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Madagascar faux diplômes: le Pr Abel Andriantsimahavandy réagit

De faux diplômes, encore et toujours !

« Madagascar alerte! Pays en dérive à cause des faux diplômes ». Un tel titre (Madagate 23 avril 2016 -ICI-) était bien choisi car révélateur de l’ambiance délétère dans laquelle évolue un pays en cours de mutation vers « une nation d’ignorants, bêtes et méchants » pour reprendre les propres termes de Monsieur Jeannot Ramambazafy. Si l’usage de faux touchait uniquement les cils, les seins et les ongles, il n’y aurait peut-être pas eu lieu de s’alarmer outre mesure. Par contre, «l’heure est très grave pour le devenir de Madagascar », du moment qu’une telle pratique porte sur des diplômes.

En ma qualité d’ancien président de l’Université d’Antananarivo et de professeur titulaire des universités, je ne peux que m’insurger devant un pareil sacrilège, moi qui ai toujours milité pour les valeurs de vraies études et de vrais diplômes. Pour mieux éclairer la compréhension des lecteurs, je me fais un devoir d’apporter les quelques précisions suivantes concernant l’environnement des diplômes.

Les diplômes délivrés par les six universités publiques malgaches sont qualifiés de «diplômes sécurisés ». Au même titre que tout document sécurisé (billet de banque, par exemple), ils présentent en effet plusieurs niveaux de sécurisation. Pour des raisons évidentes de sécurité, vous ne m’en voudrez point (je l’espère !) de ne pas vouloir vous les énumérer. La mise en œuvre de ce « programme diplôme sécurisé » était le fruit d’une collaboration avec la mission française de coopération universitaire.

Les formulaires du diplôme sont confectionnés en France par une imprimerie dont je tairai également le nom. En bas à droite, chacun d’eux comporte un numéro unique qui obligatoirement n’est jamais dupliqué. Sur le document produit par « Monsieur Cedrick Unkwn », cette référence serait le « 231117 ». Elle permettrait de connaitre l’identité de l’université malgache à laquelle le formulaire de diplôme est attribué. Je ne saurai insister sur l’unicité du numéro susmentionné : deux diplômes différents n’ont jamais le même numéro. Pour la petite histoire, si malheureusement un diplôme comportait une erreur lors de son impression (une faute dans la typographie du nom, par exemple), il ne serait ni naturellement remis à son récipiendaire, ni détruit, mais serait conservé sous scellé dans la chambre forte du rectorat.

Un autre point ignoré par « Monsieur l’Inconnu » (comment lui en vouloir au fond ?), le numéro de l’imprimerie française est suivi d’un slash et d’un deuxième numéro. Ce dernier est également unique par diplôme, et n’est jamais dupliqué. Il intègre en lui-même de nombreuses informations dont l’identité de l’agent qui a été à l’origine de l’impression du diplôme : il ne s’agit pas d’un « employé ordinaire » mais plutôt d’un agent assermenté (avec tout ce que cela peut supposer !). Son supérieur hiérarchique direct est la seule personne de l’université à détenir la clé de la chambre forte évoquée plus haut. Ce deuxième fameux numéro serait le « 161711 » sur le document de « Monsieur l’Inconnu ».

Ainsi, vous imaginez bien, Chers lecteurs, que sur la seule base de ces deux numéros apparemment anodins il est déjà aisé de distinguer le bon grain de l’ivraie (sans jeu de mot aucun !). Le faux est alors constaté : dans ce cas d’espèce, nous faisons face non seulement à un délit universitaire mais également à une infraction pénale. Ayant subi des préjudices, l’université traduit « l’étudiant indélicat » devant le conseil de discipline qui statue par contumace pour une radiation à vie de toute activité universitaire. Se constituant partie civile, elle porte plainte devant le tribunal pour faux et usage de faux contre le pseudo étudiant au portefeuille garni mais à la tête creuse.

Pourquoi « Monsieur l’Inconnu » a-t-il caché délibérément le nom de «  l’étudiant indélicat » alors qu’il prétend jouer la carte de la transparence ? A-t-il déjà eu connaissance que celui-ci risque fort d’encourir des sanctions, et universitaires, et pénales ? Si au fond de lui-même, il sent une affaire de corruption avec « la grosse tête vide » comme corrupteur et le signataire du faux diplôme comme corrompu, il est de son devoir (non seulement de son droit) de saisir le Bianco pour que la vérité soit établie, et les faussaires et les éventuels diffamateurs punis. Enfin, si de faux billets verts circulent à travers le monde, le gouverneur de la banque fédérale américaine en serait-il l’instigateur ? Ce serait un peu aller vite en besogne : un raccourci aussi périlleux ne pourrait être que le fait d’un esprit borné.

Si je peux donner un conseil aux affairistes ignares, je leur dirais d’acheter avec leurs 600.000 Ariary des pantalons et des jeans qu’ils peuvent user sur les bancs des lycées et des universités : je reste convaincu que de cette manière ils auront une tête bien faite pour décrocher de vrais diplômes, et éviteront de faire précipiter le pays dans le gouffre de l’ignorance et de l’obscurantisme.

Ayant été dans l’enseignement supérieur depuis de nombreuses années, je connais quelques facettes du mode d’emploi des faussaires de diplômes. Nous pourrons toujours en reparler en d’autres circonstances. Avant de terminer, je rends hommages aux journalistes de Madagate pour leur souci permanent de vouloir faire éclater aux yeux du grand public toutes formes d’injustice.

 

 

 

 

Abel Andriantsimahavandy

Professeur Titulaire des Universités

08 mai 2016

 

Mis à jour ( Lundi, 09 Mai 2016 05:33 )  
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