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Madagascar, 23.09.2007. Début de 13 ans de malheurs pour le parti TIM

En ce millénaire des nouvelles technologies d’archivage électronique impérissable, certains s’entêtent à croire que tout peut s’oublier avec le temps et qu’aucune trace ne subsistera des déboires de politiciens qui n’ont jamais retenu des leçons de l’Histoire. Ainsi de Marc Ravalomanana et de son parti TIM (Tiako i Madagascar). Enivré par une majorité quasi-absolu lors des élections législatives du 23 septembre 2007, il y a 13 ans aujourd’hui 23 septembre 2020, il n’a pas prêté grande attention au taux d’abstention record de l’époque, surtout à Antananarivo, la Capitale de Madagascar. Flash-back historique très instructif.

Le 8 mai 2006, Lahiniriko Jean, Président élu de l’Assemblée nationale, est destitué. Il n’aura pas achevé son mandat. Ancien ministre des travaux publics, Lahiniriko n’était pas bien vu du Président Ravalomanana, à cause de ses ambitions politiques. En janvier 2003, Député élu à Betioky Sud, il est propulsé au poste de Président de l’Assemblée nationale par le vote unanime de ses pairs. En 2005, sur un coup de tête -qui est une de ses spécialités- le Président Ravalomanana le radie de son parti TIM. Et, en janvier 2006, lors de la traditionnelle présentation de vœux des corps constitués, Lahiniriko Jean, toujours président de l’Assemblée nationale, est privé de discours. Le 8 mai 2006 donc, pour bien suivre la chronologie des faits, la chambre basse procède à un vote. Et, avec 119 pour, 6 contres et 8 abstentions, Lahiniriko Jean est destitué de son poste de Président. Il ne faut donc pas se demander pourquoi, en 2009, il a intégré la révolution orange et a été nommé vice-président de la Haute Autorité de la Transition… Marc Ravalomanana n’a pas son pareil pour se faire des ennemis de ses anciens amis.

Le 26 juillet 2007, le Président Ravalomanana dissout, par décret, l’Assemblée nationale et des élections législatives anticipées sont alors organisées le 23 septembre 2007. Parlons-en, 13 ans après.


Après les premiers dépouillements, les chiffres obtenus ont été sans appel. Dans la ville d’Antananarivo, le taux d’abstention a atteint les 80%. Dans certains bureaux des votes, comme celui d’Andavamamba, l’abstention a même atteint les 90%. A Faravohitra, quartier de résidence du Président Ravalomanana, seulement 173 électeurs sur les 1200 inscrits sont venus voter.

Pour rappel, ces élections législatives du 23 septembre 2007 ont été suivies par différents observateurs nationaux et étrangers.

Le COMESA (qui regroupe 14 pays de la région) avait dépêché une dizaine d’observateurs qui ont suivi les élections dans la capitale. L’UA (Union Africaine) avait confié à ses observateurs le suivi des élections dans différentes circonscriptions électorales dans le Nord, le Centre, le Sud du pays. Le KMF/CNOE (Comité national pour l’Observation des Elections) avait dépêché des observateurs dans des bureaux de vote représentatifs de 78 districts, soit 1.266 observateurs fixes et 118 observateurs mobiles. A part, les conclusions jugées par trop hâtives de la délégation du COMESA -qui a applaudi la « transparence et le bon déroulement » de ces élections -tous les autres observateurs ont noté ce qui suit :

- Listes électorales incomplètes ou incontrôlables. Par exemple, des candidats qui avaient été autorisés à se présenter, au vu notamment de leur certificat d’inscription sur les listes électorales, ont été étonnés le jour du scrutin de constater que leurs noms n’existaient pas dans le registre des électeurs inscrits.

- Absence des bulletins de vote de tous les candidats dans de nombreux bureaux de vote.

- Inégalité des moyens utilisés par les candidats, notamment dans l’utilisation des médias officiels.

Tous ces observateurs ont reconnu à l’unanimité que l’utilisation du BULLETIN UNIQUE serait la meilleure solution pour éviter d’éventuelles contestations à l’avenir. Pour leur part, les candidats « perdants » n’ont cessé de présenter d’innombrables preuves des irrégularités qu’ils ont constatées :

- Nombre important d’électeurs qui ont voté sans carte d’identité,

- Achats de voix effectués par les candidats du parti au pouvoir,

- Menaces et pressions des chefs de fokontany (chefs de quartier) désignés,

- Manipulation des voix obtenues par les candidats d’opposition qui ont été transférées sur le score des candidats d’État.

Quels ont été les résultats officiels de ces élections législatives du 23 septembre 2007 ? Parti TIM : 105 députés sur 127 ; parti LEADER-FANILO : 1 siège ; Indépendants : 11 sièges ; Autres : 10 sièges. Taux d’abstention : proche des 80% au total pour toute la Grande île. Quoiqu’il en soit, la quatrième législature s’était instauré avec feu Me Jacques Sylla au perchoir et un bureau composé d’un Président, de trois VicePrésidents, de deux Questeurs et d’un Rapporteur Général.

Malgré la « victoire » du parti présidentiel TIM de l’époque, les résultats de ce scrutin du 23 septembre 2007 ont démontré deux faits négligés par le Président Marc Ravalomanana qui, en 2009, chutera lourdement :

- Désintéressement des électeurs vis-à-vis de la chose publique (« res publica ») ;

- Réticence de ces électeurs à s’engager dans la réalisation du programme de développement du Président et de ses candidats, le MAP (« Madagascar Action Plan »), qui ne présente à leurs yeux aucune assurance sur une amélioration future de leurs conditions de vie qui se dégradaient de plus en plus.


Quel est l’intérêt de cet article vous demanderiez-vous ? Voici d’abord les résultats des élections législatives du 27 mai 2019 à Madagascar : IRD : 84 sièges (55,63%) ; TIM : 16 sièges (10,6%) ; Indépendants : 46 sièges (30,46%) ; autres partis : 5 sièges (3,31%). Actuellement, donc, on parle de majorité à l’Assemblée nationale de Tsimbazaza. Mais laquelle, étant donné que cette majorité fait partie d’un groupe dénommé IRD (« Isika Rehetra Miaraka amin'i Andry Rajoelina ») spécialement créé pour la circonstance ? Comme le Mapar en 2014… Où est alors passé le parti historique Tgv créé en 2007 par Andry Rajoelina, il y aussi 13 ans donc ? Il semble que, de nos jours, pour se faire élire, il suffit de se présenter au nom de cet IRD. Et des élections, il y en aura encore…

Au final, il y a eu beaucoup d’opportunistes dont certains ont déjà démontré leurs limites pour ne pas dire plus. Les militants authentiques de la révolution orange ont été écartés. Puis, lors des élections municipales du 27 novembre 2019, voilà qu’est apparue la plateforme « présidentielle » IRK, qui roule donc pour Andry Rajoelina et qui s’est substituée au groupement politique IRD qui comprenait le parti Tgv d’Andry Rajoelina ; le parti MMM (« Malagasy Miara-Miainga ») de Hajo Andrianainarivelo ; le parti Freedom de Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo ; le parti Hiaraka isika du Général Camille Vital ; le parti Liaraike de Soja Jean André alias Kaleta.

On dit souvent que le peuple est versatile. Mais l’Histoire même de Madagascar a maintes fois prouvé que les politiciens malagasy deviennent des girouettes lorsque leurs intérêts sont en jeu. Ce n’est pas pour rien si feu le Pasteur Richard Mahitsison Andriamanjato, ancien président de l’Assemblée nationale de 1993 à 1998, a inventé l’expression : « Majorité à géométrie variable ». Il parlait en pleine connaissance de cause. Encore heureux que les mallettes aient disparues des couloirs de Tsimbazaza…

Et c’est pourquoi, je ne le répèterai jamais assez, le Président Andry Rajoelina doit redoubler de vigilance. Ses ennemis sont bel et bien certains de ceux qu’il croit être ses amis et qui n’attendent que l’occasion pour faire le larron. Les partis TIM et HVM ne sont que des épouvantails pour eux-mêmes, leur chef respectif n’étant que des losers loosers (perdants lâches) qui passent leur temps à établir de calculs d’escrocs égoïstes, en faisant appel à des mercenaires (qui n'agissent que pour un salaire, qui sont inspirés par le profit mais aussi par la haine) d’ici et d’ailleurs. En ce moment, tout le monde a la prétention de devenir Calife à la place du Calife. Tout le monde est-il achetable dans ce monde de renégats et d’anti-patriotes ? Je n’ai qu’une seule et unique certitude : la mort, elle, ne s’achète pas. Covid-19 ou pas. Le reste ? Qui vivra verra, mais les politiciens sont tous prévenus à présent.

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Mercredi, 23 Septembre 2020 06:46 )  
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