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Madagascar : Sénateur Paul Wille ou la voix de la raison ; les magouilles de Joachim Chissano et de Niels Marquardt

Paul Wille, Niels Marquardt, Joachim Chissano

Au milieu de ce contexte de cacophonie et de désinformation à outrance où le sens de la logique est effacé pour faire place à un sens de la répartie souvent gratuite, bête et méchante, une voix s’est élevée pour se ranger du côté du pragmatisme. Elle vient d’un compatriote de Louis Michel ; Il s’agit du Sénateur Paul Wille (Open Vld), Président de la délégation belge à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Il a succédé au Sénateur Luc Van den Brande (CD&V).

Le Sénateur Paul Wille était membre du Comité ad hoc pour l’observation de l’élection présidentielle en Ukraine du 17 janvier 2010. A travers une lettre adressée à ses pairs de l’Union européenne mais aussi aux entités formant la communauté internationale -dont l’Union africaine-, Paul Wille a démontré sa parfaite connaissance des réalités qui prévalent à Madagascar, dans le domaine de la politique. Sa réaction intervient à la suite de la décision du Président Andry Rajoelina de ne pas briguer le premier mandat de premier président de la république malgache. Extraits percutants de cette lettre portant en-tête du Sénat de Belgique :

Debout, le Sénateur Paul Wille

« La décision du Président Andry Rajoelina constitue un profond examen de conscience pour son pays et pour sa personne. Il serait, peut-être, temps pour nous, membres de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Communauté internationale, de faire un examen de conscience sur nos attitudes passés. Car il semble bien que les autorités internationales ont, sans doute, basé leur jugement sur des standards éloignés de la connaissance des mœurs et des coutumes, et avec peu d’estime pour ce pays [Madagascar]. L’homme politique de taille [Andry Rajoelina], qui a la confiance du pays et de son peuple, a constaté que ce soutien ne mènera pas le pays et ses concitoyens sur la route de la dignité et de la délivrance fondamentale. Car s’est dressé sur cette route, le clan des anciens chefs qui se sont retrouvés et regroupés dans un seul objectif commun qui pourrait se résumer en cette phrase : il vaut mieux que la situation pourrisse plutôt qu’elle en profite à quelqu’un d’autre. Le quelqu’un d’autre est, bien sûr, le Président [de la Transition] mais c’est aussi tout le peuple malgache ».

« Aussi, j’en appelle au sérieux et à la responsabilité politique et morale de la Communauté internationale. Les instances internationales et africaines sont invitées, cette fois-ci, à étudier sans préjugé défavorable et loin des mauvais conseils intéressés, la feuille de route proposée par le Président de la Transition qui, lui-même, s’efface pour mener la transition à un succès définitif, dans l’intérêt de tous les Malgaches. Le lourd examen de conscience de Madagascar et de son Président a conduit ce dernier à faire la preuve ultime de son amour pour sa patrie et pour son peuple. Devant un tel courage et un tel sérieux, tous, sur la scène politique, ont le devoir d’accompagner le Président dans sa démarche et recommencer à construire pierre par pierre ce magnifique pays qu’est Madagascar ».

L’heure n’est donc plus aux plans tirés sur la comète. Chissano and Co veulent rallonger cette période de transition donc cette crise « politique » de 12 mois pour tenter de défendre encore le culte de l’impunité. Il est tout de même heureux que la soif d’un vrai changement du peuple malgache ait été entendue par une personnalité de la trempe du Sénateur Paul Wille. Mais cela prouve aussi que la corruption a grande échelle perpétrée par Marc Ravalomanana n’a pas gangréné tout le monde, et donc que tous ne sont pas corrompus ni corruptibles. A ce sujet, voici des révélations sur deux grands « acteurs » de cette crise politique 2009-2010 à Madagascar.

Nyimpine Chissano

Joachim Chissano d’abord : en novembre 2007, Nyimpine Chissano, 37 ans, le fils aîné de Joachim Chissano décède à Maputo. Cela donne l’occasion au journal « Presse de la Nation » de faire un rappel que ce fils de Chissano avait été mis en cause dans l’assassinat par balle, en novembre 2000, du journaliste Carlos Cardoso, directeur du quotidien « Metical », qui enquêtait sur des activités frauduleuses de Nyimpine Chissano, homme d’affaires prospère de son vivant. A l’époque plusieurs tireurs avaient accusé ce dernier d’avoir commandité l’assassinat Convoqué comme témoin devant la justice -mais jamais formellement inculpé-, il avait reconnu connaître les assassins mais nié toute implication dans le meurtre. Il avait assuré ne pas savoir comment l'un des tueurs s'était retrouvé en possession de chèques signés de son nom.Au moment de son assassinat, Carlos Cardoso enquêtait sur le plus gros scandale financier du « Mozambique indépendant » (sous la présidence de Joachim Chissano), le détournement de 14 millions de dollars de la Banque commerciale du Mozambique (BCM) avant sa privatisation en 1996. Outre le scandale de la BCM, Cardoso dénonçait depuis des années la face cachée du miracle économique mozambicain, enquêtant sur divers trafics sous couvert de commerce, dont celui de la drogue, et sur la corruption au plus haut niveau du système judiciaire. (Source : Presse de la Nation, du 20 novembre 2007). C’est cette sale histoire qui empêchera le Président Chissano de briguer un énième mandat en 2004. Tout sur l’affaire Cardoso sur : http://fr.rsf.org/predator-trois-ans-apres-l-assassinat-de-carlos-cardoso-tous-les-responsables-ne-sont-pas-connus,8574.html

Le gourou et ses adeptes dont Chissano et les... Beatles

Mais ce n’est pas tout, en ce qui concerne l’honorable Joachim Chissano qui a des vues sur un poste à l’ONU. En 1993, la secte de la « Méditation transcendantale » débarque au Mozambique dont le Président est Joachim Chissano qui vient de succéder à Samora Machel, assassiné. Littéralement subjugué par Maharishi Mahesh Yogi (un temps, gourou des Beatles), Chissano devient un des fervents adeptes de cette secte à qui il donne « le droit » d’exploiter 20 millions d’hectares de terres -soit près d’un quart du Mozambique !- pour y créer le « Paradis sur Terre ». Et Chissano incitait tous ses ministres à s’adonner à cette « Médiation transcendantale » comme lui. Mieux : avec plusieurs d’entre eux, ce président pas comme les autres est littéralement allé faire allégeance à Maharishi, à son siège social des Pays-Bas. Le fils du Président et les enfants de plusieurs hauts responsables ont été envoyés comme boursiers à l'Université Maharishi de Fairfield. Les premiers instructeurs étaient arrivés d'Europe et de l'Inde. Ils bénéficiaient d'une maison offerte par le gouvernement près de la résidence présidentielle ; ils y instruisaient des fonctionnaires civils et militaires et leurs familles. Mais le fameux « paradis terrestre » se révéla vite être un enfer pour les populations locales tant le cahier des charges du projet s'apparentaient davantage à celui d'anciennes compagnies coloniales. Le soulèvement populaire fut tel que les «anges sauveurs de la nation mozambicaine» durent lever le camp. Quel est alors le montant du pourcentage perçu par Chissano de la part de Maharishi pour avoir exploité ces 20 millions d’hectares ?

Je ne sais pas vous mais il me fait penser à Bokassa 1er (et dernier)

Rien n’est gratuit dans ce genre de tractation. Cette histoire me fait penser à la fois au « Paradis socialiste » de Didier Ratsiraka et à l’affaire Daewoo de Marc Ravalomanana… Et dire que ce Chissano a reçu le premier prix Mo Ibrahim (initiative africaine pour promouvoir la bonne gouvernance en Afrique) en 2007.

Marc Ravalomanana recevant le prix Louise Michel, le 25 janvier 2005 au Sénat français. Eh oui, comme l'avait déjà constaté Jean Baptiste Pocquelin alias Molière : la vie est un grand théâtre

Comme Ravalomanana qui, en 2005, a reçu le prix Louise Michel (Récompense française attribuée tous les ans à « une personnalité de haut rang remarquée pour ses vertus de dialogue, de démocratie, de développement et de paix »). Faut-il en rire ou en pleurer ?

Robert Niels Marquardt au Cameroun

A présent, passons à Niels Marquardt car vous êtes impatients, je le sens. Place à Hydromine Inc. Et à la société « Le Bus » au Cameroun. Mais pour éviter de me faire poursuivre pour « acharnement textuel » à l’encontre de Robert Niels Marquardt, voici les liens où vous aurez tout à loisir de lire les exploits de ce drôle d’ambassadeur qui a tenté de faire la même chose à Madagascar si Marc Ravalomanana n’avait pas été chassé par le peuple. Il avait déjà acquis des hectares de terres et comptait même en place un réseau d’amis comme Peter Brigger et Joe Parker.

AFFAIRE HYDROMINE INC. :

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:MfPTOfHOllwJ:www.lesafriques.com/l-arnaque-des-juniors-minieres-en-afrique/hydromine-inc-ni-capitaux-ni-expertise-ni-personnel-ni-bu.html%3FItemid%3D342+niels+marquardt+hydromine+Cameroun&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:_WyyX5q-k_QJ:www.peuplesawa.com/fr/bnlogik2.php%3Fbnid%3D273%26bnk%3D474%26bnrub%3D1+niels+marquardt+hydromine+Cameroun&cd=2&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

AFFAIRE LE BUS :

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:42uyqNgGtvYJ:www.cameroon-info.net/stories/0,25661,%40,comment-les-americains-ont-floue-le-gouvernement-avec-la-societe-le-bus.html+niels+marquardt+hydromine+Cameroun&cd=6&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

Après avoir lu tout cela, vous comprendrez pourquoi Joachim Alberto Chissano et Robert Niels Marquardt se présentent comme les défenseurs acharnés de Marc Ravalomanana. Mais tout a une fin et c’en est le début pour eux. Et le monde étant déjà à l’envers, le Président Andry Rajoelina doit s’atteler à ce que cette transition prenne fin cette année 2010. Comment ? En préparant et en organisant des élections qui auront des taux de participation inédits. Première étape : reconnaissance nationale en impliquant les citoyens malgaches par une explication en malgache à grande échelle -et sur tous supports- des articles de la Constitution à changer. Et qu’aucun président à venir ne pourra toiletter cette loi fondamentale sous 50 ans au moins. Je réécris ici les thèmes… fondamentaux émanant de la SEFAFI (Observatoire de la Vie publique à Madagascar) :

- Laïcité de l’Etat,

- Séparation effective des pouvoirs,

- Indépendance sous contrôle de la justice,

- Possibilité d’empêchement définitif du président de la République,

- Responsabilité pénale, pour tous les dirigeants politiques, des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions,

- Interdiction de cumul des mandats électifs, et d’un mandat électif avec une responsabilité nationale,

- Age minimal (35 ans) et maximal (65 ans) pour être candidat à la présidence,

- Limitation de la durée (5 ans) et du nombre (2) des mandats présidentiels,

- Déclaration obligatoire de patrimoine pour les responsables élus ou nommés à un poste national,

- Interdiction de se représenter à la prochaine élection législative pour un député qui change de parti pendant la législature,

- Incompatibilité du statut militaire (Armée, Gendarmerie, Police nationale) et de l’exercice d’une fonction politique,

- Liberté d’expression et de manifestation,

- Liberté de la presse publique et privée, et adoption d’un Code de la Communication qui impose les principes éthiques de la profession,

- Elections libres et transparentes, réglées par un Code électoral et une CENI crédibles,

- Transparence du financement des partis et des campagnes électorales,

- Pérennité du calendrier électoral, hors de la saison des pluies,

- Statuts pour les partis politiques, pour l’opposition, pour les anciens Présidents,

- Transparence dans l’utilisation de l’argent et des biens publics,

- Décentralisation avec pouvoirs et ressources financières clairement définis,

- Publication intégrale des contrats passés par l’État, concernant l’exploitation des ressources naturelles du pays (minières et halieutiques, terres, bois, etc.).

Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY - 19 MAI 2010

Mis à jour ( Mercredi, 19 Mai 2010 21:03 )  
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