Le Président malagasy, Andry Rajoelina, et la Présidente tanzanienne, Samia Suhulu Hassan
Dans le cadre du Sommet de l’Énergie Mission 300, qui a eu lieu les 27 et 28 janvier 2025, à Dar es Salaam, en République unie de Tanzanie, -sur le thème « Fournir une énergie fiable, abordable, durable et propre pour tous en Afrique », le Président de Madagascar, Andry Rajoelina, comme d’autres représentants de pays africains, a saisi l’occasion pour livrer les grandes lignes du “Pacte national énergétique de Madagascar”, aligné sur l'Objectif de Développement Durable 7 (ODD7) des Nations Unies.
Le Président Andry Rajoelina : « Une Afrique prospère et souveraine repose sur notre capacité à agir ensemble pour construire un avenir énergétique durable »
Cette présentation a eu lieu avant la signature du document dit “Déclaration de l’Énergie de Dar es Salaam”, par les représentants de la Côte d’Ivoire, du Liberia, du Malawi, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, de la Tanzanie, du Tchad, de la Zambie et, bien sûr, de Madagascar. L’objectif commun étant “la fourniture de l’électricité à 300 millions de personnes sur le continent d’ici 2030”.
Si la “Déclaration de l’Énergie de Dar es Salaam” est surtout un engagement politique axé sur la promotion de l’adoption de politiques transitoires vers des énergies plus durables, le “Pacte énergétique national”, lui, définit des objectifs spécifiques avec des indicateurs de performance propres à chaque pays.
Lors de ce “ Sommet de l’Énergie Mission 300 ”, les partenaires financiers se sont engagés pour un appui dépassant les 50 milliards USD, afin d’augmenter l'accès à l'énergie sur l'ensemble de l'Afrique. Leur déclaration commune sera présentée lors du prochain Sommet de l'Union africaine pour approbation, en février 2025.
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Madagate vous présente ce document en profondeur, noir sur blanc. Car, comme il est universellement connu : “Les paroles s’envolent, les écrits restent ”.
Selon ce Pacte national énergétique, Madagascar a besoin d’un investissement de 7,2 milliards de dollars pour atteindre ses objectifs de production d’énergie renouvelable d’ici 2030. De quoi s’agit-il exactement ?
En vérité, c’est effectivement “un programme ambitieux”. C’est ce qui est indiqué dans le préambule du " Pacte national énergétique de Madagascar ". Un document présenté publiquement, donc, le 28 janvier 2025, lors du Sommet africain de l’énergie, qui s’est tenu à Dar es Salaam, en Tanzanie.
Préambule
Le Pacte Énergétique National de Madagascar, aligné sur l'Objectif de Développement Durable 7 (ODD7) des Nations Unies, sert de feuille de route pour accélérer l'accès à tous, tout en garantissant une énergie abordable, fiable, inclusive, durable et propre pour le peuple malagasy.
Malgré ses ressources considérables en énergie renouvelable, telles que l'hydroélectricité, le solaire et l'éolien, le pays fait face à des défis énergétiques pressants, plaçant Madagascar parmi les pays ayant les plus grands déficits d'accès à l'énergie. Actuellement, seulement 36% de la population a accès à l'électricité, et 14% utilise des technologies de cuisson propre, laissant des millions de personnes dépendantes de la biomasse traditionnelle. Les déficits énergétiques, en plus des infrastructures vieillissantes, des fréquentes coupures de courant et de la dépendance croissante aux combustibles fossiles importés, entravent la croissance économique, impactent les moyens de subsistance de sa jeune population, exacerbent la pauvreté et contribuent à la dégradation environnementale.
Reconnaissant le pouvoir transformateur de l'accès à l'énergie pour le développement socio-économique, Madagascar s'engage dans un programme ambitieux. D'ici 2030, le Gouvernement vise à augmenter la capacité de production d'énergie renouvelable (893 MW), atteindre 80% d'accès à l'électricité et 50% d'accès à des technologies de cuisson propre. Cela sera complété par le renforcement de la gouvernance, des réformes politiques ciblées, le renforcement des capacités, l'amélioration de la viabilité financière de la compagnie d'électricité - JIRAMA, la mobilisation des capitaux internationaux et le soutien aux investissements du secteur privé. (Un plan d'action détaillé décrivant les actions et mesures est inclus dans ce Pacte Énergétique National).
Ce Pacte Énergétique National a été développé grâce à un large engagement et des consultations avec divers acteurs, y compris les partenaires de développement, le secteur privé et la société civile, pour favoriser des partenariats cruciaux pour atteindre les objectifs ambitieux du Pacte.
Reconnaissant que le succès nécessite le renforcement des capacités et des efforts collectifs considérables, le Gouvernement de Madagascar appelle les partenaires de développement, les philanthropies, le secteur privé et les organisations de la société civile à collaborer pour mobiliser 7,2 milliards de dollars de financement (environ ratio 1:3:6 du Gouvernement, des partenaires de développement et du secteur privé, respectivement) nécessaires pour libérer le potentiel énergétique immense du pays et accélérer l'accès à l'énergie au bénéfice de plus de 35 millions de personnes. Madagascar appelle à un soutien alors que le pays fait face à un point d'inflexion, avec des déficits énergétiques aigus et des défis financiers pour exploiter son potentiel en énergie renouvelable et s'aligner sur les objectifs climatiques mondiaux. En adoptant ce Pacte, le Gouvernement s'engage à créer les conditions favorables pour un investissement accéléré du secteur privé dans le secteur de l'énergie à Madagascar.
Déclaration d’engagement et Déclarations gouvernementales
Le Gouvernement malagasy s'engage à garantir l'accès 1à une électricité fiable, abordable et durable à 80% de la population d'ici 2030 et à garantir l'accès à des solutions de cuisson améliorées et propres au moins à la moitié (50%) de la population d'ici 2030.
En termes d'accès à l'électricité, cela représenterait, une augmentation de 44% par rapport au niveau d'accès actuel de 36%, un gain annuel moyen de 2,2 millions de personnes par an, dont environ 0,4 million par l'intermédiaire de la JIRAMA, la compagnie publique d'électricité et d'eau verticalement intégrée et 1,8 million par l'intermédiaire de mini-réseaux et de systèmes solaires domestiques du secteur privé.
Pour ce qui est de la cuisson, environ 4,1 millions de personnes, soit 14% de la population, ont aujourd'hui accès à des technologies de cuisson améliorées ou propres. Pour atteindre cet objectif ambitieux de 50%, il faudrait donc une croissance exponentielle, alimentée par d'importants investissements du secteur privé, qui permettrait à 8,6 millions de personnes d'y avoir accès en 2026, à 12,4 millions en 2028 et à près de 18 millions en 2030.
La première figure, ci-dessous, montre la progression de 2022 à 2030 pour l'accès à l'électricité et la cuisson propre par filière technologique. La seconde figure, ci-dessous encore, montre les options technologiques les moins coûteuses pour atteindre les objectifs d'accès à l'électricité à Madagascar.
En adoptant ce Pacte, le Gouvernement s'engage à mettre en place les réformes, politiques et réglementations nécessaires décrites dans le présent document, afin de créer les conditions favorables à l'accélération des investissements du secteur privé dans le secteur de l'énergie à Madagascar.
Pour atteindre 80% d'accès à l'électricité et 50% d'accès à la cuisson améliorée et propre d'ici 2030, le pays aura besoin d'un investissement supplémentaire total d'environ 7,2 milliards de dollars d'ici 2030, soit 1,2 milliard de dollars par an sur 6 ans, dont environ 40% devraient provenir du Gouvernement (10% en ressources propres internes et 30% via des prêts et subvention de partenaires de développement) et 60% du secteur privé.
Reconnaissant le rôle crucial du secteur privé dans la mobilisation des ressources nécessaires, et pour encourager sa participation dans le secteur de l'énergie (à la fois sur le réseau et hors réseau), le Gouvernement s'engage à développer un processus simplifié d'examen et d'approbation pour les mini-réseaux et réseaux isolés « spontanés » sur des sites sélectionnés par les développeurs privés tout en assurant la transparence dans la procédure, à mener des études pour identifier une cohorte de réseaux isolés de la JIRAMA qui se prêtent à des concessions du secteur privé et à travailler avec les Partenaires Techniques et Financiers, entre autres la Société Financière Internationale (SFI) pour préparer un projet d'investissement à grande échelle du secteur privé dans les mini-réseaux, avec un focus sur ces centres isolés, sur la base d'un appel d'offres concurrentiel, en suivant l'approche de la mise à l'échelle des mini-réseaux.
Le Gouvernement veillera à la facilitation de la mise en œuvre effective de la politique actuelle visant à supprimer les droits d'importation sur les équipements des énergies renouvelables distribuées et des technologies de cuisson propre, ou veillera à ce que les droits requis soient pris en charge jusqu'en 2030. Le Gouvernement simplifiera également les modalités pratiques de mise en œuvre de la politique actuelle et publiera en ligne la liste des équipements exemptés de droits de douane. En outre, il simplifiera la procédure d'exonération fiscale pour tous les équipements destinés à l'électrification rurale par les énergies renouvelables. D’autre part, il augmentera également les subventions ou financements basés sur les résultats (FBR) pour toutes les technologies d'accès à l'énergie (mini-réseaux, solaire hors réseau, cuisson améliorée et propre et électrification des institutions publiques) et soutiendra la participation du secteur privé à la densification et l’extension du réseau afin de débloquer des investissements supplémentaires du secteur privé pour l'accès à l'électricité. Le tableau ci-dessous résume les besoins de financement estimés pour atteindre les objectifs d'accès.
Le portefeuille actuel des principaux programmes d'investissement des partenaires au développement, tel que décrit dans l'annexe, contribuerait à hauteur de 1,15 milliard de dollars au besoin total de 7,2 milliards de dollars, ce qui laisse un déficit de financement de 6,1 milliards de dollars. Avec les réformes appropriées, la capacité institutionnelle et les structures d'incitation en place, des investissements importants du secteur privé peuvent être mobilisés pour les solutions sur le réseau, hors réseau, et pour les solutions de cuisson améliorées et propres. Cependant, des capitaux supplémentaires importants pour le Financement Basé sur les Résultats (FBR) - idéalement venant des philanthropies et des donateurs bilatéraux sous forme de subventions – seront nécessaires, ainsi qu'un engagement fort du Gouvernement de près de 100 millions de dollars par an pour investir dans l'accès à l'énergie jusqu'en 2030.
Le Gouvernement préparera un plan et une stratégie d'électrification nationale d'ici la fin décembre 2025 et élaborera des rapports sectoriels spécifiques qui identifieront les opportunités pour le secteur privé et les partenaires au développement afin qu’ils puissent investir dans des programmes, des projets et des entreprises d'accès à l'énergie à Madagascar. Les rapports identifieront les gaps et les opportunités de financement spécifiques et incluront des plans d'action et des calendriers associés.
La viabilité financière et opérationnelle de la JIRAMA ne donnera pas seulement confiance au secteur privé, mais fournira également des services fiables et abordables à la population malagasy.
Le Gouvernement s'engage à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour redresser les performances de la JIRAMA. Cela inclut (i) la mise en harmonie de tous les textes qui régissent la JIRAMA en tant que société à participation publique, avec la législation en vigueur, notamment les Loi n°2003-036 et Loi 2014-014 et leurs textes d’application (ii) un soutien à la direction générale de la JIRAMA pour le développement et la mise en œuvre d'un plan de redressement approprié pour l’entreprise et le secteur de l'énergie, et (iii) une trajectoire claire sur les réformes tarifaires, y compris l'indexation, en vue de permettre à la JIRAMA de couvrir ses coûts d'exploitation et ses coûts financiers. Le gouvernement s'engage également à poursuivre les efforts d'hybridation de tous les centres isolés thermiques à court terme et à collaborer avec le secteur privé pour accélérer les projets de production d'énergie renouvelable y compris les investissements dans le secteur C&I (clients commerciaux et industriels), facilités par des politiques d'interconnexion rigoureuses, dans le but d'atteindre 560 MW supplémentaires d'ici 2028 (solaire) et un total cumulé de 893 MW (solaire et hydroélectrique) d'ici 2030
Le Gouvernement envisage, si nécessaire, de soutenir la JIRAMA dans le paiement de ses factures à court et à moyen terme. Le Gouvernement s'engage en outre à adapter un régime fiscal pour les producteurs indépendants d’électricité (IPP) d’origine renouvelable, afin de réduire le prix auquel l'électricité est vendue à la JIRAMA (le cas échéant). Un modèle « à livre ouvert » sera utilisé pour calculer le prix des grands projets hydroélectriques, notamment ceux en cours de développement Volobe, Ranomafana et Sahofika.
En outre, le Gouvernement adoptera une stratégie pour s'attaquer à la dette de la JIRAMA et assurera la publication régulière de ses états financiers audités. La JIRAMA augmentera son taux de recouvrement à plus de 90% d'ici 2030 et réduira les pertes (techniques et commerciales combinées) à moins de 16% d'ici 2030.
Un contrat de performance comportant une obligation de résultat devrait être signé en ce sens par les responsables respectifs au sein de la JIRAMA.
Le Gouvernement malagasy reconnaît également l'importance d'utiliser des technologies décentralisées en combinaison avec des branchements au réseau pour accélérer l'accès à l'énergie pour ses populations.
Le Gouvernement s'engage à adopter les énergies renouvelables distribuées ou décentralisées (ERD) et des solutions de cuisson améliorées et propres pour un accès abordable au dernier kilomètre. À cette fin, des enquêtes de mesure de l'accès à l'énergie multi-niveaux (MTF) complètes seront menées en 2026 et 2029 par une unité spécialisée au sein du département en charge de la planification et/ou du suivi-évaluation du MEH, afin d'établir des bases de référence fiables concernant l'accès à l'électricité et aux services de cuisson améliorée et propre. Cette unité sera chargée de suivre et d'évaluer les progrès accomplis en ce qui concerne les technologies sur réseau et hors réseau/mini-réseau et de cuisson améliorée et propre en s'appuyant sur des outils et plateformes numériques et des procédures approuvées.
En outre, le Gouvernement s'engage, d'ici à décembre 2026, à accroître la capacité de l'ADER, de l'ORE et du MEH à soutenir le déploiement accéléré de solutions du secteur privé alignées sur la stratégie et le plan d'électrification nationaux complets. Il adoptera en parallèle des politiques et des réglementations révisées, harmonisées et légères qui suivent les meilleures pratiques internationales pour les mini-réseaux et réseaux maillés, le solaire hors réseau et la cuisson améliorée et propre et mettra à jour la politique de branchement pour éliminer les obstacles à la connexion des ménages à la JIRAMA et aux réseaux du secteur privé. Cela pourrait également inclure le développement de contrat type national de concession pour les mini-réseaux et un seuil de capacité installée en-dessous duquel les tarifs des mini-réseaux seront fixés sur la base du principe « acheteur consentant, vendeur consentant » (willing-buyer, willing-seller principle), afin d'attirer les investissements du secteur privé et de rationaliser les approbations réglementaires.
Pour l'accès à la cuisson propre, le gouvernement s'engage à mettre en œuvre d'ici 2025 un processus simplifié et accéléré pour fournir les lettres d'autorisation aux entreprises qualifiées qui fournissent des solutions technologiques améliorées et propres. Les initiatives de cuissons propres devraient être mises en avant en complément des projets de mini-réseaux, notamment à travers la distribution de solutions de cuisson à haute efficacité énergétique.
Le Gouvernement de Madagascar reconnaît que pour atteindre ses objectifs d'accès, des efforts de planification appropriés doivent être déployés pour guider les investissements futurs dans les infrastructures de production, de transmission et de distribution à des coûts compétitifs.
Le Gouvernement s'engage donc à adopter un Plan national des moyens de production et de développement des réseaux électriques et à mettre à jour le Plan de Développement au moindre Coût (PDMC) d'ici décembre 2025 et à mettre en œuvre le Plan national selon le cadre défini dans le Décret 2023-245, y compris en définissant des procédures détaillées pour les appels d'offres et le traitement des offres spontanées.
Le Gouvernement s'engage également à s'appuyer sur les outils de planification existants, dont l’outil de la Planification Énergétique Intégrée, pour préparer et adopter d'ici 2026 des stratégies nationales complètes d'électrification et de cuisson propre et leurs plans connexes, y compris les besoins de financement et les possibilités d'investissement pour le secteur privé.
Pour contrôler et suivre les progrès des objectifs et du plan d'action du Pacte énergétique de Madagascar, le Gouvernement mettra en place une équipe spéciale de suivi au sein de la Présidence.
Cette équipe spéciale sera soutenue par les partenaires au développement pour la mise en œuvre de son plan de travail et de ses activités de suivi.
Appel à partenariat
Alors que le Gouvernement de Madagascar s'engage à accélérer le rythme d'accès à une énergie abordable, fiable, inclusive, il appelle les partenaires de développement, les philanthropes et le secteur privé à se manifester pour répondre aux besoins de financement durable et propre. Ces financements aideront à créer des emplois pour la jeune population du pays et des opportunités de revenus pour des millions de Malagasy et contribuera à la croissance économique et au développement du pays ainsi qu'aux objectifs de développement durable.
Il est indéniable que le Président Andry Rajoelina fait des pieds et des mains, au sens propre du terme, pour faire avancer Madagascar vers un développement que ce pays mérite depuis des décennies.
Cependant, je ne cesserai de le répéter : c'est dans le domaine de la communication qu'il y a de l'eau dans le gaz, au sein de la Président et du Gouvernement. L'attentisme est encore et toujours le frein aux initiatives du Président de la République. Par ailleurs, tant que les lois en vigueur ne seront pas appliquées stricto sensu à Madagascar, le temps perdu ne se rattrapera jamais, au grand jamais. Aussi, cessez les "araka ny baikon'ny Filoha hajaina" et prenez vos responsabilités dans votre domaine respectif. Car, réellement, c'est ce manque de "Serasera" (communication, publication des acquis en temps réel) -à ne pas confondre avec le "dokam-barotra" (publicité) qui met de l'eau dans le moulin des fake news.
Nous attendons impatiemment le prochain Conseil des ministres transmis en direct sur les chaines audiovisuelles nationales. D'ici là, bougez-vous les gars ! Méritez votre place et tous les avantages matériels et financiers qui vont avec ! Misaotra, merci beaucoup !
Jeannot RAMAMBAZAFY - 29 janvier 2025
Source : Groupe de la Banque mondiale – Mission 300 PoweringAfrica