Roland le roi de la démago, à la « Une » du quotidien « Gazetiko » du 4 février 2013
Dans un dossier, jâavais expliquĂ© lâimportance dâorganiser les Ă©lections lĂ©gislatives avant la prĂ©sidentielle (CLIQUEZ ICI). Cette fois-ci, je vais ĂȘtre plus terre-Ă -terre pour expliquer le comportement irrationnel et illogique de la majoritĂ© des politiciens malgaches depuis un demi-siĂšcle.
Tout travailleur du bĂątiment vous dira que lorsque lâon construit une maison, on commence toujours par les fondations et jamais par la toiture. Comment dâailleurs, celle-ci tiendrait-elle sans support ? AprĂšs les fondations suivent les murs, les ouvertures, les supports de toiture et, enfin, le toit lui-mĂȘme. A Madagascar, on fait mĂȘme appel Ă des « mpanandro » (devins) pour ce qui est de lâorientation et de la date de la pose de la premiĂšre pierre.
Eliane Rosa Naika
DĂ©jĂ , bĂątir sur du sable (la versatilitĂ© du peuple) câest aller vers un effondrement certain de toute la maison Ă la moindre intempĂ©rie. Et Madagascar se situe dans une zone jamais Ă lâabri des cyclones Ă caractĂšre de crise politique politicienne (calculs et compagnie). Lorsquâon entend la fille de Dada, Eliane Rosa Naika, dire : « On ne peut plus retoucher le calendrier Ă©lectoral. Les PrĂ©sidentielles devraient se tenir avant les LĂ©gislatives », on se demande dans quel genre de demeure elle vit.
Le Colonel Richard Ratsimandrava a Ă©tĂ© assassinĂ©, en 1975, Ă cause de son idĂ©e de mettre en place une gestion de lâEtat fondĂ©e sur le « Fokonolona », la base mĂȘme de toute vie en sociĂ©tĂ© que constitue le peuple. Câest quâil avait gĂȘnĂ© des tas dâintĂ©rĂȘts nationaux et Ă©trangers. Un peuple sâĂ©mancipant, Ă lâĂ©poque, câĂ©tait comme la fin de lâapartheid avant lâheure. Trop dâenjeux financiers se sentaient alors menacĂ©s⊠Ah lâargent, lâargent, lâargent.
Tous ces 4 présidents-toitures jetés bas du pouvoir par le peuple-fondation
Personne ne se souvient que Marc Ravalomanana avait parlĂ©, lui-mĂȘme -un temps-, de « Maison Madagascar » construite en commençant par la base. De 1972 Ă 2006, en ayant voulu toujours construire un « nouveau » Madagascar Ă partir du toit, on connaĂźt le rĂ©sultat. Cinq pĂ©riodes de transition, quatre « prĂ©sidents-toitures » jetĂ©s dehors par le « peuple-fondation », et on veut persister encore Ă commencer par le haut, en lâoccurrence lâĂ©lection prĂ©sidentielle !
Quelle est la structure de base, propre Ă Madagascar ? Le « fokontany » oĂč vit le « fokonolona ». Une notion de collectivitĂ©s dĂ©centralisĂ©es, qui nâexiste que dans la Grande Ăźle de lâOcĂ©an Indien. Pourquoi en est-on arrivĂ© Ă diviser administrativement Madagascar en 22 rĂ©gions ? Si tous les politocards roulent pour la prĂ©sidentielle avant les lĂ©gislatives, câest quâils y trouveront leurs comptes personnels en adhĂ©rant au parti du prĂ©sident qui sera Ă©lu. Et lâhistoire sera un Ă©ternel recommencement. Tous ces politocards, sâils avaient un brin tant soi peu de patriotisme, devraient plutĂŽt combattre pour le schĂ©ma Ă©lectoral suivant :
1. Election des chefs de quartier (« Fokontany »), 2. Election des Maires, 3. Elections des Chefs de région, 4. Election des Députés, 5. Election des Sénateurs, 6. Election du Président de la république. Alors là , oui, le peuple réellement sera souverain !
Aucun de ces dirigeants ne devra plus ĂȘtre nommĂ© ou dĂ©signĂ©. En dehors de ce schĂ©ma, croyez bien que le peuple ne se sentira jamais concernĂ© par les affaires nationales et nâen fera quâĂ sa tĂȘte Ă la moindre contrariĂ©tĂ©. Comment voulez-vous quâaprĂšs un certain temps il puisse respecter ceux qui nâont aucun respect pour lui alors quâils prĂ©tendent parler en son nom ?
Zazah Ramandimbiarison, le "bébé" aux cheveux blancs
Lorsquâon entend des juges comme HonorĂ© Rakotomanana parler «dâimbroglio juridique», on se demande sâil nâa pas fait son temps, que le monde du droit moderne le dĂ©passe, et quâil est temps pour lui de prendre sa retraite ; lorsquâon entend un Zazah (bĂ©bĂ© en malgache) Ramandimbiarison dĂ©clarer : «Mettons-nous au travail. Organisons les PrĂ©sidentielles, et dâabord les PrĂ©sidentielles», suivi de «ANJARANâNY VAHOAKA AMINâIZAY IZAO» (Place au verdict du peuple), on se demande sâil prend ce peuple pour un imbĂ©cile ou si câest lui qui est carrĂ©ment un imbĂ©cile. Le propre des « avara-pi » (Ă©lites intellectuelles malgaches), câest de savoir trop parler pour ne rien dire sauf pour dĂ©montrer quâils ont fait des Ă©tudes. Mais qui leur servent Ă quoi, tout compte fait ?
Tout en rouge, Roland va-t-il faire mieux que Tonton Didier ? « Ny mena, hono, mahazo ». Ka inona râitony ny nanjo ny AREMA ?
Dernier en date, qui prĂŽne la prĂ©sidentielle avant les lĂ©gislatives, Roland Ratsiraka (photo Ă la Une), Ă Toliara, qui a dit carrĂ©ment que « les lĂ©gislatives avant la prĂ©sidentielle est une tromperie pour le peuple ». Comment se fait-il alors que Tonton Didier sâest enfui par deux fois, chassĂ© par ce mĂȘme peuple (1991 et 2002) ? Et lui, personnellement, quel changement miraculeux pourra-t-il effectuer en 100 jours, pour soulager la misĂšre sociale du peuple ? Roland Ratsiraka est le roi de la dĂ©magogie Ă lâĂ©tat pur. En ayant Ă©tĂ© maire de la ville de Toamasina, il nâa rien fait dâautres que de se trouver des excuses en rejetant son incompĂ©tence sur les autres. Câest toujours « les autres ». La rĂ©alitĂ© est que « son » hĂŽtel de ville a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ© sans lui. « A la demande gĂ©nĂ©rale, je serais candidat Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle ! », a-t-il annoncĂ© Ă Toliara. Souhaitons donc quâil ne finisse pas comme Tonton Didier (lâamiral Ratsiraka, deux fois en fuite, est son oncle). Que dire des autres qui nâauraient plus dâavenir politique sans la rĂ©volution orange et qui veulent encore construire la maison Madagascar Ă lâenvers ? Ils se reconnaĂźtrontâŠ
VoilĂ lâimage de Madagascar de 1972 Ă 2006
Alors construisez encore la Maison Madagascar Ă partir du toit et ne vous Ă©tonnez pas si, dans quelques annĂ©es, les fondations vont encore le faire tomber. La rĂ©volution orange se basait sur de rĂ©els changements concernant la gestion mĂȘme de la Nation. Comment voulez-vous que ce changement soit effectif si, dĂ©jĂ , on veut servir le mĂȘme plat de parti « prĂ©sidentiel » Ă un peuple sensĂ© ĂȘtre souverain ? Cette souverainetĂ© repose, justement, sur son choix Ă commencer par ses structures de base. Le reste nâest quâignorance sinon mĂ©pris, pensant toujours que les Malgaches sont des enfants que lâon peut amadouer docilement. Avec un paradis socialiste; avec 20.000 logements; avec des financements parallĂšles; avec une rĂ©publique humaniste Ă©cologiste ou encore avec un rĂ©frigĂ©rateur et une Renault R4 pour chaque foyer malgache.
Andry Rajoelina, est un jeune qui sâadresse aux jeunes entre 30 et 40 ans. Il incarne dĂ©jĂ ce changement attendu. Exit les politocards qui ne veulent pas sortir de lâorniĂšre dâun schĂ©ma qui aboutira forcĂ©ment Ă une rĂ©volte populaire. Encore une fois, donc, le plus intelligent des hommes au monde, devient le dernier des imbĂ©ciles lorsque ses intĂ©rĂȘts personnels sont en jeu. Tssss⊠Ban Ki-moon avait dĂ©clarĂ© Ă Addis-Abeba : " Notre destination est claire : un avenir oĂč les richesses de l'Afrique profiteront Ă tous les Africains. OĂč la mauvaise gouvernance sera relĂ©guĂ©e aux livres d'Histoire.OĂč les biens en provenance de l'Afrique se vendront Ă un prix Ă©quitable sur le marchĂ© mondial. OĂč les partenariats mondiaux seront synonymes de prospĂ©ritĂ© partagĂ©e".
Jâaffirme que ce sera une utopie si le schĂ©ma des Ă©lections du dernier quart de siĂšcle est maintenu Ă Madagascar. Câest-Ă -dire prĂ©sidentielles avant les lĂ©gislatives.
5 septembre 1996 : Adios amigo ZafosâŠ
Les gens des quartiers dâabord et Madagascar se dĂ©veloppera enfin. Mais quand ? Rappel du rĂ©sultat des courses des quatre prĂ©sidents Ă©lus avant des Ă©lections lĂ©gislatives : tous OUT et KAPUT ! Philibert Tsiranana en 1972, Didier Ratsiraka en 1991 et 2002, Zafy Albert en 1996 (empĂȘchĂ©), Marc Ravalomanana en 2009. Seuls les membres du GTT diront que ce sont des mensonges et qu'il n'y a eu que des "coups d'Ă©tat". Tant pis pour eux alors. Ravalomanana câest de lâhistoire ancienne, de lâantiquitĂ©. Demander son retour, câest comme si les Tunisiens demandaient de faire revenir Ben Ali. Les printemps arabes auront Ă©tĂ© la suite de la rĂ©volution orange malgache.
Jeannot RAMAMBAZAFY â 4 fĂ©vrier 2013