Alors que le peuple malgache survit, que les politiciens se laissent mener en bateau par un commandant de bord incompétent, que l’équipage passe de bâbord à tribord sans direction précise, selon l’illumination des désespérés, des affaires inimaginables se réalisent pour combler un vide financier flagrant. Ce, dans le domaine rizicole, avec des arguments tellement contradictoires qu’on se demande si tous ces pieds nickelés ont suivi des études un jour. Place à une histoire de riz incroyable mais vraie de la part des dirigeants d’un pays mondialement connu pour être pauvre, mais qui usent et abusent de l’orgueil mal placé des mendiants pour s’avilir encore plus.
Conseil du Gouvernement
Palais d’Etat de Mahazoarivo
Un Conseil du Gouvernement s’est tenu ce Mardi 15 septembre 2015 à partir de 9h00 au Palais d’Etat de Mahazoarivo.
Au titre du Ministère du Commerce et de la Consommation
Adoption du projet de décret autorisant la Société LAFAZA TRADING COMPANY sise à Toamasina à exporter du riz « Dista bio » à destination des Etats-Unis d’Amérique.
On a constaté une flambée des cours mondiaux du riz avant 2011. Ce spectre de pénuries du riz provoquant des paniques dans plusieurs pays consommateurs a amené certains pays exportateurs tels l’Inde, le Vietnam, le Cambodge et l’Egypte à cesser l’exportation du riz.
Pour garder la stabilité du marché du riz à Madagascar, le Gouvernement de Transition a pris le Décret n°2011-122 du 07 mars 2011 pour suspendre l’exportation du riz.
Le conseil du Gouvernement de ce mardi 15 septembre 2015 autorise la «Société LAFAZA TRADING COMPANY» sise à Toamasina, d’exporter trois cent trente (330) tonnes de riz dit «Dista bio» à destination des Etats-Unis d’Amérique. L’autorisation est délivrée à titre exceptionnel et révocable, et cesse de plein droit dès que la quantité autorisée est atteinte.
Ce que ce communiqué ne précise pas, pour charger le régime de transition, est ceci :
L’exportation de riz dista (« rojomena ») avait été suspendue par le gouvernement malgache en 2008, à cause de la crise alimentaire mondiale. En mars 2011, le régime de transition a poursuivi cette suspension, étant donné que la production locale ne couvrait même pas la consommation interne. Puis, en 2012, un décret ministériel a autorisé deux coopératives à exporter ce type de riz: la coopérative de production Koloharena Ivolomiarina d'Amparafaravola, et la société SIGMA d’Antananarivo. Koloharena Ivolomiarina a été autorisée à exporter 20 tonnes de ce riz à destination des Etats-Unis et SIGMA 50 tonnes vers la France.
Par ailleurs, depuis quand cette société Lafaza fait-elle du commerce dans la filière rizicole? Ce n’est inscrit nulle part. Mais ce régime est aussi champion des documents officiels anti-datés. Pour l’heure, connaissez un peu cette société qui a eu le « privilège » d’exporter, « à titre exceptionnel », 330 tonnes de riz dista bio.
Lafaza Trading Company SARL est basé à Tamatave, Madagascar. Créée en 2006, elle est spécialisée dans la vanille et fournit des gousses d'exportation, des extraits de vanille, de la poudre de vanille et des clous de girofle entiers à des acheteurs dans le monde entier.
Lafaza Trading Company SARL reçoit l’appui des programmes « Swedish Innovations Against Poverty Grant Program », «PEP Export Program in Madagascar » de la SFI, du PNUD et « Conservation International's Verde Ventures Program ».
Pour avoir une idée des prix, une fois la vanille vendue aux U.S.A.
LAFAZA offre aussi les expéditions FOB ("Free on board") d'exportation de gousses de vanille toutes catégories) et d'autres épices et poudre d’épices de Madagascar à partir du port de Tamatave. Nombre du personnel : entre 16 et 25 personnes.
J’ai suivi des études de droit et feu Me Jacques Sylla était notre professeur de droit commercial au début des années 1970. Jamais il n’aurait permis ce genre de « commerce ».
L’activité principale de Lafaza Trading Company SARL est claire: tout ce qui entoure la vanille sa commercialisation. Rien à voir avec la riziculture. Pourtant… En matière de droit commercial, cependant, ce revirement subi (appelé "extension d'activités" par euphémisme), officialisé par le régime Rajaonarimampianina, est susceptible de sanction(s).
Loi n° 99 - 025 du 19 août 1999 relative à la transparence des entreprises (J.O. n° 2595 du 30/08/99, p.2006 - 2010, éd° spéciale)
Fausses déclarations
Quiconque donne sciemment des indications inexactes ou incomplètes en vue d'une immatriculation, d'une radiation ou d'une mention complémentaire ou rectificative est puni d'une amende de 500.000 à 5.000.000 FMG et, en cas de récidive, d'une amende de un million (1.000.000) à dix millions de FMG et, en cas de récidive, d'une amende de dix millions (10.000.000) à vingt cinq millions (25.000.000) de FMG
Pour avoir une idée du prix du riz rouge malgache vendu hors du pays: 2,5 euros les 500 gr et 4,8 euros le kilo. Cela s'appelle se sucrer sur le dos des paysans malgaches, ceux qui triment le plus sous le soleil ou sous la pluie, pour n'avoir que des clopinettes
A quel moment Lafaza a-t-elle procédé à une "extension" de ses activités initiales? Par ailleurs, en officialisant ce genre de démarche, le régime Rajaonarimampianina tue également les coopératives paysannes, mises sur pied au début de l’an 2000, et instaure le capitalisme sauvage de la loi du plus fort. Enfin, à quel moment ce genre de transaction sera-t-elle bénéficiaire au peuple malgache, vrai propriétaire des terrains de culture ? Ou bien c’est çà l’image du « Madagascar, grenier de l’océan Indien » façon Rajaonarimampianina ?
Et encore une fois, personne ne dit rien devant cet énième fait accompli qui ruine le pays et méprise les efforts des sociétés locales malgaches.
Ci-après un article assez révélateur datant de 2012, à propos du riz dista et dans lequel le nom de Lafaza Trading Company SARL n’est cité nulle part.
Vary dista ou riz rose: Plus demandé sur le marché extérieur
La Grande Ile dispose de plus de mille variétés de riz (Oryza sativa), dont les plus connus sont les « vary lava », « vary morona », « vary lamba », etc. Mais, le pays dispose d’autres variétés très prisées non seulement sur le marché local mais également à l’étranger. Il s’agit du « vary dista » ou riz rose. En fait, cette variété est spécifique dans la région Alaotra Mangoro, plus précisément à Amparafaravola.
Depuis une dizaine d’années de sa découverte, cette variété est très demandée par les marchés internationaux, notamment aux Etats-Unis. «D’où la naissance de la coopérative Koloharena Ivolamiarina en 2003 pour développer le vary dista afin de satisfaire les commandes. En fait, depuis quelques années, les Américains sont les premiers consommateurs de cette variété. Avec l’aide des organismes locaux et étrangers (Usaid, Fofifa, Cirad…), la coopérative a commencé à exporter le riz de variété Dista à partir de 2007», a précisé Heriniaina Rasoamiaramanana, président de coopérative. Les membres issus de 25 associations Koloharena ont produit du riz sur 27.5 ha sur les normes européennes (CE) et américaines (NOP). « Pour diverses raisons seulement 30 tonnes de riz rose ont pu être acheminées vers les Etats-Unis sur les 102 tonnes de paddy produit », a ajouté le président.
L’insuffisance de production est due au fait que très peu d’agriculteurs entrent dans la coopérative, en valorisant l’agriculture biologique. Ce dernier s’appuie sur les ressources renouvelables dans les systèmes agricoles. Ce qui signifie que l’utilisation d'intrants chimiques et de produits de synthèse est strictement interdite. De plus, les éléments essentiels du système de production biologique sont la gestion de la fertilité des sols, l’utilisation d‘espèces et de variétés biologiques, la pratique d’une rotation pluriannuelle des cultures, le recyclage des matières organiques et les techniques culturales. Ce sont les conditions qu’il faut respecter.
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Faut-il rappeler que cette variété est presque la meilleure variété des riz. Pourtant, très peu de Malgaches le connaissent et le consomment. C’est ainsi que pour la prochaine récolte, la coopérative a décidé de faire connaître le « vary dista » sur le marché local malgré leur insuffisance de production. C’est la raison pour laquelle, des organismes locaux et étrangers essaient de sensibiliser les paysans de pratiquer l’agriculture biologique.
R.V. - La Gazette de la Grande île, Samedi, 10 Novembre 2012
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 16 septembre 2015