Abdou Diouf, actuel Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie
Le 18 mars 2011, à Kinshasa, dans le cadre de la célébration de Journée internationale de la Francophonie, le Secrétaire général de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), ancien président du Sénégal de 1981 à 2000, a rencontre des journalistes issus du réseau Médiaf (Médias francophones. Parmi les nombreuses questions posées par nos confrères, voici celle qui intéresse les Malgaches, quant à la position de l’OIF sur la crise politique actuelle. Après avoir traité Leonardo Simao de menteur, les extrémistes des trois mouvances (et aussi Monja Roindefo) oseront-ils aussi traiter Abdou Diouf ainsi ? Evidemment car à bout d’arguments. Quoi qu’il en soit, nous remercions nos confrères mauriciens d’avoir posé la question.
Jeannot Ramambazafy
QUESTION : L`Organisation internationale de la Francophonie opère un glissement dans ses prérogatives vers le champ politique. Que peut-apporter de plus l`OIF dans le règlement des crises politiques alors même que les médiations internationales déjà foisonnantes ont du mal à en régler certaines qui perdurent -Madagascar, Côte d`Ivoire, deux pays francophones s`enlisent dans de graves crises politiques. Les médiations sont des échecs, les présidents proclamés, déchus, exilés ou contestés s`accrochent. L`option diplomatique a-t-elle encore les moyens de venir à bout de crises aussi inextricables? Dans le cas de la Côte d`Ivoire n`aurait-il pas fallu que ce soient les ouest-africains qui se chargent davantage du dossier et pour Madagascar les îles de l`Océan Indien, par délégation de l`UA ou organismes régionaux, compte tenu de la proximité géographique et des cultures sinon communes au moins voisines? (L`Express de l’île Maurice)
ABDOU DIOUF : La priorité est bien donnée aux acteurs régionaux, comme la CEDEAO pour la Côte d`Ivoire, qui garde la main, avec l`ONU, dans ce dossier. Concernant Madagascar, nous venons de franchir une étape importante avec l`adoption, le 9 mars, de la feuille de route. L`équipe de la SADC, la Communauté des Etats d`Afrique australe qui était en charge de la médiation, a fait du bon travail. Cet accord politique va permettre, je l`espère, de débloquer la situation et de préparer la tenue d`élections présidentielles et législatives avant la fin de l`année. Les experts de la Francophonie ont travaillé depuis plusieurs mois pour évaluer la préparation de ces élections. Si les conditions techniques que nous avons identifiées sont acceptées, ces élections pourront se tenir d`ici la fin de l`année. Nous le souhaitons vivement. Conformément à la feuille de route et aux décisions de nos instances, la Francophonie va accompagner activement ce processus. Je ne partage pas votre avis sur les médiations. La plupart réussissent, même si c`est un processus long, laborieux, parfois décourageant. (…)