Tous les ans, le 13 mai, des personnalités n’oublient jamais de commémorer les évènements dramatiques du 13 mai 1972 (lire ici mon témoignage). Ce 13 mai 2014, c’est-à -dire 42 ans après, ils sont encore venus déposer une gerbe devant l’esplanade de l’Hôtel de ville qui a été reconstruit en 2010, grâce à Andry Rajoelina. Deux personnalités n’ont jamais raté ce rendez-vous : l’avocat Willy Razafinjatovo, meneur hors-pair du mouvement estudiantin de mai 1972 sous l’appellation de Willy O là là  ; et Alain Ramaroson, opérateur économique devenu politicien.
Quelques déclarations et constats recueillis sur place, ce 13 mai 2014.
Willy O là là (mis à part ses déclarations en malgache dans la vidéo): « En mai 1972, nous, étudiants et parents d’élèves, avons été animés par une revendication commune. Nous avons eu une conviction sans faille de changer le sytème éducatif dans lequel nos ancêtres étaient les Gaulois... A aucun instant nous n’avons pensé à prendre le pouvoir après la démission du président Tsiranana qui a donc transféré ce pouvoir à un militaire, le général Ramanantsoa. Par la suite, les mouvements populaires ont été animés par des politiciens qui ne visaient -et ne visent encore- que leurs intérêts particuliers. Et c’est pourquoi les mouvements n’ont jamais réussi à avoir l’adhésion de l’ensemble de la population. Actuellement, plutôt que de s’occuper réellement de l’intérêt général, ce sont les intérêts particuliers d’un groupe, de leurs familles et de leur clan que les tenants du pouvoir priorisent. A ce rythme, même après ma mort –mais puissions-nous tous vivre longtemps-, le pays restera dans la pauvreté actuelle ».
Alain Ramaroson (mis à part ses déclarations en malgache dans la vidéo) : « A Hery Rajaonarimampianina et ses proches qui n’ont jamais foulé cet endroit mais qui ont obtenu le pouvoir, je veux dire ceci : les Malgaches se sont dressés ici pour refuser l’ingérence des étrangers dans nos affaires intérieures. Cette revendication est aujourd’hui oubliée, car à l’Assemblée nationale, on s’adresse aux députés en français… Et il ne faut pas faire semblant de l’ignorer : derrière les manigances qui ont amené à l’éviction honteuse de Christine Razanahamasoa, à la présidence de l’Assemblée, il y a la main de la France».
Mais ce 13 mai 2014, Moks Razafindramiandra (journaliste membre du CJD), Lalatiana Ravololomanana (politologue) et Max Fabien Andrianirina (politicien) étaient aussi venus sur l’avenue de l’Indépendance, pour y déposer une gerbe de fleurs.
Moks Razafindramiandra : « En 1972, c’est bien la première fois que les Malgaches se sont dressés contre l’injustice après le retour de notre indépendance. Et ont suivi 1991, 2002 et 2009 dans le même esprit de cette lutte contre l’injustice et la dictature qui persiste, hélas… ».
Concernant Max Fabien Andrianirina,politicien, il était présent mais il a plus exactement rencontré la presse pour discuter du fameux PGE (Programme général de l’Etat) en 22 points, qui ne colle pas du tout avec les réalités existantes.
Lalatiana Ravololomanana : « Les générations présentes et à venir ne doivent pas oublier ce 13 mai 1972 où nos compatriotes, parents et enfants, ont donné leur vie pour avoir un avenir meilleur. Et nous avons choisi ce jour d’aujourd’hui pour déclarer urbi orbi que nous, partis politiques d’opposition, nous allons regrouper nos forces que cette opposition prenne place dans la nation, dans un esprit de débats d’idées vers le développement effectif, et non pour prendre la place des actuels dirigeants qui, jusqu’à présent, préfèrent choisirent eux-mêmes leurs opposants, et ont tendance à glisser vers la dictature. La base de départ de nos actions doit se focaliser sur la réconciliation nationale et l’état de droit qui n’est pas évident à l’heure actuelle… Bref, c’est une refondation de notre république qui s’impose ».
Jeannot Ramambazafy et Harilala Randrianarison