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François Hollande, îles malgaches. Rajaonarimampianina désavoué, bafoué

Première visite officielle en France. Aucune allusion aux îles "éparses" et silence total à la tribune de l'Onu quelques jours plus tard. La diplomatie du silence, hein?

Parallèlement aux belles palabres du président élu Hery Rajaonarimampianina, la réponse de son interlocuteur « d’en haut », ne s’est pas faite attendre. Le désavouant, le bafouant, après la gifle de la Russie. Rappels.

Le 6 novembre 2015, subitement pris d’une crise (passagère) d’apparente transparence, et pour marquer ses 57 ans, le candidat de dernière minute devenu premier président d’une IVème république de voleurs et de sales profiteurs, a déclaré pompeusement, avec une pointe d’égotisme aigüe, qu'il était patriote.


Palais d'Etat à Iavoloha, le 9 septembre 2015. Le Président de la République de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina, et Véronique Vouland-Aneini, la femme par qui le scandale est arrivé

Extraits (à partir du malgache et du français) contradictoires à l’actualité, de ses déclarations : « Tout le monde peut dire ce qu’il veut ; moi je ne parle pas avec des ambassadeurs (Ndlr : allusion à la déclaration de l’ambassadrice Véronique Vouland-Aneini, qu’il n’a pas prise en compte mais qui a mis le feu aux poudres en déclarant que ces îles étaient françaises) mais avec des présidents élus qui représentent le peuple au plus haut sommet de l’Etat dans des discussions. Moi, Rajaonarimampianina, je suis le seul à en avoir discuté, l’an dernier, avec le président François Hollande (Ndlr. Avant lui, il y avait Didier Ratsiraka dès 1973. Quel manque d’humilité!). On va mettre en place une commission pour discuter de cela (Ndrl : les îles malgaches). Si les gens parlent, en bas, moi je suis en haut.

Hôtel de ville, 7 novembre 2015. Le but n'était pas d'atteindre un nombre ni de faire une démonstration de force. Il s'agissait de répondre à l'ambassadrice française au même endroit où elle a fait sa déclaration qui a mis le feu aux poudres. Quel peuple du monde resterait les bras croisés face à ce néocolonialisme qui ne dit pas son nom, avec la complicité d'un président complètement "inoffensif"?...

Tout le monde peut parler, vous, eux. Mais revendiquer qu’elles sont à nous va-t-il régler le problème? Si vous avez des idées, des suggestions, amenez-les moi pour appuyer la diplomatie qui s’engage actuellement. Il y a des experts qui sont avec moi; des Malgaches avec qui je discute; nous écoutons aussi ceux de l’extérieur parce qu’il y a des questions de droit, de stratégie, de beaucoup d’autres choses. Nous sommes en train de faire cela. Bon, je vais prendre simplement ainsi les diverses revendications: si c’est du vrai patriotisme qui les pousse alors qu’il n’y ait pas visée politique derrière cela. Oui, on a besoin de nationalisme et moi je le suis. Mais on a besoin, et surtout aussi, de patriotisme. C’est çà qu’il nous faut aujourd’hui.

Bruxelles, avril 2014. Rencontre en marge du Sommet UE-Afrique. Une discussion çà? Plutôt des directives strictes d'un maître donné à un élève docile. Sinon, pas de... bons points. Et cette seule photo de soumission, de personnages refoulés, amène ces pseudo-patriotes à se défouler sur leur propre peuple. Voyez le gars, à la droite du président malgache. 4 mois plus tard, il fera emprisonner deux journalistes malgaches, par et pour orgueil mal placé. Car attention: il est le seul ministre "d'Etat" et chargé de projets présidentiels sans queue ni tête ni financements clairs.

L’année dernière, avec le président François Hollande, il a été convenu qu’on se réunira autour d’une table, à travers des commissions, pour discuter du dossier, pour voir les solutions, les issues dans l’intérêt de tout le monde, surtout l’intérêt de Madagascar, dans le cadre du traitement de ce dossier. Vous dites que je ne suis pas plus offensif qu’il n’en faut. Ben, je ne sais pas ce qu’il faut entendre par être offensif. Quelquefois, ne rien dire est bien plus important que de crier. Le silence est d’or, dit-on. On est dans la diplomatie. Je crois que c’est ensemble qu’on pourra trouver les solutions. Et aujourd’hui, le président a pris en mains le dossier et avant même ceux qui se disent nationalistes ». Ah bon?

L’actualité et les réalités ont démontré d’une manière éclatante que le Hery Rajaonarimampianina est un président de rien du tout, un naïf inoffensif que François Hollande a fait tourner en bourrique. Par ailleurs, qui l'a obligé, lorsqu'il était candidat, en 2013, de déclarer urbi et orbi qu'il allait se battre et « se battre dur » («Hiady mafy» ) pour la restitution de ces îles malgaches? Le Hery Vaovao n'est donc pas un homme de parole.

Un manque à gagner évident pour le peuple malgache

Si discussions il y a eu, et s’il était ce qu’il croit et prétend être toujours (en haut tandis que le reste est en bas), pourquoi les permis accordés par Ségolène Royal, ministre français de l’Environnement, en octobre 2015, à deux sociétés pour l’exploration sous Juan de Nova, n’ont-ils pas été suspendus? Madagascar a-t-il reçu une part de la grosse somme versée par ces deux sociétés? Faut-il rêver?...


Par ailleurs, au lendemain de ces belles paroles du 6 novembre 2015 à Iavoloha, la réponse de son « homologue » français ne s’était pas fait attendre: George Pau Langevin, la ministre français de l’Outre-mer avait déjà été envoyée en service commandé dans ces îles « éparses ». Nul doute qu’il s’agit de démontrer et réaffirmer au président malgache ce que l’ambassadrice avait déclaré: la souveraineté française sur ces îles, malgaches selon l’Onu depuis 1979.


Très ridicule encore, Hery Rajaonarimampianina avait parlé de recherches archéologiques dans ses palabres, sans mentionner une seconde, des recherches pétrolières. Or, des prospections, toujours en cours, confirment l’existence de richesses immenses en hydrocarbures : 6 à 12 milliards de barils de pétrole et 3 à 5 milliards de mètres cubes de gaz! D’autres recherches confirment également la présence de ressources minérales marines profondes comme des encroûtements et sulfures hydrothermaux et nodules polymétalliques.


Pour ce président vraiment pas comme les autres, les îles éparses ne sont pas une priorité. Or, il a parlé longuement de "développement économique"... Au service des ancien colons alors?

Ainsi, alors que le Hery Vaovao pratique la diplomatie du silence complice, le François Hollande, lui, ne se pas gêne pour le rabaisser à un moulin à paroles, sans plus. Quelle sera la réaction de ce président qui se dit « patriote », après la gifle qu’il a reçu de Vladimir Poutine ? Ben, il va s’écraser dans un silence… étourdissant, rester « l’inoffensif » qu’il a toujours été en matière de res publica, et, sans remords, il ira à Londres puis à Bruxelles, dépenser les deniers publics pour une simple formalité de signature de dons à l’UE. Et le XVIème Sommet de la Francophonie va se tenir dans cette atmosphère à sens unique. Un sommet de la Francolonie, oui !

En 1962, René Dumont avait écrit le livre: « L’Afrique noire est mal partie ». En 2015, sous Hery Rajaonarimampianina, Madagascar est très mal barrée.

Je lui donne, ci-après, des éléments légaux de bataille. Mais je parie tout ce que vous voulez qu'il dira attendre la 71ème session de l'Assemblée générale de l'ONU en 2016. S'il est toujours là... Et j'attends impatiemment la vision du professeur Raymond (2ème à partir de la droite sur la photo ci-dessus) qui, plus d'une décennie, était membre de la CIJ faisant partie intégrante de la Charte des Nations Unies.

La vraie carte de Madagascar que les écoliers malgaches devraient apprendre dès maintenant. On en est bien parvenus à en finir définitivement avec nos "ancêtres les Gaulois". Oui ou non? C'est une question de volonté patriotique!

CERCLE DE REFLEXION POUR L’AVENIR DE MADAGASCAR (CRAM)


POURQUOI LE PEUPLE MALAGASY DEVRA DEPOSER UNE PLAINTE A LA COUR INTERNATIONALE DE JUSTICE (CIJ)?

Madagascar, une grande île de l’Océan Indien, avec sa superficie de 590 000 km² et ses 22 millions d’habitants, est en droit de plaider sa cause auprès du Tribunal international du droit de la mer où à la Cour Internationale de Justice contre le non respect de la France des recommandations de l’ONU durant son Assemblée Générale 34/91 en décembre 1979 relatives aux modalités de restitution des 4 îles éparses, Juan de Nova, Europa, Bassas da India, et Glorieuses, sous la souveraineté de Madagascar, eu égard à la Résolution des Nations Unies 1514 du 14 décembre 1960 relative à l’octroi d’indépendance aux pays et aux peuples colonisés, suivi de respect de l’intégrité de leur territoire national, sans aucune « tentative à détruire partiellement ou totalement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un pays, incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies » (Résolution 1514 du 14 décembre 1960).

FORCING JURIDIQUE DE LA FRANCE, D’UNE MANIERE UNILATERALE, POUR S’APPROPRIER CES ILES MALGACHES

En effet, conformément à la Résolution de l’ONU 34/91 du 12 décembre 1979, la France a été « invitée à entamer sans plus tarder des négociations avec le Gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles précitées, qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ». Or, aucune action y afférente n’a été prise jusqu’à présent par la France pour entamer des négociations avec Madagascar, selon les dispositions de la Charte des Nations Unies relatives au règlement pacifique des différends, au contraire elle a conforté sa position géographique, politique et juridique dans ces îles en faisant fi des recommandations de l’ONU. Or, dans ladite Résolution, il a été expressément demandé à la France de « rapporter les mesures portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de Madagascar et de s’abstenir d’en prendre d’autres qui auraient le même effet et pourraient affecter la recherche d’une solution juste au présent différend ».

Les processus juridiques adoptés par la France pour s’approprier de ces îles malagasy se passent comme suit :

* Le Décret du 21 novembre 1924 a été pris pour le premier rattachement des îles Saint Paul et Amsterdam, l’Archipel de Kerguelen, l’Archipel de Crozet, et la Terre Adélie au Gouvernement Général de Madagascar, y compris les îles malgaches de Sainte-Marie, Nosy Be, et les îles de Mayotte et des Comores.

* La Loi n° 55-1052 du 6 août 1955 a été prise pour intégrer quelques îles de la zone de l’Océan Indien dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises ou TAAF jouissant de l’autonomie administrative et financière, les îles éparses de Madagascar non encore comprises.

* Le Décret n°60-555 du 1er avril 1960 a été fait pour soustraire d’abord les îles éparses de Madagascar avant de lui donner l’indépendance le 26 juin 1960, pour les rattacher ensuite sous l’autorité du Ministère d’Outre-mer dont le Préfet de la Réunion assure l’administration.

* Le Décret n°78-146 du 3 février 1978 a crée la Zone économique exclusive ou ZEE de la France pour 188 milles autour de ces îles éparses.

* L’Arrêté du 3 janvier 2005 a été pris pour rattacher directement l’administration de ces îles éparses par le Préfet des TAAF quand elles ont été administrées par le Préfet de la Réunion auparavant.

* La Loi n°2007-224 du 21 février 2007 a été prise pour incorporer les îles éparses (y compris Tromelin) comme faisant partie intégrante des Terres australes et antarctiques françaises pour constituer le 5ème District.

* Le Décret n°2008-919 du 11 septembre 2008 a été pris comme l’application du statut des TAAF.

En considérant toutes ces mesures juridiques prises par la France depuis 1924, 1955, 1960, 1978, 2005, 2007, et 2008 citées supra, nous sommes amenés à constater que la France a voulu intentionnellement conforté sa position de conquérante comme au beau vieux temps de la colonisation sur ces « îles malgaches » (selon le propre terme de la Résolution 34/91 de l’ONU) en foulant au pied toutes les Conventions internationales et les Résolutions des Nations Unies, en se vantant peut-être d’être une super puissance.

SOUVERAINETE MALAGASY

En effet, sur demande répétée du Gouvernement malagasy sur la souveraineté de ces 4 îles éparses (Tromelin non comprise) depuis l’année 1973, par notre ministre des Affaires étrangères de l’époque, le Capitaine de frégate Didier Ratsiraka, puis par l’introduction des requêtes à l’OUA qui a donné son aval en 1978 et 1979 ainsi qu’aux pays Non-Alignés réunis à la Havane en 1979, la 34ème Assemblée Générale des Nations Unies dans sa Résolution 34/91 du 12 décembre 1979 a déjà «invité la France à entamer des négociations avec Madagascar pour la réintégration de ces îles éparses» et surtout de «s’abstenir de prendre des mesures (entendre mesures politique, économique ou juridique) qui pourraient affecter la recherche d’une solution juste au présent différend».

Or, elle n’a rien fait pour arranger les choses jusqu’ici. Elle n’a même pas abrogé ou rectifié son Décret du 78-146 du 3 février 1978 créant sa Zone Economique exclusive de 188 milles autour de ces 5 îles éparses, dont les 4 appartenant de droit au Malagasy (si la Résolution de l’ONU et les avals de l’OUA et des pays Non-Alignés ont encore un sens pour la France), alors que la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 à Montego Bay (Jamaïque) donnant à chaque Etat côtier une ZEE de 200 milles et une limite de Plateau continental jusqu’à 350 milles devrait s’imposer à tous les 165 pays signataires, dont la France qui l’a adopté depuis le 16 avril 1996 et l’Union Européenne en 1998. Ainsi, Madagascar ne pouvait pas jouir de ses droits de la mer au-delà de 200 milles de ses côtes pour pouvoir exercer des activités de pêche dans ces îles éparses, or Juan de Nova n’est qu’à 80 milles des côtes de Madagascar, en sus de l’impossibilité d’accès à ces îles, alors que plusieurs ressources naturelles y existent et pourraient résoudre plusieurs problèmes pour notre pays, notamment la pauvreté, la corruption, le sous-développement, la malnutrition, la sécurité, le chômage…, lesquels sont, en fait, les défis communs de l’ONU et des partenaires de Madagascar.

INTERCEPTION DE CINQ NAVIRES DE PECHES PROVENANT DE MAHAJANGA
Et devant cette impossibilité d’accès et d’exercice d’exploitation d’espace marin pour Madagascar justement, 5 bateaux de pêche malagasy ont été appréhendés par la frégate « Nivôse » des Forces Armées dans la Zone sud Océan Navales (FAZSOI) qui a déployé ses trois embarcations rapides et son hélicoptère de type « Panther » dans le cadre d’une opération de police d’envergure le 29 mars 2014 suivis d’exactions qui ont engendré de morts d’hommes quand ils ont été contraints de partir après avoir été déchargés de leurs provisions, de leurs matériels de pêche avec la défection des GPS d’orientation alors que un cyclone menace ces zones à ce temps-là. Raison pour laquelle des Associations des pêcheurs et les familles des victimes se sont réunies le 20-21 juin 2014 à Mahajanga pour demander des dommages et réparations à l’autorité française, et de demander ipso facto la restitution de ces îles éparses dans la souveraineté totale de Madagascar, afin qu’il n’y ait plus ce genre de problème.

Par ailleurs, suite à cet incident grave dont nos pêcheurs ont été victimes, il a été constitué un Comité national pour la restitution des îles éparses et de la revendication du plateau continental (CNRIE-RPC) avec plusieurs personnalités politiques, économiques, sociales et des experts maritimes à sa tête, et dont plusieurs démarches ont été déjà faites au niveau national et international pour sensibiliser et mobiliser tout le monde sur le bien-fondé de la rétrocession de ces îles par l’autorité française, en tenant compte de toutes les Résolutions onusiennes et les Conventions internationales ainsi que l’incident grave qui risque de se répéter, lequel pourrait à terme nuire à la bonne entente et les liens historiques qui unissent les deux pays depuis longtemps.

Madagascar, le 12 octobre 2014
JOEL HARISON Marie René
Président du CRAM
Commentaires : Holijaona Raboana

Dossier de Jeannot Ramambazafy – 10 novembre 2015

Mis à jour ( Mardi, 10 Novembre 2015 18:57 )  
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