Épatant! Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier la démarche du président de la république de Madagascar élu par le peuple (ouf!), Hery Martial Rajaonarimampianina Rakotoarimanana, en ce troisième mois de l’année 2018 marquant ses quatre ans passés au pouvoir suprême.
En effet, ce participe présent du verbe épater, provient de la phrase «épater la galerie» signifiant: faire l'admiration d'un groupe de personnes en attirant l'attention sur soi. Je ne sais pas jusqu’où va l’admiration -ni de la part de qui- en inaugurant des embellissements d’un quartier d’Antananarivo mais, en tous les cas, il a bel et bien attiré l’attention sur lui. Tellement bien attiré mon attention particulière que je vais lui rappeler quelques-unes de ses belles promesses qu’il a faites avant le 20 décembre 2013, parmi tant d’autres et plus précisément dans le Nord de l’île.
Ainsi, dans la région SAVA (Sambava-Antalaha-Vohémar-Andapa), il avait annoncé avec assurance que «la création d‘emplois fait partie de mon programme axé sur le développement national qui devrait impacter sur l’ensemble du pays. Toutes les régions seront traitées sur le même pied d’égalité en termes de développement». A Sambava, capitale de la vanille, plus particulièrement, il a déclaré ceci: «Pour que Madagascar retrouve sa place de capitale mondiale de la vanille, il faut rétablir la sécurité afin que les producteurs puissent s’adonner sereinement à leurs occupations. Ici, je réitère ma détermination de restaurer l’État de droit, l’autorité du «Fanjakana» et la confiance entre gouvernants et gouvernés».
Où en sommes-nous 5 ans après ces belles déclarations, dites-moi? A Sambava, toujours, il s’était engagé à résoudre en l’espace de 3 mois, le problème du délestage si les électeurs lui accordent leur confiance le 20 décembre. Puis, s’étant adressé à la jeunesse venue nombreuse à son meeting, il a promis la construction d’une Maison des Jeunes avec une dotation en matériels informatiques. En ce mois de mars 2018, la seule Maison des Jeunes qui existe dans la région SAVA se trouve à Antalaha, localité située à 71 km de Sambava. Elle est fonctionnelle depuis 1979 sous le nom de CAPJ (Centre d'Animation et de la Promotion de la Jeunesse) à l'époque.
Cerise sur le gâteau des promesses non tenues dans le Nord: lors d’un meeting au stade municipal d’Andranomasimbe à Vohémar, début décembre 2013, Hery Rajaonarimampianina avait réaffirmé son pari de réhabiliter la route Ambilobe - Vohémar, s’il est élu Président. Mais je me rappelle également qu’il avait renouvelé sa promesse de mettre en place de grandes infrastructures et de rétablir la sécurité dans ce district connu pour l’élevage bovin… Quel est le bilan de toutes ses promesses, à quelques mois de la fin de son mandat? Je me suis focalisé sur cette partie du Nord de l’île parce qu’en ce moment même, la RN6, reliant Ambanja-Antsiranana en passant par Ambilobe, est complètement coupée depuis une semaine déjà . Or, les pouvoirs publics semblent ne pas être au courant. Et voilà que notre confère Davis R., dans un article paru dans le quotidien «Midi Madagasikara» du 8 mars 2018, confirme mes souvenirs, avec encore plus de détails, à propos de cette RN6. Je cite ou plutôt je transcris:
Démagogie. Quoiqu’il en soit, cette route nationale n°6 en piteux état constitue une énième promesse de campagne non tenue par le président Hery Rajaonarimampianina, tout comme la route Ambilobe – Vohémar qui, actuellement, est devenue inaccessible. Cet engagement présidentiel reste pour le moment une simple démagogie. Reste à savoir si le porte-fanion du HVM qui envisage de briguer un second mandat attendra la campagne électorale pour ordonner le début des travaux. Et ce, même si durant ses plusieurs déplacements dans le Nord pendant ses quatre ans de pouvoir, le numéro Un du «Hery Vaovao ho an’i Madagasikara» a toujours réitéré que «les travaux vont bientôt commencer». L’année dernière, lors du 5è Sommet Union Africaine – Union Européenne qui s’est déroulé à Abidjan, le Chef de l’État a obtenu 235 millions de dollars pour réhabiliter les RN6 Tana – Diego et la RN13 reliant la capitale à la ville de Fort Dauphin. La question est donc de savoir ce qu’est advenue cette grosse somme d’argent. Quid également des 10 milliards de dollars obtenus durant la conférence des bailleurs et des investisseurs, qui s’est tenue à Paris au mois de décembre 2016? – Fin de transcription.
Loin de ces considérations émanant de journalistes «mpanongam-panjakana», comme tout dirigeant médiocre qui refuse d’admettre qu’il l’est, et avec le principe WASP (White Anglo-Saxon Protestant) axé sur l’eau-de-feu donnée aux «redskins» d’Amérique par les colons venus d’Europe, pour que ces futurs «native americans» se divisent et s’entretuent à cœur-joie (un bon Indien étant un Indien mort), Hery Rajaonarimampianina se gargarise de son nouveau diplôme honoris causa octroyé par l’université de l’Amitié des peuples, en Russie (photos tout en haut de cet article), pour sa vision de 2030 qui n’est qu’un énième miroir aux alouettes. Fort de cette «victoire», il est revenu au pays pour mettre les bouchées doubles en inaugurant des rénovations de quartiers à Antananarivo qui, pourtant, constituent une attribution prioritaire du Premier magistrat de la Capitale de Madagascar. Non content de bloquer les fonds normalement destinés à la Commune urbaine, voilà que le Hery vaovao s’accapare de travaux mineurs pompeusement baptisés «projets présidentiels». Mais en quoi la rénovation des bords du lac Anosy et des jardins aux alentours du stade municipale de Mahamasina, va-t-elle améliorer le quotidien des habitants d’Antananarivo confrontés à la hausse généralisée du minimum vital leur ayant permis, jusqu’ici, de survivre?
Effectivement, à ce rythme, plus besoin de guerre, civile ou non. Les pauvres Malgaches vont s’éteindre, un par un comme des mouches sous l’effet de l’insecticide Hvm (Haute virulence malgachicide). Si sous d’autres cieux, quatre années suffisent pour développer un pays (le développement, à mon sens, consiste à améliorer et à faire des extensions de ce qui existe déjà ), à Madagascar, dans le même laps de temps sous Hery Rajaonarimampianina, c’est la constance de la médiocrité. Son incapacité à diriger, gérer un pays de 590.000 km², est flagrante. Si bien qu’il se met lui-même sous son propre niveau en voulant briller dans une ville de 88 km² avec près de 2 millions d’habitants (sur 25 millions actuellement). Et en usant et abusant de la pratique de l’expression latine: Panem et circenses (littéralement «pain et jeux du cirque», souvent traduite par «du pain et des jeux») de la Rome antique. Elle était utilisée pour dénoncer l'usage délibéré fait par les empereurs romains de distributions de pain et d'organisation de jeux dans le but de flatter le peuple. Seulement, à Madagascar, si les «jeux» gratuits font florès, le prix du pain (du riz aliment de base du Malgache, plus précisément) augmente de manière exponentielle sans que les dirigeants n’arrivent à juguler ce gravissime problème existentiel. Et quand les jeux sont plus importants que la survie du pays, c'est que sa fin est proche. Et c’est, justement, l’une des causes de la chute de l’empire romain d’Occident qui avait fait l’objet de l’homélie lors du culte d’action de grâce pour le repos de l’âme de Tsivalina Ralaindimby (Cliquez ici). Et c’est aussi devenu une manie que de toujours impliquer la Première dame.
Ainsi, pour le régime Hvm, «l’embellissement de ces deux quartiers, parmi les plus emblématiques d’Antananarivo, a été entrepris sur initiative de l’épouse du Président de la République, Voahangy Rajaonarimampianina. Le projet a été dirigé et exécuté par le Ministère auprès de la Présidence en charge des projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement. Ces vastes espaces verts, pour le repos et les loisirs, ont été remis officiellement à la population d’Antananarivo par le Président de la République, dans la matinée de ce 7 mars (…). En l’espace de 45 jours, les jardins et tout l’espace autour du lac Anosy ont été réaménagés. La partie sud du lac d’Anosy est ainsi devenu un espace pour enfants, avec des aires de jeux et une piste de skateboard. Quant au boulodrome, il a été rénové, et comporte en trois terrains, disposant d’un petit gradin ».
Bravissimo! Pour en mettre plein la vue (impressionner, épater, éblouir), en un mois et demi, il n’y avait pas mieux: des jeux, rien que des jeux et encore des jeux! Mais vu les dosages que j’ai constaté de visu, cela durera-t-il le temps d’un «fahavaratra»? J’ai des doutes. A mon humble avis, sur un autre plan (sur la comète), Hery Rajaonarimampianina ferait mieux de se porter candidat au poste de Maire de la ville d’Antananarivo. Mais à ce niveau quelles seront ses chances réelles étant donné que les Malgaches de 2018 n’ont plus la vision étriquée de la res publica que leurs ancêtres de 1972, 1991 et 2002, sous les partis PSd, Arema et Tim? Inaugurez, inaugurez, il en restera toujours quelque chose…
Arrivé ici, une idée m’a effleuré l’esprit, pas si farfelue que çà . Marc Ravalomanana était maire élu de la capitale avant de devenir président de la république; Andry Rajoelina était aussi maire élu avant de devenir président d’une transition politique reconnue par la feuille de route signée au Paon d’Or Ivato. Il faudrait donc que Hery vaovao soit élu maire avant de se présenter candidat président à nouveau? Mais qui nous dit, constamment médiocre comme il est mondialement reconnu, qu’il arrivera à bien gérer la Capitale de Madagascar? On tourne en rond, les gars! Cela s’appelle cercle vicieux («boribory vetaveta» en malgache primaire)…
Jeannot Ramambazafy – Article également publié dans «La Gazette de la Grande île» du samedi 10 mars 2018