Des miliciens civils en Somalie. Verra-t-on vraiment ce genre dans les villes et villages malgaches ? Ici, on dirait les abords du lac Anosy à Antananarivo
Mais pourquoi tout le monde est en effervescence ? Zafy Albert a tout à fait raison. Dans son esprit de nonagénaire qui a un pied dans la tombe, il n’y a pas de réconciliation sans conflit. Comme il n’y a pas (encore) de guerre à Madagascar, il va se faire le plaisir de tenter de jouer deux rôles « décisifs » :  celui qui sème la zizanie et puis celui qui entend réconcilier. Ce sera l’œuvre de sa minable vie. Mais, étant donné qu’il est un poids plume sur l’échiquier politique malgache, et la fin justifiant les moyens, cela ne le gène pas aux entournures que d’utiliser les soldats de celui qu’il n’a jamais reconnu comme étant président de Madagascar. Il s’agit de Marco d’Imerikasinina, ce Merina au même titre que son chien (car le cabot de Zafy porte ce nom). Pour éviter le moins « d’erreurs » possible, et pour la cause côtière, il met dans sa besace le poids de l’Amiral rouge qui a tenté de le tuer un fameux 10 août 1991, du côté du palais d’Iavoloha.
La couverture de L'Express de Madagascar du 27 janvier 2009. Encore une prémonition. Décidément, cette guerre de Madagascar est devenue une obsession
Connaissant cela, qu’est-ce qui pourrait choquer encore plus ? Et comme Madagascar, sous l’ère Rajoelina vit pleinement la liberté d’expression, tout le monde semble étonné qu’on le laisse parler sur les chaines publiques Rnm et Tvm. Mais Zafy et Fetison vont finir par être ridicules car tous les deux caressaient l’espoir qu’on allait les censurer. Dirigeants de la transition ne commettaient jamais cette erreur ! Laissez-les détruire Noêl et les fêtes de fin d’années, sacrées pour tous les chrétiens du monde. Je me demande si Zafy osera encore aller à la cathédrale d’Antanimena, en cette semaine sainte. Mais, bof, il verra avec sa conscience. Ainsi donc, le programme est très alléchant. Surtout qu’il y a un antécédent : en 1991, le peuple, qui a craché sur l’Amiral rouge Ratsiraka, l’a remis en selle en 1996. Donc, en toute logique, Ravalomanana va être réélu lors des prochaines élections présidentielles. Rien n’est impossible dans cette vallée des larmes, à Madagascar plus qu’ailleurs.
Zafy Albert avec le « look » terroriste, loin des tables d’opération où il ne pratique plus depuis belle lurette. Ici, avec des alliés qu'il n'avait jamais reconnu, quelques mois seulement auparavant
« Je lance un appel aux Forces armées, se déclarant être neutres, de rester dans leurs camps, pour laisser les civils des deux camps politiques antagonistes… régler entre eux l’actuelle crise ». Ce sont les déclarations de l’éminent Professeur Zafy Albert, au Carlton, le 18 décembre 2009. Quel panache, quelle vision grandiose du chaos ! Du grand art ! Personne ne ferait mieux. Sauf Ben Laden Oussama, bien sûr. Il a aussi ajouté : « Andry Rajoelina est un petit Hitler ». Mais, cher prof de mes deux copains condescendants, l’Amiral rouge (de rage) avait déjà déclaré à propos de Ravalomanana : « C’est un nazi ». Rien de nouveau sous le soleil des déclarations toutes faites. En fait, « l’alliance Ratsiraka-Zafy-Ravalomanana » est très limpide. Le prof se pose comme l’arangueur qui sème la zizanie ; l’Amiral, qui n’a pas le respect de la parole donnée, devient la tête pensante en matière de stratégie… militaire ; quant à Ravalomanana, c’est le bailleur de fonds. S’ils ne réussissent pas leur coup, surtout avec leurs expériences conjuguées du complot d’état, c’est à désespérer.
L’arangueur, le stratège et le bailleur : trois ex-présidents rejetés par le peuple qui s’unissent illogiquement grâce à la Communauté internationale qui sera tenue comme principale responsable de cette future guerre, pour les avoir remis en selle, sans connaître réellement leur capacité de nuisance exceptionnelle
Lorsque l’on a le nerf de la guerre, lever une milice civile est un jeu d’enfants. Et on sait très bien que la Communauté internationale ne lèvera pas le moindre petit orteil, dans une guerre purement malgacho-malgache. Et puis, moins il y a de bougnoules, plus c’est mieux pour les tractations économiques. Après. Car la vie continuera. Dans quelques jours, 2009 sera une année du passé, qui ne reviendra plus jamais. 2010 sera donc l’année du génocide malgache. C’est bien de le savoir, car un homme averti en vaut deux. Sur quoi reposera alors le facteur de « réussite » de cette apocalypse signée Zafy Albert ? D’abord sur l’appât du gain. Ravalomanana aurait-il donc mis toutes ses centaines de millions d’euros qui lui restent dans cette affaire qui ne sera jamais juteuse mais plutôt sanglante ? Et qui nous dit qu’il a entière confiance en Zafy et Ratsiraka ? 2010 sera aussi le marché de dupes du siècle. Et Mamy Rakotoarivelo, dans tout çà  ? Il a mis les Rajaofera Andriambelo (fondateurs du groupe Midi Madagasikara) dans une belle panade, vraiment. Marthe doit se mordre les lèvres jusqu’au sang (déjà ) car le bébé joufflu Mamy n’est pas le gendre qu’elle espérait. Quelle déception. On verra aussi jusqu’où ira le fameux esprit de famille, dans la grande bourgeoisie malgache d’Antananarivo…
Le blason de la ville d'Antananarivo oĂą vivent toutes les composantes de la nation malgache. La devise de la Capitale de Madagascar est : "1.000 guerriers ne meurent pas en un seul jour".Â
Ce qui sera formidable c’est que, si nous allons tous mourir, un jour ou l'autre (Aimé Razafy vient juste de partir tout seul), il faudra remercier Zafy de Betsiaka : grâce à lui nous allons partir en masse. Familles malgaches, préparez vos « lambamena » (linceuls). Je trouve l’idée formidable que ce grand départ en masse, même si l’on sera toujours tout seul, rongé des vers, dans son tombeau. Vivement 2010 : nous irons tous au paradis ! Pour les survivants, que restera-t-il ? Et ben, la réconciliation. Voilà , la boucle est bouclée. Que ceux qui adhèrent à la solution finale de Zafy s’arrêtent de dresser des plans d’avenir. Mais franchement, il a oublié une chose ce Professeur là  : la devise des Ambaniandro, mot qu’il prononce avec haine, est : « Ny arivolahy tsy maty indray andro » (1.000 guerriers ne meurent pas en un jour). Sans l’appui et l’apport des parents de l’actuelle génération des habitants d’Antananarivo, il n’aurait jamais été élu contre Ratsiraka. Et c’est là que le très gros grain de sable qui va bloquer sa grandiose vision apocalyptique. Même, si par magie, Ravalomanana réussit à mobiliser ses copains de la Sadc. Alors, en cette veille de Noël, c’es vraiment le moment de dire : qui vivra verra. En tout cas, toute cette démarche entre aussi dans une autre logique. On a toujours dit Zafy Albert n’avait pas de sang sur les mains. Comme Didier Ratsiraka, le 10 août 1991 et Marc Ravalomanana, le 7 février 2009. Actuellement, à la date du 18 décembre 2009, Zafy Albert à du sang dans la bouche même. Attention de ne pas s’étouffer alors. Car çà … tue.
J'allais oublier, à propos de bailleurs de fonds dont la "carence" est brandie comme un épouvantail. Il faut donc rappeler combien de fois que les aides ont été suspendues depuis décembre 2008. Or, durant toute cette année 2009 qui s'achève, qu'on le veuille ou non, la vie n'a pas cessé à Madagascar. Les fonctionnaires ont toujours été payés. Cela traduit d'abord une bonne gouvernance, ensuite que les Malgaches peuvent s'en sortir sans suivre les "consignes" politiques de certains et, enfin, que toutes les aides apportées depuis près de 35 ans n'ont jamais servi à développer quoi que ce soit. Au contraire. Elles ont servi à endetter le peuple devenu dépendant donc improductif.
Jeannot RAMAMBAZAFY - 19 décembre 2009
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INTERVIEW A DIEGO SUAREZ D’UN CHAUFFEUR DE TAXI
Dans la ville la plus septentrionale de Madagascar, tous les taxis sont des Renault 4 peints en jaune poussin
Si les responsables des mouvances Ratsiraka, Zafy et Ravalomanana sont montés au créneau, séparément la semaine dernière, pour lancer des boulets rouges à l’endroit des dirigeants de la Transition, notamment au Président Andry Rajoelina, pour avoir - selon eux - exilé leurs « Raiamandreny », nombre des habitants d’Antsiranana, qu’ils soient profanes ou intellectuels, voient les choses autrement. « Je ne suis qu’un simple chauffeur de taxi, mais j’aimerais faire part de mon point de vue sur la situation politique qui prévaut. Tout ceci aurait pu être évité si les membres du Gic n’avaient pas eu la maladresse d’associer les 2 anciens Chefs d’Etat, Ratsiraka Didier et Zafy Albert, dans la négociation qu’ils mènent pour sortir Madagascar de cette crise. C’est pour dire que celle - ci n’est en fait que leur propre œuvre. A la question de savoir si c’est voulu ou pas, il appartient à chacun de réfléchir sur la question. Mais pour ce qui est du Professeur Zafy Albert, renommé pour sa qualité de vrai Raiamandreny et que je continue à respecter, je trouve qu’il a commis la plus grosse erreur politique de sa vie en acceptant de diriger une mouvance à lui. Il aurait dû savoir qu’en tant que tel, il devait rester au - dessus de la mêlée et adopter une attitude conciliatrice. Mais au lieu de cela, il s’est engagé dans une vraie guerre de sièges, et est allé jusqu’à s’allier avec celui qu’il a combattu de toutes ses forces pendant plusieurs années au même titre que Ratsiraka Didier. On peut dire tout ce qu’on veut, mais la population - dans sa majorité - ne digère pas leurs conduites politiques. Aujourd’hui, je vois mal comment il compte procéder pour réconcilier les Malgaches, alors qu’il est incapable de raccommoder le prince Lamboeny III et le Roi Tsimiaro III »,  a - t - il déclaré, avant de faire remarquer que « personne n’a réconcilié le Professeur Zafy Albert et Ratsiraka Didier, et pourtant, ils sont ensemble aujourd’hui ». « Je regrette de devoir le dire, mais Zafy Albert ne peut plus prétendre être un Raiamandreny de la Nation, mais je souhaite que je puisse me tromper », a - t - il ajouté. « Mais un vieil adage de chez nous ne dit - il pas que là où il y a un Raiamandreny, les enfants ne se battent pas ? », s’est - il demandé.
Quoi qu’il en soit, ce chauffeur de taxi ne fait que dire tout haut ce que les autres pensent tout bas dans la Capitale du Nord.
A. Lepêcheur  (La Vérité du 17 décembre 2009)