Discours intégral de SEM Andry Rajoelina, Président de la République de Madagascar
18ème Conférence générale de l'ONUDI
Abu habi, Emirates Palace Hôtel, le 3 Novembre 2019
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Monsieur le Directeur Général de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI)
Mesdames et Messieurs les chefs d’États et de gouvernements,
Messieurs les chefs de délégations et représentants d’institutions,
Honorables invités, chers participants,
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Avant toutes choses, je voudrais vous exprimer ma profonde et sincère gratitude pour l’accueil chaleureux dont moi-même et ma délégation avons fait l’objet depuis notre arrivée à Abu Dhabi. Cela fait preuve de la légendaire hospitalité arabe et traduit toute l’estime que vous portez à l’égard de mon pays.
C’est un plaisir d’être parmi vous à l’occasion de cette 18ème Conférence Générale de l’ONUDI tenue sous le thème de « L’industrie, de l’innovation pour transformer notre avenir ».
Cette réunion de haut niveau nous offre l'opportunité de faire le bilan des progrès effectués en matière d’industrialisation mais aussi de relever les nombreux défis à venir.
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Chère assemblée,
Dans le cadre de cette 18ème Conférence Générale, Madagascar va signer le tout premier « Programme Pays » de son histoire avec l’ONUDI. C’est un signe de soutien fort en notre plan d’actions pour rattraper notre retard de développement. Ce « Programme Pays » s’aligne avec la Politique Générale de l’État qui résulte des Velirano, serment en Malagasy, que j’ai fait auprès de mes compatriotes.
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Mesdames et Messieurs,
L’industrialisation fait partie des stratégies qui permettront à Madagascar d’atteindre les objectifs de l’émergence et de rejoindre le rang des pays Africains à forte croissance.
A la vue de son potentiel, l’émergence de Madagascar, au même titre que celle de l’Afrique, passe inexorablement par son industrialisation : Madagascar doit produire localement tous ce dont le pays et la population ont besoin.
Les défis auxquels Madagascar fait face sont les mêmes que ceux de nos pays frères d’Afrique. Des défis qui sont à la hauteur de notre potentiel.
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Madagascar a 5.000 km de côtes, 5 ports, 22 régions dont 13 ont des façades maritimes : nous allons faire de Madagascar une plateforme multimodale, à la fois interface dans les pays de l’océan Indien, mais aussi un point d’entrée incontournable pour le continent Africain. A ce titre, Madagascar préside le COMESA, une grande organisation fédérant 21 pays africains. La Grande Ile est déterminée à faciliter les échanges commerciaux pour industrialiser les filières prioritaires pour le développement de ses pays membres.
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En effet, pensez-vous qu’il est normal et acceptable que 50% des gisements mondiaux d’or se trouvent sur le continent Africain, alors que nous ne possédons aucune réserve d’or ?
Est-il normal que le continent Africain soit le premier exportateur de cacao alors que les plus grands pays producteurs de chocolat au monde ne possèdent même pas un seul tronc de cacaoyer ?
Aujourd’hui on dit que l’Afrique est riche pourtant sa population est pauvre. Cela est symptomatique d’un manque de vision et de savoir-faire auxquels nous devons remédier. Nous devons avoir une vision économique concrète, et transformer nos ressources dans nos territoires.
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Cette plus-value permettra la création de valeur ajoutée et d’empois pour la population locale. Il est grand temps de changer le cours de l’histoire. Nous nous devons d’aller dans le sens d’une industrialisation plus réfléchie. Cette ambition implique l’intégration d’une logique de gestion durable et responsable.
Concernant Madagascar, des mesures ont été prises et des actions ont été initiées pour réussir ce développement industriel et atteindre l’autosuffisance alimentaire.
• Nous allons industrialiser notre riziculture pour atteindre l’autonomie alimentaire et reconquérir les marchés internationaux. Ce secteur représente plus de deux tiers des sources des revenus de la population malagasy en employant environ 78% de la population active. Dans ce sens, l’agriculture représente le fer de lance de notre développement.
Parmi les projets figure « l’aménagement des plaines du Bas Mangoky» au Sud-Ouest de Madagascar, qui permettront d’irriguer plus de 70.000 ha de terres cultivables.
• Nous allons étendre nos surfaces cultivables de 100.000 ha en 5 ans. Notre premier objectif est de produire 500.000 tonnes de riz et redevenir le grenier à riz de l’océan Indien.
• Nous le savons tous, aucune industrialisation n’est possible sans l’accès à l’énergie suffisante et abordable. Le premier défi est de réduire les coûts de l’électricité à Madagascar.
Je me suis engagé personnellement auprès des Malagasy à raccorder et électrifier toute l’île car il est inconcevable qu’aujourd’hui que l’énergie produite à Madagascar soit la plus cher en Afrique. Elle varie de 20 à 40 centimes de dollars le KWh.
L’objectif est de produire d’avantage mais surtout plus intelligemment et durablement avec de l’énergie propre.
Depuis le début de mon mandat, nous nous sommes engagés à doubler, voire tripler, notre production énergétique – un minimum de 800 Mégawatts en 5 ans – en privilégiant les énergies renouvelables.
90% des infrastructures que nous allons développer produiront de l’énergie verte. Cela fera également l’objet d’une création de filières industrielles, de montage ou même de production d’intrants à Madagascar.
• Mon pays encourage et soutien également la recherche et le développement notamment dans le domaine de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Tout pousse à Madagascar grâce à la diversité de nos sols et de notre climat. Nous devons donc faire preuve d’ingéniosité, de créativité et d’intelligence économique pour répondre à nos propres besoins. Ainsi, le Moringa, plante aux nombreuses vertus nutritionnelles sera transformé pour lutter contre la malnutrition.
A l’heure de la compétitivité mondiale, les pays doivent se positionner sur les marchés concurrentiels et à forte valeur ajoutées.
Je suis fier de vous dire aujourd’hui que Madagascar a lancé le premier caviar Africains, et il est devenu un incontournable des grands chefs dans le monde.
Mesdames et Messieurs
L’une des plus grandes richesses du continent Africain est en notre jeunesse. On dit toujours que la jeunesse est l’avenir d’un pays. Mais que fait-on vraiment pour aider nos jeunes ?
Ils ont une idée mais n’ont pas de financement.
Ils ont des projets mais n’ont pas de formation.
Ils veulent réussir mais nous ne les accompagnons pas.
En ce qui concerne Madagascar; nous avons lancé le projet Fihariana qui signifie « prendre en main son avenir ». Il consiste à soutenir des porteurs de projet : les femmes, les jeunes, les agriculteurs, les artisans, en milieu rural ou urbain. Ce projet permettra à 50.000 jeunes d’accéder directement aux financements d’un montant de 500 dollars à 50.000 dollars. Ils pourront créer leur entreprise, se former et être autonome.
Je veux inculquer l’esprit entrepreneurial. Je veux inciter les jeunes à créer de l’emploi !
L’industrialisation de Madagascar est au premier plan de nos préoccupations. Nous veillons chaque jour à ce que cette industrialisation soit inclusive, qu’elle ait des impacts concrets dans la vie quotidienne du peuple Malagasy.
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Mesdames et Messieurs,
L’Afrique est attractive mais cela n’est pas suffisant.
Nous sommes capables de plus et de mieux. Nous devons maintenir notre cadence et perpétuer notre croissance économique.
A ce titre, les nouvelles technologies, la révolution numérique et l’intelligence artificielle constituent des leviers de croissance exponentiel. C’est une porte qui s’ouvre pour l’Afrique.
Aujourd’hui, le continent accède à des marchés plus grands et plus denses. Il facilite ses échanges avec le monde. Apparaitra de nouvelles plateformes de « e-commerce ». Cela constitue une opportunité pour les PMA d’accélérer leur développement.
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Chère assemblée,
Nous sommes ici, aux Émirats Arabe Unis, symbole de la transformation, de la modernisation.
Et qui figure aujourd’hui parmi les premières destinations mondiales.
Ce que Dubaï a pu réaliser marque l’esprit du monde entier.
Ce qui semblait être une faiblesse et une contrainte aux yeux de tous était, en fait, une source d’opportunité. A partir d’un désert… oui ! d’un désert ! en moins de 20 ans, ils ont réussi à construire un monument de l’économie moderne. Leur esprit d’avant-garde, cette imagination et cette audace inspire le monde. Ils nous montrent qu’avec de la vision, avec du travail et de la détermination tout est possible.
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J’invite ici tous les dirigeants publics et privés, les acteurs sociaux à contribuer à ce grand mouvement pour la transformation de nos économies, le bien-être et l’épanouissement de nos peuples. Et cela doit passer par un changement de mode de pensée et de méthodologie.
Sachez que pour Madagascar, le leadership et la vision qui faisaient tant défaut à notre belle nation sont désormais présente et en action. Madagascar se redressera et deviendra un modèle de développement économique en Afrique.
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Mes chers amis,
Travaillons plus et travaillons mieux pour éliminer la pauvreté dans nos pays et réduire les inégalités.
Les générations futures comptent sur nous.
Andry Rajoelina
Président de la République de Madagascar