Lentement mais inexorablement, les Malgaches sont en voie d’en conclure et avec la transition et avec la crise politique comico-tragique qui prévaut encore en ce mois de mars 2010. Un an après la démission de Marc Ravalomanana.
Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, seules des élections mettront un terme définitif à une situation politique qui entrave le développement même du pays. Depuis l’indépendance de 1960, aucune entité vraiment indépendante n’a été mise sur pied pour empêcher les dirigeants de faire ce que bon leur semble, une fois le cap de leur premier mandat dépassé. Toutes les institutions étaient entièrement sous leur coupe réglée. En matière d’élections, après les bourrages des urnes sous le Psd de Philibert Tsiranana, vint l’augmentation des bureaux de vote sous l’Arema de Didier Ratsiraka et la disparition d’électeurs sous le Tim de Madagascar. Concernant Zafy Albert, il faut vraiment un président par accident.
Point commun : aucun des trois présidents Psd, Arema et Tim n’a pu être jugé de leurs actes étant donné qu’aucune juridiction n’a jamais été officiellement mise en place. Par exemple, la Haute cour de justice censée permettre de les trainer devant la justice est bien inscrite dans la Constitution raccommodée en avril 2007, mais elle n’a jamais été fonctionnelle. Pour en revenir aux élections, il y a bien eu la CNE ou Commission nationale des élections. Mais elle était la botte des dirigeants et de leur parti. Par ailleurs, c’était toujours l’administration qui s’occupait de l’organisation et chaque candidat devait imprimer eux-mêmes leur bulletin.
Il était évident que seuls les nantis et les candidats issus pouvoir avaient le plus de chance de « gagner » des élections dont le résultat était déjà connu de l’homme de la rue… En ce mois de mars 2010, Madagascar tourne une page de l’histoire de ses élections avec cette CENI ou Commission électorale nationale indépendante. Que les réfractaires à tout changement racontent ce qu’ils veulent, voici les points qui marquent cette nouvelle ère.
Photo souvenir partielle avec le président de la HAT, Andry Rajoelina
A bien y voir, les membres sont issus de trois entités précises : la société civile ; l’administration ; les partis et sensibilités politiques. C’est la première entité qui a la majorité, avec dix (10) membres. Si le volet politique est représenté par quatre (04) membres, l’administration n’en a que deux (02). Actuellement, les membres de la CENI ne sont que 16, les « trois mouvances » ayant choisi de ne pas faire partie de cette tranche de l’histoire politique de la Grande île de l’océan Indien.
Sur les 16 membres actuels, 4 sont des femmes, soit ¼ de l’entité. Un grand pas pour l’approche genre. Grande première et inédit à Madagascar : le mandat des membres de la CENI est de sept (7) ans non renouvelable et aucun dirigeant ne peut les révoquer durant leur mandat. Finies les pressions en tout genre. Pour rappel, veuillez cliquer sur le lien suivant pour lire et relire le texte sur cette CENI :
http://www.madagate.com/dossier/1345-madagascar-tout-sur-la-ceni.html
A présent, qui sont les membres de la CENI de Madagascar ?
SOCIETE CIVILE
RASOATSINAMPOIZINA AUBIERGE SIDONIE. Ingénieur Electrotechnicien. Formation spécialisée en Leadership. Coordonateur régional du Projet "Pétrole pour le Développement au WWF Madagascar; Mise en œuvre du programme de formation en mode Focus Group, Programme "Bonne Gouvernance Radio", Banque Mondiale.
BRUNO RAKOTOARISON. Docteur en Chirurgie Dentaire de formation. Secrétaire Général National du KMF CNOE depuis 2003; Superviseur et Observateur des élections Locales et Nationales de 1992 à 2008.
Mamy Auguste ANDRIANIRINA. Maîtrise en Sciences Sociales de Développement, Maîtrise en Sciences Juridiques. Consultant Friedrich Ebert Stiftung Bureau Madagascar depuis 2007.
Marie Gisèle RANAMPY. Haut Conseiller auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC).
Hanitriniala RAFOLISISOA. Diplômé Droit International. Formation de formateurs en droit humain. Formation sur le droit humain. Juriste consultant depuis 2002; Conseiller Juridique depuis 2005. Présidente de l'UNMDH depuis 2006.
Hary Tiana RALEVASON. Administrateur Civil, Gestionnaire de Programme, Développement communautaire. Président du Syndicat des Administrateurs Civils.
James RAMAROSAONA. Journaliste. Précédemment membre de la CNE. Représentant de l’Ordre des Journalistes de Madagascar.
Yves Herinirina RAKOTOMANANA. Bâtonnier de l'Ordre des Avocats de Madagascar depuis 2008.
Gervais TAHINDRO. Enseignant en Droit.
Henri RAKOTOSON. Président du Tribunal Administratif de Toamasina depuis 2005.
REPRESENTANTS L’ADMINISTRATION
JEAN. Directeur Général de l'Intérieur auprès de la Vice-Primature. Vice Président du SYNAD depuis 2009.
Olivier Sylvère ANDRIANARISATA. Cadre du Ministère chargé de la Décentralisation ;
SENSIBILITES POLITIQUES
Fanomezantsoa RAKOTONIRINA. Maîtrise en Droit Public. Chef district Antananarivo VI depuis 2009.
Fredon Armand RATOVONDRAJAO. Maîtrise en Droit Privé. Diplôme en médiation. Avocat au Barreau de Madagascar depuis 1998.
Frediss Alvin RAHERISON. Diplôme en Affaires Maritimes. Maîtrise en Droit. Diplôme de l'Institut
International de Droit du Développement. Substitut au Tribunal Administratif depuis 2007.
Maria Sylvie RAHARINARIVONIRINA. Maîtrise en Droit Privé. Formation en Arbitrage international. Formation sur les collectivités décentralisées. Formation de formateurs d'Ecole des avocats. Avocat à la Cour généraliste. Avocat spécialisé en Droit des Affaires. Avocat qualifié en arbitrage international. Juriste expert en droits de l'Homme.
De gauche à droite, prêtant serment le 26 mars 2010 : Me Maria Sylvie Raharinarivonirina ; James Ramarosaona ; Bruno Rakotoarisoa
Cette CENI, dès à présent, sera l’entité qui s’occupera de l’organisation de toutes les élections à venir à Madagascar. Quels que soient les dirigeants. Il faut qu’elle devienne une institution vraiment forte et indépendante, c’est-à -dire à l’abri de toute corruption… Elle aura le privilège d’inaugurer l’utilisation du fameux bulletin unique qui met tous les candidats sur le même pied d’égalité. Qui n’avance pas recule. Les trois mouvances qui ont perdu les subsides de Marc Ravalomanana doivent se faire une raison. C’en est fini des stratégies liées au culte de la personnalité.
De leur côté, l’Union africaine et la Sadc ont du pain sur la planche pour rajouter à leur liste de sanctionnés tous ces membres de la CENI et ceux de la HCC qui a validé leur prestation de serment du 27 mars 2010. Mais il leur faudra également sanctionné tous ceux qui ont participé à « La Grande Caravane de la Solidarité » de l’association Fitia de Mialy Rajoelina ? Et pourquoi pas les ambassadeurs étrangers qui se sont entretenus avec le vice-Amiral Hyppolite Rarison Ramaroson, vice-Président chargé des Affaires étrangères ?
Non, vraiment, le ridicule n’a jamais tué personne. A l’instar de Fetison Rakoto Randrianirina qui a clamé que le FMI quittera Madagascar au mois de juin 2010. Bonne nouvelle alors, car les arrières-petits-enfants des Malgaches actuels n’auront plus à payer de dettes extérieures. Mister Fetison ne dit pas qu’il existe des pays qui s’en sortent très bien sans la Banque mondiale ni le FMI. Dur de changer cette mentalité d’éternel assisté doublée d’une adoration sans faille à un dieu déchu qui passe son temps à faire du golf, du tennis, de la natation et des safaris en Afrique du sud… Puisque l’on parle de ce président qui a démissionné au premier coup de vent, voici comment le voit, actuellement, la diplomatie française. Comme je ne cesserai de le répéter : on peut tromper quelqu’un une fois, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps :
Les dérives autoritaires et autocratiques du Président le conduisent à sa chute
Le peuple malgache a cru, mais 7 ans de Tikoland, ce fut trop...
Alors que la gestion des affaires publiques par Marc Ravalomanana est de plus en plus critiquée, la déception de la population est à la mesure des espoirs immenses que son accession au pouvoir avait suscités en 2002. En verrouillant la vie politique malgache, il a contribué à entretenir un terreau favorable à une révolte populaire et créé un climat de méfiance généralisée. La conjonction de méthodes musclées et de décisions maladroites du Président ont contribué à envenimer la situation, cristalliser les oppositions et provoquer sa chute.
Un durcissement progressif du régime est constaté : la constitution révisée (4/4/2007) renforce le pouvoir du Président : possibilité de légiférer par ordonnance, renforcement du contrôle sur le Parlement, nomination par le Président des chefs de région. Le Président Marc Ravalomanana, en proie à des divisions au sein de sa majorité, a pris l’initiative de dissoudre l’Assemblée Nationale au mois de juillet 2007 et d’organiser de nouvelles élections législatives le 23 septembre 2007. La « malgachisation » de l’enseignement public a été annoncée avec un assouplissement envisagé pour l’enseignement privé.
Les dérives économiques de Marc Ravalomanana
L’insécurité juridique était devenue très importante, en particulier du fait de la situation quasi-monopolistique de « Tiko » (société appartenant au Président) dans de nombreux secteurs, de la distorsion de concurrence opérée par le Président malgache, des conflits d’intérêts permanents et de sa propension croissante à la confusion de gestion entre fonds publics et privés. Des scandales financiers ont également entaché la crédibilité du Président, en particulier l’achat d’un second avion présidentiel et le contrat passé avec Daewoo Logistics qui a cédé à la société sud-coréenne 1,3 M€ d’ha de terres pour produire de l’huile et du mais. Plus de détails sur :
Enfin, je vous donne un bonus : l’avis d’un visiteur du forum de sobika, très perspicace. Pas ce site mais le visiteur.
by Cher ex président @ 29 Mar 2010 11:38 am
Cher ex pdt,
Vous avez beaucoup œuvré pour l'atteinte des OMd et pour le développement de Madagascar en terme d'indicateur et de façade à l'international. Vous avez espéré que ces efforts masqueraient toutes les erreurs qui vous ont été fatales et qui vous ont fait penser que vous étiez invulnérable.
Pourquoi ne pas avoir considéré le vote sanction des tananariviens en décembre 2007?
Pourquoi avoir mis des bâtons dans les roues du jeune insensé Tgv alors qu'il était maire?
Pourquoi avoir toujours adopté une attitude hautaine, condescendante et parfois agressive?
Pourquoi avoir demandé pardon trop tard?
Pourquoi avoir proposé le référendum trop tard?
Et pourquoi tous ceux qui étaient à vos côtés n'y sont plus actuellement? Il n'y a guère plus que les Manandafy, Rakotovazaha, Constant, Fetison (inconnu avant 2009), Satrobory. Même votre fidèle Guy vous a laissé tomber (remplacé par un autre Gy Rivo inconnu également avant 2009)
Je me souviens en cette après-midi du 15 mars où vous aviez promis à Iavoloha que vous ne laisseriez pas vos partisans seuls. Et pourtant, trois jours après, vous quittiez Madagascar.
Madagascar s'enlise et les Malgaches vous ont envoyé un message depuis les présidentiels de 2007 où ils ont été bien peu à se rendre aux urnes mais vous n'avez pas tenu compte de ce taux de participation si faible.
Vous ne semblez pas avoir changé d'un poil. Toujours les mêmes propos : accusateur et se croyant immaculé.
Vous n'avez pas reconnu vos responsabilités dans cette crise (ah si, une seule fois, le 12 mars 2009 dans un discours, résultat : des milliers de partisans à Iavoloha pour vous soutenir. Propos hautains à nouveau le dimanche : plus personne à Iavoloha le lundi) et vous ne les reconnaissez pas (vous êtes bien au chaud en Afrique du Sud) [ndlr : où il passe son temps à jouer au golf, au tennis, à faire de la natation et des safaris].
Les Malgaches devront malheureusement se passer de vos services et il y a de fortes chances que le jeune sot Tvg gagne les élections.
Un peu plus d'humilité, cher ex président et vous retrouverez votre place ici.
by jules @ 29 Mar 2010 11:31 am
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY