prestigieux titre de « Secrétaire de Conférence ».
Juge Oré est l’auteur d’un mémoire de spécialisation de troisième cycle universitaire sur « La protection des droits de l’homme par la Cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».
Dossier de Jeannot Ramambazafy
Source : Cour africaine des droits de l’Homme