Décidément, la pratique politique dans cette Grande île de l’océan indien est vraiment extra-terrestre. Voilà que les trois présidents élus mais éjectés hors du pouvoir par la rue, qui se sont mutuellement battus, deux étant responsables directs de massacre (10 août 1991 et 7 février 2009), se donnent la main pour tenter de renverser Andry Rajoelina. Incroyable que de voir Zafy Albert écouter Marc Ravalomanana -qu’il n’avait pas reconnu président jusqu’au bout- parler d’Afrique du Sud via téléphone portable. Se voulant le chef de la « Mouvance Madagascar », Zafy Albert a réuni des politiciens issus des partis politiques en errance, dans la cour de sa villa. Ils entendent « monter » une nouvelle transition.
Voici ce qu’a dit le prof, ce 2 mars 2011, parallèlement au sommet des politiciens organisé au CCI d’Ivato par le Président Andry Rajoelina, sans les membres du gouvernement Camille Vital. Mais avant tout, nouvelle de dernière heure :
Ce qui a été décidé par tous les participants à l’issue de ce sommet des politiques au CCI d’Ivato :
8 mars 2011, signature de la feuille de route de la Sadc
Elections legislative et présidentielle jumelées en septembre 2011.
Zafy Albert, 84 ans et des idées extra-terrestres plein la tête. Mais il n'a jamais pu convaincre que lui-même. Son but ultime ? Redevenir président de la république. Ce sera un marché de dupes car les deux exilés n'accepteront jamais. Alors ? Trois co-présidents ? Le plus malheureux est qu'ils vont entrainer le peuple malgache dans un dédale de "problèmes"
« Tsy misy ara-dàlana. Efa nambarako tao aminy Carlton, taminy alakamisy 3 février teo, fa teny tsotsotra no atao : tsy misy fitondrana ara-dàlana eto amin’izao fotoana izao. Ka noho izany, na ianao, na izaho, na iza, afaka manangana rafi-pitondrana koa eto satria tsy misy zavatra ara-dàlana ” (2 mars 2011)
Traduction : Il n’y a rien de légal. J’en avais déjà parlé au Carlton, le jeudi 3 février, mais pour simplifier : il n’y a pas de pouvoir légal actuellement. Aussi, vous, moi ou n’importe qui peut créer une structure de pouvoir, parce qu’il n’y a plus rien de légal.
Que leur a donc promis ce diable de Ravalomanana et son complice Chissano ?
Zafy Albert a la nostalgie du gouvernement parallèle où il était Premier ministre, au début des années 1990… Pour ce donneur de leçon de légalité et ses compères dictateurs en exil, ci-après des documents pour leur rafraîchir la mémoire et celle des décideurs de ce monde. Pour celles et ceux, ici à Madagascar, qui se laissent berner par cette démagogie horrible, affreuse : il faut de tout pour faire un monde. Or, un proverbe bien malgache dit : « Ny alika no miverina any amin’ny nalohany ». Seuls les chiens reviennent sur leur vomi. Mais cette union ne présage rien de bon pour la stabilité politique du pays. Car, il est clair : après eux, le déluge. Ils vont pratiquer la politique de la terre brûlée. Pour l’heure, voici quelques exploits très légaux, lorsqu’ils étaient au pouvoir.
ALBERT ZAFY ou MISTER FLAMCO
Le 29 mai 1994, au cours d'une conférence de presse tenue à Antananarivo, le président de la République Albert Zafy avait donné sa bénédiction au contrat signé deux jours plus tôt entre une société malgache privée, la Somacodis, aidée par la banque d'Etat Bankin'Ny Tantsaha Mpamokarra(BTM), avec la Flamco Aktien Gesellschaft (AG) domiciliée à Vaduz. Objet: l'importation, entre autres denrées, de 60.000 tonnes de riz, rendue nécessaire après les ravages causés début 1994 par un cyclone Géralda. Les deux parties s'étaient connues grâce à divers intermédiaires, notamment, à Paris, un inspecteur divisionnaire de la police judiciaire président des amitiés franco-malgaches. Les intentions avouées de Flamco AG se voulaient originales puisque son président déclaré, un certain Raymond Morel, pseudonyme cachant un homme d'affaires douteux, s'engageait à acheter, puis à livrer, riz, huile ou lait en poudre à des prix bien inférieurs à ceux du marché. «Nous sommes des chrétiens, nous croyons en Dieu, on est venu pour un but charitable, pour aider Madagascar, de façon bénévole », expliquait-il au cours d 'une conférence de presse. Afin de garantir les commandes, Flamco réclamait une caution de 3.275.000 dollars tout en s'engageant à «les restituer impérativement dans un délai maximum de huit jours». Pas un des responsables malgaches ne semblait alors douter de la bonne foi de Morel et du coprésident de Flamco AG présent à ses côtés, le prince Constantin de Liechtenstein, 84 ans, oncle du prince régnant Adam III.
Aujourd'hui la BTM court toujours derrière ses fonds et vient de saisir Jean-Jacques Zirnelt, le procureur de la République de Nice. Le choix de la cité azuréenne pour engager des poursuites contre Flamco a été dicté par les explications qu'avance la société de Vaduz pour justifier son retard: tout le problème, selon elle, viendrait du célèbre Anthony Tannouri, le financier franco-libanais installé à Cap-d'Ail (à côté de Monaco) qui, dans le cadre d'un autre marché, doit précisément à Flamco une somme très exactement identique. En octobre 1994 la société a porté plainte contre lui et Tannouri s'est retrouvé derrière les barreaux de la prison de Nice pendant près de huit mois. Il en est sorti en juillet 1995. Mais le conflit qui l'oppose à Morel _ et dont les Malgaches font actuellement les frais _ comporte bien des zones d'ombre que le magistrat niçois, chargé du dossier, n'a pas encore éclaircies (…).
« Libération » du 2 février 1996)
DIDIER RATSIRAKA, L’AMI CAMELEON
Après cinq mois de crise électorale, "le Vieux" s'accroche au pouvoir. A la tête de Madagascar pendant un quart de siècle, il a entretenu des relations aussi ambiguës avec la France qu'avec le peuple malgache.
C'est sa fierté : cinq lignes dans le Petit Larousse, à la lettre R. "Ratsiraka (Didier), homme politique malgache. Officier de marine, il est président du Conseil suprême de la Révolution puis président de la République démocratique de Madagascar (1975-1993, réélu en 1996)." Il y a ceux qui sont dans le dictionnaire, et ceux qui n'y sont pas. S'il devait en être exclu un jour, après avoir lâché (définitivement cette fois ?) le pouvoir, ce serait la ruine d'une vie pour cet homme paradoxal, tombé dans la culture française quand il était petit, non pas pour y diluer son identité malgache, mais au contraire pour mieux combattre l'influence de l'ancien colonisateur sur son pays.
Le dictionnaire, c'est la référence absolue pour cet amoureux de la langue française, qui truffe discours et conversations courantes de mots savants, de citations littéraires, voire de formules latines tirées des pages roses. Un dictionnaire, c'est déjà ce que le jeune Didier avait choisi, en 1950 au collège jésuite de Tamatave, comme récompense à son premier prix d'excellence. Cet ouvrage le suivra partout : au lycée Saint-Michel de Tananarive, où il est admis faute de pouvoir entrer à Gallieni, réservé aux jeunes métropolitains ; puis au lycée de Montgeron (Essonne) où il passe le bac ; à Henri-IV où il enchaîne math élém, math sup et math spé avant d'entrer à l'Ecole navale de Brest. Le vieux dico - "mon compagnon de route", a-t-il coutume de dire - a survécu au temps, conservé comme une relique dans une malle. Il est à la fois le symbole de sa réussite, lui le fils d'un anonyme fonctionnaire de l'administration coloniale, et le rappel de son itinéraire atypique - francophile certes, mais rétif à toute idée de soumission culturelle.
"Mes relations avec la France, avoue-t-il aujourd'hui au Monde, ont toujours été des relations de dépit amoureux." En tout cas, c'est le résultat de sentiments contradictoires d'attirance et de ressentiment, dont la source remonte à son enfance. En 1947, il a 11 ans quand un groupe de tirailleurs sénégalais incendie la maison familiale, à Moramanga, dans le sud de l'île, dans le cadre de la répression sanglante menée par les colons contre les insurgés malgaches. Injustice, son père n'est-il pas un dévoué serviteur de l'administration ? Injustice encore, au collège : il vivra mal les vexations et discriminations infligées par ses condisciples métropolitains. Au lycée de Tananarive s'ajoute l'arrogance des fils de bourgeois mérinas, l'ethnie des hauts plateaux, à l'égard de ce "côtier" d'origine betsimisaraka.
Très tôt conscient de sa différence, il a "l'intuition" que le savoir est le seul moyen de se retrouver à armes égales. De l'école primaire à l'école de guerre, il sera le prototype du bon élève, jamais puni, toujours soucieux de donner la meilleure image possible de lui, donc des Malgaches. En 1972, jeune capitaine de frégate affecté à l'ambassade de Madagascar à Paris, il tient sa première revanche quand il est appelé comme ministre des affaires étrangères du gouvernement Ramanantsoa. Estimant malsain le tête-à-tête avec l'ancienne puissance coloniale, il engage "une diplomatie tous azimuts", dénonce les accords de coopération de 1960 avec Paris, en négocie de nouveaux qui conduisent à la sortie de la zone franc et au départ des troupes françaises. Il restera l'artisan de la "seconde indépendance malgache".
Son attitude est-elle dictée, comme le suggèrent ses biographes, par des humiliations personnelles ? Sorti major de Navale, il aurait été déclassé à cause de sa nationalité, puis seul officier noir embarqué à bord de la Jeanne-d'Arc, il aurait été interdit d'escale à Durban dans les années brûlantes de l'apartheid. Longtemps, on a dit qu'il faisait lui-même courir ces rumeurs. "Cette histoire de classement, je ne l'ai apprise qu'après 1981, par un ministre de Mitterrand", se défend-il aujourd'hui. Quant à la Jeanne-d'Arc, en 1962, "elle n'avait pas fait escale en Afrique du Sud".
Porté à la tête de l'Etat par une junte militaire en 1975, ce "marin de métier, politicien de fortune", tel qu'il se définit, naviguera à vue pendant près d'un quart de siècle, faisant dériver la Grande Ile de plus en plus au large du modèle français. Il ancre d'abord le pays dans un socialisme révolutionnaire à la sauce malgache –« le socialisme croyant »-, qu'il définit dans un "Petit Livre rouge". Non-alignement à l'extérieur, dirigisme économique à l'intérieur, repli culturel avec abandon du français, la période de "malgachisation" débouche sur un fiasco politique et économique. Son "très cher frère" est Kim Il-sung, le sinistre dictateur nord-coréen, de qui il apprend les ficelles du pouvoir absolu. "Didier n'a jamais eu de véritable conviction socialiste, certifie l'un de ses anciens condisciples du lycée Saint-Michel. Ses choix sont purement intellectuels, et dictés par son intérêt personnel." Confirmation récente de l'intéressé à l'un de ses proches : "Le socialisme, c'était trend [tendance]."
Alors, quand la faillite du système accule les Malgaches à la famine dans les années 1980, il ne s'entête pas comme le Timonier de Pyongyang : il passe sous les fourches caudines du Fonds monétaire international, dont il devient le bon élève. "Avec ou sans le FMI, j'aurais procédé à la libéralisation", jure-t-il en 1990 à Jeune Afrique, alors que son pouvoir s'effiloche une première fois. Contesté par la rue en 1991-1992, il est battu aux élections de 1993 par Albert Zafy, qu'il félicite publiquement avant de s'effacer - une première en Afrique. C'est une nouvelle mue : le démocrate affleure sous l'autocrate à gros cigare (des Cohiba que lui fait parvenir directement Fidel Castro). Il reviendra au pouvoir par les urnes en 1997, après le pitoyable échec de son successeur : cette fois, son credo est "l'humanisme écologique", nouvel avatar d'une stratégie uniquement tournée vers la conquête et le maintien d'un pouvoir personnel et familial sur un peuple qui, confie-t-il parfois, l'a "déçu par la lenteur de son évolution".
Au terme d'un itinéraire politique aussi sinueux, l'énigme reste entière concernant ses rapports avec la France. "Langue française, langue d'esclaves", lisait-on sur les murs de Tananarive en 1972, lorsqu'il retrouve "un pays devenu fou" : "La xénophobie était un torrent impétueux que je ne pouvais arrêter, j'ai essayé de le détourner en me montrant plus antifrançais que les antifrançais." Une surenchère purement tactique, selon lui, pour couper l'herbe sous le pied de ses opposants d'extrême gauche. Son nationalisme n'aurait donc été que de circonstances, de la même manière qu'il fut tour à tour socialiste, libéral, écolo, au gré des modes ? "Cette étiquette de dictateur coco antifrançais, je la garderai jusqu'à la mort, dit-il. Pourtant, depuis 1972, les Français ont été avertis de chacune de mes décisions."
Son réseau ? D'anciens camarades officiers et "les patrons successifs de la Piscine (ex-Sdece)". Mais pas seulement. Sur sa table de travail, il montre un téléphone blanc : "J'avais une ligne cryptée avec l'Elysée, pas avec Moscou ni Pékin." Jacques Chirac est un ami de presque trente ans, qu'il tutoie. En 1975, alors que Valéry Giscard d'Estaing avait refusé de recevoir l'impétueux chef d'Etat malgache, le premier ministre lui avait fait les honneurs de Matignon. Vingt ans plus tard, lors de son "exil" volontaire en France pour soigner ses yeux et les troubles cardio-vasculaires de son épouse, le président déchu de Madagascar bénéficiera d'un appartement de la Ville de Paris, dont M. Chirac était maire. "Un ILM dans le quartier libanais et chinois de Montparnasse, que nous avons toujours d'ailleurs et dont nous payons le loyer, précise Didier Ratsiraka. En 1995-1996, nous y avons vécu à neuf dans quatre pièces." Selon de nombreux Malgaches, les liens entre les deux hommes passeraient aussi par le "lobby réunionnais", des investisseurs de l'île voisine qui ont beaucoup d'intérêts à Madagascar.
Mais "Ratsiraka le rouge" n'a pas tardé à séduire aussi VGE, qui s'est rendu dans la Grande Ile dès 1976. Les deux hommes prennent l'habitude d'un déjeuner annuel, et deviennent "très bons amis". François Mitterrand n'en concevra pas d'aigreur particulière : "Je suis le seul chef d'Etat africain à avoir fait la sieste à Latché, où j'ai été invité à deux reprises", rappelle le Malgache, fier d'avoir servi d'intermédiaire auprès de Kadhafi pour désamorcer la crise franco-tchadienne. "C'est pour cela que je suis grand-croix de la Légion d'honneur."
Quand le président français visite Madagascar en 1990, Didier Ratsiraka a oublié les menées anticolonialistes de ses débuts en politique. "La décolonisation de l'Afrique noire française a été une réussite préparée par François Mitterrand, mise en œuvre par Gaston Defferre, parachevée par le général de Gaulle et, j'ajouterai, consolidée par le président Mitterrand", s'exclame-t-il dans une allocution au long cours, parsemée de références au "grand Jaurès". Devenu d'un coup plus profrançais que les profrançais, l'amiral s'embarque dans une déclaration d'amour : "Il convient de ne pas mettre Madagascar sous le vent de l'histoire. Et nous entendons pour ce faire naviguer de conserve avec la France, un navire moderne, sûr, fiable, hydrodynamique, performant et digne de confiance !"
Jusqu'au bout, pourtant, c'est une méfiance réciproque qui présidera aux relations entre les deux pays. Depuis le débarquement des mercenaires de Bob Denard aux Comores en mai 1978, Didier Ratsiraka est installé dans la hantise du complot fomenté à l'extérieur, prioritairement par les services français, pour le déstabiliser. Cette vision paranoïaque de la diplomatie française est exacerbée par un exercice de plus en plus solitaire du pouvoir. Aujourd'hui encore, le rôle qu'il préfère endosser devant ses interlocuteurs est celui de la victime.
Pour sa part, le Quai d'Orsay s'est toujours montré circonspect à l'égard de cet ami caméléon dont les intentions sont souvent insondables. De plus, la rumeur publique l'accusant des pires turpitudes n'a cessé d'enfler tout au long de son règne, jalonné de morts accidentelles suspectes et d'attentats non élucidés. L'affairisme reproché à son frère Etienne au début de son mandat semble avoir déteint sur ses enfants en fin de parcours, alimentant le ras-le-bol d'un peuple parmi les plus pauvres du monde. En pleine campagne électorale, sa fille aînée, "Princesse Sophie", a défrayé la chronique tananarivienne en fêtant sans discrétion son centième milliard de francs malgaches (environ 15 millions d'euros) dans une boîte de nuit de la capitale.
Lors du soulèvement populaire de 1991, Paris avait eu une attitude de soutien embarrassé. Didier Ratsiraka n'avait-il pas fait tirer sur la foule au lendemain d'un appel téléphonique de François Mitterrand le félicitant pour son "sang-froid" ? Par la suite, les Français avaient favorisé une sortie avec les honneurs. Dix ans après, nouvel embarras pour le Quai d'Orsay, qui a bien du mal à choisir entre le président sortant et son opposant Marc Ravalomanana, proclamé élu le 29 mars mais dont M. Ratsiraka "refuse fermement la légitimité". Lundi 6 mai, la France s'est fait représenter à la cérémonie d'investiture de M. Ravalomanana... par le numéro deux de son ambassade.
La France, encore et toujours : c'est vers elle que Didier Ratsiraka s'apprêtera peut-être à nouveau à faire retraite, s'il se décide à abandonner le pouvoir. Au moment de quitter son île, "le Vieux" songera-t-il à ce jour de janvier 1955 où un gamin d'à peine 20 ans embarquait sur le Pierre-Loti à destination de Marseille ? En poche, les quelques francs prêtés à son père par un boucher de Tamatave ; et dans le cœur, la volonté d'en découdre avec sa trouble identité franco-malgache. Des Français, il s'est finalement accommodé, mais les Malgaches et lui se sont-ils jamais compris ?
Jean-Jacques Bozonnet (Le Monde 10.05.2002)
MARC RAVALOMANANA, LE STORYTELLER
Le dictacteur Ravalomanana, sans programme, déploie le stortytlling pour endormir l’opinion !
C’est fini ! Le MAP (Madagascar Action Plan), programme conçu par la dictature actuelle à Madagascar pour la période 2008-2012 a été enterré le 10 juin 2008 à l’issue d’une table ronde entre le gouvernement et les bailleurs de fonds invités, faute de financement. Le refus des bailleurs de fonds, appelés joliment « partenaires de développement » de financer ce projet considéré par eux comme « peu sérieux », sinon « fantaisiste » a mis donc fin à l’épopée du MAP.
Marc Ravalomanana sans programme !
Du coup le régime dictatorial de Marc Ravalomanana se retrouve nu, sans programme, pire, sans perspective. Une première depuis 1960. La dictature Malgache dirige, donc, le pays, depuis le mois de juin dernier, dans l’aveuglement, le tâtonnement, dans “l’à peu près“, bref, dans l’improvisation totale.
Certes, le « mot » MAP continue encore à être scandé, tout au moins récité, par le régime pour faire croire que finalement tout n’est pas perdu. Alors que cela s’explique tout simplement par le fait que les bailleurds de fonds, ceux qui ont toujours maintenu Madagascar dans une perfusion d’endettement pour survivre, ont, effectivement, besoin q’un minimum de « plan » existe pour leur permettre de suivre les projets en cours et qu’ils ont déjà financé afin qu’ils puissent s’assurer que les prêts qu’ils ont accordés seront scrupuleusement remboursés. Voilà où en est donc réduit et devenu le fumeux MAP : Un plan d’endettement/remboursement ! Car, en terme de «développement», il n’en reste plus rien.
Eclaircissons le contexte en terme de parabole: Imaginons un charpentier qui compte bâtir une maison avec un plan bien conçu mais sans qu’il n’en possède ni l’argent, ni les matériels pour le concrétiser. C’est la même chose pour le régime de Marc Ravalomanana avec son MAP qui, prévu pour la période 2008/2012 se trouve à mi-juillet 2008 avec seulement comme “fait concret” un financement dont la moitié est fait de promesses, et l’autre moitié, encore à trouver. Rien de concret en somme.
Cette « perte » de programme pousse donc le régime dictatorial à l’improvisation totale. Il suffit d’observer les gesticulations (à défaut d’action) du dictateur lui-même, depuis la fameuse date du 10 juin, pour s’en convaincre. En voici quelques exemples : (1) L’obsession du chef de l’Etat à faire de l’organisation du sommet de l’Union africaine en 2009 une priorité nationale (le régime compte obtenir une subside de financement de la part de l’Union africaine en organisant ce sommet) ; (2) la précipitation du chef de l’Etat à aller en Egypte pour discuter de « l’eau et de l’assainissement » (il profitait de l’occasion pour s’entretenir avec Jacques Diouf de FAO pour que Madagascar puisse bénéficier une partie des aides promises par la communauté internationale en faveur des pays touchés par la crise alimentaire) (3) l’organisation d’une réunion pour le Conseil de la Défense Nationale en vue, parait-il de régler le problème d’insécurité qui ne cesse de croître actuellement (alors que c’est pour solliciter la France d’augmenter son aide à Madagascar dans le cadre de la programmation militaire conçue de longue date entre ces deux pays), (4) la décision surprise de la « malgachisation » de l’enseignement primaire, etc…
Le storytelling, une stratégie de survie pour la dictature : Occuper l’opinion !
Tout ceci n’est, en définitif, qu’une stratégie de « storytelling » consistant à gaver l’opinion des informations en vue de la détourner de la situation réelle du pays, notamment l’état de panique et d’inquiétude du régime dû à la faillite généralisée de l’économie nationale. D’ailleurs, Ravalomanana l’a implicitement avoué lors de la réunion sur le conseil de la défense nationale lorsqu’il pointa du doigt la carence en « communication » du gouvernement devant la situation devenue de plus en plus déplorable que les médias, même inféodés, n’arrivent plus à cacher. Voilà donc : « communication », autrement dit, le « storytelling » que le régime compte dynamiser pour remplacer sinon étoffer le vide béant laissé par le MAP.
Et ce storytelling a un objectif clair : Occuper l’opinion. « Formater les esprits ». La détourner des « réalités » qui sont très défavorables pour le régime dictatorial : l’insécurité grandissante, la pauvreté endémique, la vente des terres ancestrales aux étrangers, la braderie du territoire national aux multinationales étrangères, l’oppression contre la population, l’exclusion politique, le racisme ambiant des partisans du pouvoir, l’inflation galopante, la crise alimentaire, la hausse des prix de carburant, l’étiolement de la société…bref, la « mal-gouvernance » qui saute aux yeux mêmes des plus aveugles.
Et en matière de storytelling, le régime compte bien évidement « gérer » le calendrier des médias. Il a, d’ailleurs, compris qu’il lui suffit de créer les évènements pour que les médias malgaches, prompts à narrer et qui sont allergiques des investigations et des analyses objectives et sérieuses, bref, qui ne se soucient jamais des fonds mais qui se contentent souvent de relater ce qu’on leur raconte, allaient citer et réciter les évènements ainsi crées.
Nous venons donc d’assister à des décisions intempestives et vides comme le retour à la « malgachisation », ou encore sur l’inauguration de la salle de conférence d’Ivato, sur l’infantilisation qui consiste à dire qu’il suffisait d’une réunion de 3 jours sur le conseil de défense national pour que la lutte contre les insécurité soit efficace; ou, comme d’habitude, inventer un conflit tribal au sein des campus universitaires, et en faire en sorte que ressurgisse la « cause côtière » pour glacer l’émotion des tananariviens etc. Autrement dit, le storytelling, dont nous connaissons bien l’astuce, c’est à dire créer des évènements qui provoquent l’émotion pour mieux enfermer la raison.
Attendons nous donc de voir bientôt, puisqu’il ne se passe pas un jour sans que le régime crée des évènements émotionnels (il lui faut maîtriser l’agenda des médias), ressurgir des cascades d’écran de fumée pour mieux cacher sa mal gouvernance, son absence de projet et de programme pour diriger le pays, son échec sur le plan international et surtout son incompétence voire son incapacité à trouver de financement pour ressusciter son projet mort-né.
Une situation internationale défavorable pour la dictature malgache
D’autant plus que sur le plan international, la situation ne lui est pas du tout favorable : Après avoir annoncé naïvement la mort du président Zambien, voilà qu’on nous informe que sa tentative à vouloir être « membre africain » au sein du conseil de sécurité des nations Unies, a échoué. Une information que la dictature a bien voulu garder pour lui seul et cacher à l’opinion nationale car elle explique trop l’échec de la diplomatie malgache. Pire, le cas du « Zimbabwe » a mis à nu les pratiques nauséabondes des dictateurs qui aiment se servir des urnes pour rendre « légales » leur despotisme. La situation du « comrade Bob » a projeté les méthodes des élections truquées vers Madagascar car les malgaches se sont rendus compte que ce que l’opinion internationale appelle une « spécialité de Mugabe » en matière de tricherie, fraude électorale et violence politique, n’est qu’une pâle copie de ce qui se passe à Madagascar de Ravalomanana depuis 2002 et avec les 7 élections qu’il avait organisées, et bien sur gagnées, malgré le fait que le taux d’abstention culminait à 90% lors de la dernière régionale et sénatoriale.
L’image que donne Mugabe de Zimbabwe en matière de dictature, ce qui a obtenu l’opprobre unanime de l’ensemble de la communauté internationale, n’est finalement, qu’une constance à Madagascar depuis 6ans. Raison pour laquelle, Marc Ravalomanana, à l’instar de tous les dictateurs africains, n’ont même pas eu le courage de condamner Mugabe. Car cela revenait à se condamner eux-mêmes.
Il faut défocaliser
Ce double désavantage (international et national) fait donc, que le régime de Marc Ravalomanana (sans programme de développement, mais forcé de suivre le plan de remboursement et d’endettement qu’est devenu le MAP, et tel que les bailleurs de fonds le lui impose), se déploie vigoureusement dans le storytelling en espérant tenir le plus longtemps possible la population malgache dans l’ignorance de la situation.
Mais personne n’est dupe, et comme disait l’apôtre de l’anti-storytelling, Christian Salmon, dans ce cas de figure, il faut contrer cet “excès” de communication mensongère, par la «défocalisation», c’est-à-dire ne pas suivre les informations que le régime invente pour servir d’écran de fumée mais publier au contraire les informations qu’il cherche, à tout prix, à cacher à l’opinion.
Domy R. (Rado) – 2 août 2008
En suivant les idées fumeuses de ce trio de vieillards, bientôt, le peuple des présidents en exil qui suivent vont demander leur retour ? C’est çà le changement aux yeux de ce trio maléfique et non magnifique: Carlos Menem (Argentina) ; Gonzalo Sanchez de Lozada (Bolivia) ; Norodom Ranariddh (Cambodia) ; Ange-Felix Patase et André Kolingba (République de Centrafrique) Alfonso Portillo (Guatemala) ; Jean-Bertrand Aristide Haiti ; Manuel Zelaya (Honduras) ; Kurmanbek Bakiyev (Kirghizstan); Charles Taylor Liberia; Perez Musharraf et Nawaz Sharif (Pakistan); Albert Fujimori (Pérou); Zine el Abadine Ben Ali Tunisia; Carlos Perez Venezuela; Hosni Mourabka (Egypte) et bientôt Muhammar Al-Kadahfi (Lybie). Assurément, les peuples de ces pays n’ont pas été éduqués politiquement par les trois éjectés malgaches qui retardent seulement l'inéluctable pour eux. Et ils passeront définitivement à la trappe de la grande porte de l'Histoire de l'humanité. Tels qu'ils ont vécu, ils mourront.
Un grand dossier madagate.com signé Jeannot RAMAMBAZAFY – 2 mars 2011