Comme promis par le Président Andry Rajoelina, le Pape François (Jorge Mario Bergoglio), Souverain pontife (Summus pontifex : pontife suprême) ou Pontife romain (Pontifex romanus) de l’Église catholique, est arrivé en terre malagasy, hier vendredi 6 septembre 2019. Aujourd'hui, il sera l'hôte du couple présidentiel au Palais d’État d'Iavoloha. En attendant son discours très attendu par tous les Malagasy, quelle que soit leur religion et confession, voici un dossier qui, déjà, traverse l'espace et le temps, pour vous imprégner du Passé afin de mieux appréhender le Futur.
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église
Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : “ Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? ”. Ils répondirent : “ Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes”. Jésus leur dit : “ Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? “. Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : “ Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! ”.
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : “ Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ”. (Évangile selon saint Matthieu, chapitre 16: 13-19)
Ce Pierre -devenu Saint Pierre ou Sanctus Petrus-, de son vrai nom Simon Bar-Jona selon la tradition chrétienne, aussi appelé Kephas ou Simon-Pierre, était un Juif de Galilée, connu pour avoir été l'un des disciples de Jésus de Nazareth dont il a été un apôtre. La tradition chrétienne en fait même le “Prince des Apôtres”, le premier Évêque de Rome et l’Église catholique revendique sa succession apostolique pour affirmer une primauté pontificale dont l'actuel Pape est le représentant. Cependant, selon Yves Marie Hilaire, dans son ouvrage: “Histoire de la Papauté: 2000 ans de missions et de tribulations”: “La communauté chrétienne de Rome releva d'une direction collégiale au moins jusqu'à 217, date du sacerdoce apostolique de Calixte 1er qui fut le premier souverain individuel de l'Église romaine et le premier à être désigné sous le titre de “Pape”. Quoi qu'il en soit, le Pape François est l'un des successeurs de Saint Jean Paul II (sanctus Ioannes Paulus secundus), après Benoît XVI (Joseph Alois Ratzinger). Jusqu'ici, le Pape Jean Paul II (Karol Wojtyla) aura été le seul Pape à venir rendre visite à Madagascar. Du vendredi 28 avril au lundi 1er mai 1989, il était à Antananarivo, à Fianarantsoa et à Antsiranana.
En cette année 2019, trente ans après, c'est donc le Pape François qui est à Madagascar. Sa visite durera du 6 au 10 septembre uniquement à Antananarivo. Il est venu en tant que “Semeur de Paix et d'Espérance”. Mais quel sera son vrai discours ? En attendant son intervention qui aura donc lieu ce samedi 7 septembre 2019 au Palais d'Iavoloha, remontons le temps d'une trente années cette fois-ci.
Ci-après, des extraits du discours du Pape Jean Paul II, prononcé au Palais d'Ambohitsorohitra, le vendredi 28 avril 1989. Dans un dossier publié sur madagate, lors de son décès, le 2 avril 2005, j'avais considéré ce message comme un authentique testament à la Nation malagasy:
“Affirmer la personnalité originale du pays”
“ (...) De grand cœur, au moment de ce premier contact, je souhaite aux Malgaches un progrès constant sur le plan spirituel, et moral comme sur le plan économique et social, pour qu’ils voient satisfaites leurs attentes et pour qu’ils connaissent tous la prospérité et la paix. Les nobles traditions de ce peuple et sa culture ancestrale sont les gages de sa cohésion et de ses aptitudes à affirmer la personnalité originale du pays, dans le concert des Nations, tout en mettant en valeur les précieuses ressources humaines et physiques de la Grande île. Avant tout, ma venue sur cette terre à une portée pastorale. Comme Évêque de Rome, ayant reçu la charge de veiller à l’unité de l’Église catholique, je désire rencontrer, à son invitation, l’Église qui est à Madagascar. Je salue avec affection ses pasteurs présents ici, Monseigneur le Cardinal Victor Razafimahatratra, Archevêque d’Antananarivo et Monseigneur Albert Tsiahoana, Président de la conférence épiscopale, ainsi que les évêques et les personnalités religieuses qui les accompagnent. Avec les fidèles malgaches, nous allons nous unir dans la prière, dans la profession de la Foi au Christ, dans le témoignage évangélique.
“Esprit de dialogue, de recherche de la vérité”
Et je viens affermir mes frères dans la Foi, comme le Seigneur en a donné mission à l’Apôtre Pierre. Il y a bien plus d’un siècle à présent, l’annonce de l’Évangile a été inaugurée par les missionnaires d’Europe. Ils sont encore nombreux aujourd'hui à servir l’Église dans ce pays (...). Dans cette Église, c’est une grande joie pour moi de célébrer la première béatification d’une fille de cette terre, Victoire Rasoamanarivo, chrétienne exemplaire, vénérée par ses frères et sœurs comme modèle et inspiratrice pour la Foi et la Charité, pour la participation active et responsable de tous à l’animation de la communauté. En arrivant dans la Grande île, je vais aussi à la rencontre de chrétiens appartenant à d’autres communautés ecclésiastiques qui entretiennent des relations amicales et ouvertes avec les catholiques. Dès maintenant, je souhaite les saluer et les assurer que je viens dans un esprit de dialogue, de recherche de la vérité, d’action de grâce pour le Baptême et la Foi qui déjà nous unissent. La coopération des chrétiens dans plusieurs domaines montre qu’une fraternité vivante se construit. J’en vois un signe éloquent dans la très ancienne traduction de la Bible, qui a permis aux Malgaches l’accès au message chrétien dans leur langue est qui est saluée comme un évènement culturel et spirituel remarquable de votre histoire.
Education de la jeunesse
Le souci du bien-être, de l’épanouissement et la dignité de l’Homme me rend proche aussi des membres de ce peuple qui n’ont pas adhéré à la foi chrétienne. Qu’ils soient assurés de mon respect pour leurs convictions de conscience et mon estime pour leur bonne volonté et leur tolérance, dans un pays qui s’efforce de promouvoir une pleine liberté religieuse (...). Les évêques de ce pays ont engagé tous leurs frères à travailler avec détermination dans le champ du redressement national. J’encourage volontiers ces orientations qui vont dans le sens de ce que les premiers chrétiens sur votre terre, ont cherché à réaliser. En particulier, ils participent avec dévouement à l’éducation de la jeunesse, nombreuse et dynamique, parfois inquiète dans son désir de réussir son entrée dans la vie active avec les meilleurs atouts. Pour la formation professionnelle comme pour soutenir une bonne maturité morale et spirituelle, les écoles chrétiennes espèrent rendre un véritable service à la Nation.
Solidarité de tout le peuple
Dans la droite ligne de l’esprit évangélique, les chrétiens tiennent aussi à se consacrer au soin des malades et au soutien des plus pauvres, des plus délaissés de leurs frères. Je sais que leur désintéressement et leur efficacité dans ces domaines sont reconnus, et je souhaite qu’ils poursuivent généreusement ces actions (...). Je viens animé de confiance et d’espérance. Je souhaite profondément que ma vie pastorale soit utile à votre pays. Je la conçois comme un service qui est la sienne de réaliser la communion et de contribuer à la solidarité de tout le peuple (...). Je prie le Dieu Tout-Puissant de bénir ceux que leurs responsabilités ont mis au service de la Nation et d’accorder ses bienfaits à tous les Malgaches ”.
Hélas, mille fois hélas: en trente ans, Madagascar a plongé dans une paupérisation et une corruption institutionnalisée incroyables pour un pays qui n'a connu aucune guerre. Entre la visite du Pape Jean Paul II et celle du Pape François, voici les différents Présidents et Chefs d’État malagasy qui se sont succédés:
IIIème république
Ddier Ratsiraka (4 janvier 1976-27 mars 1993); Albert Zafy (27 mars 1993-5 septembre 1996. Il a été destitué); Norbert Ratsirahonana (5 septembre 1996-9 février 1997, Chef d'Etat intérimaire); Didier Ratsiraka (9 février 1997-5 juillet 2002. Président élu); Marc Ravalomanana (22 février 2002-17 mars 2009. Président autoproclamé avant d'être élu); Hyppolite Ramaroson (17 mars 2009. Chef d’État de facto); Andry Rajoelina (17 mars 2009-17 novembre 2010. Président de la Haute autorité de la Transition).
IVème république
Andry Rajoelina (17 novembre 2010-25 janvier 2014. Chef d’État à titre transitoire); Hery Rajaonarimampianina (25 janvier 2014-7 septembre 2018. Président élu puis démissionnaire); Rivo Rakotovao (7 septembre 2018-18 janvier 2019. Président intérimaire); Andry Rajoelina (18 janvier 2019 à nos jours. Président élu en fonction).
Eh oui, le pays a traversé deux républiques, entre-coupées de périodes transitoires; plusieurs Chefs d’État se sont succédés, mais Madagascar n'a jamais connu un réel développement dans quel domaine que ce ce soit. “Semeur de Paix et d'Espérance”... Cette visite du Pape François, sera-t-elle l'annonce d'un nouveau départ, pour ne pas dire un départ à zéro? Croisons les doigts. Mais c'est bien le moment, pour tous les croyants qui qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, d'avoir la Foi plus que jamais. Ainsi soit-il.
Jeannot Ramambazafy