A l’occasion des 49 ans du retour de l’Indépendance de Madagascar, le Président de la Haute Autorité de la Transition a prononcé un discours exceptionnel, à la hauteur de l’organisation de cette commémoration annuelle depuis le 26 juin 1960. Ces déclarations ont été effectuées au Palais d’Etat d’Iavoloha, après la grande parade militaire qui a eu lieu au stade municipal de Mahamasina. Voici le texte intégral de cette allocution qui restera, à ,jamais, gravée dans l’Histoire même de Madagascar.
Honorables invités,
Je suis particulièrement heureux aujourd’hui de pouvoir vous adresser mes meilleurs vœux pour le 49è anniversaire de l’indépendance de notre pays. Particulièrement heureux parce qu’il s’agit d’un rendez-vous spécial, un rendez-vous de la Nation avec elle-même et un rendez-vous de tout le peuple malgache. La fête de l’indépendance est en effet la fête de tous les Malgaches sans exception, qu’ils soient du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest. Fête de tous les Malgaches parce que nous formons un peuple uni et Madagascar est notre pays à tous, sans distinction d’origine, de race, de religion ou encore de conviction.
La fierté d’appartenir au peuple de cette grande ile commande à toutes et à tous, à l’intérieur comme à l’extérieur, quelque soit leur tendance et leur sensibilité ; de faire preuve de patriotisme au service de la nation, de persévérer son intégrité et de garder Madagascar constamment présente dans leur cœur et dans leur esprit.
L’histoire nous rappelle que Madagascar avait été un pays souverain avant sa colonisation.
Heureusement que nos ainés n’avaient jamais accepté le fait colonial dès la fin du 19è siècle, les « Menalamba », le VVS ainsi que la lutte nationaliste de 1947 constituent autant de références historiques quant à la force et la vivacité du patriotisme malgache.
Nous exprimons d’abord notre profonde considération aux générations de l’indépendance qui homme et femme, ont apporté leur contribution à la mise en place des fondements de l’Etat moderne et accompli, à leur tour des actions tendant à sortir le pays du sous-développement en faisant preuve d’esprit militant et de détermination à vaincre les difficultés.
Nous saluons les efforts qu’ils ont fourni au service de la patrie, ils constituent des modèles pour nos jeunes générations, la fidélité aux réalisations accomplies par nos ainées ne peut se réaliser qu’en enrichissant ces réalisations en les consolidant.
L’indépendance est un acquis qui se transmet d’une génération à l’autre, nous avons pris sur nous l’engagement de réaliser le changement du 26 juin 1960 par fidélité et pour préserver la dignité de la patrie, pour sauver le pays de la situation de faiblesse et de dépérissement dans laquelle il se trouve, et des dangers qui le guettent et d’emporte ces acquis et de l’exposer de nouveau dans toute sorte de menaces.
Cela fait 49 ans que nous avons eu l’indépendance, nous devons regarder un instant en arrière pour un bilan de tout ce que notre pays a réussi et de tout ce qu’il a raté, tirons les leçons du passé et projetons ensemble l’avenir.
2009 est un changement pour Madagascar, pour la souveraineté de son peuple et pour la promotion qui répond aux aspirations du peuple et ses espérances. Madagascar est aujourd’hui à un nouveau tournant de son histoire, nos parents ont lutté pour l’indépendance de notre pays, il nous appartient aujourd’hui de lutter pour l’indépendance de chaque malgache.
Nous devons ainsi nous à rappeler que si nos parents ont lutté pour l’indépendance, ils ont lutté pour toute la Nation, pour les intérêts de tout le peuple malgache et non pour les intérêts d’une seule personne ou d’un f*groupe de personnes, d’un parti politique, ou encore d’une petite frange de la population. Nous avons déjà pris nos responsabilités, nous n’avons de cesse de déployer nos efforts pour redresser notre pays. Et nous n’accepterons que jamais que quelques détruisent ces efforts et font tout pour freiner nos élans.
Mes chers concitoyens,
Je mesure pleinement vos attentes et vos espoirs, je connais les aspirations du peuple malgache et ma récente tournée dans les différentes régions de l’île m’a permis d’être à l’écoute de la population et de comprendre vos messages, il y a des revendications saines et légitimes de votre part, et je crois que ces revendications portent le rêve et les ambitions de chaque malgache, je vous promets ainsi d’en tenir compte et de travailler davantage, de faire encore plus et mieux dans le développement de notre pays.
Aujourd’hui plus que jamais, je reste convaincu que chaque malgache doit être utile à lui-même, à sa famille, à sa communauté et sa Nation. L’indépendance doit être une indépendance de chacun d’entre nous, de chaque famille, de chaque foyer, de chaque commune, de chaque district et de chaque région. Nous allons adopter une nouvelle manière de développer notre pays, nous allons bannir le système d’assistanat, nous allons inculquer en chaque malgache l’envie et le désir de prendre en main sa vie, nous n’allons plus donner des poissons à ceux qui ont faim, nous allons plutôt apprendre à pécher. Le combat pour la vraie indépendance est un combat de tous les jours, aux bureaux, à l’école, en ville et dans la campagne.
J’encourage ainsi tous les malgaches à prendre en main leur avenir et l’avenir de notre pays, travaillons de concert et réalisons ensemble des projets. Il nous faut veiller à l’amélioration de la qualité de vie de chaque citoyen, nous avons des projets, nous avons un programme, je suis heureux de vous annoncer par exemple le début très prochain d’un projet d’allocation par l’Etat des terrains de 20 hectares aux paysans de Nosy-be, Nosy-be a toujours importé des légumes mais nous allons changer cet état des choses, parce que l’indépendance du pays signifie aussi indépendance alimentaire. Nous avons fait appel à des partenaires français pour dispenser des formations techniques à nos paysans, pour que dans l’avenir, Nosy-be ne sera plus importateur de légumes. Ce n’est que le début, parce que ce projet sera attendu dans tout Madagascar, particulièrement dans la riziculture. Avec le même système, nous pourrons augmenter la production et parvenir à l’autosuffisance en riz. Nous attendons beaucoup aussi du gisement de pétroles pour bientôt.
Nous avons ouvert la voie à toutes les composantes de la société civile pour l’organisation des conférences régionales qui auront lieu du 30 juin au 3 juillet prochain, nous souhaitons la participation de tous les malgaches, que personne ne se sente exclu de ce grand rendez-vous, je voudrais que ce soit une plate-forme d’échanges et de débats enrichissants pour tous, société civile, société politique, opérateurs économiques comme simples citoyens.
La jeunesse est l’espoir, le garant du développement et le symbole de l’avenir de notre pays. Je voudrais que nos jeunes soient au cœur de nos actions et que conscients de ces enjeux, ils doivent être aptes à faire face à l’avenir, capables de participer avec compétence et aux compétitions aussi bien dans les moments les plus faciles que les plus difficiles. La transition accompagnera la jeunesse dans le domaine de la culture, des arts, de la créativité, du sport et dans tous les volets de l’entreprenariat. Nous restons attentifs à leurs préoccupations, et leur avons donné l’opportunité de s’exprimer et de présenter leurs recommandations et leurs suggestions afin que nous puissions élaborer et réaliser leurs projets.
La création d’emploi pour ces jeunes reste une grande priorité pour le pouvoir de la transition, c’est ainsi que je m’adresse à tous les opérateurs économiques et à tous les investisseurs. Je suis confiant que de nouvelles perspectives vont s’ouvrir. L’Etat s’engage à faciliter vos investissements et je vous promets d’être à vos côtés pour que nous puissions bâtir ensemble.
Mes chers compatriotes,
Je peux vous assurer que nous travaillons d’arrache-pied pour le bien de notre Nation et de son peuple. Je suis convaincu que les malgaches méritent de vivre dans la paix et dans la sérénité, c’est la seule voie pour consolider notre indépendance. Tous les malgaches, pouvoir et opposition, doivent ainsi se remettre au travail à présent donnons une chance à notre pays de se développer, concentrons-nous désormais au travail pour que, grâce à nos efforts d’aujourd’hui, nos enfants et les générations futures vivront dans de meilleures conditions, et surtout pour qu’ils soient fiers de ce que nous aurons pu réaliser pour eux.
Nous avons une ferme volonté et une détermination inflexible, nous continueront sur cette voie avec assurance avec la conviction que la démocratie signifie respect, fidélité et diversité des approches.
Dans l’accomplissement de cette mission, nul obstacle ne saurait nous détourner de notre devoir sur le chemin du progrès. “ Ka aleo hery ary, fa tsy adidiko zaho samirery, fa adidiko zaho sy ianareo ”.
Photos :
Andry Rakotonirainy et Petit Mick