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Hery Rajaonarimampianina. Ni démocrate, ni patriote, ni humaniste, ni pragmatique

Hery Rajaonarimampianina. L’image même d’un homme indécis, sous influence. Ce qui le rendra plus dangereux encore dans des revirements qui augmenteront le nombre de ses détracteurs et de ses ennemis au sein de son propre cercle

Nous en sommes à la quatrième République de Madagasikara maintenant, avec Hery Rajaonarimampianina comme premier Président, après avoir passé la 1ère, la 2ème et  la 3ème République, première version, deuxième version et troisième version. Cependant, c’est l’ordre séquentiel de la République qui change mais la pratique politique des dirigeants n’a rien changé, et c’est toujours les mêmes problèmes, les mêmes crises, les mêmes réalités politiques, économiques et sociales.

La liberté et la démocratie telle que l’Occident veut les imposer à tous les pays membres de l’ONU comme valeurs universelles, n’ont servi à rien jusqu’ici dans les pays du Tiers-monde. Car, la démocratie à l’occidentale, basée sur le multipartisme, la bipolarisation politique, en partisans et opposants au régime en place, le mode électoral à 50 ou 51% de score gagnant, le système étatique à séparation de trois pouvoirs (Exécutif, Législatif, Judiciaire) copié bêtement sur les systèmes européen et américain, n’ont jamais pu développer les pays du Tiers-monde. Au contraire, cette liberté et cette démocratie mal appliquées dans tous ces pays pauvres ne leur ont jamais permis de trouver le chemin du développement ou du progrès social. D’ailleurs, aucun pays au monde n’a pu se développer dans la démocratie version moderne actuelle, car c’est devenu la pagaille politique entre politiciens, la zizanie entre les opposants et les partisans au régime. A l’époque, si démocratie signifiait effectivement pouvoir du peuple, choix du peuple, intérêt du peuple, avec le sens patriotique de tous les dirigeants en place, aujourd’hui, c’est presque l’indiscipline généralisée, l’instabilité politique, la crise à répétition, causant toujours les mêmes effets: la pauvreté et l’insécurité.  En effet, l’Europe ancienne et l’Amérique post Christophe Colomb n’ont pu se développer que grâce à la dictature des rois, puis dictature des dirigeants élus, et jamais par la liberté des citoyens. Ce n’est qu’après les embellissements progressifs du niveau de vie des gens et l’avancée technologique naissante, que les gens plus cultivés et plus instruits (les privilégiés) ont cherché d’autres choix ou d’autres modes de vie plus idéalistes, plus permissifs, plus enchantant, plus épanouissant. Ainsi, le concept de liberté, de laïcité et de droit de l’homme trouvait ses sources là-dessus.

La dictature comme mode de gouvernance

Ce n’est pas seulement la démocratie, la structure républicaine, ou la structure traditionnelle (« fokonolona »), qui constituent la seule forme du pouvoir du peuple ou choix du peuple. La dictature aussi fait partie d’un mode de gouvernance. Certes, partout dans le monde, l’histoire politique d’un pays est faite de dictature d’un tel ou tel dirigeant: roi, reine, empereur, chef d’Etat, ou président élu. Ils pourraient être des patriotes, des humanistes et des visionnaires. L’imposition du roi Charlemagne à la création des écoles pour la scolarisation des enfants a été le déclic du progrès et de l’avancée technologique et scientifique de la France médiévale. Ce n’était guère démocratique ni choix du peuple ou la priorité des gens, mais c’était quand même le facteur déclencheur de toute notre civilisation moderne actuelle.

La dictature hitlérienne (nazie) et mussolinienne (fasciste) a permis de développer l’Allemagne et l’Italie, dans les différentes phases de leur histoire, bien que ces dictatures trop rigides et cruelles aient donné une image négative de toute dictature. Or, la dictature du prolétariat de l’URSS, de la Chine, perçue comme la dictature communiste par les Européens et Américains, ont permis à ces nations communistes de se développer de manière gigantesque, face à l’hégémonie économique et militaire de l’Occident. La dictature de l’Apartheid de l’Afrique du Sud et de l’ancienne Rhodésie (Zimbabwe actuel) a aussi permis de développer ces zones d’Afrique noire, les mettant au même niveau de développement que certains pays européens ou latino-américains, bien que ce fussent des mauvais souvenirs historiques pour l’humanité. Il y avait donc des dictatures saines qui ont servi à développer certains pays dans le monde, à l’instar de la dictature molle de Tsiranana Philibert durant la 1ère République, peut-être aussi de la dictature de la Révolution ratsirakienne, s’il n’y avait pas trop d’embûches et de mauvaise gestion des responsables des entreprises socialistes encore inexpérimentés (Zeren, Zema, Hodima, Toly, Mamisoa, Lalasoa, Somacodis, Roso, Sice, Coroi, Sogedis, BNI, BFV, BTM, Sinpa, Imi, Fima, Fibata,  etc).

Des bons et des mauvais dictateurs

Il y a donc une bonne dictature et une mauvaise dictature dans le monde. A l’instar de Marc Ravalomanana qui a voulu faire sa dictature, durant 2002 à 2008, mais il a usé de sa dictature non pas pour développer le pays et le peuple (« hataoko manan-karena haingana sy hanana 4L » -je vous rendrais riche très rapidement et vous aurez tous une Renault 4), mais plutôt son patrimoine familial (Tiko, Magro, Alma, Mana, Fanampy Rice mill, MBS, Tiko Air, Abattoir, Iko, Olympiko, Classico, etc). Hery Rajaonarimampianina aussi veut user de sa dictature, en utilisant les forces militaires ou policières sur tout mouvement revendicatif ou contestataire, tout en prônant des idées chimériques comme patriotisme, réconciliation, grenier de l’Océan indien et lutte contre la corruption (« j’en ferais mon affaire personnelle »), alors que son régime même en est le champion.

Au final, Madagasikara a besoin d’un bon dictateur pour mettre de l’ordre dans le pays, pour combattre l’insécurité, la corruption, le trafic, la pauvreté, l’indiscipline, la dépravation des mœurs, et mettre le pays au même rang que les dragons du Sud-Est asiatique, lesquels sont tous dirigés par des dictateurs, des bons, et non mauvais comme le nôtre !


Antananarivo, 05 avril 2016

Mirary – L’Observateur de Madagascar

Mis à jour ( Mardi, 05 Avril 2016 05:10 )  
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