L'immeuble Injet, attenant à la station audiovisuelle (entrée à gauche), sis dans la zone commerciale Tana Waterfront à Ambodivona Antananarivo
A Madagascar, lorsqu’une personne -UNE- est élue pour accéder, pour un temps, au pouvoir suprême, ce sont tous ses proches et tous les choisis ultérieurement qui se comportent comme si eux aussi étaient présidents de la république. Or, cela n’implique pas ne pas être soumis à la Constitution et aux lois. Mais ici encore, c’est le Chef suprême même qui piétine tous les textes en vigueur. Ils n’auront jamais compris qu’avec le temps, cela s’appelle autodestruction. Car, si tout peuple est versatile, il n’oublie jamais ce qu’on lui fait subir.
Alors qu’ils sont en train « stabiliser politiquement le pays » à la façon Psd-Arema-Undd-Tim avec « magic suitcases » à l‘appui, ils ne se sentent tellement pas sûrs d’eux, qu’ils répètent les mêmes erreurs irréparables qui ont amené à la chute de tous leurs prédécesseurs d’ici et même d’ailleurs.
Le dimanche 13 décembre 2015, vers 21h30, quatre 4X4 de l’Emmoreg (Etat-major mixte opérationnel régional) se sont présentés au portail d’entrée de Tana Waterfront, fermé systématiquement de 19h30 à 6h du matin. N’ayant aucun motif d’être là, ces hommes en uniforme et armés ont été empêchés de pénétrer dans l’enceinte du complexe commercial. Mais quelques minutes plus tard, la voiture de service de Viva s’est pointé pour ramener des journalistes venant d’effectuer un reportage. Profitant de la brèche ainsi faite, une des 4X4 l’a suivie avec 8 gars armés, tandis que les trois autres véhicules n’ont pas pu pénétrer.
Une fois dans la place, ils ont demandé aux gardes effrayés où se trouvait la station audiovisuelle Viva et qui était en train de s’y réunir? Après avoir fait le topo de l’endroit et rôder à proximité, ils ont téléphoné pour rendre compte et attendre des ordres. Un temps de flottement passé, pourtant, ils sont tous repartis sans demander leur reste. Quel était le but exact de cette manœuvre? Venir arrêter quelqu’un ou saccager le matériel de la station Viva. Il faut savoir que l’immeuble attenant à Viva sert de quartier général du groupement Mapar et du parti Tgv. Ce dimanche-là, aucune réunion n’a eu lieu.
Depuis quand est-il interdit, à Madagascar, de se réunir dans un QG situé, qui plus est, dans un lieu privé et non sur le trottoir d'en face? En ayant demandé “qui se réunissait là?”, il est certain que certains ont fait et font des excès de zèle pour bien se faire voir des dirigeants, quitte à inventer des complots contre le pouvoir partout. C'est devenu une spécialité du Colonel devenu Général Florens Rakotomahanina que de voir "jours noirs" partout (ICI)... Que ceux-là sachent qu’il tombera de lui-même, ne pouvant plus supporter le poids de ses propres turpitudes. Et, en deux ans, il en a bien fait le tour. Et, ce qui s’est passé ce dimanche 13 décembre à Ambodivona à un nom: terrorisme d’état.
En tout cas, ils ne savent même pas que, depuis le même genre d’attaque, le dimanche 19 juillet 2009, vers deux heures du matin, qui a coûté la vie à deux gardes civils de la même station VIVA, l’endroit est truffé de caméras qui seront utiles... ultérieurement… Qui donne les ordres à qui, et à quel moment dans ce régime qui se surpasse en autodestruction? Bientôt, le seul fait de mettre un T-shirt orange vous emmènera directement en taule, pour un Noël loin des délestages. Et tenez-vous bien: 700 policiers et 1000 gendarmes seront mobilisés pour « encadrer » les fêtes de fin d’année 2015 et, surtout, les élections sénatoriales du 29 décembre. Il faut dire qu’ils ont les moyens de leur diktat (cela signifie volonté imposée sans négociation, par la force, comme la loi des finances 2015). Gare...
Jeannot Ramambazafy – 16 décembre 2015