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Madagascar. La facticité d’un régime de leurres, rétrograde et dangereux

En fait, pourquoi nous étonnons-nous encore devant le comportement d’un président de la république qui n’a jamais eu l’étoffe d’un chef d’État ? Tout simplement parce que l’être humain cherche toujours à comprendre. Ainsi, la compréhension des faits constituera toujours, à côté du rire, le propre de l’Homme en général. C’est aussi cela la vie en société, les gars ! Mais à propos du « sujet » qui nous intéresse, le rire jaune est de mise, tellement il a trompé son monde et s’est fait des ennemis partout, à commencer par ses compatriotes qu’il a saoulé de promesses d’ivrogne. « On le sait depuis belle lurette ! », rétorquerez-vous. « On veut du neuf, Jeannot ! ». Oui, mais reconnaissez qu’à mesure que le temps passe, il devient de plus en plus difficile d’innover sur les idioties du régime Hvm tellement elles reviennent en boucle, calquées sur ce qui s’est déjà produit il y a trente ans et plus.


En tout cas, on ne peut pas être en panne d’inspiration sur ce cas rajaonarimampien devenu pathologique (anormal, maladif) dans sa pratique de la gouvernance par la corruption. Celle-ci ne concerne pas uniquement l’argent. Il y a la corruption de l’esprit de personnages avec ou sans envergure mais serviles (qui servent des créatures veules et viles) et la corruption des textes et lois en vigueur. Et c’est ce système qui a amené Madagascar à devenir le 5è pays le plus pauvre du monde en quatre années et demi. Un record du genre avec trois Premiers ministres nommés sans tenir compte du prescrit constitutionnel. Et c’est bien ce régime lui-même qui me donne des munitions pour lui tirer dessus.

Hery Vaovao félicitant celui qu'il a fait prince et qui le sauvera maintes fois en violant la constitution par des décisions politiques qui finiront par l'engloutir dans la fosse de l'opprobre où il a déjà un pied bien engagé.

En fait, le premier responsable de cette situation, demeure -je persiste et je signe- le co-fondateur de l’entité SeFaFi (Observatoire de la vie publique), professeur constitutionnaliste mais non magistrat, Jean Eric Rakotoarisoa. Nommé par le président Hery Vaovao puis «élu» par ses pairs, il aura vite fait de détruire irrémédiablement l’Etat de droit à Madagascar pour en faire un état sauvage où l’argent est devenu Tsar (ironiquement de manière phonétique, en malgache « tsara » veut dire bien).

Et c’est ainsi qu’une entité qui n’avait même pas de députés candidats aux élections législatives du 20 décembre 2013 (en même temps que le second tour de la présidentielle), possède, désormais, son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Je veux parler du parti Hvm (« Hery vaovao ho an’i Madagascar »), parti qui n’a été officiellement créé qu’en mai… 2014. Par la suite, Jean Eric Rakotoarisoa a balayé le mandat impératif inscrit dans la constitution, avec des tas de « considérant que » sidérants ! Personne n’a rien dit, surtout pas ses pairs du SeFaFi, parce qu’il « fallait laisser le président travailler »… Et il a si bien travaillé son mode de gouvernance qu’en 2015, sous le coup d’une déchéance pour, entre autres, la non mise en place de la Haute cour de justice (HCJ), il a été sauvé par un « accord politique » artificiellement créé par le même Jean Eric Rakotoarisoa. Et tant pis pour le peuple si cet accord politique n’a jamais été mis en pratique, comme n‘a pas été effectuée la nomination d’un chef de parti d’opposition en tant que vice-président de l’Assemblée nationale. Ceci est également prescrit par la constitution. La place est désespérément vide en ce mois de mai 2018 qui touche à sa fin et, officiellement, il n’y a pas d’opposants à Madagascar.

Il y a une constance dans la bêtise pour tous les présidents qui s’agrippent à leur chaise. Absurdité générée, en réalité, par une cour qui, s’étant tout permis pour réaliser un enrichissement personnel effarant, se persuade que la vapeur peut être inversée. Aujourd’hui samedi 26 mai 2018, le régime Hvm n’a rien trouvé de mieux que de se sentir obligé de payer des pauvres gens pour remplir le Coliseum d’Antsonjombe. Bien évidemment qu’il sera plein mais cela n’aura aucun impact dans la suite des évènements, malgré la diffusion en direct de ce non-évènement sur les chaines publiques Tvm et Rnm pour tromper les Malgaches des régions. Eh les gars : Internet, les téléphones portables et les vidéos en temps réel n’ont pas été créés pour les chiens ! Mais il y a déjà eu un antécédent de ce sursaut de désespoir d’un régime en fin de parcours, comme tous les précédents régimes malgaches.


Le 11 décembre 2007, la veille de l’élection du maire de la ville d’Antananarivo, le parti Tim (« Tiako i Madagasikara »), fondé par Marc Ravalomanana, avait amené des gens de tous les villages environnant de la Capitale pour remplir le stade municipal de Mahamasina afin de supporter son candidat, Hery Rafalimanana. A l’époque, le Coliseum n’existait pas encore. Pour se donner plus de « chance », ce parti au pouvoir avait interdit aux transporteurs en commun reliant Antsonjombe d’y emmener des passagers. Il faut se rappeler que le candidat Andry Rajoelina y avait organisé son dernier meeting (« fara-doboka »). La majorité des Antananariviens y étaient venus à pieds. Pour en revenir au parti Tim, ce 11 décembre-là, le stade de Mahamasina fut blanc de monde (oui, on dit noir de monde mais tout le monde était habillé de blanc). A ce moment-là, à la vue de cette foule immense -sur les gradins, dans les tribunes et sur le terrain proprement dit-, les carottes semblaient être cuites pour le jeune Andry Tgv.

En matière d’inauguration à caractère politique, il faut aussi se rappeler du 26 novembre 2007. Ce jour-là, lors de l’inauguration de la gare routière d’Ampasampito, c’est le président de la république, Marc Ravalomanana en personne, qui était au côté du candidat Hery Rafalimanana qu’il avait nommé Pds (Président de délégation spécial, plus simplement maire par intérim) en remplacement de Patrick Ramiaramanana nommé, lui, ministre des sports. Ainsi donc, à ce ryhtme, Andry Tgv n’avait plus qu’à se rhabiller. Et ben non : malgré l’utilisation de tout l’appareil administratif –agrémentée de menaces d’affectation- et de toute la puissance publique, Andry Rajoelina a été élu Maire de la ville d’Antananarivo, avec 63,27% des suffrages exprimés, le jour des 58 ans de Marc Ravalomanana (né le 12 décembre 1949). Ainsi donc, le nombre de personnes qui seront présentes au Coliseum aujourd’hui, ne saurait -et ne sera- jamais être un indice de popularité.


En passant (comme un passant qui passe parlant du passé -cela s’appelle allitération, les gars !), à propos de Hery Rafalimanana, candidat perdant à la mairie d’Antananarivo en 2007, c’est sur lui, encore, que le Hvm a misé pour le même poste en 2015. Il a encore perdu. Jamais deux sans trois et la prochaine sera la bonne ? En tout cas, il apparait que les loosers qui se ressemblent se sont assemblés. Non ?

Pour en revenir au Coliseum de ce jour, ces Malgaches sont là parce qu’ils ont été obligés d’une manière ou d’une autre. Dans mon propre quartier -zone rouge de la pauvreté-, depuis jeudi dernier, des individus abordent les riverains pour leur faire miroiter de 5.000 à 10.000 ariary à récupérer une fois au Coliseum aujourd’hui. Auront-ils, enfin, la somme complète promise ? On verra. De l’autre côté, les 192 chefs de quartiers («Sefo fokontany ») formant la ville d’Antananarivo, ont été sommés d’amener au moins 100 personnes chacun, sous peine de déchéance. Rappelons que ces «Sefo Fokontany» sont nommés et non élus. Ne parlons pas d’autres personnes qui ont été transportées de loin… Et dans les ministères comme celui des Postes et Télécommunications (pour ne prendre que cet exemple), les fonctionnaires sont obligés d’être présents au risque d’être révoqués. Alors, bien sûr que le Coliseum sera plein, surtout qu’il y aura plein d’artistes pour un spectacle gratuit mais au cachet « exceptionnel » pour ces artistes à qui nous ne jetterons jamais la première pierre, n’est-ce pas ?

Selon les informations recueillies, le régime Hvm a prévu 10 milliards (ariary ou fmg, c’est déjà une somme énorme dans cet océan de toutes les pauvretés), pour ce «rapport de force» (dixit le Hvm) au Coliseum. Pourquoi lésiner sur les moyens en effet ? Mais il faut savoir que cet argent n’est rien d’autre que les anciens billets de 10.000 ariary (créés par Marc Ravalomanana alors président) qui devraient être brûlés au fur et à mesure depuis bien un an déjà. En effet, les nouveaux billets ont été émis à partir du 17 juillet 2017. Ce qui signifie qu’à Madagascar, de nos jours, les échanges commerciaux en espèces se font avec deux sortes de billets différents et, forcément, l’une n’est plus qu’une monnaie de singe qui n’a plus guère de valeur réelle, dès lors. Par ailleurs, c’est avec cet argent que le premier cercle du couple Hery sy Voahangy Mivady sont milliardaires. Ils n’auront jamais le temps de les échanger contre des euros ou des dollars, à moins de mettre à sec les devises de la Banque centrale. Cela a déjà eu lieu à Manakara en 2007 encore, avec un certain Louis Ranjeva, jamais appréhendé jusqu’à présent. En fait, ce Ranjeva-là a réussi à détourner la somme de 12,6 milliards d’ariary entre 2005 et 2007. Il a donc pu les échanger en une monnaie étrangère, ayant été directeur de cette Banque centrale. A croire que le crime paie…

Mais le danger de ce rendez-vous à Antsonjombe, pour l’État de droit (encore et toujours plus), repose sur ce qui va se passer dans la tête du filoha Hery qui n’a plus rien à perdre (car il a déjà perdu la tête). En effet, à la vue de tout ce monde, dont la majorité n’a toujours pas compris le pourquoi de ce spectacle gratuit, Hery Vaovao va se persuader qu’il est adoré sinon chéri par les 24 millions de Malgaches. Merci aux médiaboliques de ce week-end de Fête des Mères 2018. Du coup, il va promulguer la loi instituant une Haute Cour de Justice (HCJ) à sa sauce. Jean Eric Rakotoarisoa, bien qu’en parfaite connaissance de la non-rétroactivité de la loi, trouvera encore et toujours un artifice pour faire en sorte que cette HCJ soit « conforme à la constitution ».

Et attention car ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. En effet, il est très fort à craindre que ce Jean Eric Rakotoarisoa va tenter une sortie en beauté du diable. Car, dès la promulgation de son existence officielle, il est plus que probable que cette HCJ, attendue depuis 2015, va déclarer que la HCC n’est pas compétente pour recevoir les «requêtes aux fins de déchéance de sieur Hery Martial Rajaonarimampianina, Président de la République» déposées les 17 et 25 mai 2018. Que va-t-il se passer lorsque le pays arrivera à ce stade-là ?

Je ne réponds plus de rien, surtout après avoir lu l’interview publiée par prestigieux magazine français « Paris Match » (né en 1949 comme Marc Ravalomanana), le 24 mai 2018. Hugues Ratsiferana, incontournable cheville ouvrière («vy nahitana») de ce publi-reportage qui ne dit pas son nom, a dû utiliser les euros des pourcentages des infrastructures inachevées du Sommet de la Francophonie. Ce ne sera qu’une pure perte d’argent donc pure perte de temps qui n’effacera jamais les crimes commis. En 1991, Didier Ratsiraka a effectué la même démarche à partir du même palais d’Iavoloha, à travers divers médias étrangers de renom. Mais mépriser les journalistes malgaches ne l’a pas empêché de perdre son « match » et de s’enfuir pour se réfugier, une première fois, en banlieue parisienne. Et l’on se rappellera longtemps du poids des mots choquant du filoha Hery répondant aux questions de François de Labarre, envoyé spécial à Antananarivo, plus exactement au palais d’Iavoloha en banlieue, loin de la place du 13-Mai.

La question que je me pose, depuis quelques temps est celle-ci : avec tous les ennemis qu’il s’est fait, Hery Rajaonarimampianina aura-t-il le temps de quitter le pays (comme Ratsiraka et comme Ravalomanana), malgré la monnaie de singe qu’il ne manquera pas de jeter par la fenêtre de son 4X4 à deux milliards ?... Qui vivra verra et bonne Fête à toutes les Mamans, en attendant ! Mais si jamais Jean Eric Rakotoarisoa a un dernier sursaut d’orgueil (en mémoire à Isabelle sa maman à lui), ça va être la fête à Hery sy Voahangy Mivady !

Jeannot Ramambazafy – article également publié dans « La Gazette de la Grande île » du samedi 26 mai 2018


NOTE : au moment où cet article a été publié, la HCC a publié, elle, la décision n°18-HCC/D3 du 25 mai 2018 Relative à une requête en déchéance du Président de la République Hery RAJAONARIMAMPIANINA

Celle-ci n’est autre qu’une feuille de route déguisée. Cette démarche entre-t-elle dans les attributions de la HCC ? Ce qui est sûr c’est que la situation n’en restera pas là. Jean Eric Rakotoarisoa et ses pairs ne peuvent pas être constamment au-dessus des lois tout de même ! Qu’est-ce qui leur permet de faire la pluie et le beau temps pour faire perdurer un président qui a démontré ses limites il y a plus de quatre ans, immédiatement après son plagiat sur Nicolas Sarkozy ? Ce qui fait que l’article ci-dessus ne perd en rien de sa pertinence et de son niveau d’actualité permanent.

Mis à jour ( Dimanche, 27 Mai 2018 04:03 )  
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